10/09/1915, ça tombe dru à Leintrey...

[KiGanshu]

Bonjour,

D'après le JMO du 217ème, le 10 Septembre 1915, les allemands s'énervent du coté de Leintrey, et envoient sur nos lignes entre 8h et 16h pas moins de 2000 obus de divers calibres. Très peu de pertes pour le 217, 2 régiments territoriaux et les artilleurs du coin (5 tués, 6 blessés), mais de gros dégâts matériels.

Ma question porte sur l'intensité du bombardement : 2000 obus en 8 heures, cela fait 250 à l'heure soit un peu plus de 4 à la minute ce qui n'est qu'une moyenne en sachant qu'il y a eu quelques périodes d'accalmie. Est-ce que cela représente un bombardement très violent?

Merci aux artifiots et aux autres pour les réponses...

Dominique BOIS

[Eric Mansuy]

Bonjour à tous,
Bonjour Dominique,

Un exemple de "bombardement violent", en voici un, dans le secteur de l'Hilsenfirst :

« 1er juillet 1915
[…] Je regarde ma montre : il est 19 heures. Le bombardement redouble ; c’est effrayant. A plusieurs reprises, montre en main, je compte les éclatements que je perçois : 60, 62, 65 à la minute, de tous calibres, surtout des 150 et des 105. Ah ! les journaux nous la « baillent bonne », qui prétendent que les Boches vont manquer de cuivre, de tout, qu’il ne pourront plus faire de munitions. Venez-y voir s’ils les économisent ! Les sapins là-bas, autour de la source, sont hachés, fauchés ; la terre partout voltige, se mêle aux colonnes de fumée noirâtre. […] » (in BERNARDIN (sergent Joseph-Auguste), Dans la Fournaise du Linge avec le 5e B.C.P., Colmar, Editions d’Alsace, 1981, 69 pages).

Je vais voir si je vous trouve autre chose.

Bien sincèrement,
Eric Mansuy

[Eric Mansuy]

Rebonjour à tous,

Deux exemples tirés de deux champs de bataille particulièrement martelés sur les sommets vosgiens, l'Hartmannswillerkopf et le Linge :

1. dans le cadre de l'attaque française lancée sur l'HWK le 21 décembre 1915, l'artillerie de la 66e D.I. tire 28.942 projectiles entre le Secteur de Thann et le Secteur de Breitfirst ;

2. au cours des combats du Linge, « Le 4 août [1915] à 9 h 20, un bombardement d’une violence encore inconnue commence ; les rafales de 74, 77, 105, arrivent sans discontinuer ; les 150 et 210 hachent les gros sapins ; sur la crête, sur un front de 200 m, les minen de 170 et de 245 pleuvent à six cents par heure » ! Ainsi, les batteries ennemies littéralement accolées côte à côte sur le Rain des Chênes, expédient-elles sur l’étroit front du Linge – Schratz – Barrenkopf, long d’à peine 3 km, le plus fantastique bombardement qu’ait connu jusqu’ici la VIIe Armée : 40.000 obus ! » (in DURLEWANGER (Armand), Le Drame du Linge, Colmar, S.A.E.P., 1987, 157 pages).

Bien sincèrement,
Eric Mansuy

[KiGanshu]

Bonjour,

Une simple rude journée donc. Bien que seul le point d'appui 16 ait été la cible de ce bombardement, ce qui fait un front d'un peu moins d'un kilomètre, il valait quand même être bien au chaud dans les abris (qui ont tenu, contrairement aux tranchée complètement bouleversées et qu'il a fallu pour la xième fois refaire...)

Dominique BOIS

[ALVF]

Bonjour,

Une préparation "fantastique" de 1915 absorbe moins de projectiles qu'un simple "coup de main" de 1917 (il est vrai que les conditions du combat ont totalement changé).
Une des préparations françaises les plus denses est celle de l'offensive du 20 août 1917 à Verdun, en sept jours de préparation, 4.000.000 de projectiles (bien lire 4 millions!) furent tirés sur les lignes allemandes,dont 3.000.000 pour le seul secteur s'étendant de la Meuse à la cote 304.Le poids des obus tirés totalisait 120.000 tonnes!
On comprend mieux pourquoi plusieurs centaines de soldats allemands se réfugièrent dans les grands tunnels (Kronprinz, Gallwitz notamment) malgré les ordres contraires du Commandement Suprême.Celui-ci connaissait la vulnérabilité des tunnels car les obus de 400 et de 370 purent détruire des entrées et galeries de ces ouvrages dont les occupants survivants se rendirent presque sans combat à l'Infanterie d'attaque.
Cordialement,
Guy François.

[adalberon]

Bonjour à tous,

J'ai cru lire quelque part que, le 21 février 1916, les Allemands avaient tiré 2 millions d'obus sur les positions françaises de Verdun avant l'offensive. Je pensais que ce nombre était sans doute exagéré mais après ce que vient de dire Guy, je me pose la question. Quelqu'un sait-il ? D'avance merci.

Cordialement,

Adal

[RIO Jean-Yves]

Bonsoir à tous.

Pour rejoindre les chiffres déjà cités, le JMO du 116e RI cite des chiffres allant jusqu'à 20000 obus/jour tombant uniquement sur tel ou tel secteur (Carrière d'Haudromont/Bois NAWE) à la mi-Avril 1916.
Lire aussi LABY pour les journées des 17 au 24 Mai suivants - citant des 320 et même des 480 qui faisaient soulever les bonhommes dans leurs tranchées lors des impacts !

Et imaginez aussi nos braves Poilus qui attaquaient sous ce déluge et sous les tirs croisés des mitrailleuses .
Je ne cesserai de me demander comment certains - dont mon GPm qui était , le 22 Mai 16, de la 1e vague de la 19e Cie du 354e à attaquer la Tranchée Dixmude via la Derrien - ont pu revenir de cet enfer vivants et intacts !
Peut-être grâce à sa petite taille et parce que ce n'était pas sa destinée d'y rester à l'inverse de beaucoup de ses camarades ...
Cordialement
Jean-Yves