Optimistes? Alsace aoüt 14

[GERAUD]

Bonjour à toutes et à tous,
A l'occasion de recherches sur le parcours d'un compatriote Cantalien j'ai consulté le JMO du 28ème BCA. On peut y lire à la date du 16 août 1914 (p. 11): "....Ordre d'opérations n°8 pour la journée des 16-17 août: ....L'ennemi a vidé les lieux en avant du front de l'Armée d'Alsace en abandonnant ses frusques et en chiant dans ses bottes. Il paraît s'être dirigé vers Strasbourg. Mulhouse n'est plus occupé et les belles Alsaciennes attendent les vitriers poilus...."
C'était sans doute une vue un peu optimiste des choses
mais le "poilu" est déjà là.
(p. 13) "...Conduite à tenir en cas d'attaque. Les petits postes ne doivent pas filer comme des péteux au moindre coup de fusil. Ils ont intérêt à rester en embuscade et à se jeter par surprise à la baïonnette sans tirer sur toute patrouille ennemie arrivant sur eux. On ne doit tirer que si l'ennemi est en force..."
Cordialement,
GERAUD

[pat67]

Bonjour Géraud,

Ce n'est pas optimiste.
Dans leurs plans de guerre, les Allemands n'avaient pas prévu de défendre la haute Alsace. En cas d'attaque majeure Française ils devaient se replier derrière le Rhin et la position fortifiée de la Bruche tout en menant un combat retardateur. Deux brigades mixtes de Landwehr en étaient chargées après la relève des troupes de couverture des 14 et 15 AK.
Seule la défense de pied ferme de Neuf-Brisach était envisagée car c'était la tête de pont fortifiée pour reconquérir la haute Alsace (Elle était initialement confiée aux Italiens).
Notre service de renseignement était au courant d'où la première offensive Française confiée au 7 CA (Gle Bonneau). Un coup de pub.
Manque de chance pour lui, le Général, commandant la 7ème Armée allemande, profitant d'un moment de liberté a, si l'on peut dire, désobéi aux ordres en lançant une contre offensive pour rebouter les Français sur Belfort. D'où d'ailleurs un grand vent de panique du côté de Strasbourg (La place a fait jouer ses inondations) car la zone de concentration de cette armée entre la Feste de Mutzig et Phalsbourg était vide de troupes. D'où également l'avancée du 1er CA Bavarois sur Cirey pour masquer ce hiatus dans le front
Dès les Français reboutés, cette armée est remontée très vite vers le nord prendre sa place dans le dispositif général et initial prévu. Elle était chargée d'attaquer les Français dans le dos ou de de flanc quand ceux-ci seraient suffisamment engagés dans le piège allemand, la trouée de Sarrebourg- Morhange. D'où, lors de la bataille des frontières, les avancées du 14 CA sur Gereuth (Neubois) et de la 13 DI (Vallée de la Bruche) pour couper les voies ferrées pour retarder la remontée de ces troupes.
L'armée d'Alsace a gommé notre echec non sans mal car les Allemands ont fait preuve d'un certain mordant dans leur repli (Flaxlanden). Arrivé aux portes de Colmar, le Général Pau a finalement auto dissoud son Armée compte tenu des échecs sur les autres fronts. Il s'est très vite aprerçu que ses troupes ne servaient à rien et que plus il remontait vers le nord plus il risquait de se faire prendre dans le dos et de flanc par les têtes de pont du Rhin.
A noter que lors d'un Kriegspiel en 13, Foch à l'école de guerre mettait en garde de ne pas s'engager en haute Alsace qui avait été transformé par les Allemands en cul sac fort dangereux.
Les Français se sont repliés et les Allemands ont finalement décidé de conserver la haute Alsace.
En 15, le Général Von Falkhausen peut confiant sur les capacités derésistance des troupes de von Gaede a voulu remettre d'actualité le plan initial. C'est là qu'il a décidé de prolonger la Breuschstellung jusqu'à Cirey sur Vezouze d'où la fortification entre autres du Donon. Finalement le projet fut stoppé début 16.
Les plans allemands se sont révélés efficaces car ils ont amenés à une dispersion de l'effort côté Français. Contrairement à ce que beaucoup pensent, dans le secteur Est, il y avait parité des effectifs engagés (Entre les 1ère, 2 ème armées Française, l'armée d'Alsace et les 6ème et 7 ème armées Allemande). Seul problème, pour les Allemands ils étaient répartis principalement entre Metz et Strasbourg alors que pour les Français ils étaient soupoudrés entre Nancy et Belfort.

Cordialement
Patrick

[GERAUD]

Bonjour Patrick,
Merci pour ce développement sur le dispositif et les intentions Allemandes en Alsace et cette remise en perspective.
Bien cordialement,
GERAUD

[Gilles ROLAND]

Bonsoir Patrick,

Seule la défense de pied ferme de Neuf-Brisach était envisagée car c'était la tête de pont fortifiée pour reconquérir la haute Alsace (Elle était initialement confiée aux Italiens).

J’avoue que je ne connais pas cette information

Avez-vous des références a ce sujet ?

D’avance merci

Cordialement

Gilles ROLAND

[pat67]

Bonjour Gilles,

Cette information se retrouve un peu partout dans les plans allemands d'avant Schlieffen. Sans retourner ma bibliothèque et relire toute ma doc voilà déjà un premier élément tiré du livre :
"Le comte Schlieffen organisateur et stratège". du chef d'escadron J. Courbis (Berger-Levrault - 1938).
Le texte en a été publié dans la "Revue militaire Française" d'avril et de Juin 1936 qui est en ligne sur Gallica (Voir page 228 (245 du PDF).
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1 ... see.langFR
L'auteur cite ses références.
Je vais voir dans ma doc, je pense avoir conservé d'autres sources côté Bismark, Moltke ou autres.

Pour la tête de pont de Neuf-Brisach voir le livre de Werner Lacoste publié par DAWA Neubreisach 1871-1916, Strasbur_Vorfeld 1914-1916.
Le livre à Philippe sur la Breuschstellung doit également en faire une courte mention.
A noter également la tête de pont d'Istein (Feste d'Istein). Il faudra un jour que j'aille traîner par là pour voir s'il reste des traces des points d'appui qui ont été réalisés rive gauche devant le pont de guerre (pont de bateau). Hors des mentions sur l'école des minenwerfer je n'ai jamais vu beaucoup d'écrits sur le sujet hors le plan et les mentions qui en ont été faites page 74 du livre "Die Befestigungen des Isteiner Klotzes de C. Fröhle _ H-J. Kühn
Cordialement
Patrick

[Gilles ROLAND]

Bonjour Patrick,

Merci beaucoup pour toutes ces références.

Cordialement

Gilles ROLAND