STARGARD Vapeur norvégien

olivier 12
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STARGARD Vapeur norvégien

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

STARGARD

Vapeur norvégien construit en 1915 au chantier Trondhjems Mekaniske Verksteid de Trondheim.
1113 t. Longueur 69 m. Largeur 11 m. Creux 4,8 m. 1 hélice. 9 nœuds. Machine à vapeur 3 cylindres à triple expansion.

1915 Lancé sous le nom de RUBIN pour J. B. Stang de Kristiania.
1915-1941 STARGARD pour le même armateur.

Voici deux images du STARGARD

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Attaque par un sous-marin le 15 Novembre 1917

Le navire a quitté Haugesund le 13 Novembre 1917 à 22h00 avec un chargement bois de caisse en cale et, pris à Holmestrand, de 413 t de pâte de bois humide sur le pont, pâte recouverte de prélarts et de planches. Gouverné avec un pilote jusqu’à Aspefjorden et parti de ce point en convoi, escorté par HMS PLOVER, le 14 Novembre à 13h30.
Sa destination était Londres.

Capitaine Hans STANGEBYE
Second capitaine Holger JENSEN, 29 ans, domicilié à Fredrikstad
Chef mécanicien Gustav Adolf ANDERSEN 32 ans
Second mécanicien Anders ANDERSEN, 30 ans
Lieutenant Peder Walbjorn HOLTE, 22 ans, domicilié à Oslo.
Matelot Johan Fredrik BODDING 25 ans (4e témoin)
16 hommes d’équipage dont 11 Norvégiens, 4 Suédois et 1 Danois.
Non armé.
Pavillon norvégien hissé mais pas de nom sur la coque.

Rapport du capitaine Hans STANGEBY

Le 15 Novembre à 12h45 violente explosion à l’arrière, supposée due à une torpille qui a frappé le navire à hauteur du gréement arrière, sur bâbord, à 5 pieds sous l’eau. Constaté plus tard que les tôles étaient complètement arrachées des deux côtés du navire. Le navire commence à couler par l’arrière et l’équipage se rend aux canots de sauvetage qui sont mis à l’eau et écartés du bâtiment.
La cloison de la chambre des machines pouvait céder complètement et le navire couler soudainement. Il était aussi à craindre qu’il ne chavirât à cause du lourd chargement sur le pont et du chargement léger en cale.
Un chalutier de l’escorte nous cria de venir à son bord. Nous fûmes débarqués à Lerwick.

Le 16 Novembre nous fûmes informés que le navire avait été remorqué et échoué, et nous eûmes l’autorisation de nous rendre à bord.
Le navire était enfoncé jusqu’à l’écoutille n° 2. Une partie seulement de l’avant et du roufle était sous l’eau. La chambre des machines et la chaufferie étaient pleines d’eau.
Mais le navire avait été entièrement pillé, y compris la cargaison. Dans la chambre des cartes, tout avait été emporté, y compris le baromètre dans son cadre et le chronomètre. Tout avait été brisé. Dès que nous fûmes revenus à terre, on institua un service de garde.

Le journal de bord fut retrouvé le 18 Novembre.

Rapport du second capitaine Holger Trygve JENSEN

Le 14 Novembre et le jour suivant nous avons eu un temps généralement beau avec brise fraîche mollissant à la fin du jour. Quelques nuages.

J’étais dans le carré le 15 Novembre vers midi quand une explosion eut lieu à hauteur de l’écoutille n° 3 sur bâbord. Le navire fut soulevé et je me rendis sur le pont et fermai la conduite d’arrivée de la vapeur. Puis je me rendis au canot bâbord où se trouvaient déjà ceux qui devaient y embarquer. Il fut immédiatement amené, ainsi que celui de tribord. Le capitaine était dans la chambre des cartes et le lieutenant sur la passerelle au moment de l’explosion. Quand j’arrivai sur le pont, l’arrière du navire était déjà sous l’eau, et l’avant haut en l’air. De plus le navire donnait de la bande sur bâbord. Pas vu de sous-marin.
Un contre torpilleur anglais qui croisait à proximité lança une charge que j’entendis exploser et il y eut des mouvements dans le convoi en raison des changements de route.
STARGARD était le 3e de la rangée Sud. Il ne fait aucun doute que c’est une torpille qui a frappé le navire à hauteur du 3e panneau, sur l’arrière de la salle des machines, là où il n’y a pas de charbon de soute.
Rien n’a pu être apporté à bord car lors du voyage précédent nous étions allés d’Angleterre à Christiania, puis à Göteborg et Holmestrand. A Göteborg le navire était amarré à une bouée et jour et nuit il y avait une garde en uniforme venue de terre pour veiller à ce qu’aucun étranger ne vienne à bord. Nous n’avions pas de passagers.
Dans le fjord de Drammen, deux mois auparavant, on avait fait mettre à l’eau les canots devant un inspecteur de la sécurité. Tout était en excellent état.
Si le navire n’a pas coulé, c’est en raison de sa cargaison de planches pour caisses embarquées en cale.
Tandis que nous étions dans les canots, on put recueillir le maître d’hôtel suédois qui était resté à bord. Il n’y a eu aucun blessé parmi les 16 hommes d’équipage.
Le soir vers 23h00, un remorqueur sortit de Lerwick et alla échouer le STARGARD à la côte. J’ignore qui a pillé le navire, mais une enquête pourra être faite à Lerwick. Personne n’a rien pu sauver de ce qui lui appartenait.

Rapport du lieutenant Peder Walbjorn HOLTE

J’étais de quart sur la passerelle quand l’explosion se produisit. J’étais à bâbord et l’homme de vigie à tribord. Il y avait un marin à la barre et le capitaine venait d’arriver sur la passerelle pour déterminer la situation du navire. Deux navires suédois étaient sur notre avant et un sur notre arrière. A bâbord il y avait un navire marchand anglais, à tribord un chalutier et plus loin un contre-torpilleur.
Il y eut d’abord un léger heurt, puis une explosion puissante. Le navire donna de la bande sur bâbord et s’enfonça. Je suis allé tout de suite préparer le canot à moteur. La vapeur ayant été coupée, le navire stoppa tandis qu’on mettait les canots à l’eau.

Déposition du second mécanicien Anders ANDERSEN

Ce témoin a précédemment été présent lors de l’explosion d’une mine, et a été deux fois déjà rescapé de navires coulés par canonnage. Il est d’avis que STARGARD a été atteint par une torpille. L’explosion a été ressentie particulièrement puissante dans le carré où le témoin, qui n’était pas de quart, se tenait.
La paroi bâbord du navire a été complètement arrachée jusqu’au revêtement du gaillard arrière qui a lui aussi sauté. Il ne connaît pas la grandeur du trou, vu depuis le canot de sauvetage au dessous de la ligne de flottaison. Des fonds de caisses sortaient du trou.

Le sous-marin attaquant

C’était l’UB 63 du Kptlt Rudolf GEBESCHUS
STARGARD fut réparé, remis à flot et reprit du service en 1919.

Complément sur l’escorteur HMS PLOVER

C’était l’un des 103 destroyers de la classe « M » construit pendant la Grande guerre. (Voir la fiche du LINDHARDT)

Le naufrage du STARGARD le 10 Septembre 1941

STARGARD allait quand même finir torpillé pendant la 2e guerre mondiale.

Le navire faisait route de Chatham (Nouveau Brunswick) vers Londres avec le convoi SC 42. Il transportait un chargement de 1600 tonnes de bois de charpente. Il avait fait une escale à Sydney le 30 Août 1941.

Le 10 Septembre 1941 le navire se trouvait par 61°30 N et 40°30 W (au SE de la côte du Groenland) quand un sous-marin lança trois torpilles sur le convoi dont deux atteignirent leurs buts. Le cargo hollandais WINTERSWIJK et STARGARD furent atteints.

STARGARD fut frappé en plein milieu, dans la salle des machines. Le chef mécanicien et un chauffeur furent tués. L’explosion détruisit la passerelle découverte et les canots de bâbord et provoqua une forte bande sur tribord. Exactement comme en 1917, le navire commença à couler par l’arrière, toute sa partie milieu étant noyée sous la vapeur.
Le capitaine et les deux marins à la passerelle furent précipités à la mer. Ils furent récupérés par le canot tribord que trois marins étaient parvenus à mettre à l’eau.
Le reste de l’équipage resta à bord et fut récupéré par le cargo norvégien REGIN. Les hommes dans l’embarcation furent recueillis par une corvette et débarqués à Reykjavik le 13 Septembre.

Voici la liste d’équipage lors du naufrage.

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Le navire appartenait toujours à l’armateur Stang et le chef mécanicien était toujours Gustav Adolf Andersen, alors âgé d’environ 56 ans. Cet officier eut l’extraordinaire malchance d’être torpillé à deux reprises, sur le même navire, à 24 ans d’intervalle. Le malheureux ne survécut pas au 2e torpillage car il se trouvait dans la salle des machines au moment de l’explosion. Pareille aventure et pareille mauvaise fortune constituent sans doute un fait unique dans l’histoire de la guerre sur mer et le nom de Gustav Adolf Andersen, ce marin courageux, mérite de rester dans les mémoires.

Le sous-marin attaquant

C’était l’U 432 du Kptlt Hans Otto SCHULTZE.

On notera que ce commandant (dont on trouve l’histoire sur ce lien https://uboat.net/men/schultze_heinz-otto.htm) était le fils du Capitaine de Corvette Otto SCHULTZE, un commandant de sous-marin de la Grande Guerre que nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises.
Ce dernier avait notamment commandé l’U 63 et avait écumé l’Atlantique en Novembre 1917, coulant un total de 12 navires au cours de ce seul mois.

Cdlt
olivier
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