Halte au Feu !

[ALVF]

Bonjour,

La plus grande fantaisie règne dans les revues et livres français récents en ce qui concerne la désignation et l'identification des pièces d'artillerie française de la Grande Guerre.
Ce qui est déjà difficilement admissible dans des ouvrages ou articles généralistes rédigés par des journalistes voire par des universitaires qui méprisent ce genre de "détails", il est par contre tout à fait incompréhensible que les rédacteurs de revues et d'ouvrages "spécialisés" dans les publications consacrées à la Grande Guerre suivent le même chemin.
Pour prendre un exemple très récent, je relève dans le numéro de la Revue "Tranchées" n° 22, tout juste mis sur le marché, quatre photographies de matériels français d'artillerie. Sur ces quatre photographies, trois sont accompagnées de légendes erronées, soit 75% d'erreurs !
Ainsi nous lisons:

-page 22: "Un mortier de 370 de Marine dans la région de Massiges".
Je sais bien que Molière a évoqué "un régiment de cavalerie sur les galères de Malte" mais il s'agit des "Précieuses ridicules"! Il s'agit bien d'un "mortier de 370" mais c'est un "370 Filloux", conçu par le chef d'escadron Filloux. Il s'agit donc d'un mortier purement terrestre à grande puissance, étudié et fabriqué par les services de l'artillerie de "terre". Même si le mortier de 370 de cette photographie du "Fonds Valois" montre des canonniers-marins autour de cette pièce, il s'agit de visiteurs venus "se faire tirer le portrait" autour de ce gros mortier car les 370 Filloux n'ont jamais été été servis que par des Artilleurs à Pied (R.A.P) de 1915 à 1917 puis par des Artilleurs de l'A.L.G.P à partir d'août 1917, en tout cas par des artilleurs de "terre".

-page 36: "Un vieux canon de Bange à tir lent...la cadence de tir, pour un 120 mm....".
Pas de chance! Il s'agit d'un canon de 100 mm modèle 1897 de côte (ou de sa version réalésée en 105 mm) sur affût de 155 L. De surcroît, cet affût est équipé des rares "roues élastiques Delamare-Maze". Un détail...

-page 39: "Cette pièce sur voie ferrée est un matériel de 274/285 mm à glissement modèle 1917. Il s'agit d'un canon dérivé de la pièce de marine de 274 mm...".
Un tel luxe de détail fait "sérieux". Malheureusement, il s'agit d'un canon de 32 cm modèle 1870-84 de côte sur affût à glissement. Autant comparer un "75" avec un "155 C". Toutes proportions gardées, le ratio poids du projectile et portée de ces deux pièces de campagne est de même nature que celui des deux canons sur voie ferrée précités.

Une fois de plus, pitié pour l'artillerie française! Ludendorff ne s'est pourtant pas trompé quand il a désigné son principal adversaire de 1917-1918 "Quant à l'artillerie française, je la haïs!".
On admet sans sourciller que les variantes d'un même avion fassent l'objet d'études exhaustives en 400 pages ou que l'on distingue deux variantes de chars en comptant les couronnes d'entraînement des chenilles des barbotins ou encore que l'on distingue les variantes d'embouchoirs des mousquetons!
Je plaide donc pour un peu de sérieux dans l'étude de cette Arme "savante" qu'est l'Artillerie!
Halte au Feu !
Cordialement,
Guy François.

[DOUDOU44]

Bonsoir !
Il suffisait de vérifier dans les deux petits ouvrages " LES CANONS DE LA VICTOIRE 1914-1918 " H&C.
Malheureusement, il en est de même aussi pour les ouvrages sur l'aviation.
Conseils de la vieille SABRETACHE : toujours vérifier, retourner aux sources...
Cordialement,