Repise de la guerre de mouvement

[CG-83]

Bonjour, je me permets de lancer un sujet sur "la repise de la guerre de mouvement".

[introduction modérée : Hors sujet, forum historique 14/18 et non commentaire de l'actualité] un général a dit "la guerre de mouvement a repris en 1918 du fait de 2 choses : les chars et des techniques d'infiltration [allemandes].".

J'aimerais avoir votre position, telle que vous l'auriez en tête, sur l'instant, sans se livrer à une recherche documentaire.

Dans un second temps, si vous trouvez ou si vous avez des sources sur internet ...

Front initial? quelles décisions? quels événements initiateurs? Quand ? Où ? Comment ? Grace à quoi ? etc...

Merci.

[garance.]

Bonjour
sans trop rentrer dans les détails, la guerre de mouvement en 18 c'est l'Allemagne qui la reprend
Offensives contre les Anglais le 21 mars et contre la France le 27 mai (Chemin des Dames)
à suivre
Garance

[Ungernkhan]

Bonjour,

Entre les differents theatre d'opération du Caucase, d'Italie, des Balkans, de Mésopotamie, de l'Est et du moyen-orient, les lignes de front étaient en perpetuelle évolution. Même sur le front de l'ouest, la ligne de front bougeait régulièrement dans un sens ou l'autre.

Difficile pour moi de pointer une date plus qu'une autre. Lorsque la densité de troupe, le ratio attaquant/défenseur, le moral et l'état des combattants, la puissance de feu, le terrain, les doctrines, les moyens de communications et la logistique le permettent, le front bouge.
Je dirais une lente évolution qui va en s'accélerant en 1918 avec l'épuisement des puissances centrales.
Et il y eu des combats remportés sans que les chars d'assaut ne soient employés.

Cordialement

Zachary

[CG-83]

...l'Allemagne qui la reprend les Offensives contre les Anglais le 21 mars ...
Garance

Bonjour merci de vos réponses.


Je n'étais pas d'avis de ce général : Les tanks n'ont rien à voir avec la reprise de la guerre de mouvement. Les techniques d'infiltration et les stosstrupp plus vraisemblablement.

Je prend le cas de l'offensive allemande du 21 mars 18 :

Sur le front ouest, les lignes son restées figées jusqu'au replis Alberich du début 1917, les Allemands se sont repliés jusqu'à Saint-Quentin. Les Alliés n'avaient donc plus de structures défensives importantes comme celles creusées depuis la fin de 1914. Et qu'ils ont consolidées pendant 3 années.

C'est ça qui a permis aux Allemands (qui ont reconstitué leurs forces entre temps) de pénétrer facilement les lignes alliées et de poursuivre en profondeur jusqu'à Villers-Bretonneux près d'Amiens, en seulement quelques semaines : On est là vraiment dans une guerre de mouvement, en opposition à une guerre de tranchées (de 1914 à 1917) où les gains en terrain conquis sont quasi nul, quelques kilomètres tout au plus en 6 à10 mois de tentatives (Somme Verdun, Chemin des Dames, Arras).

Je poursuis mes recherches sur les autres lieux de la guerre de mouvement qui, une fois débutée, ne s'est plus arrêtée jusqu'à la fuite des Allemands jusqu'en Belgique, ça, ce fut du mouvement ! Flandres, Marne, etc. Je recherche en particulier pour la seconde bataille de la Marne où, là aussi, il s'agit d'une guerre de mouvement. (je ne m'intéresse qu'au front ouest).

Je vous prie de m'orienter si je fais fausse route.

[kglbayrRIR2]

Bonjour,

Je n'étais pas d'avis de ce général : Les tanks n'ont rien à voir avec la reprise de la guerre de mouvement. Les techniques d'infiltration et les stosstrupp plus vraisemblablement.

je dois admettre que pour moi, en tant que professeur d'histoire au lycée, le mythe du nouveau type d'arme de char comme "changeur de jeu" pendant la Première Guerre mondiale a été l'une des raisons de la défaite militaire de l'Allemagne. C'est ce que disaient les manuels et c'est sur cela que les programmes étaient basés. J'ai donc essayé de le transmettre à mes élèves.
Ces dernières années, il y a également eu une réévaluation de la recherche scientifique en Allemagne. L'arme blindée n'est en aucun cas sous-estimée dans son importance. Mais elle n'est évidemment plus considérée comme le seul facteur de l'effondrement du front allemand.


Le dicton proverbial de Ludendorff sur la « Journée noire de l'armée allemande » du 8 août 1918, qui est devenu proverbial en Allemagne, est maintenant attribué davantage à l'effet formidable de 2 000 canons anglais qu'aux chars utilisés. D'après les nombreuses histoires de régiments que j'ai évaluées entre-temps, il est également clair que ces armes dangereuses étaient définitivement connues pour être combattues.

La thèse de doctorat d'Alexander Fasse en 2007

https://edoc.hu-berlin.de/handle/18452/16336

confirme essentiellement la croyance de CG-83. Le mythe de la machine fabriquée par l'homme, soudainement hostile à l'homme, s'y désenchante. Cette explication, que non seulement nous, professeurs d'histoire, aimons transmettre avec un pathétique pompeux, était probablement fausse.

Bien cordialement et
Joyeux noël
Joseph

[CG-83]

Bonjour et merci de ce point de vue qui finalement concerne la deuxième partie de cette guerre de mouvement : c'est à dire leur déroute et leur défaite [8 aout 18, jour de deuil de l'armée allemande] qui ne cessera plus jusqu'au 11 novembre.
-1ère partie : offensives des Allemands et gains de terrain (début 21 mars 18)
- 2e partie : défaites, déroute et fuite des Allemands (début fin avril 18, fin 11 novembre)

Pour ce qui concerne la "REPRISE de la guerre de MOUVEMENT" (c'est à dire le début des offensives), un facteur important, qui a permis cette reprise, est l'apport des troupes [allemandes] du front russe (après le traité de paix avec la Russie).

[kglbayrRIR2]

Bonjour,

Pour ce qui concerne la "REPRISE de la guerre de MOUVEMENT" (c'est à dire le début des offensives), un facteur important, qui a permis cette reprise, est l'apport des troupes [allemandes] du front russe (après le traité de paix avec la Russie).

en effet, les troupes « acier trempés » du front occidental avaient de grands espoirs pour les régiments libérés du front oriental. En réalité - comme on peut le lire dans de nombreuses histoires de régiments - ils n'étaient pas très bons. Ils avaient récemment combattu avec des « seigneurs de la guerre » mal armés ou des gangs de bandits de grands chemins et n'étaient guère familiers avec les situations de guerre modernes avec des systèmes d'armes en réseau.
En outre, il est largement rapporté qu'une grande partie de ces troupes ont ouvertement sympathisé avec les idées de la Révolution russe. Leur apparition sur le front occidental n'a donc eu que peu d'importance pour le déclin des armes allemandes et la chute connexe de [Hélas ! Hélas !] la glorieuse armée bavaroise, qui a finalement agi comme une force indépendante.

Cordialement
Joseph

[Ungernkhan]

Bonjour,

En Champagne, les Allemands se sont quand même cassé les dents sur les lignes françaises établie en profondeur lors de leur offensive du Friedensturm le 15 juillet 1918. Je dirais que tout est à nuancer. À l'automne 1918, certaines positions allemandes (crête d'Orfeuil par exemple) ont été très difficile, très couteuses à prendre.

Dans les bonnes circonstances, les chars ont un impact dévastateur.

Cordialement

Zachary

[kglbayrRIR2]

Bonsoir,

En Champagne, les Allemands se sont quand même cassé les dents sur les lignes françaises...
Dans les bonnes circonstances, les chars ont un impact dévastateur.

un extrait de l'histoire du 16e régiment d'infanterie bavarois est présenté ici comme un exemple de l'état des troupes allemandes. C'est le régiment de ma ville natale de Passau, dans lequel mon grand-père a reçu sa formation en 1906/1907. L'auteur lui-même déclare que l'état de toutes les troupes de première ligne était à peu près comparable à l'époque mentionnée. Même enfants à l'époque, avec tout le respect que je dois à nos grands-pères, nous nous doutions que nos propres difficultés étaient fondamentalement exagérées, alors que les Alliés, par exemple, étaient dépeints comme s'ils pouvaient toujours puiser dans des ressources illimitées.

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source: Brennfleck, Joseph Karl, Major a.D., Das königlich bayerische 16. Infanterie-Regiment „Großherzog Ferdinand von Toskana“ im Weltkrieg 1914 – 1918; München 1931;

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Texte en français:
p. 327
Retraite de la 10e division d'infanterie bavaroise (18-21 juillet 1918)
Dans le point central de cette bataille se trouvait la 10e division d’infanterie bavaroise. Elle n'était plus vraiment apte au combat. Les efforts depuis le 6 juin, puis les lourdes pertes, notamment les 30 juin et 1er juillet, avaient déjà éclairci les rangs du régiment. Puis il y a eu la grippe, qui a touché jusqu'à 100 hommes par bataillon à la mi-juillet.
La grippe s'était un peu atténuée ces derniers jours, mais les gens étaient fatigués, épuisés et avaient un besoin urgent de repos après la maladie. Malgré la fièvre, de nombreux hommes se sont rendus à leurs postes. Mais même ce courage de faire des sacrifices n'a augmenté que marginalement la force de combat. Les compagnies n'avaient plus guère d'officier, le 1er bataillon avait un effectif de déploiement de 239 le 18 juillet, le 2 de 191, le 3 de 249 sous-officiers et hommes. Cette situation avait été signalée sans détour aux autorités supérieures, mais malgré tout le respect dû, il n'était pas possible à la division de se retirer loin derrière le front pour se reposer. La situation exigeait l'utilisation de toutes les forces au maximum contre la supériorité de l'ennemi. Ces conditions, qui ont eu le même effet sur les autres régiments de la division, et d'ailleurs sur la quasi-totalité de l'armée allemande, ne sauraient être suffisamment soulignées pour donner une juste appréciation des combats à partir de la mi-juillet.
C'était quelque chose de différent de mener les batailles offensives et défensives de 1914, 1915 et 1916 avec une armée bien entraînée et bien nourrie que de combattre le nombre quotidien croissant de troupes ennemies, maintenant mal nourries, affaiblies par la maladie et les pertes et n'est plus si bien entraîné à repousser l'ennemi. Les batailles défensives de la seconde moitié de 1918 sur tout le front occidental montrent bien que ce n'est pas le nombre mais l'esprit qui décide. Ce n'est que lorsque la volonté de gagner a été brisée que la guerre a été perdue.

En avançant sur le Chemin de Dames, les Bavarois avaient déjà appris une attaque de chars au front. Il est également intéressant ici que les chars n'aient pas été considérés comme le véritable danger.

Avance sur le chemin de Dames (juin 1918)
P 318
(…)
On apprit par les blessés de retour que l'ennemi avait contre-attaqué dans la ligne Faverolles - Troësnes - Mosloy Ferme avec l'appui de chars. Ce ne sont pas ceux-ci, combattus en grand nombre, qui se font sentir d'une manière désagréable, mais les aviateurs, qui ont attaqué les lignes, encore non protégées à découvert, avec des bombes et des mitrailleuses. (…)

Cordialement
Joseph

[CG-83]

Bonjour,
L'une des dernières tentatives de percée du front [ouest], fut celle de l'attaque britannique de chars d'Assaut (environ 350 à 400 chars MarkIV), dite de bataille de Cambrai à la fin de novembre 1917 : la perçée faillit réussir, mais finalement n'aboutit pas, l'infanterie et le ravitaillement (essence) ne suivant pas. Gain de terrain quasi nul après contre-offensive des Allemands. Il faudra attendre le 21 mars 1918 pour que la guerre de mouvement reprenne.