
Voici le 3ème et dernier volet sur les tenues de l'Armée Impériale Allemande sur le front.
A la fin de l'année 1915, les numéros régimentaires sur le couvre casque disparaissent. Parallèlement, est adopté pour le soldat allemand une nouvelle veste d'uniforme : la "Feldbluse" Mle 1915. En drap Feldgrau, le col est de teinte verdâtre (grisâtre chez les Bavarois) et les boutons de fermeture avant, sont en zinc ou en corne, invisibles car recouverts d'une doublure. La guerre durant, la qualité du tissus varie en fonction des fabrications et des matières premières utilisées (on utilisera même des fibres d'orties) ce qui donne des teintes différentes. Mais le grand changement, arrive en 1916 avec l'adoption du casque d'acier (Stahlhelm). Déjà en 1915, le groupe d'Armée "Gaede" engagé sur les Vosges, constate l'importance des blessures à la tête causées par les éclats d'obus et les projections de roche de nature cristaline. Il fait fabriquer (environ 1500 exemplaires) par ses ateliers du groupe d'artillerie à Mulhouse, une espèce de cervelière à l'allure médiévale, munie d'une protection nasale et épaisse de 5 à 7 mm d'acier pour un poids de plus ou moins 2 Kg. Cette coiffure est maintenue sur la tête par une coiffe en cuir et en forte toile serrée par une sangle munie d'une petite boucle à ardillion.
Mais pour les autres soldats, il faut attendre la bataille de Verdun (février 1916) pour voir apparaitre le nouveau casque d'acier à la forme si caractéristique. Il existe en 6 tailles et pèse environ 1 kg et présente deux entretoises d'aération servant aussi à fixer la "Stirnpanzer" (plaque de protection avant en acier). Il est utilisé pour la 1ère fois lors de l'offensive sur Verdun (30 000 casques). Pendant la guerre, il subit de petites modifications : en 1917, le bandeau en cuir de la coiffe intérieur est remplacé par du métal, en 1918 est adopté un nouveau système de jugulaire. A la fin du conflit, apparait une dernière modification : le casque d'acier Mle1918 à échancrures (adopté en été 1918). Cette modification de la coque, permet de réduire l'effet de "cloche" et d'améliorer l'ouïe du soldat. Pendant cette même année 1918, apparaissent les camouflages "écailles de tortue", en général à 3 teintes (Vert jaunatre-ocre-brun) selon la diréctive de Lüdendorff. Chaque teinte est limitée par un trait noir de la largeur d'un doigt.
1) Ce jeune pionnier (Génie) Wurtembergeois appartient au Corps Alpin (Alpenkorps). Il porte en 1917 la nouvelle "Bluse". La façon dont il a rabattu sur ses bottes le bas de son pantalon, laisse supposer qu'il est originaire de Saxe.

2) Cet artilleur pose dans un atelier de photographies à Namur (Belgique) où son unité est en garnison. Il est doté du nouveau casque d'acier Mle 1916 et porte encore la veste Mle 07/10.

3) Un autre exemple de la "Bluse" Mle 15 sur cet homme d'une unité d'Allemagne du Nord. Le col verdâtre est ici bien visible. Il porte une boucle de télégraphiste Mle 1915 en fer peint.

4) Dans les tranchées en 1916. Le dos de cette photo porte la mention "notre tranchée avec l'infanterie munie du nouveau casque".

5) Hommes de la 6ème Compagnie du Régiment d'Infanterie de Réserve Saxon N°244 (Res. Div. 53) fin 1917, début 1918, en ligne en Flandres. Certains portent le casque d'acier et des tenues camouflées blanches d'hiver dont la large capuche, permet de recouvrir la tête casquée.

6) Mitrailleurs du 11ème Bataillon d'Infanterie du Landsturm (Territorial) sur le front en octobre 1917. La Bluse Mle 1915 rencontre encore celle Mle 07/10 ou Mle 1914.

7) La guerre est devenu une affaire de professionnels. De petits groupes de choc naissent dans les unités. Ils sont formés de volontaires aguerris dont l'un des buts est de s'introduire dans les tranchées ennemies afin de ramener des prisonniers. Cette photo provient du 22ème de Ligne Prussien.

8) Photo prise vers le 24 octobre 1916 lors de l'attaque du fort de Douaumont devant le village de Fleury. Hommes du Régiment d'Infanterie de Réserve N°83 (Res. Div. 25). Tous portent le casque d'acier Mle. 1916.

9) Les hommes du 13ème de Ligne Prussien sur la côte 304 (front de Verdun). L'aspect du soldat allemand a bien changé en deux ans.

10) Un grand classique du théâtre aux Armées : la mort du camarade (l'ange est un soldat déguisé). Cette photo date de la fin de la guerre car le casque du "mourant" est un Mle. 1918 à échancrures.

Voilà. Ici se termine ce très succinct article sur la tenue du soldat allemand de 1914 - 1918. Pour ceux qui veulent approfondir la question, voici quelques livres de référence :
- "Le soldat allemand de 1914 -1918" de J.C. Laparra (ed. Histoire et Collections)
- "La grande débrouille" de J.C. Laparra (éd. Ysec)
- "Deutsche Uniformen und Seitengewehre 1841 - 1945" de Klaus Lübbe (ed. Niemann)
- "Les Gladiateurs" (les formations offensives dans l'armée allemande) de J.C. Lappara (ed. Ysec)
- "Deutsche Sturmtruppen" (Troupes d'assaut allemandes 1914 - 1918) de J.L. Larcade (ed. des Argonautes).
A bientôt.
