Bataillon de Fusiliers Marins

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Ar Brav
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Re: Bataillon de Fusiliers Marins

Message par Ar Brav »

Bonsoir à toutes et tous,

Retrouvé dans les "papiers" du GP de mon épouse.
Jean QUER (1895-1965), Bataillon de Fusiliers Marins, Croix de Guerre avec étoile de bronze, Médaille Militaire, Médaille de la Grande Guerre, Médaille d'Honneur des marins, Médaille (Belge) des 3 cités (Ypres, Nieupoort, Dixmude), rentré gazé.

Lettre de Jean Marie QUER à ses parents (carte postale),orthographe et ponctuation d'origine.

Paris le 9 Décembre 1915
Bien chers parents
Je vous écris ses quelques mots pour vous dires que je suis en bonne santé et je désire que vous soyez tous de mêmes
Chers parents je crois que ses jours ici il va y avoir du changement avec nous. car le dernier bataillon est partit aujourd’hui pour leurs dépots. Alors je ne crois pas que l’on va nous garder ici plus longtemps. Aussi n’avons que le dernier bataillon est parti bon et bien reçu par les parisiens hier ils ont assister a un grand théatre et ils ne leurs manquaient de rien. mois ainsi que ma section nous n’avons pas eu la chance d’y allez mais le soir nous somme sorti a terre de tous les cotés on nous donnaient des cigarettes des kilos de vin. Enfin je ne trouve plus grand-chose a vous dirent je termine en vous embrassan tous de bon cœur.
Votre fils qui vous aime
Quer Jean



Extrait du carnet de route du Fusilier Marin RENOU (1917, 2 feuillets dactylographiés)

-334-

Cet après midi je suis allé voir les prisonniers allemands effectuer le déchargement des betteraves sous la surveillance de vieux territoriaux. Ils n’ont pas l’air très malheureux si l’on en juge par leur mine. Les territoriaux ne les laissent pas flaner. Ils ont droit à 10 mn de repos toutes les 60 minutes. Leur salaire est de 0,20 par jour, ce qui fait plus que touchent nos sans spté, il est vrai qu’eux ont le tabac en plus.
Les sanctions sont le pain sec ou la cellule, mais il paraît que cela arrive très rarement.
Grande discussion ce soir à la popote. Notre nouvel adjudant de Cie, qui n’a pas encore eu le baptême du feu, déclare que les actes de courage étaient affaires de circonstance, d’occasion et de chance. Il y a les combattants qui n’ont ni occasion ni chance et il y a les autres !...
Pour une fois tout le monde a protesté. Etant parmi ceux qui criaient le plus il s’en est pris à moi. D’ailleurs c’est votre cas RENOU, un autre aurait fait la même chose…C’est possible, mais je peux vous citer un cas que tous les anciens de la Cie connaissent.
"Une patrouille de nuit dans le Polder avait dû se replier sans pouvoir ramener un de ses hommes grièvement blessé"
"Oui, on le sait, on le sait, dit PHILIPPE qui n’était pas là, et après !...
"Continue, dit LE GOFF, qui connaissait l’affaire.
"Après !...Avant que le jour soit levé, le Capitaine donna l’ordre d’aller le chercher. Un volontaire partit. Mais sous le bombardement il s’est terré dans un trou d’obus et n’a plus bougé".
"Et alors !..."
"Alors ! Comme on entendait des appels un deuxième volontaire est sorti. Les Allemands qui eux aussi entendaient, ouvrirent le feu. Si les obus éclataient un peu au hasard et d’une façon intermittente, les balles filaient sans interruption d’une tranchée à l’autre et ça c’est une chose qui n’est pas drôle, alors il arriva que les deux volontaires se retrouvèrent dans le même trou".
"Où voulez-vous en venir ?"
"Au troisième ! il s’appelle QUER, çà c’est un lion, dit CAZOBON".
…/…

-335-
"QUER quitta alors son fourniment et sa capote et sauta par-dessus le parapet. La fusillade se déchaina aussitôt, mais trop tard. En rampant il avança de trou d’obus en trou d’obus, puis profitant de la fumée d’un éclatement il fit un bond d’une dizaine de mètres. Où es-tu ? criait-il, tiens bon, j’arrive. Longtemps on le vit ramper puis il disparut derrière un petit talus. Un quart d’heure plus tard on le vit réapparaître, rampant avec le blessé allongé sur son dos. Ne pouvant plus revenir dans la tranchée ils passèrent toute la journée au pied du parapet où on leur lança vivres et pansements".
"Voilà, il me semble, trois hommes qui avaient eu une occasion semblable".
"Bravo !...Bravo !...criaient les seconds-maîtres.
"C’est bien ce que je disais, il faut aussi avoir de la chance".
Pauvre adjudant de Cie !…Sa réplique provoqua un charivari monstre et il perdit ce soir toute considération et toute autorité.

22 Octobre 1917 :
LE GOFF et TOUL sont venus me féliciter ce matin d’avoir parlé de QUER que nous aimons tous.
Il n’est bruit autour de la "roulante" que d’un prochain départ, aussi j’ai passé toute ma journée à faire mon carnet de route.

23 Octobre 1917 :
On part.
Avec un peu de retard, on nous lit un ordre du jour du Général Commandant le 1er C.A., il est daté du 27 Août.
"Au cours des attaques de Juillet et Août 1917 dans les FLANDRES, le Bataillon de Fusiliers-Marins, rattaché au 1er C.A., a été à la hauteur de sa réputation légendaire. Admirable troupe d’attaque, animée d’un esprit d’offensive sans égal, a montré dans un terrain difficile de remarquables qualités manœuvrières. Sous l’habile direction du capitaine de Frégate DE MAUPEOU, qui a su inspirer à sa troupe l’ardeur qui l’anime, ce bataillon a obtenu des résultats magnifiques. Je le propose
…/…
(fin de l’extrait)


Un peu de marins dans le bivouac. Je n'ai plus qu'à chercher la suite !
J'ai voulu joindre des clichés, décidément, quand çà veut pas, çà veut pas.
Bien cordialement,
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olivier gaget
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Re: Bataillon de Fusiliers Marins

Message par olivier gaget »

Bonjour,

Il est vrai que l'on ne parle pas souvent des fusiliers marins !!! mais y'a tellement d'autres unités dont on ne parle jamais non plus !
En tous cas, merci beaucoup pour ces passages intéressants :)

cordialement,
Olivier
jules-Pierre
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Re: Bataillon de Fusiliers Marins

Message par jules-Pierre »

ces fusiliers marins me rappellent l'histoire d'un grand oncle, qui avait obtenu de son père l'autorisation de sìengager à l'école des mousse, mais qui avait réussi à tricher sur son age pour y entrer dès 14 ans...au début de la guerre. Ses parents étaient très rassurés de le savoir dans la marine...lui qui est finalement revenu vivant de 4 ans de tranchée sans avoir donné de nouvelles à ses parents... Je me rappelle de témoignages intéressants qu'il me livrait, sur d'autres sujets.
Cordialement
Il n'y a de véritable mort que dans la mémoire des hommes.
Alphinette
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Re: Bataillon de Fusiliers Marins

Message par Alphinette »

Merci pour la communication de ses documents que j'ai lu avec beaucoup d'émotion. Je n'ai pas connu Jean Quer (je suis née en 1964) mais j'en ai souvent entendu parler. C'était le mari de ma grand-tante. Je découvre petit à petit l'histoire de ma famille à la faveur de recherches généalogiques passionnantes. Merci encore.
Bonne soirée.
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