Je suis nouvelle sur le forum : pardonnez mon inexpérience
Mon grand-père, le dr Richard, était médecin au 26e RI.
Nous venons de transcrire numériquement les 400 pages de notes manuscrites, accompagnées de photos, cartes et dessins divers.
Au début, il a écrit :
"Ces notes n’ont qu’un seul intérêt, c’est leur sincérité.
Ecrites au jour le jour tout au long des 4 années de guerre, elles contiennent des erreurs : je n’ai pas voulu les corriger; n’ayant jamais eu l’intention d’écrire de l’histoire mais seulement de noter les impressions d’un témoin. Mon père l’avait fait pendant la guerre de 1870-71.
Je souhaite que mes fils n’ajoutent pas un chapitre à cette catastrophe qui a déjà touché leur génération".
Signé : G. Richard
Bonjour,
Nous sommes en train de tout relire.
Ce témoignage n'est visible nulle part. Certains passages sont "intimes" : les dernières paroles des mourants, par exemple... Nous ne savons que faire ? Un ami, qui travaille au service "Archives" au ministère de la Défense, rêve d'en avoir un exemplaire. Certains passages sont "délicats" : il faut réfléchir...
Sincères salutations,
Françoise
Il est intéressant de constater que des images horribles de cadavres (jusqu'à ce qu'on peut voir dans les actualités) ne posent plus vraiment de questionnement quant à leur publication alors que ce qui est écrit faire encore souvent débat. Vous n'êtes pas la première à vous poser ce genre de questions : faut-il ou non publier un document qui donne des noms, des éléments personnels voire intimes ?
A titre personnel, ce qui me pose problème quand je lis qu'on ne veut pas publier en raison de passages trop intimes (je fais une généralisation, je ne juge pas votre point de vue), c'est que finalement cela contribue à opacifier une partie de la période. Et cela nous prive de témoignages d'une grande valeur historique dont certains traitent de sujets extrêmement peu documentés pour l'instant.
Mais c'est bien là la question : à partir de quand un témoignage est-il un document "historique" ? "historique" au sens de document pour comprendre une période, donc duquel on a évacué les sentiments, l'émotion. Notre émotion. Je pense qu'il y a une réponse par personne.
Je me permets une question : quelles sont vos craintes vis-à-vis d'une publication ?
je partage tout à fait l'opinion d'Arnaud. Et tout dépend de ce que l'on appelle par "intime". A lire certaine presse, les dernières paroles des mourants sont souvent : "je meurs pour la France, tant mieux !" On sait que cela est bien souvent très loin de la réalité. Comme Arnaud, je pense que la publication de son témoignage apporterait un (grand) plus à cela.
Pour les noms, vous pouvez toujours les changer (comme pour un roman) ou bien ne mettre que la première lettre ; mais je ne vois pas trop où est le problème de faire connaître la vérité.
Bonjour
Je trouve tout à fait légitime et normal de se poser tout un tas de questions quand à l'opportunité de publier et quant au contenu de ce que l'on rend public. Effectivement, cela ne va pas de soi. Posez-vous en toute sincérité les questions qui vous aideront à apporter une réponse à vos doutes :
- pour qui et pour quoi votre grand-père a-t-il écrit ces notes ?
- avait-il l'intention de les transmettre, à qui ?
- pourquoi avez-vous possession de ces notes ? pourquoi ne les a-t-il pas détruites s'il ne voulait pas qu'elles soient lues ?
- qu'est-ce qui a fait que vous avez eu envie de les transcrire et d'en parler ?
Je pense qu'il n'est qu'à relire le préambule de votre GP pour répondre.
Quant aux noms, l'historien qui prend connaissance d'un document a besoin connaître les noms, les lieux et les dates. C'est ce qui permet de confirmer la véracité des informations et de les recoupées (et oui, ça existe les fausses lettres, les faux carnets de routes, etc.Welcome to the world !). Je pense que c'est une bonne chose quand on peut sortir de l'anonymat les personnes qui sont citées ou montrées en photo. Il y a d'ailleurs des campagnes (Ouest France et BBC) de publications de photos où le public est invité à aider à l'identification des personnes qui y figurent. L'identité est ce qui fait d'une image une personne, pas juste un blessé, un mort, un poilu parmi des millions. D'autre part, j'imagine que si votre GP avait recueilli les derniers mots de mon GP, j'aimerais en avoir connaissance.
Au delà de ces considérations, il me semble que si vous publiez, ce ne peut être qu'une version intégrale : c'est le respect qu'on doit à l'auteur, lui-même n'a pas voulu altérer son texte malgré les erreurs qu'il contenait.
Lisez également les témoignages de ce genre déjà publiés (j'étais médecin dans les tranchées, et...) pour vous faire une idée.
Prenez le temps de réfléchir car si vous rendez ce témoignage public, il s'agit d'une décision irrévocable. Si on a trop d'affect, il est parfois plus simple de laisser cela à la génération suivante avec le risque que finalement le témoignage finisse par se perdre. Est-ce ce qu'aurait voulu votre GP ?
Cordialement et en espérant quand même lire votre GP, tenez nous au courant et n'hésitez pas à demander de l'aide, il y a beaucoup de personnes de bon conseil sur ce forum.
Bonjour
Après m'être renseignée, je reviens vers vous pour vous apporter quelques précisions supplémentaires. Votre GP étant médecin, il était lié au secret professionnel. Ce secret étant imprescriptible, il n'est pas possible de citer le nom des patients. Il faut donc remplacer le nom par une initiale (par exemple).
Cordialement
En voilà une vision très restrictive et plutôt présentée de manière définitive. Les informations médicales des dossiers médicaux ne sont pas imprescriptibles : il serait étonnant d'interdire d'utiliser une matière quand une autre, avec nom et diagnostique l'est (je pense en particulier aux registres d'entrée dans les hôpitaux psychiatriques).
Il va falloir caviarder un certain nombre de publication de témoignages de médecins pendant la Grande guerre alors.
Le problème est que l'on parle autour d'un témoignage dont on ne sait finalement rien, dont nous n'avons pas le moindre exemple de fait qui puisse nourrir la discussion.
