nouvelle du front 8 mai 1915

[christian1]

8 mai 1915
Chers Parents
Je viens de recevoir votre lettre du 4 mai 1915 contenant 2 billets de 5 francs dont je vous remercie beaucoup quand à la lettre du 2 mai je ne l’ai pas encore.
Je me porte toujours bien, j’ai été faire une tournée aux tranchées et fait un petit carton sur les Boches malheureusement ils sont cachés et c’est juste sur leurs créneaux que l’on peut tirer.
Comme vous il y a un moment que je n’ai pas reçu de nouvelles d’Henri.
Qu’y il a t’il de nouveau a Montlhéry est-ce toujours calme et le commerce reprend-il un peux.
Je pense que Victor n’est pas encore parti pour le front.
Bien des choses à tous les amis et a Hudelot il doit être bien en troufion.
Je tacherai d’avoir 24heures pour la fête a Montlhéry.
Depuis 2 jours il tombe de bonnes averses et les troupes sont toutes fraîches mais le moral n’est pas mouillé.
Monsieur Jubin va t’il mieux maintenant que ses douleurs sont réchauffées par le bon soleil de mai. Soleil de ma jeunesse.
J’avais oublié de vous dire que les boches sont des gens tout a fait mal poli.
Hier pendant ma courte visite aux tranchées Le lieutenant avait un type qui jouait très bien de la mandoline et comme nous n’étions distant de ces Kamarad de la Kultur d’une quarantaine de mètres. Le poilu jouait la Marseillaise et le Chant du Départ et autres airs, comme ces cochons la nous envoyait des grenades pour nous empêcher d’entendre , heureusement tout le monde était a l’abri et elles tombaient assez loi des tranchées.
Je vous quitte en vous embrassant bien fort
Votre petit chef cuisto
L DORE
Dite moi si j’ai du goût quand même de faire faire la vaisselle a un millionaire de 35ans quand moi je fume des cigarettes (qu’il me paye) heureusement je ne suis pas rosse je lui donne un coup de mains et puis c’est la guerre.
Bonsoir

Cette lettre est reproduite à l'identique d'un du 165ème RI
Cordialement