Voici ce que l'on trouve dans le livre de P. Gaudillère (Imp. Buguet-Comptour, 1974), L'enfer de 14 et de 15 vécu par les Chasseurs du 10e B.C.P. :
Ci-dessous, un croquis qui se trouve un peu plus loin dans le livre :L'ATTAQUE ALLEMANDE DU 3 MARS 1915
Le chasseur Jean Drillien fait le récit suivant :
Le 1er mars, le sous-lieutenant Merlin, de la 1ère compagnie m'emmène avec lui en reconnaissance d'une tranchée sur la colline de Lorette. Nous avons quitté Bruay où était alors cantonné le bataillon. Nous sommes partis à pied par Bouvigny et Markeffles. Nous sommes montés en direction de la Chapelle.
Le lendemain, la 1ère compagnie commandée par le capitaine Perrin, et la 4ème sous les ordres du capitaine Thibierge ont pris leurs positions dans un calme profond et par un beau soleil.
Le IIe génie avait achevé de préparer sous terre des mines qu'il ne restait plus qu'à mettre à feu. Les Boches nous ont devancé. (Pourquoi ?) Vers six heures du matin, ils ont fait sauter nos tranchées et des sapes avancées dans un vacarme épouvantable, causant de nombreux tués et blessés et s'emparant de prisonniers. Je venais de porter un pli au commandant Faury dans son P.C. à 800 m. en arrière, près du bois de Bouvigny. Il avait en réserve la 2e compagnie mais celle-ci fut anéantie avant de sortir de la tranchée dès que ses chefs tentèrent de monter sur le parapet. Le lieutenant Faucon fut tué. Le capitaine Delhomme et le lieutenant Bouvaist grièvement blessés. A la 1ère compagnie, le sous-lieutenant Merlin s'est fait sauter le caisson. Le sergent Gunther fait prisonnier voulait commander à l'ennemi, mais un Boche lui a donné un coup de crosse sur la tête pour lui faire comprendre qu'il n'avait plus rien à dire.
Vers 8 heures du matin, les 3e et 6e compagnies qui étaient en réserve ont accouru à leur tour. Pour reprendre nos positions, il fallut toutes les troupes du 21e corps d'armée.

Amicalement,
Stéphan