Bonjour,
Le n° 195 Juin 2009 des "Chemins de la Mémoire" signale la parution, en 2008, du roman, inédit de son vivant, de Jean Guéhenno: "La Jeunesse morte". Le prix: 32 euros, en est un peu "violent" pour ma très modeste bourse, mais je vais m'empresser de le commander.
Voilà 40 ans en effet j'avais lu, avec le plus grand intérêt, un autre livre de ce même auteur, éminente et belle figure de "l'écrivain engagé" pendant l'entre deux guerre en particulier, et qui avait pour titre: "La mort des autres", livre que je n'ai pas relu depuis cette lointaine époque, mais que je recommande à tous et que je vais refeuilleter sans tarder... Sondant le moteur de recherche, je constate que notre confrère AZOR l'avait évoqué ici:
pages1418/annonces-pages-bibliophile/re ... 3955_1.htm
Je m'étonne et regrette beaucoup que son intervention n'ait pas à l'époque suscité de réponse. Peut-être la présente que je fais sera-t-elle l'occasion de partarger un peu plus largement sur cet écrivain qui, vraiment, je pense, mérite d'être connu...
Bien à vous,
Achache
Jean GUEHENNO
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Re: Jean GUEHENNO
Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
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Re: Jean GUEHENNO
Bonsoir Achache, et bonsoir tous le monde. J'ai beaucoup de bouquins écrit par des combattants de cette guerre. Il y a les plus connus, j'en possède pas mal, mais pas tous. Et puis il y en a de moins connu. Et sans doute introuvable, ou pas très facilement trouvable. Celui qu'avait évoqué Azor, j'avoue ne pas le connaitre, et je n'ai pas vu non plus celui de J.Guéhenno, réédité en 2008. Et pourtant, je suis toujours fourré au rayon histoire d'une grande librairie du boulevard St Michel à Paris. Prosaiquement, si il n'y a pas eu de réponse sur ce livre, c'est peut être parce que pour avoir connaissance de l'existence d'un livre, sur ce sujet qui nous passionne, il faut beaucoup chercher, avoir du temps. Et chacun a sa vie. On passe déjà beaucoup de temps à travailler, vivre ses passions, et toutes les choses du quotidien. Je n'ai personnellement, pas que la passion de 14/18, et je vois que je n'ai pas assez de temps pour le reste. Mais un grand merci, je connais Jean Guéhenno, qui avait été le prof de mon prof, et j'arriverai bien à trouver les référence que tu as citées.
cordialement. Patrick
cordialement. Patrick
Patrick
- Stephan @gosto
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Re: Jean GUEHENNO
Bonsoir,
J'avais lu, il y a pas mal de temps maintenant, "La mort des autres". On y retrouve quelques noms familiers pour tous ceux qui s'intéressent à la Grande Guerre. Je me souviens notamment du chapitre consacré à Etévé... Comme Achache, il faudra un jour que je le relise.
A la même époque, j'avais également lu son "Journal d'un homme de 40 ans", réédité en poche. Et ce soir, je n'arrive plus à mettre la main sur ce dernier volume !!! Vivement les vacances que je puisse faire un peu de rangement !
Bonne fin de soirée.
Stéphan
J'avais lu, il y a pas mal de temps maintenant, "La mort des autres". On y retrouve quelques noms familiers pour tous ceux qui s'intéressent à la Grande Guerre. Je me souviens notamment du chapitre consacré à Etévé... Comme Achache, il faudra un jour que je le relise.
A la même époque, j'avais également lu son "Journal d'un homme de 40 ans", réédité en poche. Et ce soir, je n'arrive plus à mettre la main sur ce dernier volume !!! Vivement les vacances que je puisse faire un peu de rangement !

Bonne fin de soirée.
Stéphan
Re: Jean GUEHENNO
Bonjour,
Je reviens, avec quelque hésitation, à ce cher Guéhenno que j'ai enfin fini de lire. Il y aurait tant à dire de ce livre que j'ai, décidément, beaucoup aimé: j'hésite donc, car les longs développements et commentaires n'ont pas exactement leur lieu sur ce Forum; alors, n'en dire que quelques mots me semble bien difficile.
Tout d'abord, pour revenir sur les questions précédentes: ce livre, La Jeunesse morte, est un peu difficile à se procurer parce qu'il a été édité par un éditeur "indépendant", autrement dit mal distribué et mal "mis en place" dans les librairies. Pour ma part, j'ai réussi à me procurer mon exemplaire par la FNAC de Reims qui, elle-même, ne le détenait pas en rayon, mais s'est "dépannée" auprès de la FNAC Montparnasse qui en avait quelques exemplaires... Son prix s'explique aussi par ces conditions d'édition, ajouté à cela que l'éditeur a fabriqué "un bel objet", sur beau papier etc...
Quant à l'autre livre de Guéhenno, évoqué précédemment: La Mort des autres, il avait paru dans la célèbre collection à couverture jaune. Sans doute est-il encore trouvable sur le marché de l'occasion, ainsi que le Journal d'un homme de 40 ans, ces trois œuvres ayant intérêt d'être lues en parallèle. On y trouve en effet les "thèmes préférés" de Jean Guéhenno. Les énumérer ou résumer ici serait en soi déjà bien long, trop long, et je laisse au lecteur éventuels de les découvrir, ou de se les rappeler, pour ceux qui ont déjà lu ces livres.
Quelques mots, donc, sur cette Jeunesse morte. Il s'agit d'un roman. Mais l'un de ces romans qualifiés de "premier roman largement autobiographique"... C'est dire, déjà, les limites de cette œuvre. Les amateurs de récit de guerre très circonstancié seront déçus. De même ceux qui goûtent la belle nervosité narrative d'un Genevoix, par exemple. Ce roman là est plutôt un roman "psychologique", d' "analyse psychologique", avec quelques développements ou méditations "idéologiques". Le normalien "plein d'idées" Guéhenno est plutôt du genre "discoureur" que conteur, et les discours écrits risquent toujours de paraître un peu fastidieux. Enfin, le contenu idéologique ne dépasse guère ce "pacifisme de l'émotion", que l'on comprend tout à fait chez un homme qui a vécu cet épouvantable traumatisme de la guerre, et en particulier la mort de ses amis de jeunesse, c'est-à-dire de cette "jeunesse" elle-même, mais qui s'avère tout à fait insuffisant, construire la paix exigeant un effort, une ascèse au moins aussi grands et coûteux que tout "effort de guerre"... Mais c'est là tout un débat difficilement envisageable, aussi, ici....
Toutes ces limites notées, je répète donc que c'est, à mes yeux, un des livres, un des grands livres à lire... J'ignore ce que Norton Cru en eut dit, s'il avait paru dès l'époque de sa rédaction, dans l'immédiat après guerre, mais je me permets de le recommander comme celui d'un "témoin" authentique, et d'un "grand témoin"...
Parmi tant de lignes, de pages que je voudrais citer, je me limiterai à ce paragraphe, écrit par Guéhenno dès le 19 SEptembre 1914, en signe de fraternelle amitié, en particulier, aux quelques personnes qu'en une année de présence sur le Forum j'ai pu accompagner, du mieux que j'ai pu, avec tout mon dévouement, et toute la discrétion que je puis, dans la difficile quête inapaisée d'un "porté disparu", ou autre "sépulture introuvable":
"Je songe maintenant au sort divers de ces deux frères, l'un mort à l'hôpital et qui a maintenant au cimetière sa tombe à lui, un mort de cimetière, l'autre tombé au champ d'honneur, perdu, maintenant parmi la foule anonyme des cadavres qui après la guerre empliront l'ossuaire de Charleroi (un mort dont plus personne ne sait plus le nom). Je songe à la douleur de la pauvre maman quand elle apprendra la mort de ses deux enfants, tout son bien. Dans le désastre de ses espérances, ce lui sera pourtant une sombre joie de venir parler à la tombe de celui qui est là, au champ des morts. Mais l'autre, "où est-il ?". "Où est-il ?" et rien dans le vent ne répondra à son désespoir." (La Jeunesse morte, Annexe I, Journal de Guerre, Ed. Claire Paulhan 2008, p.260).
Bien à vous,
Achache.
Je reviens, avec quelque hésitation, à ce cher Guéhenno que j'ai enfin fini de lire. Il y aurait tant à dire de ce livre que j'ai, décidément, beaucoup aimé: j'hésite donc, car les longs développements et commentaires n'ont pas exactement leur lieu sur ce Forum; alors, n'en dire que quelques mots me semble bien difficile.
Tout d'abord, pour revenir sur les questions précédentes: ce livre, La Jeunesse morte, est un peu difficile à se procurer parce qu'il a été édité par un éditeur "indépendant", autrement dit mal distribué et mal "mis en place" dans les librairies. Pour ma part, j'ai réussi à me procurer mon exemplaire par la FNAC de Reims qui, elle-même, ne le détenait pas en rayon, mais s'est "dépannée" auprès de la FNAC Montparnasse qui en avait quelques exemplaires... Son prix s'explique aussi par ces conditions d'édition, ajouté à cela que l'éditeur a fabriqué "un bel objet", sur beau papier etc...
Quant à l'autre livre de Guéhenno, évoqué précédemment: La Mort des autres, il avait paru dans la célèbre collection à couverture jaune. Sans doute est-il encore trouvable sur le marché de l'occasion, ainsi que le Journal d'un homme de 40 ans, ces trois œuvres ayant intérêt d'être lues en parallèle. On y trouve en effet les "thèmes préférés" de Jean Guéhenno. Les énumérer ou résumer ici serait en soi déjà bien long, trop long, et je laisse au lecteur éventuels de les découvrir, ou de se les rappeler, pour ceux qui ont déjà lu ces livres.
Quelques mots, donc, sur cette Jeunesse morte. Il s'agit d'un roman. Mais l'un de ces romans qualifiés de "premier roman largement autobiographique"... C'est dire, déjà, les limites de cette œuvre. Les amateurs de récit de guerre très circonstancié seront déçus. De même ceux qui goûtent la belle nervosité narrative d'un Genevoix, par exemple. Ce roman là est plutôt un roman "psychologique", d' "analyse psychologique", avec quelques développements ou méditations "idéologiques". Le normalien "plein d'idées" Guéhenno est plutôt du genre "discoureur" que conteur, et les discours écrits risquent toujours de paraître un peu fastidieux. Enfin, le contenu idéologique ne dépasse guère ce "pacifisme de l'émotion", que l'on comprend tout à fait chez un homme qui a vécu cet épouvantable traumatisme de la guerre, et en particulier la mort de ses amis de jeunesse, c'est-à-dire de cette "jeunesse" elle-même, mais qui s'avère tout à fait insuffisant, construire la paix exigeant un effort, une ascèse au moins aussi grands et coûteux que tout "effort de guerre"... Mais c'est là tout un débat difficilement envisageable, aussi, ici....
Toutes ces limites notées, je répète donc que c'est, à mes yeux, un des livres, un des grands livres à lire... J'ignore ce que Norton Cru en eut dit, s'il avait paru dès l'époque de sa rédaction, dans l'immédiat après guerre, mais je me permets de le recommander comme celui d'un "témoin" authentique, et d'un "grand témoin"...
Parmi tant de lignes, de pages que je voudrais citer, je me limiterai à ce paragraphe, écrit par Guéhenno dès le 19 SEptembre 1914, en signe de fraternelle amitié, en particulier, aux quelques personnes qu'en une année de présence sur le Forum j'ai pu accompagner, du mieux que j'ai pu, avec tout mon dévouement, et toute la discrétion que je puis, dans la difficile quête inapaisée d'un "porté disparu", ou autre "sépulture introuvable":
"Je songe maintenant au sort divers de ces deux frères, l'un mort à l'hôpital et qui a maintenant au cimetière sa tombe à lui, un mort de cimetière, l'autre tombé au champ d'honneur, perdu, maintenant parmi la foule anonyme des cadavres qui après la guerre empliront l'ossuaire de Charleroi (un mort dont plus personne ne sait plus le nom). Je songe à la douleur de la pauvre maman quand elle apprendra la mort de ses deux enfants, tout son bien. Dans le désastre de ses espérances, ce lui sera pourtant une sombre joie de venir parler à la tombe de celui qui est là, au champ des morts. Mais l'autre, "où est-il ?". "Où est-il ?" et rien dans le vent ne répondra à son désespoir." (La Jeunesse morte, Annexe I, Journal de Guerre, Ed. Claire Paulhan 2008, p.260).
Bien à vous,
Achache.
Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
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- Inscription : jeu. sept. 07, 2006 2:00 am
Re: Jean GUEHENNO
Bonsoir à vous deux,
Jean Daniel parlait de Guéhenno dans son blog il y a quelques semaines : http://jean-daniel.blogs.nouvelobs.com/ ... n-ame.html
Pour les curieux.
Bonne soirée,
Jérôme
Jean Daniel parlait de Guéhenno dans son blog il y a quelques semaines : http://jean-daniel.blogs.nouvelobs.com/ ... n-ame.html
Pour les curieux.
Bonne soirée,
Jérôme
Le 36e RI dans la Grande Guerre : http://36ri.blogspot.fr/ - La revue de presse sur le compte Twitter @36regiment