Bonjour,
En cherchant à me documenter sur le 155 CTR modèle 1904 Rimailho, je ne suis pas parvenu à trouver quel était le personnel affecté au service d'une pièce lourde de ce type.
Je crois comprendre que cela nécessitait deux équipes :
-une équipe de tir : un sous-officier chef de pièce, un maître pointeur, x servants, peut-être 8 hommes au total si j'en crois une carte postale qu'on trouve partout sur internet ?
-une équipe de convoyage manœuvrant les chevaux et les trois avant-trains requis pour déplacer la pièce : un gradé ?, x conducteurs, soit peut-être 6 ou 7 hommes ?
Ces suppositions sont-elles correctes ?
Par ailleurs, une batterie est-elle bien constitué de 4 pièces ? Quel en est l'encadrement ? Un capitaine et un lieutenant son adjoint, un adjudant chargé de l'administratif ?
Merci pour vos lumières sur l'organisation fonctionnelle et les moyens humains employés.
155 CTR : personnel de pièce et de batterie
Re: 155 CTR : personnel de pièce et de batterie
Bonjour,
Voyez "Gallica", je crois qu'il y a un manuel du "Rimailho" en ligne, étudiez notamment le chapitre "Ecole de la Pièce".
La batterie est à 4 canons, au début de son entrée en service, les batteries étaient à 2 pièces seulement pour donner une meilleure mobilité aux unités mais en 1914 toutes les batteries sont organisées à 4 canons chacune.
Le Groupe de 155 C modèle 1904 TR est considéré en 1914 comme une unité très lourde car si, sur la ligne de feu, il n'y a qu'un peu moins de 150 hommes pour 12 canons, il y a plusieurs centaines d'hommes aux colonnes de munitions, échelons, etc...
Cordialement,
Guy François.
Voyez "Gallica", je crois qu'il y a un manuel du "Rimailho" en ligne, étudiez notamment le chapitre "Ecole de la Pièce".
La batterie est à 4 canons, au début de son entrée en service, les batteries étaient à 2 pièces seulement pour donner une meilleure mobilité aux unités mais en 1914 toutes les batteries sont organisées à 4 canons chacune.
Le Groupe de 155 C modèle 1904 TR est considéré en 1914 comme une unité très lourde car si, sur la ligne de feu, il n'y a qu'un peu moins de 150 hommes pour 12 canons, il y a plusieurs centaines d'hommes aux colonnes de munitions, échelons, etc...
Cordialement,
Guy François.
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Re: 155 CTR : personnel de pièce et de batterie
Bonjour,
Si ces informations peuvent vous être utiles :
En 1916, mon grand-père, officier d'artillerie, était affecté au 106ème RAL à Verdun (au fort de Souville, très exactement). il faisait donc partie d'un Groupe qui se composait à l'époque d'un Etat-major de Groupe, de 2 Batteries et d'une section de munitions (SM). Chaque batterie était composée d'un officier (lieutenant expérimenté ou capitaine), chef de batterie, et de 2 officiers (S/Lt ou lieutenant), chacun commandant 2 obusiers de 155CTR (à l'époque, ce devait être des St-Chamond, une version "modernisée" du Rimailho) (au niveau.
Chaque batterie compte 218 hommes (canonniers et sous-off), 223 chevaux, 16 caissons et es voitures (à cheval) de service. Chaque batterie dispose par ailleurs d'un "échelon" : une sorte d'intendance, mais à mon niveau je ne pourrai pas vraiment être plus précis).
Cette composition n'est pas figée. Ainsi, à certains moments, un Batterie pouvait être composée de plus d'obusiers (jusqu'à 3, 4 ou 5), et il pouvait aussi y avoir plus de 2 batteries dans un groupe (3 ou 4). Rien n'était figé.
Là où cela se complique encore, c'est quand on veut préciser les compétences exactes d'une SM (donc au niveau d'une batterie) et une Colonne légère (au niveau du régiment) A ce jour, cela dépasse encore mes compétences ! mais peut-être M. Guy François pourra vous en dire plus à ce sujet ?...
Voilà. Si cela vous a été utile ?
Au plaisir
Vincent
Si ces informations peuvent vous être utiles :
En 1916, mon grand-père, officier d'artillerie, était affecté au 106ème RAL à Verdun (au fort de Souville, très exactement). il faisait donc partie d'un Groupe qui se composait à l'époque d'un Etat-major de Groupe, de 2 Batteries et d'une section de munitions (SM). Chaque batterie était composée d'un officier (lieutenant expérimenté ou capitaine), chef de batterie, et de 2 officiers (S/Lt ou lieutenant), chacun commandant 2 obusiers de 155CTR (à l'époque, ce devait être des St-Chamond, une version "modernisée" du Rimailho) (au niveau.
Chaque batterie compte 218 hommes (canonniers et sous-off), 223 chevaux, 16 caissons et es voitures (à cheval) de service. Chaque batterie dispose par ailleurs d'un "échelon" : une sorte d'intendance, mais à mon niveau je ne pourrai pas vraiment être plus précis).
Cette composition n'est pas figée. Ainsi, à certains moments, un Batterie pouvait être composée de plus d'obusiers (jusqu'à 3, 4 ou 5), et il pouvait aussi y avoir plus de 2 batteries dans un groupe (3 ou 4). Rien n'était figé.
Là où cela se complique encore, c'est quand on veut préciser les compétences exactes d'une SM (donc au niveau d'une batterie) et une Colonne légère (au niveau du régiment) A ce jour, cela dépasse encore mes compétences ! mais peut-être M. Guy François pourra vous en dire plus à ce sujet ?...
Voilà. Si cela vous a été utile ?
Au plaisir
Vincent
Re: 155 CTR : personnel de pièce et de batterie
Merci à tous les deux pour ces riches précisions très intéressantes, et à M. Guy François pour son conseil orientant vers Gallica.
J'y ai consulté plusieurs publications, grâce auxquelles je comprends mieux le 155 et son maniement.
De façon à permettre un retour utile à d'autres, voici l'organisation, relativement complexe, de l'équipe de pièce. Elle est constituée de 9 hommes :
-1 chef de pièce
-1 pointeur
-1 tireur
-1 chargeur
-2 pourvoyeurs
-1 artificier
-2 auxiliaires
Les choses sont plus nébuleuses en ce qui concerne l'équipe de transport : un gradé ou un sous-officier, à la tête de 6 ou 8 hommes (effectif incertain).
La batterie est constituée de 5 pièces... dont une sans canon. Cette 5e pièce est en fait une réserve de feu constituée de 2 caissons (soit 6 au total, chacune des pièces lourdes étant accompagnée du sien).
On trouve à sa tête un commandant de batterie, normalement un capitaine, sous les ordres duquel 2 chefs de section commandent chacun 2 canons.
Tout un personnel d'appui les assiste (aide au commandement, observation, approvisionnement, équipe médicale, maintenance technique). Les voitures de service, les matériels et les personnels non employés sur la position de tir constituant l'échelon de combat.
J'y ai consulté plusieurs publications, grâce auxquelles je comprends mieux le 155 et son maniement.
De façon à permettre un retour utile à d'autres, voici l'organisation, relativement complexe, de l'équipe de pièce. Elle est constituée de 9 hommes :
-1 chef de pièce
-1 pointeur
-1 tireur
-1 chargeur
-2 pourvoyeurs
-1 artificier
-2 auxiliaires
Les choses sont plus nébuleuses en ce qui concerne l'équipe de transport : un gradé ou un sous-officier, à la tête de 6 ou 8 hommes (effectif incertain).
La batterie est constituée de 5 pièces... dont une sans canon. Cette 5e pièce est en fait une réserve de feu constituée de 2 caissons (soit 6 au total, chacune des pièces lourdes étant accompagnée du sien).
On trouve à sa tête un commandant de batterie, normalement un capitaine, sous les ordres duquel 2 chefs de section commandent chacun 2 canons.
Tout un personnel d'appui les assiste (aide au commandement, observation, approvisionnement, équipe médicale, maintenance technique). Les voitures de service, les matériels et les personnels non employés sur la position de tir constituant l'échelon de combat.
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Re: 155 CTR : personnel de pièce et de batterie
Bonjour Willelmus,
Merci pour ces précisions et recherches, bien intéressantes.
Juste une chose, il faut toujours garder à l'esprit que cette situation n'a pas été figée durant toute la guerre : elle semble avoir régulièrement évolué.
Ainsi, le nombre de caisssons : pour moi, en 1916, 16 caissons pour 2 batteries. Je ne suis pas certain non plus que cette "5ème pièce" sans canon ait duré bien longtemps (pour ma part, c'est la première fois que j'en entends parler) ? De même, je trouve plutôt un capitaine (ou temporairement un lieutenant confirmé), chef de Groupe, assisté de 2 lieutenants ou sous-lieutenants.
Pour l'échelon, oui : en fait c'est l'ensemble des hommes du Groupe (sans oublier les chevaux !) qui, à un instant t, ne sont pas au front à faire tirer leurs "obusiers", donc la 2ème équipe, les infirmiers, vétérinaires et personnels chargés de l'entretien des chevaux, nombreux personnels d'intendance,.. Pendant qu'une équipe est "au feu", tout ce personnel "cantonne" un peu plus loin et un peu plus à l'abri (quoique, pas toujours).
A part la composition d'une équipe de pièce, rien ne semble donc définitif.
Cordialement
Vincent
Merci pour ces précisions et recherches, bien intéressantes.
Juste une chose, il faut toujours garder à l'esprit que cette situation n'a pas été figée durant toute la guerre : elle semble avoir régulièrement évolué.
Ainsi, le nombre de caisssons : pour moi, en 1916, 16 caissons pour 2 batteries. Je ne suis pas certain non plus que cette "5ème pièce" sans canon ait duré bien longtemps (pour ma part, c'est la première fois que j'en entends parler) ? De même, je trouve plutôt un capitaine (ou temporairement un lieutenant confirmé), chef de Groupe, assisté de 2 lieutenants ou sous-lieutenants.
Pour l'échelon, oui : en fait c'est l'ensemble des hommes du Groupe (sans oublier les chevaux !) qui, à un instant t, ne sont pas au front à faire tirer leurs "obusiers", donc la 2ème équipe, les infirmiers, vétérinaires et personnels chargés de l'entretien des chevaux, nombreux personnels d'intendance,.. Pendant qu'une équipe est "au feu", tout ce personnel "cantonne" un peu plus loin et un peu plus à l'abri (quoique, pas toujours).
A part la composition d'une équipe de pièce, rien ne semble donc définitif.
Cordialement
Vincent
Re: 155 CTR : personnel de pièce et de batterie
Il est évident que la configuration a évolué avec les formes nouvelles du combat.
J'ai simplifié le tableau de synthèse. Les éléments que j'ai décrits sont tirés du Règlement provisoire de manœuvre de l'artillerie lourde, dispositions spéciales aux batteries armées de canons de 155 court, publié en 1922. Ce manuel fait référence en fait aux 155 Schneider, à une époque où la motorisation a donc largement supplanté la traction hippomobile.
La 5e batterie y est bien mentionnée. Ce que je n'ai pas évoqué par simplification est le train de caissons dépendant de l'échelon, alimenté par la noria des sections de munitions, et destiné à pourvoir en obus les batteries qui épuisent leur notation initiale.
Voici le lien vers le manuel en question :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... rk=21459;2
J'ai simplifié le tableau de synthèse. Les éléments que j'ai décrits sont tirés du Règlement provisoire de manœuvre de l'artillerie lourde, dispositions spéciales aux batteries armées de canons de 155 court, publié en 1922. Ce manuel fait référence en fait aux 155 Schneider, à une époque où la motorisation a donc largement supplanté la traction hippomobile.
La 5e batterie y est bien mentionnée. Ce que je n'ai pas évoqué par simplification est le train de caissons dépendant de l'échelon, alimenté par la noria des sections de munitions, et destiné à pourvoir en obus les batteries qui épuisent leur notation initiale.
Voici le lien vers le manuel en question :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... rk=21459;2
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Re: 155 CTR : personnel de pièce et de batterie
Merci pour cette précision... et le lien !
Cordialement
Vincent
Cordialement
Vincent
Re: 155 CTR : personnel de pièce et de batterie
Bonsoir,
Il ne faut jamais comparer les tableaux d'effectifs et de matériels des unités d'artillerie car ceux-ci changent en fonction du matériel servi.
C'est particulièrement vrai pour le 155 C modèle 1904 TR "Rimailho" qui se décompose pour le transport en deux éléments, une voiture porte-canon et une voiture-pièce.
En deux messages, je vais exposer l'organisation des unités suivantes qui concourent au service du 155 CTR:
-la Batterie, organisée à 8 pièces dont les 4 premières seules sont armées du matériel canon.
-la Colonne légère qui a exactement les mêmes effectifs que la batterie mais dans laquelle les 4 voitures porte-canon et les 4 voitures pièce sont remplacées par 8 caissons.
-la Section de Munitions d'Artillerie (SMA) de 155 CTR.
Voici, d'abord les effectifs de ces trois composantes, tirées de l'Aide-Mémoire de l'Officier d’État-major en campagne (édition de 1913):
-les effectifs de la Batterie (identiques pour la Colonne légère) et de la SMA: -le détail des effectifs et des principaux matériels de la Batterie et de la Colonne Légère: -le détail concernant la SMA: (à suivre)
Il ne faut jamais comparer les tableaux d'effectifs et de matériels des unités d'artillerie car ceux-ci changent en fonction du matériel servi.
C'est particulièrement vrai pour le 155 C modèle 1904 TR "Rimailho" qui se décompose pour le transport en deux éléments, une voiture porte-canon et une voiture-pièce.
En deux messages, je vais exposer l'organisation des unités suivantes qui concourent au service du 155 CTR:
-la Batterie, organisée à 8 pièces dont les 4 premières seules sont armées du matériel canon.
-la Colonne légère qui a exactement les mêmes effectifs que la batterie mais dans laquelle les 4 voitures porte-canon et les 4 voitures pièce sont remplacées par 8 caissons.
-la Section de Munitions d'Artillerie (SMA) de 155 CTR.
Voici, d'abord les effectifs de ces trois composantes, tirées de l'Aide-Mémoire de l'Officier d’État-major en campagne (édition de 1913):
-les effectifs de la Batterie (identiques pour la Colonne légère) et de la SMA: -le détail des effectifs et des principaux matériels de la Batterie et de la Colonne Légère: -le détail concernant la SMA: (à suivre)
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Re: 155 CTR : personnel de pièce et de batterie
Impressionnant de précision et avec les bons documents.
Félicitations "ALVF" !
Cordialement
Vincent
Félicitations "ALVF" !
Cordialement
Vincent
Re: 155 CTR : personnel de pièce et de batterie
(suite du précédent)
Des schémas valant mieux que de longs discours, j'en joins deux, tirés du Règlement provisoire de manoeuvre de l'Artillerie de campagne-Dispositions spéciales aux batteries armées du matériel de 155 C modèle 1904 TR-Titres IV bis et VI bis du 4 août 1913:
-Rassemblement de la batterie de combat sans son matériel: -Rassemblement de la batterie de combat: A noter le nombre important de caissons, 16 à la batterie:
-1 caisson à chacune des 4 premières pièces (armées du matériel canon).
-4 caissons à chacune des 5e, 6e et 7e pièces (échelon de combat).
-la 8e pièce forme l'échelon avec la forge et le chariot de batterie et les attelages haut le pied.
Ajoutez la voiture-observatoire et jugez de la lourdeur apparente d'une batterie de 155 CTR "Rimailho".
A noter toutefois que la décomposition du matériel canon en deux voitures permet d'accéder facilement à des emplacements inaccessibles aux matériels futurs et plus modernes dont la traction à contre-appui ne permet pas une aussi bonne mobilité.
Le commandant Rimailho a été un des créateurs (avec Deport et Sainte-Claire-Deville) du 75 connu pour sa grande mobilité. Pendant et après la guerre, devenu le directeur du département Artillerie de la firme Saint-Chamond, le lieutenant-colonel restera un adepte de la mobilité des matériels lourds. Cet officier était d'ailleurs convaincu que l'artillerie lourde allemande nous a fait beaucoup de mal en octobre et novembre 1918 par sa capacité à nous harceler de loin et à se replier rapidement alors que nos lourds matériels, y compris l'excellent 155 GPF, avaient du mal à les contrebattre à temps. Il faut noter que les canons lourds allemands de 15 cm type K 16 étaient décomposables en deux éléments et pouvaient entrer (et sortir) de batterie plus facilement que les lourds matériels français et britanniques. Mais ceci est une autre histoire!
Tout cela montre néanmoins que la conception de 155 CTR Rimailho était très avancée, matériel mobile, culasse semi-automatique, rechargement automatique, etc...Son seul défaut était son manque de portée mais Rimailho n'y est pour rien, le tracé du tube lui a été imposé, il voulait un tube plus performant mais ne fut pas écouté.
Tel quel, le 155 CTR tirait deux fois plus vite que les obusiers lourds allemands et ses obus contenaient deux fois plus d'explosif que leurs homologues allemands.
On comprend mieux l'importance de ce canon fin 1914 et en 1915 quand nous n'avions pas grand chose à déployer en matière d'artillerie lourde et où c'est le GQG qui attribuait lui-même les batteries de 155 CTR aux Armées et Groupes d'Armées ce qui en dit long sur notre dénuement initial...
Cordialement,
Guy François.
Des schémas valant mieux que de longs discours, j'en joins deux, tirés du Règlement provisoire de manoeuvre de l'Artillerie de campagne-Dispositions spéciales aux batteries armées du matériel de 155 C modèle 1904 TR-Titres IV bis et VI bis du 4 août 1913:
-Rassemblement de la batterie de combat sans son matériel: -Rassemblement de la batterie de combat: A noter le nombre important de caissons, 16 à la batterie:
-1 caisson à chacune des 4 premières pièces (armées du matériel canon).
-4 caissons à chacune des 5e, 6e et 7e pièces (échelon de combat).
-la 8e pièce forme l'échelon avec la forge et le chariot de batterie et les attelages haut le pied.
Ajoutez la voiture-observatoire et jugez de la lourdeur apparente d'une batterie de 155 CTR "Rimailho".
A noter toutefois que la décomposition du matériel canon en deux voitures permet d'accéder facilement à des emplacements inaccessibles aux matériels futurs et plus modernes dont la traction à contre-appui ne permet pas une aussi bonne mobilité.
Le commandant Rimailho a été un des créateurs (avec Deport et Sainte-Claire-Deville) du 75 connu pour sa grande mobilité. Pendant et après la guerre, devenu le directeur du département Artillerie de la firme Saint-Chamond, le lieutenant-colonel restera un adepte de la mobilité des matériels lourds. Cet officier était d'ailleurs convaincu que l'artillerie lourde allemande nous a fait beaucoup de mal en octobre et novembre 1918 par sa capacité à nous harceler de loin et à se replier rapidement alors que nos lourds matériels, y compris l'excellent 155 GPF, avaient du mal à les contrebattre à temps. Il faut noter que les canons lourds allemands de 15 cm type K 16 étaient décomposables en deux éléments et pouvaient entrer (et sortir) de batterie plus facilement que les lourds matériels français et britanniques. Mais ceci est une autre histoire!
Tout cela montre néanmoins que la conception de 155 CTR Rimailho était très avancée, matériel mobile, culasse semi-automatique, rechargement automatique, etc...Son seul défaut était son manque de portée mais Rimailho n'y est pour rien, le tracé du tube lui a été imposé, il voulait un tube plus performant mais ne fut pas écouté.
Tel quel, le 155 CTR tirait deux fois plus vite que les obusiers lourds allemands et ses obus contenaient deux fois plus d'explosif que leurs homologues allemands.
On comprend mieux l'importance de ce canon fin 1914 et en 1915 quand nous n'avions pas grand chose à déployer en matière d'artillerie lourde et où c'est le GQG qui attribuait lui-même les batteries de 155 CTR aux Armées et Groupes d'Armées ce qui en dit long sur notre dénuement initial...
Cordialement,
Guy François.