Assainissement d'un champ de bataille

[Laurent59]

Bonjour à tous, je viens de faire l'acquisition d'un carnet de santé dans lequel, à plusieurs reprises, l'officier rédacteur dit: " en raison de l'état actuel des évènements et de la proximité de l'ennemi, l'assainissement du champ de bataille est absolument impossible"

En quoi consiste l'assainissement d'un champ de bataille ??? un nettoyage des lieux ???

Laurent

[Stephan @gosto]

Bonjour,

Généralement, il est entendu par cette expression le retrait ou l'inhumation des corps restés sur le champ de bataille.

Amicalement,

Stéphan

[thomas1]

Bonjour,

Il s'agit de l'inhumation des cadavres et de la récupérations des effets (armes, casques etc.).

Cordialement
Yann

[Laurent59]

Bonjour,

Généralement, il est entendu par cette expression le retrait ou l'inhumation des corps restés sur le champ de bataille.

Amicalement,

Stéphan

Merci ! alors d'après les compte rendus de cet officier, il reste alors 3 officiers enterrés dans un bois de la Somme (...) tombe non marquée (précision dans le texte). Le lendemain le régiment quitte ce secteur...

Laurent

[Laurent59]

Bonjour,

Il s'agit de l'inhumation des cadavres et de la récupérations des effets (armes, casques etc.).

Cordialement
Yann

Merci !

Laurent

[chatrou51]

Bonjour Laurent,

Découvert ce texte dans le JMO de la 24 DI en sept 14 :

Instruction du Médecin Chef
de la 24ème D.I. pour l'assainissement provisoire du champ de bataille.

Inhumations

Choisir des emplacements suffisamment éloignés des habitations et des points d'eaux (sources-rivières-puits). Eviter si possible les terrains marécageux ou argileux. Les terrains secs et perméables légèrement inclinés dépourvus d'arbres sont les plus convenables.
Creuser des fosses de 2m de large et de 2m de profondeur, si les corps doivent y être placés sur 2 ou 3 rangs superposés. Pour les cadavres isolés la profondeur de 1m50 suffit. Déposer au fond des fosses des branchages et des cailloux. Les corps doivent être dépouillés de leurs vêtements.
En cas de putréfaction avancée, les recouvrir d'une couche de chaux vive de quelques centimètres. Recouvrir de terre sur une épaisseur de 1m50 à 2m de façon à former un tertre en dos d'âne.

Crémation des cadavres de chevaux et détritus divers

Creuser des fosses peu profondes et disposer dans cette excavation une sorte de bûcher sur lequel on place les cadavres. Faire couler sur eux une couche épaisse de goudron et de pétrole, l'enflammer ensuite avec de la paille. L'opération dure une heure environ, après ce temps il ne reste que des os calcinés, le contenu de la fosse est réduit de 3/4.
Si la crémation des cadavres de chevaux ne peut être pratiquée par manque de matière nécessaires, les inhumer comme pour les cadavres humains, mais dans ce cas il est nécessaire d'établir des fosses aussi profondes que possible.

Demander au C.A. 3 ou 4 hectolitres de goudron, 1 ou 2 hectolitres de pétrole et 100 ou 200 kg de chaux vive.


Cdt
Philippe

[GERAUD]

Bonjour à tous,
(Extrait du JMO du Service de Santé de la 73ème Division - côte 26 N 401 au SHD)
Combats du Bois le Prêtre avril 1915.
11 avril 1915 :
"...Depuis le 30 mars des engagements très vifs ont eu lieu dans le Bois le Prêtre, accompagnés de pertes sensibles.Ce bois fameux dont nous faisons le siège depuis plusieurs mois est encombré de réseaux de fil de fer ; il est sillonné de boyaux très étroits, inondés en ce moment de telle sorte que l'eau monte jusqu'aux genoux. Au prix des plus grandes difficultés on enlève les blessés. Mais l'assainissement du champ de bataille, l'enlèvement des cadavres, se fait avec lenteur et nos moyens sont restreints. Les cadavres sont nombreux, épars au milieu des lignes dans un espace où tout ce qui bouge devient une cible, véritable zone de mort.
La nuit est très obscure et le travail improductif et épuisant. En raison de la faible distance qui sépare les combattants on ne peut allumer de lumière. Dans le jour on est obligé d'interrompre au moment des engagements ; en outre les bras nous manquent, le Commandement ne pouvant mettre à notre disposition qu'une Cie. de Territoriaux parmi lesquels 60 sont assez valides pour être employés au transport des cadavres, les brancardiers divisionnaires concourant à ce travail. Beaucoup de cadavres allemands sont en avant de nos lignes. L'assainissement ne pourra être convenablement assuré qu'après avoir pris possession du terrain de la lutte.
Les cadavres sont transportés au cimetière de la ferme du Pétang au moyen d'une voiture qui suit la tranchée de Fey jusqu'au point où les brancardiers ou les soldats de la Cie. du 19ème Territorial viennent les déposer. La zone de relèvement est celle dite du Quart en Réserve....
Deux sections d'une Cie.Territoriale sont adjointes à la Cie. du 19ème Territorial pour l'assainissement du champ de bataille. Reçu à cet effet 15000 kg. de chaux......
17 avril 1915 :
L'assainissement du champ de bataille se poursuit avec la plus grande activité : le service est ainsi réparti :
1°/ Inhumations au Pétang : un médecin du G.B.d., un peloton de brancardiers divisionnaires, 20 territoriaux du 19ème Territorial.
2°/ Relèvement des cadavres du Bois le Prêtre : trois médecins du G.B.D., trois pelotons du G.B.D. 70 territoriaux du 19ème Territorial. Les cadavres de la zone ouest du Quart en Réserve sont transportés au cimetière du Gros Chêne et ceux de la zone Eest sont transportés au cimetière du Pétang.
3°/ Relèvement et inhumation des cadavres de l'ouest du Quart en Réserve : un médecin du G.B.D., un peloton du G.B.D., deux sections du 19ème Territorial. Les cadavres de cette zone sont transportés au Gros Chêne. Une cinquantaine de cadavres ont été relevés hier, autant aujourd'hui.
En outre 36 cadavres allemands ont été inhumés hier et aujourd'hui. L'emplacement occupé par les cadavres est largement recouvert de chaux. Quelques jours sont encore nécessaires pour la terminaison de ce travail.
Le wagon de 15000 kg de chaux reçu hier a pu être poussé cette nuit jusqu'à la gare de Pont-à-Mousson d'où on le transporte sur le champ de bataille.....
A la suite de ces divers engagements 497 cadavres français ont été inhumés dont 280 au Gros Chêne et 217 au Pétang.
77 cadavres allemands ont été enfouis, sur place dont celui d'un lieutenant..."
Cordialement,
Géraud/CL

[la flamme80]

pouvez vous me dire où se situe la zone dont vous parlez dans votre ,merci à vs 2,cordialement

[GERAUD]

Bonjour La flamme,
Pour ce qui me concerne (Bois-le-Prêtre) cela se trouve à 4 kms à vol d'oiseau à l'ONO de Pont-à-Mousson. Les combats dont on a parlé ont pris place de l'automne 1914 à juillet 1915 ; environ 7000 morts de chaque côté pendant cette période puis front stabilisé jusqu'à l'offensive U.S. à la mi-septembre 1918.
Bien cordialement,
Géraud

[bouc1234]

D'après les ouvrages, il est indiqué que de très nombreux corps ont été tellement broyés qu'il ne reste aucune trace, dans certains lieux, ils ont été enfouis et ressortis plusieurs fois par des bombardements, surtout dans les régions de Verdun.

L'inhumation individuelle ou collective était parfois impossible : les grands froids empêchaient de creuser, on se protégeait avec les corps si la pluie rendait les terrains trop mous pour entretenir les parois...

Sans compter des récits qui parlent des nuées de mouches, de rats et de corbeaux, horrible!

Quand des sections étaient tuées (il y a eu des cas de sections gazées ou "choquées" par de violents impacts), on rebouchait parfois la tranchée.

De nombreux cadavres ont été récupérés après le conflit et placés dans des nécropoles, mais au combat, les corps étaient souvent laissés à la merci du temps et des animaux nécrophages.

L'environnement n'était pas sain du tout et on trouve aussi des cas nombreux où les hommes à court d'eau boivent dans les flaques empestées.