Bonjour à tous,
je suis étudiant en master d'histoire et je vais réaliser un mémoire concernant la spiritualité dans les tranchées. Je me suis documenté en lisant les ouvrages d'Annette Becker sur ce thème. Je rechercherai des témoignages de Poilus évoquant leur rapport à la religion. C'est à dire des courriers ou extraits de journaux où ces derniers parlent de grâces, de miracles, de conversion, de confession, de prières, de médailles et autres objets religieux etc... Il peut même s'agir d'ex-votos où les soldats remercient pour une grâce reçue. J'ai consulté l'ouvrage Pluie de roses, rassemblant plusieurs lettres de Poilus exprimant leur reconnaissance pour des grâces reçues de Ste Thérèse de Lisieux qui n'était pas encore canonisée à l'époque. J'ai lu l'ouvrage d'Alain Denizot sur la dévotion au Sacré-coeur. Je vous serai très reconnaissant si vous pouviez m'aider sur ce thème qui est très intéressant.
Je vous remercie d'avance et je contacterai par mp les personnes souhaitant me donner un coup de main
Bonjour
la spiritualité "dans les tranchées" est vraiment votre thème, ou bien plutôt "des soldats de la grande guerre" ? (car la tranchée est un raccourci réducteur). Je possède un témoignage intéressant, dont je suis en train de faire un livre, d'un réserviste très pratiquant de Poitiers, et certains détails pourraient vous intéresser (Sacré-Cœur, aumoniers, dévotion à certains saints, pratique QUOTIDIENNE). Je suis très occupé jusqu'à la parution (novembre 2014), mais contactez-moi, on en discute.
Vous trouverez quantité de témoignages de foi - souvent retrouvée - dans les récits des combattants. Un ouvrage, au hasard : "Méditations dans les tranchées", d'Antoine redier...
Bonjour air339, mon mémoire sera a rendre à la fin de cette année universitaire. J'ai effectivement trouvé un exemplaire numérisé de cet ouvrage, merci pour vos indications, c'est en effet un beau témoignage mais il est vrai que j'en n'ai pas trouvé autant que cela. Extraterrestre, j'ai consulté cette page très intéressante, surtout avec le billet de consécration au Sacré-Coeur et les conseils de lecture autours d'Annette Becker
Les témoignages sont parfois ténus, soit parce que la piété est une évidence, soit par pudeur...
Cet extrait donne l'état d'esprit souvent rencontré dans les récits :
"CHAPITRE VII - L'AGITATION DANS L'INCONSCIENCE
Ce dimanche matin-là, il planait du tragique sur le village de Cerisy; la raison en était peut-être dans la rumeur de la canonnade plus puissante que de coutume; incessamment les ondes de son venaient battre les murs des maisons, secouer les nerfs, exciter les esprits.
Les cloches annonçaient la messe. Dans les rues des groupes de soldats flottaient, désœuvrés, sans autre désir semblait-il, que de regarder indéfiniment les camions passer; et pourtant on sentait qu'une idée travaillait les consciences, imposait aux groupes un but de promenade inavoué : l'église.
Que voulez-vous? pendant des années, on a négligé les choses de la religion, mais cette obsédante canonnade, qui vous rappelle continuellement le risque à courir demain, finit par poser devant l’esprit le plus fruste de vagues problèmes de l'au-delà; des réminiscences de catéchisme surgissent : l'enfer, le paradis... terrible dilemme qu'on ne s'était pas posé depuis longtemps... Troublé par ces réflexions, on rôde autour de l’église parce que c’est là qu’on réfléchi le mieux à ces choses, mais on n’ose pas avouer aux camarades qu’on voudrait y entrer, on a tellement peur que l’un d’eux, avec un rire épais, vous dise :
- Hein, mon vieux, t’as une sacrée frousse d’y laisser tes os à la guerre.
Puis, on a son amour propre, puisque dans la joie de la vie, en sécurité, on n’avait pas besoin des paroles du curé, on trouve un peu humiliant d’aller les chercher maintenant qu’on est menacé… Et pourtant, des pensées confuses se lèvent dans les âmes des simples, ils protestent que ce n’est pas seulement la crainte que leur donne l’envie d’aller à l’église, il leur semble que le mot « Devoir » prendra des sonorités plus graves lorsqu’ils l’entendent résonner sous les voûtes sacrées.
Comme chacun de ces hommes pense à peu près de même, une force obscure semble pousser les groupes près de l’église. Invariablement, il se trouve un soldat pour s’écrier : - Tiens, si on allait à la messe !
Et il affecte un petit air d’indifférence, comme si le désoeuvrement seul lui suggérait subitement l’idée de cette distraction.
A l’intérieur de l’ église, les « fidèles » occasionnels se tiennent debout, silencieux, immobiles, tout près de la porte, comme pour se réserver la possibilité de fuir et aussi pour … leur respect … car… vous voyez je suis là… en passant"
extrait de "André Rieu, officier de France", roman de Jean des Vignes-Rouges (pseudo de jean Taboureau, officier au 31e RI), E Flammarion, 1917.
De fait, le sujet que vous abordez peut être vaste : le sentiment religieux en 1914, la religion à l'armée (rabbins, prêtres, aumôniers...), la messe à l'arrière du front, la peur de la mort, les pratiques funéraires, tout cela en relation avec les différentes classes sociales...
Merci beaucoup pour cet extrait révélateur, je pense cibler mon travail sur le sentiment religieux durant le conflit, voir comment la spiritualité a aidé les soldats à tenir dans cet enfer
Bonjour Etudiant21,
Je confirme l'extrait du livre de Jean Taboureau cité par Régis.
Mon travail de recherches sur les soldats de ma commune est basé sur deux séries de bulletins d'informations (compile de lettres des soldats) adressés tous les mois à ces soldats, l'une rédigée par le curé de ma commune et l'autre rédigée par le curé d'une commune voisine.
La spiritualité a-t-elle aidé les soldats à tenir dans cet enfer ?
D'après ces bulletins, pour beaucoup de soldats, oui, ils l'ont écrit.
Cordialement - Juliette
Bonjour,
Très bien cette recherche, mais attention les correspondances sont avec des prêtres ( pas obligatoirement neutre) et ne correspondent peut-être pas aux dialogues entre soldats au front? A modérer éventuellement?
Cordialement.