Transcrire une correspondance en respectant

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Jean-Claude Poncet
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Re: Transcrire une correspondance en respectant

Message par Jean-Claude Poncet »

Bonsoir,
Un désordre assez grave dans mes équipements informatiques m’a incité à travailler sur des documents que j’avais remisés dans le dernier recoin, le plus inaccessible de mon fourbi. Il faut bien s’occuper.
Il s’agit de la correspondance d’un jeune artilleur lourd, pas du tout enthousiaste, mais terriblement amoureux d’une jeune fille de son village. Nous sommes dans la région de Saint-Marcellin.
Cette correspondance est celle de jeunes gens qui se sont promis l’un à l’autre et qui ont déjà bien avancé dans leurs engagements…
Ce qui m’ennuie ce sont ces deux points :
*Dois-je transcrire les mots d’amour, ceux-ci d’ailleurs se répétant pratiquement dans chaque lettre ? En première approche, cela me gêne et n’apporte rien sinon cette angoisse répétée de ne pas vivre l’amour, de ne pas vivre librement son destin.
*Le langage. L’orthographe est assez maltraitée mais la langue est savoureuse. Mon grand père devait à peu de choses près s’exprimer ainsi, avec cet accent si doux, comme avaient souvent les gens des campagnes du Dauphiné ou de la Savoie puisqu’il s’agit de ces régions. Je suis tenté de demander à un parent patoisant de lire tout cela. Mais il faut que la transcription soit lisible par des amis d’autres nations. Alors qu’en pensez vous ?
A titre d’exemple voici une lettre remaniée « à ma façon » afin qu’elle soit lisible. Je maintiens les tournures et tente d’avoir une orthographe à peu près correcte.
La 11e batterie de 95 du 5e RAL est à Septmonts, notre soldat s’occupe beaucoup des chevaux et des approvisionnements en munitions.
Bonne lecture et merci pour vos avis précieux concernant la méthode et la façon.
Cordialement
JCP.

Le 26 décembre 1914, Septmonts.
Chère petite femme,
Je profite d’un petit moment pour te souhaiter la bonne année et une bonne santé en attendant le plaisir de pouvoir se mettre ensemble au plus tôt et d’être heureux, ça sera bien mieux que la guerre. Enfin j’espère bien que le jour viendra d’être auprès de toi, de pouvoir [voir] tes beaux yeux si charmants et tes lèvres si roses qu’y me semble de les voir là devant moi mais malheureusement que c’est pas vrai. Enfin ça viendra bien une fois. Il faut pas te faire du mauvais sang, on n’y avance rien.
A présent on reçoit des colis pour l’étrenne du jour de l’an, il y en a qui reçoivent du saucisson, du chocolat, de tout, et j’en profite entre camarades. On a touché des caleçons, des tricots, des chemises, enfin on est bien habillé à présent qu’y fait froid. La nuit il gèle fort, je suis toujours dans la grand ferme de l’Evêque. On disait qu’on devait aller en Alsace, mais non on ne sait rien. L’ordre est pas encore venu et on n’y tient pas s’en aller. On est trop bien, on couche à l’écurie avec les chevaux alors c’est chaud malgré toutes nos peines on est heureux là où on est. Les obus tombent pas, on est trop loin de l’ennemi, il y a que pour ravitailler qu’on craint, autrement on est tranquille, on passerait bien la guerre où on est. Enfin. Je crois que ça sera bientôt fini heureusement, ça serait pas trop tôt, et je crois que je suis pas tout seul pour le dire.
Enfin. Pas plus grand-chose à te dire que j’attends de tes nouvelles. Je sais pas si tu as reçu de la nouvelle adresse. Je t’ai écrit toujours deux ou trois jours pour le plus tard. Je passe jamais trois jours sans t’écrire et tu me dis que tu [reçois] pas régulièrement mais c’est pas de ma faute, tu peux me croire, je te mens pas. Voilà le reste de mon papier. Si j’en trouve point demain je pourrai pas t’écrire Aujourd’hui j’ai demandé de partout. J’en ai point trouvé. On en touche mais pas assez. Enfin. Je termine en te serrant cordialement la main et daigne recevoir le meilleur de mon cœur que c’est tout pour toi. […].
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Stephan @gosto
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Re: Transcrire une correspondance en respectant

Message par Stephan @gosto »

Bonsoir Jean-Claude,

En fait, je pense que tout dépend de la destination du travail que tu effectues.

Personnellement je suis d'avis, dans ce genre de retranscription, de n'en perdre aucune miette. Malheureusement les éditeurs, pour des raisons bien étrangères à ce qui motive nos petits travaux de fourmi - mais qui font autorité quoi qu'on en pense - n'hésitent pas à demander parfois de couper un peu, ou largement, ce qui dépasse...

Alors, dans ce cas, je pense qu'il est utile et raisonnable de faire deux retranscriptions :
  • l'autre, au gré et à la fantaisie du commanditaire : c'est ce qui sera livré en pature.
Concernant le rétablissement de l'orthographe, je crois, aujourd'hui, que c'est une bonne chose et que tu fais le bon choix. De toutes façons, l'expérience a déjà été faite de publier des correspondances de poilus respectant, au pied de la lettre, l'orthographe des courriers envoyés. Cela ne m'a pas convaincu. C'est intéressant, mais sur 20 pages, pas au-delà ! ;) Très sincèrement, je pense que ça n'apporte que peu de choses en regard de la difficulté que l'on éprouve à se farcir 300 pages de cet accabit.

Voilà mes p'tites réflexions !

Amicalement, et bon courage pour la retranscription !

Amicalement,

Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme

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Alain Dubois-Choulik
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Re: Transcrire une correspondance en respectant

Message par Alain Dubois-Choulik »

Bonjour,
Pourquoi ne pas tout simplement fournir
  • Une transcription fidèle où effectivement l'orthographe ne soit pas un obstacle à la lecture ; il faut se faire à l'idée que si l'auteur a pu "écrire comme il parlait", il faut pour nous pouvoir lire comme il a pensé. Une possibilité, mais lourde et finalement peu convaincant est de noter différemment les mots retouchés/ajoutés.
Pour avoir tenté d'utiliser des transcriptions des journaux de guerres britanniques, j'ai pu constater que même si le transcripteur était fidèle à la lettre près, à l'aller à la ligne près, cela finissait obligatoirement par une consultation de l'original, pour un mot sur lequel on bute : problème de langue (qui se pose avec nos originaux régionaux) ou tout simplement d'écriture, notamment des noms propres ! La transcription n'étant finalement qu'une aide à la lecture de l'original.
Cordialement
Alain
PS : Traduttore, Traditore ! ça me rappelle la traduction française d'un titre de film qui était " Menteur Menteur" pour un original qui était bien " Liar Liar" mais qui jouait sur les mots à partir de "Lawyer Liar " :pt1cable:
Les civils en zone occupée
Ma famille dans la grande guerre
Les Canadiens à Valenciennes
     "Si on vous demande pourquoi nous sommes morts, répondez : parce que nos pères ont menti." R. Kipling
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henri astoul
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Re: Transcrire une correspondance en respectant

Message par henri astoul »

Bonjour Jean-Claude, Stéphane et Alain
J'effectue un travail analogue, un livre sur mon grand oncle.
Je n'ai pas la difficulté de l'orthographe car il était ingénieur.
Mais j'éprouve quelque gêne, non pas à retranscrire les lettres d'un fiancé mais à choisir celles qui sont les plus représentatives des sentiments ressentis. Il faut faire un choix.
Quant aux conseils, je partage votre avis de tout sauver, et faire la part du feu, corrigé, pour le public.
Henri
Henri
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Jean-Claude Poncet
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Re: Transcrire une correspondance en respectant

Message par Jean-Claude Poncet »

Bonsoir,
Merci Alain, Henri, Stéphan pour vos encouragements.
J'ai déjà effectué plusieurs transcriptions de correspondances mais c'est la première fois que je suis bien obligé de lire une correspondance amoureuse, à côté de considérations sur la guerre.
Au début on ressent une certaine gêne
Il est vrai qu'il est bien de transcrire en essayant de respecter au mieux le sens des mots et des phrases car la ponctuation est quasi inexistante.
Afin de vous remercier et d'offrir un texte intéressant aux membres du forum, voici une lettre d'octobre 15, après la déception de l'échec de l'offensive de Champagne.
Salutations cordiales.
JCP.

Jeudi, le 28 octobre 1915
Je me mets en devoir pour te faire réponse à ta charmante carte que j’ai reçue avant-hier. Je n’ai pas pu te faire réponse avant, on trouvait point de bougie et la journée on a pas une minute à soi. Enfin. Les nuits sont longues, quand on trouve de la lumière ça va bien mieux le temps dure bien. Si faut se coucher à six heures on a le temps d’en faire des rêves, de penser à celle qu’on aime, ça vous fout le cafard. Dire qu’il faut qu’on reste là à attendre la fuite tous les jours et à savoir quand ça finira. A présent on va faire des tranchées tous les deux jours et les Boches nous ont repéré. Tous les jours, ils tirent dessus mais ils nous ont pas attrapé. Et puis pour que ça tombe bien dans la tranchée, c’est rare, c’est un coup d’hasard. Enfin. Heureusement sans ça il en resterait point de Poilu, ça vous casse les oreilles, c’est encore bien pire que le tonnerre. Enfin. C’est rien pourvu qu’on soit pas touché pour aller auprès de ma bien aimée Joséphine qui doit je crois bien d’abord m’attendre avec impatience et moi que j’attends la délivrance de jour en jour. Enfin. Prenons toujours courage ça viendra bien un jour. De s’en faire ça avance rien. Laissons courir l’eau par son fil en attendant on barde toujours et voilà la pluie dans la boue. Il faut être dur pour résister. Enfin. A présent je me porte assez bien et je désire que tu en sois de même. Mes amitiés sincères.
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Bruno Tardy
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Re: Transcrire une correspondance en respectant

Message par Bruno Tardy »

Bonjour,
J'arrive un peu tard sur ce sujet qui m'intéresse puisque je fais le même travail sur les lettres de mon propre père.
Pour moi le problème d'intimité ne se pose pas trop, puisque ce sont les lettres d'un fils à sa mère et à sa soeur. Mais bien sur la vie de la famille est étalée au grand jour.
Pour l'horthographe, il était niveau bac, ce qui voulait dire quelque chose à l'époque. J'ai donc essayé de corriger les quelques fautes trouvées. Je pense aussi que cela ne modifie pas le sens et l'idée générale.
J'ai eu plus de peine avec la ponctuation. Elle est presque inexistante. Lettres écrites parfois avec peu de temps, idées qui se bousculent, exiguité du papier qui empèche d'aller à la ligne et d'espacer les mots??? sans compter les signes effacés qu'on ne découvre qu'à la loupe. J'ai rétabli ceux qui sont indispensables au sens de la phrase, et une partie des autres pour alléger la lecture. Mais il est vrai que dans certaines lettres, on hésite à les remettre.
Par contre je n'ai modifié aucun mot, mais comme Jean Claude j'ai rajouté entre crochets ceux qui manquaient visiblement.
Pour les coupures, je n'ai supprimé AUCUNE lettre. Je pense que même celles répétitives et apparemment sans intéret du style "Ici rien de nouveau" témoignent de la lassitude ambiante et ont leur intéret. Tant pis si l'éditeur n'est pas content, je destine avant tout ce livre aux descendants du poilu Georges Tardy ! Par contre j'ai supprimé tous les passages où il parle de la famille lointaine ou des amis dont il demande des nouvelles mais ne reparle plus ensuite.
J'ai également supprimé la formule finale lorqu'elle était répétitive, ce sont toujours trois lignes en moins.

Qu'en pensez vous, votre avis m'intéresse.
Bien cordialement
Bruno
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louis cazaubon
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Re: Transcrire une correspondance en respectant

Message par louis cazaubon »

Bonjour chers amis,

vous êtes beaucoup plus avancés que moi dans vos travaux, mais ce fil intervient alors même que je me pose ce type de questions au sujet de la correspondance de mon grand oncle (commandant de compagnie) à ses parents, que je suis en train de transcrire, en préparation d'un livre familial.

J'ai, jusqu'à présent, retranscrit fidèlement les lettres, en gardant scrupuleusement les fautes (d'orthographe, et de grammaire), et les approximations.

Or, à vous lire, et à bien y réfléchir, il me semble maintenant que les écarts (fautes diverses, bizarreries de construction de la phrase, ...) ne sont intéressants à retrancrire que lorsqu'ils apportent de l'information pertinente, ou émouvante, ou qu'ils transcrivent ou soulignent une intention particulière, ou un témoignage particulier.

Par exemple, la lettre de Léonard LEYMARIE, "simple soldat, fusillé à Vingré", telle qu'elle est reproduite in extenso, aux pages 87 et 88 de "Paroles de Poilus" est d'autant plus émouvante que, dans son othographe extrèmement approximative (voire phonétique), elle apparaît comme un véritable cri: l'homme qui a écrit cela n'avait absolument pas l'habitude d'écrire, et encore moins la maîtrise de l'écriture: il a consacré sa dernière énergie à griffonner ces quelques phrases brouillonnes et limpides à la fois: "je jure devandieux que je sui innocan"

En revanche, les quelques fautes d'orthographe de mon GO n'apportent rien: peu m'importe qu'il ait écrit "caffard" avec deux "f". Ce qui compte, c'est qu'il reconnaisse que, fin 1914, il l'avait, et que peu à peu, à partir de janvier 1915, il en sortait progressivement, "reprenant le goût de correspondre longuement".

La convention que je me propose d'adopter est donc la suivante, en ce qui concerne mon GO:
1) garder le texte lisible in extenso, et en particulier les tournures de phrases anciennes, ou d'origine "pied-noir" (mon GO était né à Constantine): ce texte traduit sa pensée, à sa façon, au moment où il écrivait.
2) corriger les fautes d'orthographe, car elles distraient le lecteur, et n'apportent rien de plus;
3) ajouter entre crochets, et en italique, les mots qu'il me faut interpréter (manquants, illisibles, ...)
4) ajouter la ponctuation (notamment les virgules) lorsqu'elle facilite la lecture, sans altérer le sens en aucune façon;
5) conserver les formules de fin de lettre, car elles font souvent référence à des sentiments très forts d'amour filial, et de tendresse, que la guerre n'a pas abîmés;
6) conserver les quelques phrases mentionnant des noms de camarades, ou de connaissances dont on recherche des nouvelles: si mon livre mérite un jour de sortir du giron familial, ces noms pourraient être utiles à d'autres, lancés dans des travaux de "généalogie régimentaire".

Il me reste tout de même un cas de conscience: dans une de ses lettres de début 1915, mon GO porte un jugement extrèmement sévère et sans détour à l'encontre "des Belges", alors que de manière évidente, il assiste à des larcins, ou des trafics de recel organisés par certains civils dans Ypres, au contact-même des unités françaises. Editer ce passage ne pourra se faire, à mon avis, :non: sans un petit coup de sécurité dans la direction de nos amis belges. Mais je suis sûr que Patrick saura être de bon conseil sur ce sujet épineux.

Très amicalement,


Louis
"Et ils auront peur dans toute leur chair. Ils auront peur, c'est certain, c'est fatal; mais ayant peur, ils resteront." (Maurice Genevoix, Ceux de 14)
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Jean-Claude Poncet
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Re: Transcrire une correspondance en respectant

Message par Jean-Claude Poncet »

Bonsoir Bruno, bonsoir Louis,
Bonsoir tout l’monde,
Tous vos apports sont précieux et finalement nous sommes du même avis. Nous sommes très émus lors de la lecture et de la transcription avec ses fautes, ses omissions, son absence de ponctuation.
Il faut cependant présenter un travail lisible. Pour l’exemple que j’ai pris avec l’artilleur lourd, il est étonnant comme il subit certainement l’influence de sa fiancée sur le plan de la correspondance, ses lettres sont au fil du temps plus « courtoises », mieux bâties.
Evidemment, le problème des opinions sur telle nation, tel groupe humain, telle arme peut parfois blesser. Mais il serait dommage d’occulter car en fait cette opinion n’est pas forcément strictement personnelle. Donc il faut absolument conserver.
Ainsi par exemple, il peste régulièrement contre ses parents qui ne lui envoient pas d’argent. Et bien entendu il sollicite ainsi la jeune fille qui ne doit pas avoir grand-chose pourtant.
Mais il se dégage une grande poésie dans ces lettres, et j’ai évidemment toujours beaucoup de bonheur lorsque je trouve dans ces feuillets des fleurs, toujours bien impeccables : muguet, lilas et fraisier.
Je conserve pour le moment les fautes de genre… Certains féminins deviennent masculins et l’inverse aussi.
De même tout ce qui a rapport aux animaux et à la culture est précieusment transcrit, tout comme les descriptions de paysages et le temps qu'il fait.
Toujours pour encourager ce fil, voici une autre lettre que tous ceux qui connaissent la cote 108 apprécieront.
Cordialement,
JCP.
Le 21 mai 1916
Ma chère bien aimée,
Je rends réponse à ton aimable lettre toujours avec beaucoup de plaisir. Tu me dis que mon beau frère est peut-être mort, c’est bien malheureux. Mais que veux-tu on est là pour ça, mourir pour la patrie c’est la destinée de chacun, il faut pas se faire de la bile ; quand même si on doit mourir il faut dire tant pis ; que veux-tu y faire, rien ma pauvre Joséphine ; mais est-ce qu’il était à Verdun. Je le sais pas, fais moi le donc savoir, je te prie si tu le sais ; il y a tellement des victimes dans ce Verdun que ça fait pitié. Enfin voilà ma sœur bien montée maintenant, quand il va le savoir ça va lui faire du mal pourtant. Il faut bien y passer, il est pas la seule qui lui arrive ; enfin n’en parlez pas, il vaudrait mieux parler de l’amour, ça serait bien plus gai, ça encourage mieux que si on parle du désastre qu’y a, ça vous fout le cafard et la débine. Enfin je suis toujours en bonne santé et toujours au même endroit. Rien de bien nouveau encore qu’hier au soir ils ont fait sauter une mine avec deux tonnes de mélinite, ça fait un rude rasage. On a fait sauter la cote 108 tout près de Berry-au-Bac et on occupe l’entonnoir. Enfin à part de ça on est pas trop malheureux. Sûrement que ça vaut pas ma Joséphine quand on était ensemble. Mais j’ai toujours bon espoir quand même, un jour ça viendra bien. Pas plus grand-chose. Je termine en t’embrassant de tout cœur.

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vincent le calvez
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Re: Transcrire une correspondance en respectant

Message par vincent le calvez »

Bonjour Jean-Claude,

Merci de nous faire partager ces lettres et ces fleurs.

Bien à toi

Vincent
Site Internet : Adolphe Orange du 28e RI http://vlecalvez.free.fr
En ce moment : le 28e RI à Sissonne en octobre 1918 http://vlecalvez.free.fr/nouveaute.html
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Bruno Tardy
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Re: Transcrire une correspondance en respectant

Message par Bruno Tardy »

Bonjour à tous
Merci Jean Claude pour ces extraits. Tu as de la chance,moi je n'ai conservé qu'une seule fleur, bien petite et décolorée.
Concernant les opinions ou jugements émis, je pense aussi qu'il faut conserver.
Par contre, je me pose toujours la question des passages completement "hors sujet", par exemple lorqu'il s'étend sur les détails du mariage de la fille d'amis lointains, ou sur l'état de santé de vagues connaissances tombées malades. pour l'instant je supprime. Dites moi si j'ai tort.
Pour les formules de fin de lettre, j'en ai bien sur conservé, mais beaucoup se terminent par:

Votre fils
G.Tardy

Je les ai supprimées dans le but de raccourcir le texte, déja très long car j'ai environ 700 lettres. Pensez vous que je devrais toutes les conserver ?
Merci de vos conseils

Cordialement
Bruno
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