Voici, en complément au sujet ouvert par Gilles sur "le béret et la tarte alpine" (voir dans Pages d'Histoire), quelques éléments sur le béret dans l'Artillerie spéciale.
A la création de l'Artillerie Spéciale, les personnels travaillant dans les chars se sont de suite heurtés à un problème : le calot.
Cette coiffure présentait le gros inconvénient de ;
- ne pas tenir sur la tête (en particulier quand on plongeait le nez dans un moteur)
- d'être d'une couleur qui ne supportait pas les taches de cambouis. . . .
Sur les photos, on peut voir que très rapidement des tas d'activité se faisaient tête nue . . .
Très rapidement, une coiffure pratique a fait son apparition : le béret.
Porté bien enfoncé sur la tête, il ne tombait plus dans les fonds inaccessibles des chars, et sa couleur camouflait parfaitement les inévitables tâches.
Ils étaient achetés sur fond propre par leurs propriétaires, ou étaient sortis du fond du paquetage pour les personnels provenant des chasseurs.
L'intendance a été très longue à admettre que cet accessoire puisse être réglementaire dans les chars. . . . En fait la guerre était fini !
Pourtant, dés l'arrivée des Groupes de chars à Champlieu, les bérets ont commencé à fleurir.
Au printemps 18, le Général Estienne, dans une note sur la tenue de combat de l'AS, demandait au Général en Chef son adoption définitive, en précisant que ce couvre-chef était, de fait, déjà depuis des mois la coiffure de tous les équipages de chars.
A la réponse des rizpainsels, arguant de la pénurie de drap pour en fabriquer, le Général répondit par des éléments très précis prouvant qu'ils mentaient. Un lieutenant de l'AS habitait en effet à côté d'une usine fabriquant des bérets, et le directeur lui avait affirmé qu'il avait tout pour honorer cette demande et qu'il n'attendait qu'une commande de l'administration . . . .
Bien que cette coiffure soit parfaitement non réglementaire, le Général Estienne en avait fixé l'emploi par note de service officielle de l'AS . . . . .
Une note réglementaire pour un accessoire vestimentaire non réglementaire. Il s'agit d'un bon exemple de la situation dans laquelle se trouvait le Commandement face aux problèmes engendraient par la création de cette nouvelle arme.
Si tout initiative qui faisait progresser mieux et plus vite la machine était la bienvenue et très souvent adoptée, elle était rapidement rattrapée par l'administration militaire qui tentait de la faire rentrer dans le moule . . .
Pour le Général, le béret se portait sans insigne . . . .
On peut voir sur de nombreuses photos qu'il n'était pas du tout en accord avec ses subordonnés qui, tous grades confondus, le portaient tels qu'ils en avaient décidé. . . . . Les photos laissent entrevoir que certains tentaient de lui donner une présentation plus normalisée. Le port du béret incliné à droite du Cdt Bossut ou du Capitaine Goubernard en sont un bon exemple. Le capitaine Goubernard venait des chasseurs et l'on retrouve généralement ce type de port du béret chez les personnels ayant auparavant porté le béret.
Très rapidement divers insignes métalliques ou brodés ont faits leur apparition tels que galons, insigne des chars, As de batterie.
Ces insignes pouvait être unique ou multiples sur le même béret.
Le béret était une coiffure de travail utilisée au camp dans les activités d'entretien ou d'instruction.
Lors des mises en alerte des unités il faisait, avec le casque, totalement partie de l'équipement.
Les déplacements en cuir et béret dans les garnisons (Champlieu, Marly le Roi, Cercottes, Bourron, Mailly-Poivres et Martigny-les-bains) étaient normalement interdits. Le personnel de l'As devait alors se déplacer avec les tenues réglementaires à toute l'Armée française.
Le principal insigne, et normalement unique insigne identifiant l'appartenance au char, était alors l'insigne de bras gauche porté sous les brisques.
Dans cette tenue, il n'était cependant pas rare de voir fleurir un autre insigne non réglementaire : la salamandre.
Proposée par le Commandant Bossut et adoptée par les premiers Groupes de Schneider, cet insigne n'avait pas été retenu comme insigne de l'AS par le Général Estienne, qui lui avait préféré le haume et les canons croisés. C'était l'insigne normalement uniquement porté sur le bras gauche.
La Salamandre faisait aussi de la résistance dans l'AS . . . . . en particulier dans les Groupes de chars "historiques" qui avaient connu le Cdt Bossut.
En tout état de cause, quelque soit l'activité extérieure, la tentation était trop forte de se montrer en béret et cuir. Ces deux pièces vestimentaires étaient la signature d'une appartenance à la déjà prestigieuse arme des chars
Régulièrement des personnels de tous grades se faisaient remettre à l'ordre par le Général ou son adjoint le Colonel Monhoven pour leur tenue non réglementaire.
Une des raisons qui poussait le Commandement à tenter de banaliser l'uniforme des chars tenait au besoin du secret. Lors des nombreuses reconnaissances systématiques, faites par les officiers de l'AS sur le front, l'arrivée de personnels de l'artillerie spéciale devenait inmanquablement l'indication du déclenchement d'une future attaque avec chars. Cette information pouvait alors filtrer chez l'ennemi, suite à des captures de soldats français. Les officiers de l'AS reçurent l'ordre de pratiquer ces reconnaissances en tenue totalement banalisée.
A la mi-Juillet 18, les Groupements de Schneider et St Chamond déployés dans la forêt de Villers-Cotterets reçurent l'ordre de supprimer de tous leurs véhicules logistiques, les identifiants spécifiques aux unités de chars pour ne pas laisser filtrer l'arrivée prochaine des chars qui devaient être engagés sur le secteur de Longpont/Vierzy.
Avec le temps les camions et voiture des SRR avaient été agrémentés d'insignes et marquages les associant parfaitement à leurs unités d'appartenance.
Finalement, concernant la tenue le seul endroit, ou les équipages faisaient finalement ce qu'ils voulaient était sur le Front.
Pour une unité de char cela commençait à l'embarquement des chars au camp et se terminer au débarquement des matériels et personnels survivants
au retour à ce même camp . . .
A Juvincourt le lieutenant Mainardy, du Groupe AS 5 avait revêtu, à la place de la culotte réglementaire bleu horizon, le pantalon garance de sa tenue de Hussard. Il commandait une Batterie, et son commandement s'effectuait plus à pied qu'en char.
La tenue au combat du Maréchal des Logis Georges Deloche fait aussi partie de ces curiosités que les photos nous permettent encore d'apprécier.
Initiative et achat privé, le béret, comme le montre bien les photos, n'a pas été adopté par tous. C'est pour cette raison que les photos de fins 17 ou début 18 montrent encore des équipages avec plusieurs types de coiffure. Les équipages de chars ne représentaient qu'une partie du personnels de l'AS et les personnels des services administratifs et techniques des camps n'avaient normalement aucune raison d'adopter cette coiffure.
Voici quelques photos commentées qui illustrent bien ce propos sur les bérets dans l'AS.








