Je reviens vers vous avec de nouvelles informations* et hypothèses :
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Le premier c'est un uniforme de Zouave, bande molletière, certain arrangement on va dire avec un port de la fourragère assez fantaisiste. Il porte déjà la vareuse modèle 1915 en kaki. Rattaché aux troupes coloniales mais à cette époque, il y a deux types de coloniale ; dite « blanche » ou « indigéniste ». La « blanche » comprend des métropolitains. C'était même vu comme unité d'élite à l'époque.
Hypothèse : Il s’agirait d’une photo de LE DRÉZEN Pierre Jean (1895-1952), frère de LE DRÉZEN Marie-Corentine. Il a fait partie du 4e régiment de Zouaves à partir de juin 1915, du 3e régiment de Zouaves à partir d’août 1916, du 2nd régiment de Zouaves à partir de mars 1919 et du 2ndbis régiment de Zouaves à partir d’avril 1919.
Photo 631
La photo de groupe, je dirais qu'elle date de l'automne ou l'hiver 1914 voir tout début 1915 janvier ou février. Ils ont l'air au repos mais trop détendus pour être des nouveaux (la bleusaille est souvent très fière en arrivant et pose le plus souvent avec la tenue complète pour faire bien pour la famille). Ils portent la capote en gris de fer bleuté modèle 1914 et même couvre képi donc tenue d'entrée de guerre.
Hypothèse : Si on se base sur l’hypothèse précédente, le second soldat en partant de la gauche est LE DRÉZEN Pierre Jean. Sur le col du soldat à droite, on peut lire « 137 » et sur son képi on peut lire « 37 », je pense qu’il s’agit bien du 137e régiment d’infanterie. Pierre Jean en a fait partie de décembre 1914 à juin 1915, ce qui correspond avec l’estimation de la date.
Photo 636
Le soldat de droite, je dirais que c'est au printemps ou été 1916 à cause du bonnet de police ; il apparait tardivement presque en 1917. Les soldats lui préfèrent le képi en général. Il a dû prendre un sacré coup mais c'est possible que la convalescence dure aussi longtemps. Les blessés n'étaient pas démobilisés tout de suite même après une blessure invalidante. Sa blessure correspond à la grande offensive de Champagne en septembre 1915. Joffre veut absolument rompre le front et sortir de ce merdier avant l'hiver. Mais la préparation d'artillerie est insuffisante. L'attaque est un échec. Nombreux morts et blessés côté français. Il a très bien pu passer toute l'année 1916 dans différents hôpitaux ; en général le trajet classique c'est évacuation, poste de secours - hôpital de campagne - puis trajet en train (en gros une fois que le gars n'est pas mort et que ça vaut le coup de l'évacuer) pour aller à un vrai hôpital.
Blessure en champagne, il a dû être évacué en région parisienne. Ce genre de blessure peut durer très longtemps ; les opérations sont compliquées et pas vitales pour sauver la vie du bonhomme, donc ça traine souvent.
Mort en 1918, ça peut être grippe espagnole ça ne m’étonnerait pas ou mort d'autre chose ; ça peut être n'importe quoi. C'est cruel il y a un paquet de poilus qui ont survécus à la guerre et qui sont mort de l'épidémie. Il est mort en Bretagne en plus. Ce qui trompe c'est la date ; on pense tout de suite à la guerre.
Je pense qu'il a dû passer toute l'année 1916 à l'hôpital (la photo a dû être prise fin 1916 ou début 1917) et démobilisé en 1917 ; il est rentré chez lui. Après l'âge ça correspond je pense, la moustache ça vieillit son homme mais ça correspond.
Hypothèses : Le marin à gauche serait l’un des beaux-frères de LE DRÉZEN Marie-Corentine : STÉPHAN Pierre Jean Marie (1897-1968), il a été marin pêcheur toute sa vie et dans sa fiche matricule on peut lire « inscrit maritime le 31 décembre 1915 ». Sur son bonnet on peut lire « CASSARD », il s’agit du nom du navire, il s'agit d'un croiseur protégé type Friant (1898-1924). (Hypothèse de loloastre).
Le soldat à droite est LE DRÉZEN Henri Corentin (1884-1919), frère de LE DRÉZEN Marie-Corentine. Il est blessé à la jambe droite et est au 118e régiment d'infanterie. Dans la fiche matricule de Henri Corentin, il est indiqué « Blessé le 25 septembre 1915 à Tahure (51) : Fracture jambe droite et plaie omoplate droite par éclat d'obus » et si l'on consulte les journaux des marches et opérations (JMO) du 118e régiment d'infanterie, on peut lire à la date du 25 septembre qu'il y a bien eu une bataille à Tahure (51). (Hypothèse déjà cité dans mon premier message)
Photo 637
La photo tout seul devant la porte, c'est typique du début de l'année 1915. Il vient d'avoir sa toute nouvelle capote Poiret. Il porte un pantalon en velours classique aussi de cette période. La culotte en BH n'est pas distribuée encore et les pantalon garance sont au rebu. Il a encore son képi d'entrée de guerre mais déjà des bandes molletière donc oui je dirais mars ou avril 1915.
Hypothèse : Si l’on se base sur l’hypothèse précédente, il s’agit de LE DRÉZEN Henri Corentin. Il ne semble pas avoir changé de régiment au cours de la guerre.
Photo 826
C'est typique des photos de « caserne ». Celui qui est à droite porte d'ailleurs une vareuse blanche, classique des tenues portées pour les travaux de caserne. Il faut se méfier, ça a pu être pris en 1916 par exemple mais à cette époque, la pénurie d'uniformes, on raclait les fonds de tiroirs pour équipés les nouveaux avec ce qui restait en rab donc difficile à dater. Celui à droite, le pantalon a l'air d'avoir une coupe pour être porté avec des bandes molletières, et pourtant il apparait foncé et avec un liseré donc ça indiquerait un régiment de chasseurs (à pied puisqu'il porte le képi, modèle 1914 encore).
Aucune hypothèse.
* Un grand merci à mon ami
Victor pour toutes ces informations sur les photos.