Trois infirmières dans la Grande Guerre, Anne-Marie Canton-Bacara et les sœurs De Maistre

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bruno17
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Trois infirmières dans la Grande Guerre, Anne-Marie Canton-Bacara et les sœurs De Maistre

Message par bruno17 »

Bonjour,
Anne-Marie Canton-Bacara et les sœurs De Maistre, Geneviève et Jeanne, servirent ensemble en tant qu'infirmières dans la Grande Guerre.

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Anne-Marie Canton-Bacara naquit le 18 juillet 1879 à Souprosse dans les Landes, de Firmin Canton-Bacara, gendarme, et de Marie Madray, ménagère.
Étudiante en médecine à l’entrée en guerre, elle s’engage en tant qu’infirmière aide-major de la Croix-Rouge Française et rejoint l’Ambulance 12/14 sur le front de Vauxbuin dans l’Aisne où sont déjà hospitalisés soixante-dix blessés allemands dont Anne-Marie s’occupe sans discernement, ayant sous sa direction les sœurs Le Maistre, Geneviève et Jeanne.

A partir de la nuit du 12 septembre 1914, l’hôpital est bombardé par l’artillerie allemande tirant des montagnes de Pasly. Trois cents obus sont tirés pendant deux jours dont la moitié éclatent dans les dépendances du château où est installée l’ambulance dont les drapeaux avaient été élevés sur deux pignons pour signaler sa présence. Quatre autres drapeaux avaient également été déployés sur les bâtiments et sur la pelouse, deux grands draps blancs sur lesquels on avait peint une grande croix rouge indiquaient aux aéroplanes qu’était installée ici-même une ambulance contenant des blessés. Cela n’empêcha pas l’artillerie de tirer ! Une tourelle du château fut anéantie, la grille d’entrée complétement abattue par un obus et Anne-Marie fut elle-même contusionnée par des éclats.
Une partie des blessés fut dirigée dans l’église de Fontenoy servant d’ambulance de campagne, deux cents blessés français y côtoyaient trois blessés allemands, ce qui à nouveau n’empêcha pas l’artillerie ennemie de bombarder le bourg et l’église dont le drapeau de la Croix de Genève flottait sur le clocher. Le commandant-major, voyant les obus pleuvoir sur l’église fit évacuer d’urgence celle-ci par les blessés qui pouvaient marcher mais certains autres furent tués par les éclats d’obus ou les pierres qui s’étaient détachées de leurs assises par l’effet de la chute des obus. Le bombardement dura quinze jours, presque tous les villages alentour furent pillés et incendiés par les Allemands.

Le 17 mars 1915 Anne-Marie fut décorée de la légion d’honneur avec cette citation : A fait preuve, comme Infirmière-Major de la Croix-Rouge, d'un dévouement inlassable pour les blessés soignés à son ambulance et montré un courage exceptionnel non seulement en séjournant pendant plusieurs mois dans une zone battue par l'artillerie allemande, mais encore en allant de sa propre initiative relever des blessés sous le feu le plus violent. A rendu, en outre, les plus grands services à la cause Française, étant restée à son poste pendant l'occupation Allemande. Blessée par commotion violente causée par l'explosion d'un obus à côté d'elle en accomplissant son service d'infirmière dans des conditions qu'elle savait être dangereuses.

Anne-Marie Canton-Bacara s’éteignit le 16 septembre 1958 à Bagnères-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées, à l’âge de 79 ans et fut inhumée dans son village natal de Souprosse dans les Landes. Titulaire de la Légion d’honneur elle avait été également décorée de la Croix de guerre avec palmes et la Médaille d' honneur des Épidémies. En 1921 elle occupait les fonctions de Présidente de l'œuvre du Secours Urgent au Soldat polonais.
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Les sœurs De Maistre, Louise, Geneviève et Jeanne étaient filles du baron et officier des Gardes mobiles Marie François Ivan de Maistre et de Marie Marthe Camaret qui fondèrent une grande famille.
Parmi les sœurs de Maistre, Louise, née en 1883, était l’épouse du chef de bataillon Léon Bretillot mais ne devint pas infirmière comme ses deux sœurs Geneviève et Jeanne.
Geneviève de Maistre, la cadette, naquit le 4 février 1885 à Bourges dans le Cher et décéda en 1951 âgée de 66 ans. Elle fut décorée de la Croix de guerre 14/18.
La benjamine, Jeanne de Maistre, naquit le 4 mai 1888 à Bourges dans le Cher et connut un destin tragique, décédant accidentellement de noyade en mer le 27 août 1920 au cours d'une partie de canot dans le golfe de Saint-Malo, près de l'ile Cézembre, avec son frère Pierre et sa belle-sœur Germaine ainsi que leurs trois jeunes neveux, Pierre, Anne et Paul Bretillot, enfants de leur sœur aînée Louise. Elle était âgée de seulement 32 ans et comme sa sœur aînée, Geneviève, avait été décorée de la Croix de guerre 14/18...

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Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - "Le manuscrit de Magerøya ou le Tombeau des quatre ours" (Éditions des Indes Savantes)
claud6427
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Re: Trois infirmières dans la Grande Guerre, Anne-Marie Canton-Bacara et les sœurs De Maistre

Message par claud6427 »

Merci pour ce récit extrêmement riche et poignant. Il s'agit ici de femmes courageuses, engagées, et héroïques dans l’enfer de la Première Guerre mondiale.

Anne-Marie Canton-Bacara ainsi que Geneviève et Jeanne de Maistre incarnent la figure de l'infirmière de guerre : dévouée, exposée au danger, et déterminée à soigner tous les blessés sans distinction. L’épisode du bombardement malgré les nombreux drapeaux de la Croix-Rouge illustre l’inhumanité de certains actes de guerre mais aussi le courage inébranlable de ces femmes.
happy-pins.fr
Le texte rend un hommage sobre et touchant à ces infirmières dont le rôle trop souvent relégué au second plan dans les récits militaires fut pourtant essentiel. Leur implication, leur humanité, et leur bravoure méritent une pleine reconnaissance. Bravo pour ce travail de mémoire. :)
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