Diables bleus.........diables rouges ?

[francis du vivarais]

Bonsoir à tous,

Une lettre d'un Chasseur Alpin du 28e BCA qui décrit le combat du Braunkopf et la prise de Metzéral des 15- 20 juin 1915, m'interpelle, voici : " Sur la route se trouve le cimetière, et je peux vous dire qu'il ne fait pas bon s'en approcher. Aussi hier aprés l'avoir copieusement marmité toute l'aprés midi, il fut décidé qu'on essayerait de l'enlever au milieu de la nuit. Quand le canon se tût, les clairons sonnèrent la charge, et avec des hurlements de sauvages, nous nous avançâmes à la baîonnette sur les créneaux. Jamais je n'oublierai ce spectacle, tout Metzeral était en feu, on y voyait comme en plein jour, les boches qui n'avaient pas été occis gueulaient de peur derrière les tombes et se laissaient tuer comme des mouches, et selon LA TRADITION DES CHASSEURS, IL NE FUT PAS FAIT DE PRISONNIERS......"

Cette TRADITION DES CHASSEURS s'est-elle manifestée pendant toute la guerre, en contradiction avec les accords de Genève ? Et n'est -elle pas responsable de la réciproque appliquée par les allemands aux Chasseurs quand ils les affrontaient, ce qui expliquerait en partie les pertes élevées de cette Arme, les 1000 morts du Reicherkarkopf le mois suivant, en juillet 1915 et l'hécatombe du Linge "Tombeau des chasseurs".

L'auteur de cette lettre était le cousin germain de mon Père, et mon G P maternel était là aussi sous l'uniforme du 46e BCP. Ils sont revenus tous les 2 en 19, peut-être parce qu'ils se sont conduits comme des bêtes sauvages. J'ai visité ce site, et d'autres, en mémoire de mon G P, mais aprés avoir lu cette lettre, je ne pourrais pas les revoir sous le même angle.

Cordialement à Tous. Francis.

[Piou-Piou]

Bonsoir ou bonjour Françis,

La guerre eh oui la guerre, rien de propre ni de beaux.
Nul ne pourra juger, le cousin et votre Grand-Père en sont revenus, ils furent les témoins de choses indescriptibles.
Ils firent leurs Devoirs de soldats, obéir aux ordres tel est la marche de survie du soldat, tuer pour ne pas être tuer.
Mais en définitive, en sont-ils revenus indemme ?, ne les juger point, là-bas ils ont laisser beaucoup de part d'eux même. C'est leurs histoire, l'histoire qu'ici tous nous essayons de comprendre, le comment, le pourquoi, toute cette boucherie. Les décideurs ne seront jamais les exécutants.
Et puis garder les souvenirs des bons moments qu'ils ont laisser dans l'après guerre.

Cordialement.
Phil.

[le begue]

Bonjour à tous,
Bonjour Francis,

En général, je n'interviens pas sur ce type de sujet qui a été moultes fois abordé... Mais je rejoins Phil.
Il n'existe pas, dans l'Armée française, d'unité quelconque qui eut pour tradition d'occire systématiquement ses adversaires.
On prête à l'Eglise de s'en être une fois accommodé (Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens)... Phrase prêtée à Arnaud Amaury, légat du pape, au siège de Béziers ( ou celui de Montségur... les légendes sont discordantes.)

Il en est de même pour les chasseurs en général, et vos aïeux en particulier. Bien sûr, il y eu des combats cruels, bien sûr, toutes les conventions de Genève n'ont pas toujours étaient scrupuleusement observées. Remettez les phrases dans leur contexte, diluez, et vous approcherez peut-être de la réalité, mais ne prenez pas tout au pied de la lettre.

Cordialement,
Louis.

[francis du vivarais]

Bonjour Pioupiou, bonjour Le Bègue, bonjour à Tous,

Ne croyez pas que j'en suis à pleurer sur cette inhumanité, qui est bien la constante de toutes les guerres, et en vieux Monsieur que je suis j'ai connu aussi à titre de civil, les horreurs de la grande dernière.
Non ! ce que je regrette, ce que prévoyait Norton Cru, quand il préférait les lettres aux journaux de route , c'est que l'on passe sous silence la vérité du moment. Croyez vous que Louis Martin aurait écrit la même chose sur Metzeral en 1920 ou 1930. Si l'on veut débattre de ce conflit, il faut en accepter les éléments et non pas se réfugier derriére des non dits.
Pour ma part, je n'avais lu nulle part que la tradition des chasseurs voulut qu'on achevât un soldat qui se rendait. J'avais bien compris que derrière "le nettoyage des tranchées" se cachait autre chose que l'enlèvement des ordures surtout quand c'était fait au lance flammes ! Ce qui me géne c'est le mot TRADITION qui implique la systématisation de ne pas faire de prisonniers. Je sais bien que les chasseurs en 14-18 étaient des groupes d'assaut à la réactivité trés forte, lors d'une attaque ; d'ailleurs mon cousin emploie la aussi le mot juste : " enlever".
Il ya longtemps que je m'intéresse à l'histoire de ma famille et paradoxalement je ne m'étais pas occupé des soldats de 14 de ma famille. Je pensais naïvement que mon GP, chasseur alpin, revenu intact et pas décoré de la guerre avait été planqué qq part à soigner des mulets et ardéchois presque inculte des hautes Cevennes, il n'a laissé aucun courrier, et aprés la guerre n'a presque rien dit à son seul fils. Quand j'ai vu son parcours, sa bonne douzaine de batailles dans les Vosges, sur le chemin des Dames, et dans la Somme avec le 46e et le 17e BCA, j'ai compris que je ne connaissais pas son HISTOIRE.
J'en connais un peu plus aujourdhui sur des sujets comme la syphilis, les électro-chocs, la censure,
la légende du 15e Corps, les fours crématoires de campagne, les fraternisations, les mutineries, et la tradition des chasseurs etc., grace à des chercheurs, des historiens qui ont ouvert ces sujets tabous et je leur dis merci.
Cordialement à Tous. Francis.

[Eric Mansuy]

Bonjour à tous,
Bonjour Francis,

Merci pour cette source très intéressante et très instructive. Je vais tenter de vous retrouver (mais peut-être un autre intervenant sera-t-il plus rapide que moi et aura-t-il meilleure mémoire) le récit d'un chasseur qui s'était promis, après avoir vu l'un de ses camarades être achevé, d'achever lui aussi le premier blessé allemand qui lui tomberait sous la main, et ne l'a pas fait. Si je ne m'abuse, cela se passait justement du côté de Metzeral.

J'ai en revanche déjà retrouvé trois textes qui me paraissent intéressants de par la vision qu'ils donnent, soit de la brutalité envers l'adversaire, soit de son respect. Je suppose donc que pour ce phénomène comme pour bien d'autres durant cette guerre, il serait difficile d'en déduire une "tradition" bien établie.

Amicalement,
Eric

-----

Le 17 février 1915 (relation des combats du Sudel).
[…] Nous avons marché au pas de charge. Enfin nous sommes arrivés aux tranchées, « zigouillant » ceux qui s’y trouvaient et à bout portant. Nous avons fait quelques prisonniers, ils avaient les mains jointes et pleuraient, les uns « merci », les autres « camarades » et les bras en l’air. Il y en a d’autres qui mettaient leurs mouchoirs à la cime de leurs fusils pour faire voir qu’ils se rendaient, et quand on avançait un peu plus, ils nous tiraient de nouveau : ceux-là nous les avons tués à bout portant, avec la baïonnette en plus, car ils nous avaient tué une dizaine des nôtres.

Casimir GAILLARD, 24e B.C.A.

(27 juillet 1915, au Linge) […] J’attends, là où l’on m’a posé, la tête appuyée sur les aiguilles de sapin, au pied d’un tronc d’arbre, j’attends la tête vide. A ma gauche se trouve le poste de secours, mais je l’ai dis plein, et sans cesse arrivent d’autres brancards et d’autres blessés à présent je suis environné. Une surprise : des boches prisonniers, gardés par un poilu la baïonnette au canon sont utilisés comme brancardiers. Ils sont tout hébétés : un grand, calot vert, lunettes rondes, par malheur me marche sur le bras. Naturellement vive réaction de ma part, comprend-t-il seulement mes injures. Pauvre type quand même, prisonnier il pensait peut être aller à l’arrière et voici qu’il circule toujours sous les bombardements, rien de changé pour lui.

Roger GERRIET, 121e B.C.P.


Tombes vosgiennes

A travers les ravins des Vosges
Grimpent les chasseurs alpins français
A côté d’eux leurs fidèles mulets
Porteurs de leurs munitions.

Sur les cimes les plus escarpées
Ils grimpent vers les hauteurs où toute vie a cessé
Car le courage est leur honneur
Et la bravoure leur vie.

Combattre de pareils adversaires
Est une joie pour les guerriers allemands.
Sur de nombreuses, nombreuses tombes
Bruissent les sapins des Vosges !

« Poésie trouvée sur un prisonnier allemand fait au Reichacker (31 juillet 1915). », in La Bataille des Hautes-Vosges, février-octobre 1915, du général d'Armau de Pouydraguin.

[chanteloube]

Bonjour,
J'ai communiqué, il y a longtemps, à notre ami Herniou, un plan d'attaque rédigé par un colonel de chasseur, se terminant par ces mots:

"les Allemands faisant semblant de se rendre seront exécutés"

ce qui ouvre la voie à plusieurs interprétations....

Cordialement
CC

[cowboy38]

Bonjour
Ci-joint une photo personnelle extraite d'une série (privée) relative à cette période des combats de Metzeral (28e et 68e BCA).
Elle représente Metzeral en feu.
Cordialement

[cowboy38]

Nouvelle tentative... pour la photo



[

[Daniel Roess]

Bonjour à tous,

Je pense comme P. Mercadal, que Louis Martin a utilisé le terme de "tradition des chasseur" parce qu'il l'a très souvent entendu pendant sa formation. Il sortait en effet d'une année de formation, quant il fut de suite, entrainé dans la guerre en 1914.
Il est même possible que certains de ses formateurs lui aient enseigné cela en parlant de certains événements passés "Les chasseurs n'ont pas fait de prisonniers".

Il est vrai qu'il existe des témoignages qui parlent également de cas d'attaques ou cette règle était appliquée ou du moins ordonnée.
Mais je pense qu'il y a dans l'ensemble, un nombre plus grand de témoignages ou les chasseurs alpins ont fait des prisonniers et respectaient autant que les autres unités, la vie d'un soldat ennemi, blessé, ou désireux de se rendre.

Pour terminer, certains récits le démontrent bien (Belmont, Dubarle, Georges Maurice et d'autres...) celà tient essentiellemnt au carractère et à l'éta

[Daniel Roess]

Désolé pour ma fausse manip...
Je reprends,

...l'état d'esprit du commandant de la compagnie ou du bataillon.

Les ordres et la manière de les faire appliquer n'était pas rigoureusement les mêmes dans tous les bataillons de chasseurs.

Bien cordialement,
Daniel