Mortier de tranchée

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michel g
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Re: Mortier de tranchée

Message par michel g »

Bonjour,

Est-ce que quelqu'un sait si ce genre de mortier était fabriqué en série, même dimensions, ou bien était fabriqué individuellement et pouvait avoir des dimensions différentes entre chacun.


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Michel G
22e Bataillon (C-F), 71e RI
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TURPINITE
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Re: Mortier de tranchée

Message par TURPINITE »

Bonjour Michel,
ce que tu nous présentes là, est le mortier cellerier fabriqué avec un corps d'obus de 77mm, il est un des nombreux matériels de fabrication artisanale, dire qu'il était fabriqué en série serait un peu exagéré, mais il fut employé en grand nombre.
Le canon du mortier Cellerier (également surnommé Taupier) était constitué d’un corps
d’obus à balles de 7,7 cm allemand modèle 1896 nA, dont de grandes quantités jonchaient le
champ de bataille du côté français, et qui formait un tube lisse parfaitement alésé à 67 mm.
Ce corps était fixé par un collier sur un bloc de bois résistant et doté d’une bêche de recul
ainsi que de deux poignées de transport. L’ensemble pesait environ 12 kilos.
Le canon gardait un angle constant de 45° et une ligne tracée à la peinture sur le corps
facilitait le pointage en direction. La portée était réglée en modifiant la charge propulsive.
La chambre de tir était formée de la partie renforcée du corps d’obus, à savoir le logement de
la charge de dépotage. la mise à feu s’obtenait au moyen d’une mèche insérée dans une
lumière percée à ce niveau.
Les premiers projectiles du mortier Cellerier consistaient en obus explosifs de 65 mm pour
canon de montagne et dont la fusée avait été remplacée par une mèche qu’il fallait allumer
avant le départ du coup. Il était possible d’utiliser ainsi des obus rebutés, mais la solution était
chère et correspondait peu à la finalité de l’opération : disposer d’un mortier rustique
indépendant de l’arrière.
Le premier projectile artisanal fut une douille de 65 mm de montagne, en laiton, dont le
bourrelet d’extraction avait été éliminé à la meule et dont le tube porte-amorce avait été
dévissé et revissé à l’envers. dans ce tube avait été insérée la mèche à détonateur, le calage et
l’étanchéité étant réalisés par un mastic.
Le corps de laiton était garni d’explosif chloraté souvent additionné de grenaille, de clous,
d’éclats ramassés sur le champ de bataille, de balles de plomb et même de gros morceaux de
verre.
Il arriva même que l’explosif ait été constitué de Mélinite en vrac, l’engin ayant été
certainement destiné à être tiré avant que ne se forment de dangereux picrates. L’ogive du
projectile consistait en un tampon de bois serti et maintenu par trois petites pointes.
On rencontre également de courts projectiles cylindriques en fonte mince, dont le fond était
percé pour le passage de la mèche-détonateur au travers d’un tube soudé. Un chargement
constaté consistait en explosif nitraté mais il pouvait probablement varier avec les
disponibilités et l’humeur de l’artificier préposé à sa confection. L’ogive était fermée par un
bouchon en bois retenu par trois vis et mastiqué.
Un autre projectile artisanal consistait en un tube de tôle d’acier fermé aux deux extrémités
par des tampons en bois. L’engin renfermait six pétards de Cheddite, l’avant étant en plus
garni de grenaille de fer mélangée à de la sciure. Le bloc de culot était plus épais, et traversé
par une mèche lente aboutissant au détonateur du commerce placé au milieu des pétards.
On trouve aussi en Meuse des corps en fonte au diamètre d’environ 63 mm, cylindriques mais
dont une extrémité présente une ogive percée d’un orifice (Ø 22 mm) apparemment destiné à
recevoir un bouchon ou une fusée en bois.
Cet orifice et l’ouverture du culot présentent des rainures annulaires venues de fonte. Le culot
était fermé par un bouchon en bois, serti dans les rainures, et doté de deux tubes excentrés en
laiton recevant chacun une mèche-détonateur.
Le chargement explosif consistait en un pétard de cavalerie réglementaire, avec toutefois un
complément d’explosif en vrac (Agralite ?) à base de trinitrophénol. Le pétard était fixé par un
serrage de fil de fer, un tampon tronconique en bois garnissant l’avant de l’évidement.
Il est possible que ces projectiles aient été destinés à un engin du type Cellerier, réalisé à partir
de caffuts d’obus à balles françaises.
La portée des mortiers Cellerier était réglée en modifiant la charge propulsive, poudre en vrac
mesurée avec une cuillère. Il fallait également tenir compte de la variation de la durée de
trajectoire en ajustant la longueur de la mèche du projectile. A titre d’exemple :
Portées charges de poudre longueurs de mèche
70 mètres 20 grammes 65 millimètres
110 mètres 30 grammes 70 millimètres
160 mètres 40 grammes 80 millimètres
200 mètres 50 grammes 90 millimètres
245 mètres 60 grammes 100 millimètres
265 mètres 65 grammes 105 millimètres
290 mètres 70 grammes 110 millimètres
Le personnel d'une pièce se composait d'un chef de pièce pointeur, d'un chargeur et d'un
ravitailleur. Un chef de batterie observateur réglait le tir d'un groupe de mortiers. Au départ du
coup, les servants devaient en principe être protégés d'un éclatement prématuré par une
épaisseur d'un mètre de terre.
D'autres mortiers artisanaux ont été réalisés sur le même principe à partir de corps d'obus à
balles de 8,8 cm, 10,5 cm, 12 cm et 15 cm. Ils permettaient le tir de projectiles artisanaux plus
puissants.
Il y eut des projectiles de 66 mm en laiton, réalisés à partir d’une
douille pour cartouche de 65 mm
des projectiles de 66 mm en tôle et bois et d’autres en
fonte
des projectiles de 90 mm en bois, tôle et fil de fer

Amicalement
Florian
S'ensevelir sous les ruines du fort, plutôt que de se rendre.
La munition n'a ni amis, ni ennemis, elle ne connait que des victimes.
Si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ; si je recule, tuez-moi.
ALVF
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Re: Mortier de tranchée

Message par ALVF »

Bonsoir,

La photo montre un mortier de tranchée Cellerier,du nom de son "inventeur", le Capitaine Cellerier.

Ce mortier artisanal est constitué d'un corps d'obus tiré qui sert de tube-canon.Les plus connus sont les mortiers de 75, 77 et 105mm.
C'est toutefois le mortier de 77 qui est le plus employé car son projectile est constitué d'une douille d'obus de 65mm de montagne fermé à chaque extrémité par un bouchon de bois,cette douille est remplie de cartouches de cheddite et de ferraille amorcée par une mèche lente reliée à un détonateur.La portée de ce mortier artisanal est de 290 mètres,on fait varier la portée en mettant une charge de poudre de 20 à 70 grammes,la mise à feu s'effectue avec une mèche lente!
La fabrication était effectuée dans des ateliers de l'arrière des Armées,d'où des variantes...
Cordialement, G.F.
bernard bacelon
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Re: Mortier de tranchée

Message par bernard bacelon »

Petite précision, ... en préambule : je ne suis pas du tout spécialiste ......
Je me suis inscrit dans cet excellent forum pour compléter un travail de mémoire pour ma famille, à partir des qqs albums photos prises par mon grand-père durant la guerre 14/18 (12eme RI puis 18eme RI)
(ref de mon Grand-père: Sous-lieutenant René PAQUET 4eme Section 10eme Compagnie 12 RI)

voici une photo prise par mon GP entre Septembre 1914 et Nov 1915 (lieu ? ...peut-être tranchée du plateau de PAISSY) montrant des "engins de tranchée" dont l'un ressemble fortement à ce type de mortier

c'est peut-être interessant pour les spécialistes "artilleurs"

cordialement
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bernard Bacelon
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TURPINITE
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Re: Mortier de tranchée

Message par TURPINITE »

Bonsoir Bernard,
oui il s'agit bien d'un mortier Cellerier, on aperçoit d'ailleurs un de ces projectiles, le premier en partant de la gauche.
Cordialement
Florian
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bernard bacelon
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Re: Mortier de tranchée

Message par bernard bacelon »

Merci pour l'expertise (je vais pouvoir affiner les commentaires dans mon dossier de mémoire)

et heureux de collaborer modestement à ce forum
bernard Bacelon
PAU
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Alain Dubois-Choulik
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Re: Mortier de tranchée

Message par Alain Dubois-Choulik »

Bonjour,
A droite du dit projectile , une grenade Aasen, facile à trouver sur le net,(en photo/dessin) comme ICI ou LA
Cordialement
Alain
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TURPINITE
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Re: Mortier de tranchée

Message par TURPINITE »

Bonjour Bernard,
parti ce matin la doc complète du mortier Aasen et ses projectiles, ainsi que le mortier Cellerier et le mortier de 58T n°1 bis et leurs projectiles
Amicalement
Florian
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guillaume jacquinet
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Re: Mortier de tranchée

Message par guillaume jacquinet »

Bonsoir à tous. Le mortier présenté par Michel G est la version "industrielle" du cellerier même si produite à priori en petite quantité. Le calibre de ce modèle est 90 mm. BàV, GJ
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Alain Dubois-Choulik
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Re: Mortier de tranchée

Message par Alain Dubois-Choulik »

Bonsoir,
Avec quoi est fait le corps de celui-ci ??? ( si j'ai bien compris que ce n'était pas un Mle industriel, ça nous change du 77.)
Cordialement
Alain
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