Ephéméride 15 janvier

p Lamy
Messages : 967
Inscription : ven. juin 01, 2007 2:00 am

Re: Ephéméride 15 janvier

Message par p Lamy »

"Vendredi 15 janvier 1915
Comme il faisait mauvais, on s'est mis à distiller. Nous sommes bien tranquilles tous seuls, nous avons mis les noyaux dans la jardin,contre le maillage et personne ne savait seulement que nous distillions.
Il y a rien de nouveau à Vigy. En ville (Metz), tous doivent parler Allemand à partir de demain"
"Mardi 15 janvier 1916
Il fait si mauvais, toujours de la pluie. C'est un triste hiver, toujours de la pluie et pas de gelée.
Lettres de Marie à son mari Emile, de Vigy - Moselle (Lothringen)
Cordialement
P. Lamy
"C'est le Vin qui a fait gagner la Guerre"
Jean-Louis Billet, agent de liaison au 70e BACP
Avatar de l’utilisateur
fernande sonntag
Messages : 382
Inscription : sam. nov. 13, 2004 1:00 am

Re: Ephéméride 15 janvier

Message par fernande sonntag »

Bonjour à toutes et à tous,

extrait du carnet de "Papy Jules" troupe Chasseur à Pied 14e Bataillon-14e Coprs

Salonique camp de Reitenlik

15 janvier 1917

Me voici dans l'armée d'orient depuis une dizaine de jours, et je commence à me faire une opinion sur elle, disons le tout de suite, la première impression n'est pas favorable.
Les 400 000 embarqués du sérail n'existent pas, mais Salonique est le refuge de pas mal d'embusqués qui n'ont plus cours en France, ici, c'est la petite coterie, chacun a son petit fromage et tout nouvel arrivant est regardé de travers, on craint le remplaçant - état d'esprit général défavorable. Je n'ai vu que les dépôts, espérons que le front sera tout de même mieux.
Une phrase typique explique bien ce qui se passe ici : à notre arrivée, le Colonel Bouin, commandant la D.I. nous a reçu , réception quelconque sur la question des affectations, réponse textuelle "si vous connaissez quelqu'un à l'état major allez-y et faites vous affecter" sans commentaire.
Le camp : organisation formidable , travail accompli , mais défaut d'organisation apparait encore, aucun plan d'ensemble.
Mélanges de sacs absolument invraisemblable, toutes les troupes du monde se conduisent sur les routes de la ville, circulation d'une intensité unique, routes d'ailleurs ignobles.
Français et Anglais sympathisent beaucoup, toutes les bandes de chahuteurs sont mixtes : camaraderie instantanée.
Italiens très froids.
Serbes calmes et dignes .
Russes de même.
Grecs: abhorrés de tout le monde ou sembles les ignorer, quasi aucun rapport.Que se passe-t-il dans leur tête ?
Personne ne veut croire leur loyalisme absolu, moi le tout premier.
Nous sommes actuellement dans une passe assez délicate, attitude grecque très inquiétante, on a tout lieu de craindre une attitude nettement hostile.

Bonne journée, cordialement,

Fernande
ais-je été de ceux-là dont tous ne furent pas ?
Léon RIOTOR
Avatar de l’utilisateur
alain chaupin
Messages : 996
Inscription : lun. oct. 18, 2004 2:00 am

Re: Ephéméride 15 janvier

Message par alain chaupin »

Bonjour
Suite du 14 Janvier 1915

15 Janvier 1915

Madame,

C’est la mort dans l’âme que je viens vous annoncer que le miracle que nous espérons tous ne s’est pas hélas ! réalisé : notre pauvre Gaston n’a pu survivre aux graves blessures qu’il avait reçues et s’est éteint doucement hier soir sans avoir repris connaissance.
Nous nous réunissons, mes camarades et moi, pour vous présenter, Madame, notre sympathie attristée et nous nous inclinons avec respect devant votre immense douleur ; nous pleurons un ami à qui sa profonde bonté, son caractère doux et loyal avaient attiré les sympathies de tous ceux qui le connaissaient, de ses supérieurs comme de ses camarades.
Nous étions lui et moi, liés par une amitié profonde, qui datait du jour même où la déclaration de guerre nous avait réunis ; depuis nous ne nous étions plus quittés, et les souffrances ressenties ensemble avaient encore consolidé notre réciproque sympathie.
Nous avions échangé bien des confidences, en ces derniers temps surtout et souvent chacun de nous entretenait l’autre de sa famille, des joies de son foyer, des travaux de sa profession, et chaque jour, je sentais chez Gaston une impatience plus grande de retrouver sa chère femme et ses chers petits enfants ; j’ai compris quel vide son départ avait fait dans son foyer qu’il ne devait malheureusement pas revoir.
Sur mes instances, Gaston a été inhumé dans un cercueil portant son nom et nous avons déposé sur sa tombe deux couronnes de feuillages ; une croix de bois mentionnant aussi son nom, avec un entourage convenable, seront fabriqués par des camarades menuisiers.
La cérémonie funèbre a eu lieu cet après-midi à 1 heure ; un grand nombre d’hommes de la compagnie, ainsi que le colonel et les officiers du régiment, ont tenu à y assister ; le Capitaine a en des termes émus, salué la dépouille de ce brave soldat tombé face à l’ennemi, à son poste de combat, et un sergent prêtre a prononcé les prières des trépassés.
S’il peut y avoir, Madame, une consolation pour vous dans le terrible malheur qui vous frappe, ainsi que vos enfants, que ce soit la pensée que celui que vous pleurez est mort au Champ d’Honneur, faisant le sacrifice de sa vie et du bonheur des siens pour la défense de la Patrie.
Le souvenir de notre camarade restera pour toujours gravé au fond de nos cœurs.
Je vous prie de recevoir, Madame, mes respectueuses sympathies et mes sincères sentiments de condoléances

Sevestre

PS : Je ferai le nécessaire demain pour la déclaration à l’Etat-Civil de la Commune de La Neuvillette (près de Reims) lieu du décès.
Je suis à votre entière disposition pour tous renseignements et démarches qui pourraient vous être utiles.
Dès que j’ai appris la fatale nouvelle, je me suis saisi, de peur d’indiscrétion ou de perte, des objets personnels que Gaston possédait dans son sac et ses musettes : une pochette contenant un gros paquet de lettres, un cache-nez gris, une pèlerine caoutchoutée, un passe montagne, une pipe jacob et une autre en bois ; je tiens tous ces objets à votre disposition et vous pris de bien vouloir me dire, Madame, si je dois vous les faire parvenir par la poste.
Quant aux objets personnels que Gaston avait sur lui, tels qu’alliance, porte-monnaie (contenant 5 francs environ) porte feuille, stylographe, pipe en écume, couteau etc, l’autorité militaire s’en est saisie et vous les fera parvenir.

Bien cordialement
Alain


Ceux qui reviendront de cette guerre et qui auront comme moi passés par toutes les misères qu'un homme peut endurer avant de mourir, devra s'en souvenir, car chaque jour qu'il vivra sera pour lui un bonheur."
Gaston Olivier - mon Grand-Père
http://www.
Avatar de l’utilisateur
vincent le calvez
Messages : 1335
Inscription : mer. nov. 10, 2004 1:00 am

Re: Ephéméride 15 janvier

Message par vincent le calvez »

Bonjour Alain,

Merci pour ton témoignage.

Maintenant, dès que je passe par la sortie de l'autoroute de la Neuvillette pour me rendre à Berry-au-Bac ou dans la famille, j'ai une pensée à ton Gaston.

Encore merci pour ton énorme travail !

Bien à toi

Vincent :hello:
Site Internet : Adolphe Orange du 28e RI http://vlecalvez.free.fr
En ce moment : le 28e RI à Sissonne en octobre 1918 http://vlecalvez.free.fr/nouveaute.html
Avatar de l’utilisateur
fernande sonntag
Messages : 382
Inscription : sam. nov. 13, 2004 1:00 am

Re: Ephéméride 15 janvier

Message par fernande sonntag »

suite du carnet de guerre de Papy Jules,

toujours ce jour le 15.01.1917...

La guerre en Orient :

on ne peut guère parler de ce qu'on ignore et je ne sais rien sur la campagne dans la région.
Ici, elles semblent paraître pénible à ceux qui y sont depuis longtemps, privations de toutes sortes , ravitaillement difficile, pays de repos, manque de ravitaillement difficile, pas de repos, manque de n'ose dire que le feu est meurtrié et pourtant il y a eu des affaires chaudes et surtout engagées comme au début : marche sur fil de fer etc..
Je crois que le plus pénible est de nouvelles de permissions, j'ai rencontré un ami artilleur qui est en Orient depuis 21 mois, encore aujourd'hui le journal l'opinion , journal officieux annonçait que les permissions en Orient étaient surbodonnées aux éxigences du moment !!
Réellement , il y a un peu de quoi décourager les meilleures volontés, ceci, qui me fait croire que la mentalité ne doit pas être extraordinaire elevée.
Du reste , il a quelques jours , au moment de la conférence de Rome, des bruits de paix circulèrent , ils furent acceuellis avec joie et les conditions furent ressenties avec apreté, on ne pouvait rencontré deux poilus , sans les entendre , parler de cette paix qui permettrait surtout de retourner en France.
Heureusement que leurs souhaits ne semblent pas vouloir être exaucés, quelle paix pourrions nous bien signer aujourd'hui !

bonne soirée, la suite dans les prochains jours,

Fernande et Marc
ais-je été de ceux-là dont tous ne furent pas ?
Léon RIOTOR
Répondre

Revenir à « Sujets généraux »