Vapeur de 5014 t construit en 1898 au chantier Sunderland SB Co de South Dock sous le nom de WAKOOL
Longueur 122 m Largeur 14,5 m 1 hélice 13 noeuds
Armateur Wilhelm Lund. Londres
1905 WAKOOL Blue Anchor Line. Londres
1910 WAKOOL Peninsular and Oriental. Londres
1913 KWANTO MARU Kishimoto Shokai. Dairen
1917 LE MYRE DE VILLERS Gouvernement français
1923 LE MYRE DE VILLERS Brabant et Pruvost. Marseille
Désarmé à La Spezia en 1923. Démoli en Avril 1925
Voici ce navire sous le nom de WAKOOL


Rencontre avec un sous-marin le 13 Septembre 1918
Navire armé de deux canons de 90 mm à l’arrière
Traversée Bizerte – Malte en convoi de 4 navires sous escorte anglaise.
Chargement : 4000 t de divers dont 1400 t de munitions et 400 tonneaux d’alcool.
Capitaine GRYSON Maurice 156 Dunkerque
Rapport du capitaine. LV auxiliaire GRYSON
Le 13 Septembre 1918 à 15h30, par 36°46 N et 12°53 E, j’étais sur la passerelle. LE MYRE DE VILLERS occupait le poste indiqué sur le graphique ci-joint. AMIRAL CHARNER, guide de convoi, fut atteint par une torpille lancée de tribord. Le convoi zigzaguait, route moyenne au S62E, la route au moment du torpillage étant S72E à 7,5 nœuds.
Une forte colonne d’eau s’éleva au dessus du navire torpillé à hauteur du milieu tribord. Je fis mettre aussitôt la barre toute à gauche et la machine en avant toute à 14 t/mn. Mis au poste de combat. Les autres navires ont fait la même manœuvre.

Vers 15h34, un des chalutiers d’escorte se trouvait devant nous coupant la route vers le Nord. Nous vîmes, le second capitaine Monsieur Bérengier et moi, une longue coloration noire sur l’eau à 400 m à un quart sur tribord avant. Chaviré la barre de toute à gauche à toute à droite pour passer dans cette tache. Suivant la déposition de l’officier mécanicien et des chauffeurs de quart, une forte secousse suivie d’un ragage de plusieurs secondes ébranla le fond du navire au point que le 1er chauffeur dit à son chef de quart : « Nous talonnons, nous sommes échoués ». En même temps, la machine diminuait temporairement d’allure sans raison apparente. La brise était fraîche de SW, la mer houleuse et le navire avait un tirant d’eau de 7,20 m. Il tanguait et roulait légèrement. De la passerelle, cette secousse fut à peine ressentie.
Le chef mécanicien, Monsieur Nedelec, qui dès l’appel au poste de combat était descendu dans la machine, n’a pu me rendre compte de l’incident que tard dans la soirée.
Le lendemain 14 Septembre, à l’arrivée à Malte, après l’interrogatoire du chef mécanicien et des chauffeurs de quart, j’ai fait au délégué de la base française et aux autorités anglaises une déclaration verbale de ce fait. Le peu de temps passé dans le port n’a pas permis la visite de la coque par un scaphandrier. Cette visite pourrait être faite à Salonique après le déchargement de la cargaison.
Rapport complémentaire de Port Saïd. 8 Octobre 1918. CC CHATEAUMINOIS Délégué de la Marine française à Port Saïd
La visite de coque n’a pu être entièrement faite à Salonique, le navire étant accosté le long du quai. Le navire a fait route sur Port Saïd. Proposons de faire examiner le cas par une commission habituelle.
Témoignage du 2e capitaine Auguste BERENGIER Marseille 176
Je suis monté sur la passerelle quelques secondes après le torpillage sur ordre du commandant. J’ai fait mettre au poste de combat et effectué une ronde rapide de 3 ou 4 minutes sur le pont.
Remontant sur la passerelle, j’ai vu en même temps que le commandant une tache noirâtre par tribord avant. Nous avons eu l’idée que ce pouvait être l’ombre du sous-marin, ou aussi l’ombre de la fumée d’un chalutier. Mais cette dernière n’a pas duré car la fumée s’est dispersée. La barre fut mise à tribord dès qu’on aperçut la tache. Quand le bateau est passé sur la tache, on a ressenti des vibrations légères, comme celles d’un sabord qui bat. On n’a pas ressenti la secousse de l’explosion de la torpille. Des bombes n’ont pas été lancées de suite par les escorteurs, mais bien après le passage sur la tache.
Un quart d’heure après l’incident, le chef mécanicien est monté et m’a demandé si on n’avait rien ressenti sur la passerelle. Dans la machine, on avait éprouvé une forte résistance et un des chauffeurs avait crié qu’on était échoué.
Je n’ai pas regardé ce qu’était devenue la tache après le passage du bâtiment. J’ai aidé le commandant à manœuvrer suivant les ordres du chef d’escorte.
Témoignage de Victor FERRAND, officier mécanicien, Ile d’Oléron 659
J’étais de quart et n’ai ressenti aucune secousse au moment du torpillage d’AMIRAL CHARNER. Je n’ai appris celui-ci que par l’ordre reçu de la passerelle de mettre en avant toute.
J’ai ensuite entendu quelques détonations et ai cru à un tir au canon. J’ai envoyé le 1er chauffeur sur le pont voir ce qui se passait. Celui-ci est redescendu en disant qu’on avait dû lancer des grenades. Quelques instants après, j’ai ressenti trois secousses successives et entendu un bruit de ragage. La machine diminuait beaucoup, puis a repris sa vitesse. J’ai eu nettement l’impression que le bâtiment avait touché quelque chose. Quand l’incident s’est produit, la machine était en avant toute depuis 5 à 6 minutes et le chef mécanicien n’était pas encore arrivé en bas.
Les matelots noirs qui étaient dans la chaufferie paraissent ne s’être aperçus de rien. Il n’y avait en plus de moi que le 1er chauffeur et le matelot alimenteur.
Témoignage de Dominique ROCCACINI, 1er chauffeur, Bastia 6404
Je ne me doutais de rien quand est arrivé de la passerelle l’ordre de mettre en avant toute. Presque aussitôt on a entendu une détonation et le chef de quart m’a envoyé voir s’il s’agissait d’une attaque au canon. J’ai vu que le CHARNER avait été torpillé mais n’ai pas vu lancer de grenades. En descendant, j’ai entendu d’autres détonations et j’ai pensé à un lancé de grenades.
Un bon moment plus tard, j’ai fait la réflexion au chef de quart que l’on s’échouait car j’ai senti que l’on frottait contre quelque chose de solide et qu’il se produisait des soubresauts, mais je n’ai entendu aucun bruit. La machine avait diminué de la moitié de ses tours et j’en ai fait encore la réflexion au chef de quart en lui disant que cela durait bien longtemps.
Témoignage d’Yves MENOU, matelot chauffeur, Le Havre 1324
Je remplissais les fonctions d’alimenteur dans la chaufferie où, en dehors de moi, il n’y avait que des matelots noirs. J’ai été averti qu’on mettait en avant toute, puis j’ai entendu des détonations et j’ai cru à une attaque au canon.
Quelques minutes après, j’ai ressenti et entendu comme un ragage sous le navire, mais n’ai pas senti de secousses. J’ai senti que la machine diminuait et j’ai pensé que l’on s’échouait, ou bien qu’on passait sur une épave ou sur un sous-marin. Quand j’ai revu le 1er chauffeur et le chef de quart, la conversation a tout de suite porté sur ce qui venait d’être ressenti.
Témoignage de Marcel RENARD, QM mécanicien du JAUREGUIBERRY, breveté scaphandrier
Le 11 Octobre je suis descendu visiter la coque du LE MYRE DE VILLERS de l’avant jusqu’à la cale 2. J’ai vu sur la quille de roulis deux petites déchirures de métal (métal enlevé) de 3 à 4 cm de longueur sur 1 cm d’épaisseur ne paraissant pas devoir être attribuées à un abordage. Elles paraissent d’ailleurs anciennes.
Rien vu d’anormal ailleurs. Aucune trace de ragage ou peinture enlevée. Certaines parties de la coque ne présentent toutefois plus de végétation.
La visibilité était mauvaise et je ne voyais pas très bien l’endroit où je me trouvais.
Témoignage d’Amédée SAOUDER, second maître torpilleur du JAUREGUIBERRY, breveté scaphandrier
J’ai continué à tribord la visite commencée par Renard et l’ai poursuivie jusqu’à la cale 3, où j’ai été arrêté par les chalands procédant au chargement du navire. J’ai ensuite plongé à bâbord et visité la partie avant et milieu.
Je n’ai rien remarqué d’anormal, mais cette visite a été assez rapide et la visibilité était mauvaise.
Durée de plongée des deux scaphandriers : six heures.
Le sous-marin rencontré
Le sous-marin qui a coulé AMIRAL CHARNER, des Chargeurs Réunis, était le sous-marin autrichien k.u.k. U 41 commandé par le Linenschiffleutant Edgar WOLF (1889-1952) du 19 Février 1918 au 31 Octobre 1918.
S’il a été touché par LE MYRE DE VILLERS, il n’a donc à l’évidence pas été coulé. Toutefois, d’après le site uboat.net, on ne possède aucun renseignement sur ce sous-marin dont la seule victime aura été AMIRAL CHARNER le 9 Septembre 1918. Rien avant et rien après. On pourrait donc penser qu’étant endommagé il est rentré à sa base.
Cdlt