Bonsoir à toutes et à tous
bonsoir B.Vieillot.
"MESSIN ! Triste nom, tu resteras à jamais gravé dans ma mémoire..."
Ce furent les premières mots qu'aura écrit mon Grand-Père pour relater son baptème du feu.
Il y aurait tellement à dire sur Maissin !
D'abord, pour commencer qu'elle fut, sur tout le front de cette sanglante journée du 22 Aout , la seule et unique victoire Française - ou devrais-je plutôt dire Bretonne , avec un zeste de Vendéen, puisque ce fut le cas ! Mais à quel prix ...
Je me contenterai donc de "quelques" observations ...
D'abord
sur les ouvrages cités par Popol : celui de J. SCHMITZ et N. NIEUWLAND est le plus exhaustif, car rédigé peu de temps après les faits, et même s'il faut parfois faire des allers-retours entre chapitres pour tout saisir.
Le témoignage de l'Abbé GERARD a l'avantage aussi d'être celui d'un "témoin" avec pour seule réserve que ce dernier l'aura écrit au début des années 60.... Il existe de même d'autres témoignages - parfois très courts - dont il faut savoir extraire les "bons" éléments par rapport à l'ensemble.
Certaines "visions partielles" ne résistent pas bien longtemps lorsque l'on confronte plusieurs sources.
JMO et Historique ayant été cités, cela appelle d'ailleurs à ce sujet une petite mise au point.
Déjà sur le terrain et au niveau des fait : si l'on s'en rapporte à l'ordre du jour, c'était à la 21e DI qu'avait été dévolu par le Général EYDOUX la conquète de Maissin, la 22e DI devant "se contenter" d'en préserver tout le sud et l'est.
Il s'avère que ce fut l'inverse qui se produisit, le 2e Chasseurs de Pontivy , envoyé en éclaireur, y pénétra tranquillement aux alentours de 9h00 du matin, provoquant la fuite de quelques uhlans qui s'y trouvaient et déclenchant dans le 1/4 d'heure suivant les premiers tirs de l'artillerie allemande installée à Villance.... et la (trop grande) témérité du 19e fonçant à 12h30 sur Maissin , sans aucun soutien d'artillerie qui n'avait eu le temps de s'installer, fit que l'ordre du jour passa aux oubliettes.
Comme le révèle l'extrait cité pour le 64e RI, il est particulièrement significatif à en lire les Historiques que chaque Régiment présent ce jour-là aurait conquis Maissin pratiquement à lui tout seul. Je mets à part ceux des 118e RI et 35e RAC, détaillés.
Dans l'ordre d'apparition sur le champ de bataille les principaux combats ont été menées par le 19e déjà cité (hormis son 2e bataillon rapidement ramené en arrière suite à son échec dans sa tentative de prise du moulin de Villance) , le 118e (sud et est de Maissin) , le 116e (sud et ouest) et enfin en seconde partie d'après-midi le 62e (sud).
Dès 14h30, les 93e et 137e (42e Br/21e DI), venant par la route d'Our, ont été bloqués à la lisière nord du Bois de Ban par des tirs de mitrailleuses et il faudra un peu plus tard une vigoureuse intervention du 2e bataillon du 116e (qui y perdra dans l'affaire son commandant, le Capitaine adjudant-major Paul PELLIET) pour faire sauter le verrou et poursuivre la progression de ce coté. Les 93e et 137e parviendront au village vers 18h, bien après le 2eB/116, soit au moment des derniers combats, pour en repartir dès 19h30.
Quant aux 64e et 65e, d'ailleurs en formations incomplètes, ils se situaient encore davantage au nord-est et je ne suis même pas certain qu'ils soient allés jusqu'à Maissin.
Alors à lire que c'est par rage impuissante que l'ennemi mit le feu au village, le rédacteur du 64e n'y était assurément pas !
Ce sont de même des 43e et 44e Brigades (dans des effectifs diminués par les pertes, et pour être précis : la 1e Cie du 116e R.I. , les soldats des 1e et 3e Bataillons du 19e, la 8e Cie et deux des trois sections de mitrailleuses du 118e ainsi que des soldats issus du 3e bataillon du 62e) qui tinrent le village toute la nuit, repoussant trois assauts ennemis, avant de profiter du brouillard du petit jour pour s'en extraire, n'ayant plus aucun soutien au sud.. Les derniers combattants - du 19e - encerclés au niveau de la Gare du tram et à bout de munition - devront se rendre à 10h30 ce 23 et ne devront qu'à la chance de ne pas être immédiatement fusillés.
Concernant
les trois cimetières de Maissin et les CP : attention ! les numéros qui figurent sur celles-ci sont fantaisistes, résultant d'un beau méli-mélo par rapport à la numérotation allemande qui doit servir de référence.
A partir du 24 aout, la population (près de 500 personnes) fut contrainte d'effectuer - et cela dura plus d'une semaine - la sinistre besogne du ramassage des corps et de leur ensevelissement ; on creusa des fosses de 10 , 20,30 corps ... Pour exemple, une fosse située le long de l'une des routes près Maissin portera l'inscription suivante, posée par les Allemands: «
il y a là 30 soldats français et un officier n° 116 » (fait rapporté par un témoin à la femme d'un officier du 116e tué dans le Bois d'Haumont).
Il faut aussi savoir que les conditions météorologique de ce plein été provoquèrent une putréfaction accélérée des corps (hommes et animaux) qui rendit l'air totalement irrespirable et insalubre.
C'est notamment pour cette raison que les dernières tombes furent le plus souvent creusées sur place, parfois au milieu des bois.
Le 22 les combats eux-mêmes s'étaient déroulés sous un soleil éclatant, ce que l'on peut avoir du mal à imaginer !
L’occupant prendra à la suite à sa charge l’aménagement de trois grands cimetières situés à proximité du village, tant pour la mémoire de ses propres soldats que pour celle de leurs « ennemis » : le n°1, le plus important, situé au « Courtil à Spines» route de Transinne dans la propriété GERARD, et, sur la Route de Lesse, le n°2 dit de la « fosse du Baulet » (ou « Bolet » ) et le n°3 au « Spihoux ». Mention des deux premiers apparaîssent dans les documents allemands dès 1915, tandis que le 3e n’aurait vu le jour que fin 1917 ou début 1918.Après un premier regroupement en 1923 , aura lieu en 1955-1957 la réunification des nécropoles en un seul sanctuaire, correspondant au n°3 initial du « Spihoux » , y rassemblant depuis lors dans leur dernier sommeil 4782 soldats Français et Allemands morts en août 1914.
Les pertes du jour Françaises + Allemandes à Maissin (tués, blessés, disparus) avoisinent les 8000.
Les régiments Bretons les plus touchés auront été le 118e (1092 hommes hors de combat ; sa 11e Cie reviendra avec 8 hommes valides !!), le 19e (715) et le 116e (630).
Mon décompte des tués du 116e, toujours en cours, a très largement dépassé la centaine, avec déjà 93 Morbihannais retrouvés, sans compter les Finistériens, les Ligériens, etc... (pour 18 noms cités en tout et pour tout dans l'Historique !).
Dans le cimetière, jouxtant le calvaire inauguré en aout 1932 en provenance de la paroisse de Trehou, un rocher porte une plaque de bronze avec un texte en breton.
Ce texte, due au poète Breton « DIRLEM » (Jos-Per AR BRAZ - Joseph Pierre Marie LE BRAS) , Caporal au 48e R.I., lui-même tué au champ d’honneur le 08.09.1915, est le suivant :
«
AR PREZEGER GWELLA, HEP MAR, EO ER MARO
RAN E VOUEZ AZO DON ! SELAOU, DEN KALONEN
LARET A RA BEZAN BRETONED KARANTEK
KENEIL, DEMP ALIES DA WELET AR BEZIO »
et sa traduction :
«
La mort est le meilleur prêcheur, car sa voix porte jusqu'au fond !
Écoute, toi qui a du cœur : elle te demande d'être Breton de toute ton âme.
Amis, allons souvent nous recueillir sur les tombes. »
De même, dans l'église de Maissin, outre la crypte comportant un certain nombre d'ex-voto à la mémoire des soldats tués (dont un pour le Comte Albéric DE MAILLARD qui commandait la 12e Cie du 116e), un vitrail offert par des familles de soldats Bretons et Vendéens porte l'inscription «
Evurus Ar Re A Ouel » ce qui signifie : "
Heureux ceux qui pleurent".
[:rio jean-yves:1] de m'avoir lu (jusqu'au bout).
Et encore j'ai fait très court ... par rapport à ce que je suis en train d'écrire sur les 22 au 24 Aout.
Cordialement
Jean-Yves
PS : Sophie, toi qui connais aussi le sujet, [:rio jean-yves:4] j'ai pas trop dis de c...ies ??
