Allemands au Chemin des Dames

[gil alcaix]

Bonjour à tous
Je cherche des informations sur les Allemands au Chemin des Dames.
En effet, ne parlant pas allemand, je concentre forcément mes recherches sur le point de vue français.

Connaîtriez-vous des ressources en français sur leur organisation, leur point de vue sur ce lieu, ce front (j'ai quelques bribes par ci par là dans les ouvrages de N. Offenstadt ou G. Lachaux) ? Je précise que ce n'est pas tellement l'aspect militaire pur qui m'intéresse (fortifications, tranchées, artillerie), mais plutôt la vie quotidienne et tout ce qui va avec le fait de mener une guerre dans une région occupée.
Savez-vous si des personnages illustres ont combattu côté allemand au Chemin des Dames ?

Merci d'avance pour tout renseignement sur ce sujet
Gil

[dumultien]

Bonjour Gil, bonjour à tous,

Ma propre grand-mère, née à Colligis en 1907, a vécu à Chamouille (chez ses grands-parents maternels) puis à Bruyères (chez ses grands-parents paternels), en secteur allemand, du début de la guerre jusqu'à l'évacuation du 15 mars 1917. Malheureusement, tout comme les Poilus n'aimaient pas aborder le sujet de la Grande Guerre, ma grand-mère avait horreur de parler de ces années d'occupation allemande (d'autant plus qu'elle a perdu sa mère en mars 1918). Je n'ai hélas jamais réussi à obtenir de sa part un récit structuré sur cette période de sa vie.

Parmi les bribes qui me sont parvenues, j'ai entendu parler des quelques éléments suivants :

- Au début de la guerre, les habitants de Chamouille observaient avec anxiété la cheminée de la sucrerie de Cerny, qui se raccourcissait d'heure en heure sous les tirs de l'artillerie.
- Au village, ne restaient que les femmes, les enfants et les vieillards, ainsi que le curé Gury (lui-même âgé). Tous étaient emprisonnés, sous la surveillance des Allemands. Ma grand-mère se souvenait du curé qui scandait à longueur de journée : "Priez, priez, priez, votre dernière heure est venue !"...
- A Chamouille, il y avait une femme réputée "de cuisse légère", qui couchait bien volontiers avec les Allemands. Elle a toutefois intercédé à de nombreuses reprises auprès de l'occupant pour sauver des Français, et n'a de ce fait jamais été inquiétée.
- Une partie de ma famille est restée à Bruyères jusqu'à l'Armistice. Dans un cadre humanitaire (Croix Rouge), mon arrière-grand-mère, ses beaux-parents et ses deux filles (ma grand-mère et ma grand-tante) ont été évacués dans des wagons à bestiaux via la Belgique, l'Allemagne et la Suisse (départ de Bruyères le 15 mars 1917). Ils ont échoué à Collonges-la-Rouge (Corrèze), et ont vécu dans la grande maison de la famille Soullier (dont était issu l'acteur et animateur Maurice Biraud).
- Mon arrière-grand-mère a voulu se rapprocher du front pour revoir son mari. Avec ses deux filles, elles sont allées s'installer à Corbeil (Essonne), chez un ancien habitant de Neuville. Au cours d'une permission, mon arrière-grand-père a malheureusement transmis la méningite cérébro-spinale à sa femme, qui en est morte le 18 mars 1918.
- Avant la Grande Guerre, mon arrière-grand-père était agent voyer à Colligis. Après l'Armistice, il a tout naturellement été chargé de rétablir le réseau routier dans le secteur du Chemin des Dames. Il vivait seul à Chamouille dans une cabane de bois, dans un paysage lunaire, avec pour seule compagnie des terrassiers et des artificiers. Ma grand-mère et sa soeur étaient alors placées à l'orphelinat d'Avize (Marne) chez les soeurs.

Amicalement,

Jean-François.
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[dumultien]

Bonjour à toutes et à tous,

Pour illustrer mes propos sur l'occupation allemande et l'évacuation des civils en 1917, voici quelques vues d'époque concernant Chamouille et Bruyères-et-Montbérault :


Chamouille - Scènes de l'occupation allemande.


Bruyères - Corvée de balayage sous la surveillance d'un gendarme allemand.


Bruyères - Vues allemandes de l'évacuation des civils, 15 mars 1917.

Cordialement,

Jean-François.
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