J.M.O., librement consultables depuis.... ?

[Stephan @gosto]

Bonsoir tout l'monde,

Sait-on à partir de quelle date les J.M.O. des unités engagées dans la Grande Guerre ont été librement consultables ?

Merci, et bonne soirée.

Stéphan

[Jean-Claude Poncet]

Bonsoir Stéphan, bonsoir tout l'monde,
Tu veux dire ouvert à tous ?
Personnellement en 1972 j'ai pu consulter le JMO du 297e RI une journée complète à Vincennes dans des locaux magnifiques et où il y avait très peu de monde mais... j'avais écrit préalablement, justifié de ma qualité de militaire à l'époque, et de ma filiation avec mon grand père qui avait appartenu au 297e du 3 août 14 au 27 janvier 19.
J'ai renouvelé ma demande en 1974, elle me fut de nouveau accordée, et mon père m'avait accompagné, cela ne s'oublie pas.
En arrivant en salle on présentait l'autorisation pour le document à un personnage en blouse grise à manches de lustrine, et il allait chercher les documents, cela se faisait très rapidement.
Mais en fait je suis incapable de dire si j'aurai pu consulter sans justifier ma demande en n'ayant aucun titre de chercheur ou historien.
Bien amicalement
Jean-Claude

[Laurent59]

Bonjour à tous, si on se base sur les premiers écrits (avec des détails provennant des JMO) datés des années 20 ne peut on pas en déduire que ces archives étaient ouvertes qques années après la guerre ? ...simple supposition. à Londres sur les cartons concernant les archives de 14 18 et 1940 la dates "légale" d'ouverture est indiquée sur le carton, à Vincennes je n'ai pas le souvenir d'avoir vu cela

Laurent

[Stephan @gosto]

Bonjour,

Effectivement, je me demande quel fut, à compter de la fin de la guerre, le délai de communicabilité de ces documents à tout citoyen.

Jean-Claude, j'imagine qu'en ces lieux, en 1972, on ne devait pas se bousculer !!

Bonne journée.

Stéphan

[ALVF]

Bonjour,

Les JMO de la Première Guerre Mondiale sont librement communicables depuis 1967 en vertu d'une décision ministérielle dont je n'ai pas retrouvé la date exacte mais qui est contemporaine de la parution du "Répertoire numérique des JMO 1914-1918" rédigé par Jean Nicot qui rappelle cette date en introduction de son répertoire publié en 1967 et le premier dans la liste des inventaires des archives 1914-1918 du SHA de l'époque.
Auparavant, il fallait une dérogation, facilement obtenue pour les étudiants (généralement étrangers à cette époque!), professeurs (bien souvent étrangers eux-aussi!), anciens combattants et militaires.
Il faut rappeler que la centralisation des JMO, prescrite par le Directeur de Cabinet de Clémenceau, le général Mordacq, s'est faite dans des conditions précaires et que beaucoup de JMO d'unités (surtout ceux des petites unités ayant été réorganisées ou dissoutes avant le début 1919) n'ont pas été reversés alors qu'ils existaient encore en janvier 1919.La publication des historiques imprimés des années 1919-1920 montre d'ailleurs que certains rédacteurs s'appuyaient sur des JMO qui n'existent pas dans les inventaires du SHD de 1967.Dans son "Journal" (tome 3, page 159), le général Mordacq évoque d'ailleurs l'amoncellement des JMO "entassés" dans la caserne Babylone à Paris en mars 1919 et la reconstitution et la réorganisation de la "Section Historique" dissoute en août 1914.
A noter aussi un fait peu fréquent, la parution à 1000 exemplaires dans un gros livre de 346 pages du JMO du 98e R.I pour la période 2 août 1914 au 6 septembre 1919 par les soins du Colonel Gaube.Ce livre a été publié chez l'imprimeur Souchier de Roanne, probablement en 1924, car l'autorisation ministérielle d'impression date du 7 novembre 1923 transmise par le 13e C.A le 8 novembre de la même année.
Cordialement,
Guy François.

[Stephan @gosto]

Bonjour et merci, Guy, pour cette réponse très précise. Je n'avais pas pensé à regarder dans le Nicot... !

Bonne journée.

Stéphan

[Laurent59]

Bonjour,
Auparavant, il fallait une dérogation, facilement obtenue pour les étudiants (généralement étrangers à cette époque!), professeurs (bien souvent étrangers eux-aussi!), anciens combattants et militaires.
Cordialement,
Guy François.

Bonjour, est ce pour cette raison que certains ouvrages rédigés par des militaires dans les années 20,30 sont aussi précis ? ils ont donc pu avoir accés au JMO ?

laurent

[ALVF]

Bonjour,

Les militaires ayant rédigé des ouvrages dans les années 1920-1930 s'appuyaient davantage sur les archives que sur les JMO, voire sur leurs archives personnelles, car de nombreux officiers gardaient des doubles des ordres, compte rendus, duplicata de JMO, etc...Beaucoup d'officiers de tous grades recevaient aussi l'aide active de la Section Historique (ancêtre du SHD) pour la recherche des documents, d'autant plus que de nombreux "grands chefs" suivaient de très près les monographies des combats auxquels ils avaient participé...
Les JMO ont pris une importance exceptionnelle depuis leur mise en ligne mais les archives sont souvent plus riches que les JMO, même pour des actions très locales.Des événements (coups de main, attaques locales, etc...) relatés en quelques lignes dans les JMO ont souvent fait l'objet de rapports de plusieurs pages, bien plus détaillés et surtout donnant des éléments bien plus divers (action des autres armes ou corps engagés, renseignements sur l'ennemi, etc...).
De nombreuses études récentes s'appuient principalement et parfois même uniquement sur les JMO, c'est se priver de bien d'autres sources qui sont, il est vrai, difficiles à chercher et parfois à trouver dans la masse des archives...mais c'est ce qui fait l'intérêt de la recherche.
Cordialement,
Guy François.

[Jean-Claude Poncet]

Bonsoir,
Je suis bien d'accord avec vous ALVF.
Pour répondre à Stéphan, oui, on ne se bousculait pas et les lecteurs avaient un âge respectable, c'étaient de vieux messieurs en costume, avec la rosette sur canapé, le mobilier était très beau, de belles tables de chêne où l'on pouvait se mette à deux assis sur de beaux sièges. Mon père et moi étions côte à côte. Il n'y avait aucun bruit, chaque table possédait une superbe lampe de bureau. Et je me souviens tout particulièrement d'un monsieur pas très loin de moi qui avait ouvert un gros carton très beau sur lequel en belle écriture ronde il était écrit "Kléber à l'armée du Rhin" et suivait la fourchette de date que j'ai oubliée mais il s'agissait d'une quinzaine de jours. J'en ai été époustouflé, à l'époque j'avais 23 ans et je n'avais pas encore vu les très riches heures du duc de Berry à Chantilly, je pouvais encore être étonné par la richesse des archives de la France.
Sinon, je ne puis le certifier, mais je crois bien que le personnel qui remettait les documents était en blouse grise.
Bien amicalement,
Jean-Claude