voici un extrait de deux courriers écrits sur le front de l'Argonne en hiver 1914, les 2 hommes sont de la même compagnie (19e) et du même régiment (272e) mais pas du même rang.
Lettre datée du 25 décembre 1914 (tranchées près de Servon) auteur: Capitaine Pierre Quentin Bauchart" Le temps est presque beau. Ce matin, juste assez de neige pour nous rappeller que c'est le soir de Noel, et poudreriser les tranchées. Comme reveillon, j'offre à mes hommes une avance de qques mètres vers les Boches; les tranchées s'enchevêtrent et deviennent inextricables, d'autant plus que la pluspart sont innondées.
je serais plein, non seulement de courage, mais d'entrain, si je pensais au moins à vous...Merry Christmas ! quelle ironie ! "il est né le divine enfant" qui apportera aux hommes la doctrine d'amour. Mais les hommes l'ont crucifié ! et continuent...
Vaillant Noel pour les femmes et les enfants de France ! Noel c'est le jour de l'espoir".
Dans la même tranchée, le même jour, le caporal Louis Bénard écrit:
" Jour de Noel ! mais plutot Noel des gueux ! Nous sommes dans la tranchée le reveillon n'est guère réussit, nous avons mangé 1 biscuit avec une tasse de thé ! quelle fête !. Un de mes camarades nous a chanté Minuit Chrétien, cela ne manquait pas d'une certaine grandeur au milieu de la fusillade intense. J'ai hate de rentrer, tu me manques tellement, les enfants me manquent aussi. Ici on survit dans le froid et la misère. Heureusement notre capitaine (PQBauchart) veille sur nous.".
Le capitaine PQBauchart sera tué le 7 octobre 1916 dans la Somme. Louis Bénard envoyé une lettre par jour à sa femme et survivra à cette guerre, sans aucune blessure, après ces 4 longues années de guerre ces premiers mots seront...j'ai honte d'être encore en vie !
émouvant n'est ce pas.
Dans le gourbis Noel 1914 avec les hommes de la 19e Cie (Argonne)

les regards m'interpellent...dans le froid, la peur du lendemain et la fraternité des copains.
Laurent
