Transcription des notes de Marcel BIDEAU du 351e RI

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Bruno Tardy
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Re: Transcription des notes de Marcel BIDEAU du 351e RI

Message par Bruno Tardy »

Bonjour à tous,

Un grand merci à Mr Rhein, propriétaire du carnet contenant ces notes, qui en a autorisé la diffusion, et à Eric Mansuy qui l'a organisée.
Le 351e RI faisait partie des Troupes de la défense de Verdun, 72e Division de réserve, 143e brigade. Son dépot était à St Quentin, il était commandé à la mobilisation par le Lieutenant-Colonel POIGNON.
J'ai toutefois constaté que le trajet suivi par Marcel Bideau ne correspond pas à celui donné par le JMO de ce régiment, et est même parfois très différent. Pourquoi ?
Pour l'autenthicité j'ai conservé l'orthographe et les abréviations, mais j'ai du rajouter la ponctuation qui était presque inexistante.
Bonne lecture
Bruno
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Marcel Bideau 351e Régiment d’Infanterie
Classe 1906


-- . Mes impressions . --


Le jour de la mobilisation c’est passé avec un grand calme est sang froid sans pareil. Se que j’ai remarqué le plus c’était le jour du départ l’on aurait dit que l’on s’en allait à une fête tout le monde a chanté à tue tête. Le jour du départ était le 2 Aout, nous sommes embarqué à 9h50, tout le monde dans le train crié à Berlin. Je note cela c’est tout simplement pour faire voir l’entrain qu’il y avait pour défendre sa patrie contre les barbares.
Nous sommes arrivé à St Quentin à 4h de l’après midi de la nous avons été dirigé sur le dépôt qui se trouve sur le boulevard du 8 Octobre au garage Favresse, le 1er jour que nous couchions sur la paille sa nous paressez dur. Le 3 Aout nous avons été habillé et puis équipé, le 4 Aout distribution de cartouches et vivres de réserve, départ à 5h du soir pour une destination inconnue. En cours de route c’était la gaieté et les chants, même entre parenthèse je noterai qu’il y en avait qui avait marqué sur les wagons le train de plaisir pour Berlin). Nous arrivons le 6 Aout à 4h du matin à Verdun, en descendant du train nous faisons une grande halte pour faire notre popotte et le jus traditionnel, nous restons près de deux heures. Après les deux heures de halte l’on nous donne le signal du départ. Nous faisons une marche de 25 kilomètres pour arriver à Louvemont, sa a été très dur après avoir passé un jour et une nuit en chemin de fer, la marche et en surplus la chaleur il y en a grand nombre qui sont resté en route.
Arrivé au village nous attendons que le fourrier est fait le cantonnement, nous sommes logé dans une petite grange où nous pouvons à peine nous retourné mais pour avoir un repos bien gagné. Du 5 Aout au 15 Aout nous allons aider le génie à faire des tranchées et des travaux de fortifications au fort de Douaumont et même aux alentours du village de Louvemont. Départ le 15 Aout de Louvemont en passant par Bezonvaux et nous arrivons à Ornes le 16 Aout, là nous fortifions le village et nous prenons les avants postes ; nous poussons une pointe jusqu’à Spincourt, là nous voyons des patrouilles de Uhlans, avec nos tirs et nos tranchées que nous avions fait la veille nous le repoussons. Le soir venu nous redescendons à Hornes (Ornes) en laissant quelques sentinelles à l’entrée du village et le lendemain nous recontinuons à barricader le village – fil de fer, fumiers, etc jusqu’au 22 Aout.
Le 23 Aout départ d’Hornes en passant par Maucourt, Gincrey, et nous arrivons à Etain le 24 Aout. L’on nous fait occuper une ferme avant de nous faire prendre l’assaut, l’on nous commande de faire la soupe. A peine finie nous commençons à voir tomber les obus et les grosse marmites à peine à 200m de la ferme (entre camarades nous nous disons voila le baptême du feu) nous prenons les petits postes à la lisière du bois de Tilly, l’on avait rien distingué. L’on nous dit que les dragons aller faire une patrouille dans le bois, mais je ne sais pourquoi ils ne l’ont pas fait. Alors que nous étions déployé en tirailleurs mais à peine en marche voila que les mitrailleuses ennemies marche, alors fallait [voir] la débandade qu’il y avait, c’était un spectacle horrible nous voyons tomber nos camarades comme des mouches (vraiment parlé), mais ne perdant pas notre sang froid nous allons à la baïonnette, mais l’ennemi ayant beaucoup plus de forces d’hommes que nous, nous devons nous replier. A cause qu’un régiment d’Artillerie a fait une grosse faute, a défait les chevaux de leurs batteries et sont partis en laissant leurs canons en plein champs, il a fallu que ce soit le Génie de Verdun qui aille les rechercher, alors faute de cette artillerie nous avons du nous replier en ayant derrière nous les obus qui tombé et les balles sifflées. Pour le 1er combat je n’ai jamais rien de si horrible. Le soir nous rentrons dans le village d’Etain, nous formons les faisceaux pour avoir un moment de repos, nous étions à peine reposé que nous voyons tomber les obus juste au milieu de nos faisceaux, mais aucun de nous n’a été blessé heureusement. Nous avons su après que c’était un habitant de la commune qui avait un ou plusieurs allemands dans sa cave avec le téléphone, ça été dur pour nous de savoir qu’il y avait des habitants qui été contre nous. Le 29 Aout nous sommes soutien d’artillerie, nous formions le carré et les obus tombé dru autour de nous, en voyant cela l’on croyait qu’il n’en resterait plus un de nous, mais heureusement pour nous aucun de blessé. Le soir nous repartons car d’autres régiments était venu nous remplacer, nous passons par Broville et nous arrivons à Aix Abancourt [Eix Abaucourt] avec la chaleur qu’il faisait nous étions tous très fatigué nous nous reposons du 26 au 27 Aout.
Le 27 soir nous reparton d’Aix en passant par Verdun, Charny est là nous passons par Cumières et Bethincourt arrivé à Gercourt, arrivé le 28 Aout. Nous combattons pour être maitre du village du 28 au 31 Aout, mais arrive le dernier jour nous avons du nous replier à cause que nous n’avions pas de renforts, comme nous avions déjà subit beaucoup de pertes et encore une fois un espion dans ce village. Il y avait un allemand costume en civil qui était dans le clocher de l’église, qui faisait des signes aux allemands de tous les mouvements que l’on faisait ; heureusement au sang froid d’un de nos officiers il l’a fait descendre avec bien du mal mais il a réussie, aussitot qu’il était il l’a fait fusillé.
Nous allons jusqu’à Malancourt en passant par Montfaucon, nous restons à Malancourt du 1er au 3 septembre en cantonnement d’alerte et en même temps en utilisant les tranchées. Le 3 au soir départ de Malancourt pour Charny arrive le 4 septembre là l’on nous a distribué des vivres de réserves et des munitions nous sommes restés jusqu’au 5 septembre.
Départ le 5 au soir arrive le 6 septembre à Sohem [Souhesmes], de là nous occupons les bois de Julvécourt mais les obus et les marmites tombe dru dans le bois nous perdons pas courage nous avançons lentement dans le bois. Du 6 au 12 Septembre nous marchions toujours dans le bois malgré les obus, mais le 18 Septembre l’on nous prévient qu’il faut prendre le village à la baïonnette. Nous marchons, nous marchons toujours en attendant le jour qui baisse, le moment est venu, voila que nous montons la crête, nous voila dans les champs, nous faisons des bonds. Il y avait des bottes de paille, nous allons de botte en botte en nous dissimulant le plus possible, mais tout à coup voila les canons ennemies qui tonne. Je n’ai jamais encore vu un septacle si horrible, l’on aurait dit que la plaine était en feu, les camarades tombé, tombé toujours. Il y en a eu même un à coté de moi qui a eu le ventre ouvert d’un éclat d’obus, il n’est pas mort sur le coup, il m’a même demandé de remettre la boucle de son pantalon car par le choc son pantalon s’étais défait et il est mort peu après. Et à mainte repris les boches essayé de mettre le feu au botte de paille (je me demande moi-même comment que je suis encore là). Alors voyant nous attendons complêtement la nuit pour pouvoir nous reformé car il en manquait énormément. Une fois reformé nous redescendons jusqu’au village de Sohem mais les obus nous accompagnaient toujours. De là nous repartons le 13 soir arrivé le 14 à Lempire, nous restons jusqu’au 17 Septembre, nous faisons des tranchées dans le bois de Dugny. Nous sommes resté dans le bois deux jours, il faisait un temps déplorable et le 19 nous sommes repartis à Lempire.
Le 20 départ de Lempire, arrive le 21 Septembre à Bras, on nous fais faire des tranchées et des travaux de fortification aux alentours du village, nous sommes resté du 21 au 24 Septembre. Départ le 24 soir, arrivé le 25 à Samogneux en passant par Vacherauville et Samogneux. Nous combattons de Samogneux à Brabant pour prendre le village, mais vu la force de l’ennemi nous n’arrivons pas à les faire reculer à une assez grande distance. Nous gardons nos positions dans les tranchées en attendant un autre régiment qui vienne nous remplacer, nous sommes restés du 25 au 27 Septembre.
Le 27 soir départ, arrivé à Manheuilles [Manheulles] le 28 Septembre en passant par Vacherauville, Bras, Charny, Verdun, Moulainville, Chatillon s/côtes est de là nous sommes arrivé à Manheuilles mais bien fatigué, car nous avions combattu la veille et nous avons fait là 45 kil. Arrivé au village l’on était à peine la moitié de la compagnie car il faisait si chaud la moitié était tombé en route. Là nous cantonnons du 28 au 29 Septembre. Le 29 nous partons à Pintheville nous gardons les tranchées, même les allemands ont fait une attaque mais ont été repoussé avec beaucoup de pertes car il s’emmenait en rang serré ; nous restons dans les tranchées du 29 au 1er Octobre. Le 1er soir nous partons à Manheuilles, repos du 1er au 8 Octobre nous repartons le 3 soir pour les tranchées jusqu’au le 3 Octobre et nous restons jusqu’au 15 Octobre. Nous avons eu par ce laps de temps quelques attaques par intervalles, mais nous avions bien du plaisir dans les tranchées, nous jouons aux cartes ou même il y en a qui poussé des blagues en attendant un casque à pointe. Nous repartons des tranchées le 15 soir, arrivé le 16 à Ranvaux pour un repos bien gagné du 16 au 18 octobre.
Nous partons le 18 soir pour Etain en passant par Chatillon s/côtes, Blanzée, Moranville, Grimaucourt, de là nous arrivons à Hermeville le 19 octobre matin. Le 20 Octobre nous partons pour Etain, nous combattons autour de ce village pour le reprendre pour la 2e fois, là nous réussissons à faire reculer l’ennemi de 10 km d’Etain (j’ai même vu les allemands voulant faire un assaut à la baïonnette contre nous et l’artillerie, mais par le sang froid d’un officier il fait pointer sa pièce à zéro, il fallait voir comme c’est boches sautés sa mérite d’être vu, voyant cela il ont pris la fuite en laissant bien des pertes sur le terrain). Nous, nous gardons nos positions dans les tranchées à quelque distance du village et au coté du village d’Hermeville. Nous sommes restés dans ces tranchées du 21 au 25 octobre par un temps déplorable et les tranchées non couvertes, nous étions trempés jusqu’aux os. De là nous sommes repartis au village d’Hermeville en cantonnement d’alerte du 26 au 29 Octobre.
Départ le 29 soir, arrivé le 30 Octobre à Charny en passant par Grimaucourt, Moranville, Moulainville, Eix, Verdun, Belleville, et Charny, là nous restons du 30 au 1er Novembre pour le repos, astiquage, revue, etc. Départ le 1er soir, arrivé le 2 à Samogneux, nous repartons de Samogneux pour reprendre le village de Brabant du 2 au 5 Novembre pour la deuxième fois, nous réussissons à le reprendre. Vu la force de l’ennemi nous nous installons dans les tranchées que nous avions habilement fait. Du 6 au 8 Novembre repos à Samogneux. Départ le 8 au soir pour occuper les tranchées de Brabant jusqu’au 19 Décembre, nous nous remplacions par intervalles 6 jours de tranchées 2 jours de repos.
Le 20 Décembre nous avons reçu ordre d’attaquer le bois de Consenvoye vers le petit jour, mais malheureusement il faisait un temps affreux alors nous avons du commencer l’attaque trop tard, il faisait jour complêtement. En montant une crête l’ennemie nous a appercue ils ont commencé à nous tirer de trois cotés, du flanc gauche, en arrière, et avant, toujours avec leurs canons et nous avons laissé énormément de blessé. C’est de là où moi j’ai été blessé à la jambe ((je peut dire que je suis heureux que d’avoir eu que sa seulement, car avec tous se que l’on a passé je ne devrais plus y être, c’est de la chance)). Quand j’ai été blessé j’ai été dirigé sur Samogneux pour faire mon pansement, et de là la voiture est venu nous chercher pour nous diriger sur Bras, et de là nous avons pris le train pour Verdun. Arrivé à 11h du soir à l’hopital d’évacuation nous avons passé la nuit à cette hopital. Le 21 Décembre au matin l’on nous a embarqué dans le train à 7 h½ du matin et l’on nous a fait partir à 9h du soir, sa été rudement dur d’attendre dans ce train. Nous sommes arrivés à Neufchateau le 22 Xbre à 11h du matin, nous avons mangé et l’on a repris le train à 11h du soir. Là nous sommes partis pour Toulon où nous sommes arrivé le 24 Décembre et en descendant du train nous avons été très bien accueillie, et de là nous avons été dirigé à l’hopital de la Loubière, dont je me souviendrais toujours des bons soins que nous avons des Dames de la Croix Rouge. Et quand je serais guérie je repartirais avec joie retrouver mes camarades.

Marcel Bideau
Rue Meurein 15
Lille

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