Bonjour à tous, voici ce qu'un auteur écrit en préambule d'un livre sur 14 18, livre écrit en 1964 !
"Verdun ?...connais pas ! l'armistice du 11 novembre ?...connais !. ces réponses ingénues ont plongé dans la stupéfaction les anciens de 14 qui pensaient avoir qque droit à survivre une cinquantaine d'année, mais aussi les pédagogues si fiers de leur "instruction civique" et les sociologues qui estiment que le monde moderne a commencé en aout 1914.
Pour expliquer l'ignorance juvénile, on peut incriminer le twist et la moto les spoutniks et je m'en fichisme. Il doit tout de même y avoir un moyen pour que les français de 1964 connaissent un peu moins leurs pères les gaulois ou le vase de soissons (...)".
Sujet du jour, la mémoire du patrimoine historique. je ramasse les copies dans 2h
Je pense qu'en 1964 on parlait surtout de GM2. C'est pas la faute aux jeunes mais à leurs parents et peut-être aussi à l'Education Nationale de l'époque (programmes scolaires "officiels", qui changent tous les ans ...).
Ces propos ont été tenus en 1964...A l'époque les AC de 14-18 étaient souvent moqués et les commémorations tournées en dérision.
C'était l'époque de la consommation de masse, les 30 glorieuses...64..ça faisiat juste 2 ans que la guerre d'Algérie était finie ...
les temps changent...
« Les hommes pour la plupart n’étaient pas gais ; ils étaient résolus, ce qui vaut mieux. »
Marc Bloch
Bonjour à toutes et à tous,
Oui oui, mais sur ce même forum, il y a quelques années, des internautes bien connus de nous tous, -dont on n'aurait pas imaginé qu'ils fussent sur de telles positions- militaient pour la suppression des commémorations, y compris celle du 11 novembre. Une avalanche de gros noirs avait accueilli ceux qui trouvaient étrange que l'on puisse se poser la question. Donc prudence, ne tirez pas sur les lampistes.
Depuis 94 j'ai du intervenir dans au moins 60 établissement du sud de la France, du cm2 à l'université en passant par les classes de terminales, de l'Enseignement Public aux Ecoles privées, -et je ne suis pas le seul à pratiquer ainsi-, je peux affirmer que les choses ont changé, en particulier parce que les enseignants ont modifié leur point de vue sur la guerre de 14-18, mais aussi parce que de nombreux films, pas toujours trés bons à notre points de vue de "spécialistes", ont ouvert les yeux du public. Je pense, en disant ceci aux "Fragments d'Antonin". Au cours d'une projection organisée dans un Lycée privé trés trés connu et considéré comme l'un des meilleurs, j'ai vu de nombreux jeunes gens de 16 ans et plus avec les larmes aux yeux à la sortie.
Par ailleurs, je vous signale que la pièce "SOLDAT O" jouée par une troupe toulonnaise: le Théatre de la méditerranée, en est à sa 30 ème représentation à travers toute la France. Ce n'est pas si mal.... non!
Cordialement CC
Cette préface écrit par André Ducasse est extrait d'un livre "générique" sur 14 18 daté de 1964 "14 18 L'Histoire en 1000 images" (collectif) 210 pages
Bonjour,
J'avais 13 ans en 1964. A cette époque, nous les enfants des écoles chantions encore la Marseillaise devant le monument aux morts après avoir entendu la liste des noms de tous les morts. Mon grand-père, ancien combattant, partait vers midi pour retrouver ses copains des tranchées et assister au repas annuel qui les réunissait. Il rentrait le soir, la tête bien chaude de tous les souvenirs resurgis et aussi des bons verres de pinard. Ma grand-mère ne manquait pas alors de le houspiller s'il avait mal à l'estomac. C'était surtout ça qui nous faisait rire. Pour le reste, nous avions le plus grand respect pour ces rituels qui passent aujourd'hui pour ringards.
Au revoir.
D. Augustin
Je reprends ce sujet car je me pose une question sur ces problématiques de mémoire.
Je pars de mon cas personnel : j'ai 32 ans, je me suis dès l'enfance intéressé à la PGM. Et lorsqu'aujourd'hui je parle de mes recherches, il n'est pas rare, parmi des gens de ma génération, qu'on me demande "tu voudrais pas voir ce que tu trouves sur mon ancêtre Untel, je sais juste qu'il est mort à la guerre".
Pendant des années, lorsque je demandais à la ronde si des ancêtres avaient fait les tranchées, on me répondait non, rien, de l'air de celui qui n'a aucune idée et de surcroît s'en fiche énergiquement. Il a fallu qu'apparaisse le site MDH, que j'y tape par acquit de conscience quelques patronymes familiaux que je savais peu courant et que je demande si Untel et Untel portant le nom des grands-parents et nés dans le même patelin, par hasard ça n'était pas de la famille. Pouf, voilà que mais si enfin voyons, "c'est l'frère du grand-père, de ton arrière-grand-père" et ainsi de suite.
Pire, ou mieux, il se trouve que mon AGP, fait prisonnier à Verdun en juin 16, a raconté ses souvenirs à son gendre, mon grand-père, né en 23, lequel m'en a récemment retranscrit des bribes quand je lui ai parlé de tous ces gens.
Bref : il a fallu que je pose la question cent fois pendant quinze ans pour qu'on me dise le peu qu'on avait - pas grand-chose mais assez pour que je sache qu'il y avait des recherches à faire - en fait, qu'on se fasse à l'idée que oui, ça m'intéressait vraiment.
Je précise qu'étant donné les âges et la psychologie des intéressés, l'hypothèse "on n'en parlait pas parce que trop douloureux secret familial tabou toussa" n'a même pas à être envisagée.
Si je croise cela avec ce que nous a dit la grand-mère de ma femme : "quand j'étais petite, la Grande Guerre, mais on en avait marre ! y'en avait de partout ! et des commémorations dans tous les sens, et les gamins qui se jetaient tous à la figure les faits et gestes, blessures et médailles de leurs pères et oncles, et d'énormes portraits en pied et en uniforme du fiston tué dans toutes les maisons..." je me dis : et si cette génération, celle de mes grands-parents, n'avait pas assuré la transmission de mémoire, avait omis de l'assurer, parce qu'au bout d'un moment ras le bol, ils avaient eu leur guerre aussi, celle d'avant n'avait plus l'air d'intéresser personne, donc on laisse courir... ?
Avez-vous rencontré dans vos familles ce genre de trous dans la chaîne de transmission, de valses-hésitation de l'intérêt ou du désintérêt ?
Cordialement,
Cyrille
"Sur un banc étaient rangés quinze ou vingt bonshommes qui avaient bien une douzaine de jambes à eux tous." (Duhamel)
J'ai été élevé, enfant après GM2, avec des souvenirs de GM1. Ma mère (1914-2005) nous lisait des livres d'époque du genre "la marraine de gros-réjouit" (ou quelque chose comme ça) et plein d'autres. Elle les a ensuite lus à mes enfants, qui ont réclamé ces livres après son DC.
La mémoire passe par les livres mais aussi, et peut-être surtout, par la mémoire orale que nous délivrons à nos enfants et petits-enfants et aux jeunes des écoles.
Je vais tout-à-l'heure voir mes 2 petites-filles, encore très jeunes. Je leur parlerai de leur "Mamychou" qu'elles ne connaîtront jamais puisque DCD en 1986. Je leur parlerai d'elle (feue mon épouse) afin qu'elles sachent.