"Torpillages"

[Béaol]

Bonjour à tous,
J'interviens dans le sujet "torpillage des poilus". L'épisode que je relate est peut-être connu de vous, ne m'en tenez pas rigueur. Je viens de transcrire une chanson de mon grand-oncle écrite en août 1916 et pour la comprendre, j'ai trouvé sur wikipédia, l'aventure du zouave Deschamps (je n'ai aucune compétence pour critiquer cet article).
Ci-dessous la chanson et un résumé de l'article de wikipédia sur Clovis Vincent :

Torpillages

Air : J’étais pure

Dans une ville de France,
Un major, savant éminent,
Voulut faire mettre aux courants
Des derniers tuyaux de la science
Des blessés atteint simplement
D’impétences... de mouvements
Guérir était une vétille
Avec sa torpille !

Quand l’électricité vous entre
Vous sentez un fourmillement
Puis on pousse un long hurlement
Quand le fluide se concentre
J’ croyais pourtant qu’ les excitants
N’ valaient rien pour les combattants
Mais ce n’est qu’une peccadille
Avec sa torpille !

Suivant cette douce méthode
Le zouave nommé Deschamps
On aurait pu prendr’ la clef des champs
Grâce aux excellents électrodes.
Mais l’impressionnisme déplut
Par trop à ce fameux poilu
Qui frétillait comme une anguille
Avec sa torpille !

Ne sachant pas que l’on le volte
Refusant de net d’être patient
Le torpillable, à bon escient.
Se révolta, très désinvolte
Et le major dut encaisser
Quelque chose... de bien tassé
Il étrenna, mais quelle étrille
Avec sa torpille !

Cette mémorable aventure
Prouve qu’on ne devrait jamais
Dévoiler aux blessés français
Les beautés de la science pure...
Et que, quoique docteur expert,
Toute médaille a son... revers
On n’ réussit que dans la flottille
Avec sa torpille !

(le mot impétence n'existe pas mais je l'ai laissé tel quel car on comprend son sens)

L’affaire du zouave Deschamps : les soldats frappés d’obusite, souffrant de ce que l’on nomme aujourd’hui de trouble de stress post-traumatique étaient qualifiés de « pithiatiques » : sans aucune lésion organique, les paralytiques et les plicaturés n’étaient que des simulateurs qui s’ignoraient. Pour les soigner, Clovis Vincent (médecin-chef du Centre neurologique de la 9e région militaire à Tours), met au point un « traitement faradique », plus communément appelé « torpillage ». Des chocs électriques de 60 milliampères, mais pouvant aller jusqu’à 100 mA, sont infligés aux soldats plicaturés. Cette pratique, qui sera plus tard qualifiée de « torture », aura beaucoup de succès auprès des autorités militaires qui souhaitent la généraliser dans tous les autres centres, seuls les centres neurologiques de Lyon et de Montpellier refuseront de l’employer. Afin de montrer l’efficacité de la méthode, la Section photographique et cinématographique des armées (SPCA) tournera un film intitulé : Les progrès de la science française au profit des victimes de la guerre, une grande découverte du docteur Vincent.
Le 27 mai 1916, lors d’une séance de « torpillage », le zouave Baptiste Deschamps frappe à plusieurs reprises Clovis Vincent et lui fracture le nez. Clovis Vincent réplique et passe à tabac le soldat. Il s’ensuit un procès retentissant, convoqué le 1er août 1916 au conseil de guerre de Tours, que la presse relate en ces termes : « Un soldat peut-il refuser de se faire soigner ? ». Le docteur Eugène Doyen témoigne contre la pratique du torpillage. Baptiste Deschamps est finalement condamné à six mois de prison avec sursis. Toutefois, dans son jugement, le tribunal précise que « M. Clovis Vincent a eu tort de torpiller Deschamps par la violence ». L’avocat de Deschamps déclare : « On peut être tranquille maintenant ; Deschamps ne sera pas torpillé, et nul autre blessé, grâce à lui, ne sera plus jamais torpillé, au moins contre sa volonté ».
(© Wikipédia)
Bien à vous
Béaol