Voici, avec trois photos et des informations fournies par son petit-fils, quelques éléments sur la guerre 14-18,
dans l'Artillerie Spéciale, du Canonnier Alexandre Maurice Daspres.
Né le 23 Novembre 1897 à Die, le sculpteur sur bois Alexandre Daspres s'est engagé pour 4 ans en 1915.
Il a été incorporé le Mercredi 1° Décembre 1915 et à rejoint le Samedi 4 Décembre 1915, à Lyon, le dépot du 54° Régiment d'Artillerie.
Le détail de ses campagnes le situant en zone de l'intérieur *, du 4 Décembre 1915 au 17 Novembre 1916, il n'a donc pas rejoint le front.
après sa formation initiale, et a du être maintenu à Lyon au dépot du 54.
* La Zone de l'intérieur et la zone des Armées sont bien définies territorialement. Elles correspondent à des régimes administratifs spécifiques
et permettent, entre autres, pour les combattants de définir les périodes de guerre pour lequel leur temps de guerre est comptabilisé.
Le Jeudi 16 Novembre 1916, en exécution d'une note de la Brigade (n° 25688 du 14 Novembre 1916), le Canonnier Alexandre Daspres est affecté au 81° RALT.
Rien n'indique qu'il ait fait acte de candidature pour servir dans les chars.
Il peut avoir été désigné d'office, ou s'être effectivement porté volontaire, quand son régiment a du répondre aux demandes de l'Etat-Major
de fournir des hommes à muter dans l'Artillerie Spéciale.
Entre Septembre en Décembre 1916, l'Artillerie a muté dans les chars plusieurs centaine de soldats.
Sa fiche Matricule le place en zone des Armées à compter du Samedi 18 Novembre 1916.
Nouvel affecté dans l'Artillerie Spéciale, il n'a pu se retrouver à cette date en Zone des Armées.
Il a effectivement du, comme tous les affecté AS, rejoindre à Marly-le-Roi, la 80° Batterie du 81° RALT (au Fort du Trou d'Enfer),
puis passer au camp de Cercottes, une fois son unité constituée.
Faute de précisions sur sa Fiche Matricule, et partant du principe que son appartenance au Groupe AS 11 est vérifée, il est tout de même possible
de faire un déroulement chronologique de sa carrière dans l'AS.
Il restera cependant une zone d'incertitude, dans la mesure ou son affectation à l'AS 11 peut avoir été plus tardive, et ses séjours à Marly-le-Roi et/ou Cercottes plus longs .
Chronologie des activités de l'AS 11, à partir de sa date de création.
La date exacte de création du Groupe AS 11 n'est pas connu.
Très probablement vers le Mardi 20 Février 1917 (une semaine avant le Groupe AS 12, créé le Mardi 27 Février 1917).
Le Capitaine de Lamberterie, premier commandant du Groupe AS 11, désigné le par le Général Estienne, arrive le Vendredi 3 Février 1917 à Marly-le-Roi
pour prendre le Commandement du Groupe (message téléphoné du Jeudi 1° Février 1917).
A la 80° Batterie du 81° RALT de Marly-le-Roi, les personnels affectés recevaient une formation initiale.
Un Groupe était constitué quand le quorum des effectifs de chaque catégorie de personnels (officiers, sous-officiers, hommes du rang) était atteint.
L'ouverture des documents officiels (JMO, registres de décès . . .) et le procès-verbal de création de l'unité, rédigé et signé par un intendant militaire,
officialisaient la création du Groupe.
Tous ces personnels rejoignaient alors le camp de Cercottes par train pour y percevoir leurs matériels et poursuivre l'instruction individuelle.
En l'absence de champ de tir adaptés à Marly, les tirs canons et mitrailleuses étaient faits à Cercottes.
Une note du Général Estienne préconisait un séjour de 15 jours à Marly et de 25 jours à Champlieu.
Cette note n'a finalement été qu'une simple orientation et les Groupes, ayant suivi le cursus Marly/Cercottes, ont souvent des temps
de présence très différents dans ces garnisons. Ces temps de présence allant de seulement quelques jours à bien souvent plus d'un mois.
Ce sont soit le manque de personnels pour compléter un groupe, soit des problèmes liés au livraison et/ou à la préparation des chars qui en étaient la cause.
Le Vendredi 16 Mars 1917, le Groupe AS 11 quittait donc le camp de Cercottes après un séjour d'environ un mois.
Le JMO précise que c'est seulement à cette date du 16 Mars 1917, que les Schneider M1 de combat du Groupe sont perçus,
et c'est aussi à cette date que le Groupe embarque sur train à la Foulonnerie.
(La Foulonnerie est au Nord-Est d'Orléans, juste à côté du camp de Cercottes. C'est aujourd'hui un des quartiers de la ville dOrléans.)
Pendant le séjour à Cercottes, l'instruction tir et conduite de l'AS 11 a du être faite sur des chars d'instruction du PAOC (Parc Annexe d'Organisation de Cercottes)
Cet organisme qui recevait les chars venant d'usine, était chargé de :
- leur vérification et mise aux normes,
- l'instruction complémentaires des personnels (tireurs, pilotes, mécaniciens).
Cette instruction était faite dans des cours spécialisés par catégorie de personnels et par spécialité.
Rien ne dit que l'AS 11 soit arrivée à Champlieu avec des chars remis aux normes de blindage, exigées par le Général Estienne avant tout engagement.
Les Schneiders de Champlieu, qui devaient intervenir les 16 et 17 Avril 1917 à Juvincourt et au Mont Cornillet, étaient alors en phase de transformation.
Si les chars du Groupe sont arrivés modifiés, il est vraisemblable qu'une partie d'entre eux aient alors été donnés aux Groupes qui allaient être engagés.
Il n'existe pas de document donnant les numéros de chars attribués à l'AS 11 à son départ de Cercottes.
Les premiers éléments précis sont ceux d'Octobre 1917, lors de l'engagement du Groupe dans le secteur Laffaux/ La Malmaison.
Pour en revenir au Canonnier Alexandre Daspres, s'il a bien suivi le Groupe AS 11 depuis sa création, son parcours pour cette période serait donc :
- Marly-le-Roi du Samedi 18 Novembre 1916 à Février 1917.
- Cercottes de Février 1917 au Venderedi 16 Mars 1917.
- Champlieu à partir du Samedi 17 Mars 1917 et ce jusqu'au Jeudi 10 Janvier 1918.
Le Jeudi 10 Janvier 1918, le Groupement d'AS n° II sera envoyé, dans les Vosges, au nouveau Camp d'AS de Martigny-les-Bains.
(Cette partie de l'histoire de l'AS 11 sera reprise plus tard dans le sujet).
Le petit-fils d'Alexandre Maurice Daspres possède deux photos de son grand-père en tenue de canonnier de l'Artillerie Spéciale.
La première est une photo d'identité traditionnelle, qui peut avoir été prise à Cercottes (mais plus probablement à Orléans, ville très proche que fréquentait l'AS).
Sur cette tenue, il appartient toujours au 81° RALT.
Cette photo a, normalement, été faite avant le 1° Mai 1918, date à laquelle la subordination administrative au 81° RALT est passée au 500° RAS.
De nombreuses exemples montrent que, même après l'Armistice, bon nombre de personnels de l'AS portaient encore les pattes de col du 81° RALT.
Cette photo est donc impossible à dater avec précision.
Il était Homme du Rang, et l'on peut voir que le photographe l'a équipé d'un baudrier type officier.
La deuxième photo a été prise à Champlieu.
En dépit de sa mauvaise qualité, cette photo permet d'apercevoir deux des baraques Adrian qui, sont très probablement celles du Groupes AS 11.
Cette photo a donc été prise entre Mars 1917 et Janvier 1918. Le feuillage des arbres permet de plutôt la situer à l'été 1917.
Un document d'archive du SHD situe les Baraquements de l'AS 11 comme étant le 13° ensemble de baraques.
Cette information permet de situer précisemment le Groupe AS 11 sur la lisière du terrain d'execice de Champlieu.
A Champlieu, le Groupe AS 11, arrivait au moment ou :
- Le premier engagement, sur le secteur de Beuvraignes, d'un Groupement aux ordres du Cdt Chaubès,
Groupement composé des Groupes AS 1 AS 3 et AS 4, venait d'être annulé.
(Cet engagement avorté est décrit dans le JMO du Groupement n° II.)
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
- Les plans concernant les attaques de Juvincourt et du Mont Cornillet étaient verrouillés
et l'organisation des Groupements Bossut, Chaubès et Lefebvre bien arrêtée.
Le Groupe AS 11 eut donc tout loisir de commencer son instruction collective chars, en continuant la formation individuelle des pilotes, tireurs et mécaniciens.
Le premier engagement du Groupe AS 11, instruit et intégré au Groupement d'AS n° II du Chef de Bataillon Chaubès,
n'aura lieu qu'en Octobre 1917 (avec les Groupes AS 3, AS 8 et AS 12).
En plus du JMO de son Groupement, cité ci-dessus, le JMO du Groupe AS 11 permet de disposer d'une chronologie précise des activités du Groupe
et donc de retracer aussi celle de notre canonnier.
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
Chronologie des événements auquels a du participer le canonnier Alexandre Daspres avec le Groupe AS 11, à partir de son arrivée à Champlieu.
Samedi 14 Juillet 1917
Prise d'Armes et défilé des Groupes Schneider et Saint Chamond présents à Champlieu.
Cet événement a été filmé et photographié par la Section Photographique de l'Armée (Photos et films disponibles à l'Ecpa-D - Fort d'Ivry).
Les Groupes déjà présents à Champlieu étaient alors :
- Groupement Schneider n° I : AS 2 - AS 4 - AS 5 - AS 9
- Groupement Schneider n° II : AS 3 - AS 8 - AS 11 - AS 12
- Groupement Schneider n° III : AS 1 - AS 6 - AS 10 - AS 15
- Groupement Schneider n° IV : AS 13 - AS 14 - AS 16 - AS 17
- Groupement Saint Chamond n° X : AS 31 - AS 33
- Groupement Saint Chamond n° XI : AS 32 - AS 35
Mardi 16 Octobre 1917
Le Groupe AS 11 quitte le camp de Champlieu à 13 heures 15 pour débarquer à 18 heures 15 en Gare de Missy/Condé
A 21 heures les chars sont à leur Point de Rassemblement au Nord-Ouest de Celles.
Mercredi 17 au Mardi 23 Octobre 1917
Préparation, mise en place et engagement du Groupe au Chemin des Dames sur la ferme Vaurains et vers Vaudesson.
Le JMO détaille parfaitement ces dix jours du premiers engagement de l'AS 11
Il ne semble exister aucune information sur la fonction du canonnier Alexandre Daspres dans son Groupe.
Cité dans le JMO quand il a été blessé en 1918, il y est simplement mentionné comme canonnier.
Dans un char Schneider, il pouvait être canonnier, mitrailleur, mécano . . . .
Dans les quelques photos conservées par Alexandre Daspres, une photo du Schneider M2 n° 61319 est simplement commentée au dos : "souvenir de".
S'agit-il d'une photo conservée en souvenir :
- du camarade photographié devant le char ?
- du Schneider M2 n° 61319 (qui pourrait avoir été son char) ?
- de ce char et d'un camarade de son équipage ,
Ce char, photographié ici dans un lieu non identifié, était, à partir de Juillet 1918, celui du S/Lt Bourguet.
Autre photo de ce char, photographié et filmé à St Imoges par la SPA (Section Photographiques de l'Armée)
Le S/Lt Bourguet était présent au Groupe AS 11 depuis sa création.
Aspirant en Mars 1917, Sous-Lieutenant le 1° Octobre 1917, cet officier pourrait avoir été le chef de char d'Alexandre Daspres pendant toute sa guerre dans les chars.
Le 23 Octobre 1917, dans les combats du Chemin des Dames, le char du S/Lt Bourguet était le Schneider n° 61179. Ce char appartenait à la quatrième Batterie *
* Une des caractéristiques de l'engagement du 23 Octobre 1917 est l'organisation des Groupes Schneider à quatre Batteries de 3 chars Schneider.
Après ces combats, la décision de faire des Groupes à trois Batteries de quatre Schneider est définitivement retenue.
La quatrième Batterie dissoute deviendra l'Echelon du Groupe.
Cette organisation des Groupes à trois Batteries de quatre chars est aussi valable pour les Groupes Saint Chamond.
Si Alexandre Daspres appartenait bien à l'équipage de char du S/Lt Bourguet, il a donc participé aux combats du 23 Octobre 1917 à bord de ce char,
dans le secteur Ferme de Vaurains / Vaudesson.
Le rapport de combat du S/Lt Bourguet ne signale aucun tué ou blessé dans le char.
Le char n'a pas été touché et techniquement, remarquablement bien fonctionné.
Sur les cuirassiers du 11° Cuir, associés au char du S/Lt Bourguet, un a été tué par balle et trois blessés par balle ou éclat d'obus.
L'équipage du char s'est donc vu contraint d'assurer lui-même ses liaisons avec l'infanterie, les autres chars du Groupe et le Cdt de Batterie.
Sur ce montage montrant l'itinéraire au combat du char du S/Lt Bourguet, a été reporté l'intinéraire (en violet) du St Chamond de l'Adjt Moreau.
Son char, surnommé "Yette" appuyait la 7° DI.
Le terrain mouvementé a amené ce char à déborder dans le secteur du Groupe AS 11.
Cette imbrication d'unités de chars combattant normalement dans deux secteurs différents était assez courante.
Les Mercredi 24 et Jeudi 25 Octobre 1917, le Groupe, replié sur Celles, remet en état ses matériels.
Le Vendredi 26 Octobre 1917, les chars sont embarqués sur plateaux en gare de Missy/Condé et les équipages rentrent à Celles pour y passer la nuit.
Le Samedi 27 Octobre 1917, le Groupe quitte Missy à 18 h 15 et l'arrivée au camp de Champlieu se fait le 28 à 1h 00 du matin.
Le Jeudi 10 Janvier 1918, Le Groupe AS 11 (avec tout le Groupement d'AS n° II) quitte le camp de Champlieu à 6 h 00 du matin.
Le Vendredi 11 Janvier 1918, arrivée au camp d'AS de Martigny les Bains et débarquement à partir de 9 h 00 du matin.
Cette décentralisation des unités d'AS permettaient de laisser de la place aux unités qui allaient continuer à être formé à Champlieu.
La formation des BCL en Renault FT allaient bientôt débuter au camp de Champlieu.
Par ailleurs ces unités prépositionnées (Schneider, Saint Chamond et plus tard Renault), aux Camps de Mailly-Poivre et de Martigny-les-Bains,
étaient directement à la disposition des Groupes d'Armées Centre et Est.
Avec le Groupement de Schneider n° II, c'est aussi le Groupement de Saint Chamond n° X (AS 31, AS 33 et AS 36) qui est installé dans les Vosges.
L'attaque Allemande de Mars 1918 mettra un peu à mal toute cette programation, et la grande majorité des unités de chars se retrouveront en Picardie
pour y instruire les Régiments dans l'emploi des chars et se trouver non loin d'une prévisible zone d'engagement.
Les JMO du Groupement II et de l'AS 11 fournissent une chronologie précise des activités de ces unités.
Il n'est donc pas nécessaire de la refaire ici.
Si, comme supposé précédemment dans ce sujet, le Canonnier Alexandre Daspres appartenait bien à l'équipage du S/Lt Bourguet,
il faisait donc partie de la Batterie du Groupe AS 11 détachée à Saint Imoges pour une période d'instruction des unités d'infanterie du secteur.
Ce séjour de l'AS 11 a déjà été évoqué dans un autre sujet de cette même rubrique.
pages1418/Pages-d-Histoire-Artillerie/A ... 1158_1.htm
A partir de l'été 1918, le char du S/Lt Bourguet est le Schneider M2 n° 61319. Il appartient maintenant à la deuxième Batterie du Groupe AS 11.
Le char du S/Lt Bourguet a été photographié et filmé à St Imoges par la SPA (Photos et film de l'Ecpa-D - Fort d'Ivry).
Après Saint imoges Alexandre Daspres a donc probablement participé aux trois engagements de l'AS 11 de l'été et de l'Automne 1918
- 20 Juillet 1918
- 20 Août 1918 sur le plateau de Nouvron-Vingré, en direction du ravin de Chavigny/Juvigny.
- 30 Septembre 1918, engagement durant lequel il a été blessé.
A suivre . . . . Michel