Bonsoir,
Non, Cyril, vous n'êtes pas totalement hors sujet tant les circonvolutions de l'artillerie de marine sont complexes et inattendues!
Tout d'abord, un schéma, un peu naïf, montrant le principe de fonctionnement de la pseudo-tourelle double de 57 mm et le principe de la noria d'alimentation en munitions. On y distingue que les douilles de la cartouche de 57 mm sont bien longues:

Une photographie montrant le prototype de la masse oscillante équipant la pseudo-tourelle double de 57 mm, en bien triste état à Gâvres en 1989, cette relique doit avoir été ferraillée depuis longtemps!

Masse oscillante prototype de la pseudo-tourelle de 57 mm modèle 1947.
Et maintenant, la preuve que dans la Marine, on récupère tout ce qui peut l'être:
-d'abord, le canon de 57 mm modèle 1947 monobloc monté sur affût à Pivot Central modèle 1893 pour canon de 100 mm modèle 1889. Ce vénérable affût figure encore dans le Parc à canons de Gâvres en 1989:

Canon de 57 mm modèle 1947 sur affût PC modèle 1893.
-ensuite, encore une curiosité, un canon de 8,8 cm SKC/35 allemand du type ayant équipé les sous-marins type VII et divers petits bâtiments allemands de la seconde guerre mondiale. Ce canon de 8,8 cm est tubé en 57 mm modèle 1947 et a été usiné à Ruelle en 1956 (R 1956 n° 3):

Canon de 8,8 cm SKC/35 T 57 mle 1947, immatriculé R 1956 n° 3.
Qui dira que la Marine n'utilise pas tout ce qui peut l'être, y compris donc des douilles de 65 mm modèle 1902 pour être employées dans des canons de 57 mm modèle 1947.
Je pense que ces munitions devaient servir aux expériences et aux exercices mais que la dotation des bâtiments devait être réalisée en munitions de "nouvelle fabrication", du moins on peut l'espérer.
Lorsque j'ai visité Gâvres en 1989, le polygone était un véritable et gigantesque Musée de l'artillerie de marine, certes, il y avait aussi des tourelles de 100 mm et de 57 mm en excellent état, le 100 mm équipait tous les navires récents et le 57 servait encore sur quelques bâtiments et il y avait encore des tourelles doubles de 57, débarquées de navires modernisés et employées en D.C.A à terre autour de certaines bases maritimes (dans des sémaphores, phares et forts, montés sur des blockhaus) et de l'aéronavale.
Tout ceci est du passé, il ne reste plus rien à Gâvres où les mouettes et bientôt les touristes pourront prendre le soleil sur le site où se forgea la réputation mondiale de la Commission de Gâvres au 19e et au début du 20e siècle.
Quelques rares canons ont heureusement été sauvegardés comme un certain 14 cm modèle 1910 sur affût implanté au Bois d'Herméville près de Verdun sur un emplacement historique des canonniers marins de 1915-1916 par des passionnés!
Cordialement,
Guy François.