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Jeanne Blanche Blanc naquit le 18 juillet 1891 au port de Goulée, commune de Jau-Dignac-et -Loirac en Gironde, fille de Victor, terrassier, et de Jeanne Porge, sans profession.
Devenue adulte, à Bordeaux où elle suit des études de sage-femme, elle rencontre Pierre Fatin qui vit dans le quartier Saint-Seurin où il exerce la profession de boulanger. "Sait faire cuire le pain", est-il inscrit sur sa fiche matricule! Les deux jeunes gens s’installent avenue d’Arès, puis, Jeanne étant enceinte, ils décident de quitter Bordeaux et de se marier à Couquèques le 3 novembre 1913, là où vivent les parents de Pierre, François et Madeleine, à environ 70 kilomètres de Bordeaux. Le couple s’installe à Saint-Yzans-de-Médoc, à 5 minutes de là, où il aura une fille.
Lorsque la Première Guerre Mondiale éclate, Pierre, qui a fait ses obligations militaires en 1905 au 44ème régiment d’infanterie, est mobilisé au 123ème d'infanterie de la Rochelle, passant rapidement au 323ème d’infanterie. Jeanne, qui vient d’obtenir son diplôme de sage-femme, le rejoint à La Rochelle, engagée comme infirmière volontaire à la Croix rouge, section d'infirmières militaires de l'Hôpital militaire Aufrédy. Pierre, soldat de 1ère classe, est envoyé avec son régiment sur le front de l’Est. Le 24 octobre 1914 il est grièvement blessé lors d’un accrochage et décédera quelques heures plus tard des suites de ses blessures à l’hôpital de Nancy.
Pour Jeanne c’est le drame absolu, elle perd l'homme qu'elle aime et se trouve désormais veuve et mère d'une orpheline qui n'aura pas souvenir de son père, comme tant d'autres. Elle touche une prime de 150 francs et reçoit la Croix de guerre de son époux. Cette mort renforce sa détermination et elle va totalement s’investir dans la prise en charge des nombreux blessés et malades qui arrivent par trains sanitaires à la Rochelle jusqu'en 1918.
La fin de la guerre se profile après l’été, Jeanne, désormais veuve de guerre se retrouve mère célibataire mais continue à se dévouer pour les soldats blessés à La Rochelle. Mais à cette époque une pandémie de grippe dite "grippe espagnole" arrive sur l’Europe, qui fera des millions de morts. Jeanne, qui accompagne des contingents de blessés pour les rapatrier chez eux, n'échappe pas à l'épidémie, tombe malade et décède à La Rochelle de cette terrible maladie le 1er novembre 1918, dix jours avant l'Armistice, laissant une petite fille orpheline de cinq ans.
Considérée comme étant morte pour la France, elle est inhumée dans le cimetière Saint-Éloi de La Rochelle, seule femme du Carré militaire où reposent environ 300 soldats de différents pays ou régions. Pierre lui, est inhumé mais dans un autre Carré militaire, celui du cimetière sud à Nancy. Pierre et Jeanne, séparés à tout jamais par la Grande Guerre...
La tombe de Jeanne dans le carré militaire de La Rochelle
La tombe de Pierre dans le carré militaire de Nancy
Une infirmière dans la Grande Guerre, Jeanne Blanc
Une infirmière dans la Grande Guerre, Jeanne Blanc
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - "Le manuscrit de Magerøya ou le Tombeau des quatre ours" (Éditions des Indes Savantes)