Carnets de graphiques pour canon de 75 et de 155 court Schneider

[11Gen]

Bonjour à toutes et à tous

Vu par hasard sur gallica, deux carnets qui devraient intéresser, bien qu'ils soient de 1921et de 1922

Carnet de graphiques pour le canon de 75 (2e édition mise à jour au 1er novembre 1921, avec le rectificatif et l'addendum)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65506300

Carnet de graphiques pour le canon de 155 court Schneider : Obus allongé. Obus en fonte aciérée -Impr. nationale (Paris)-1922
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6550671x

Voilà, en non spécialiste, ce que je me suis dit en parcourant rapidement ces carnets: pas facile les calculs pour un artilleur afin de réussir le tir, surtout sous le feu de l'action ... pouvoir garder la tête froide, l'esprit agile et performant afin de mettre au point le plan de tir : analyser, calculer (en tenant compte de la force et de la direction du vent, de la densité de l'air, du poids du projectile, l'angle etc. avec l'aide d'un papier, d'un crayon, d'une règle ou mentalement.) donc synthétiser et décider de la trajectoire afin d'atteindre l'objectif fixé (qui serait alors toujours le même entre le moment du projet et l'exécution du tir ? )... oui pas facile, surtout que ce carnet a été édité trois ans après la fin de la guerre !...

"Ce carnet réunit les éléments balistiques nécessaires à la préparation et au réglage d'un tir. Il est disposé de manière à éviter a l'officier de batterie tout calcul autre que quelques additions très simples.
Le carnet de graphiques comprend des graphiques proprement dits et des tables graphiques dont l'emploi est décrit ci-après.

Bonne lecture
Cordialement
Geneviève

[ALVF]

Bonjour,

Merci pour ces références!
L'édition tardive de ces graphiques est d'autant plus intéressante que depuis décembre 1917, la "Table de Tir Mécanique", dont il a déjà été fait état sur ce Forum, a été mise en service dans le but d'accélérer toutes les opérations nécessaires avant l'exécution d'un tir.
Certaines critères peuvent être affichés et actualisés "en direct" sur ce véritable calculateur mécanique puisque la table a été conçue pour permettre l'affichage de certains éléments variables dans un ordre quelconque (température, vitesse du vent, pression peuvent être ainsi actualisées en cours de journée).
Il existe un disque pour chaque type d'obus en service pour un calibre donné et ce calculateur avait véritablement 20 années d'avance sur les mentalités.
La science avance parfois plus vite que les (mauvaises) habitudes!
Voici à quoi ressemblait cette "Table de Tir Mécanique":



Table de Tir Mécanique de 1917.
Cordialement,
Guy François.

[11Gen]

Bonsoir Guy-François

Merci pour cette très intéressante information sur la "Table de Tir Mécanique".
En effet, ce calculateur me semble être en adéquation avec le développement des sciences appliquées de l'époque.

Est-ce-à-dire que de août 1914 à décembre 1917, les artilleurs n'avaient même pas des "Carnets de graphiques" à leur disposition, pour exécuter un tir? Mais quels étaient donc leurs "outils quelque peu plus archaïques" pour ne pas exécuter un tir "à la va-comme-je-te-pousse" ?

Cordialement
Geneviève

[ALVF]

Bonsoir,

Dans l'artillerie "de terre", en 1914, et ce dans toutes les Armées, il n'y a guère que les tables de tir et l'influence du vent qui fassent l'objet de documents suffisamment précis.
L'artillerie de marine était plus en avance et prenait en compte la pression, la température extérieure, les variations liées aux lots de poudre.
C'est au contact des marins que les artilleurs de l'ALVF imposent petit à petit à toute l'artillerie les méthodes "scientifiques" en vigueur dans la Marine.
Un officier de l'ALVF, le C.E Charet a raconté les douteuses plaisanteries qui accompagnèrent ses demandes de baromètre et de thermomètre lorsqu'il prit le commandement du 1er Groupe Autonome de 19 cm au printemps de 1915.
Le pionnier de la préparation scientifique du tir fut le lieutenant de vaisseau Seychal qui servait au 1er Groupe Autonome de 19 cm et qui a rédigé ensuite de très importants documents. Il a été nécessaire d'obtenir l'appui de "grands chefs" pour imposer ces méthodes à toute l'artillerie (notamment par les directives des généraux Buat et Maurin). Ces efforts ont porté leurs fruits à partir du début de 1916 et les méthodes n'ont pas cessé d'être améliorées jusqu'à l'armistice.
En 1917, l'artillerie française avait une grande avance dans le domaine de la préparation du tir (sondages aérologiques, diffusion centralisée dans les différents secteurs du front des données météorologiques à heures fixes dans la journée, corrections à apporter, tarage des lots de poudre, tables d'usure, etc...). Tous ces documents et informations étaient transmis jusqu'au niveau de la batterie.
L'Armée américaine a d'ailleurs adopté pour l'artillerie les méthodes françaises après les avoir comparées avec celles des britanniques.
Cordialement,
Guy François.

[11Gen]

Bonsoir Guy-François

Un grand merci pour cette synthèse de l'évolution et de l'adoption des méthodes "scientifiques" au cours du conflit.

Bien cordialement
Geneviève

[11Gen]

Bonsoir à nouveau

Il y a une carte dans un JMO du 2e Corps de Cavalerie où sont inscrits les rayons d'actions des tirs de l'Artillerie Lourde. Je l'avais indiquée ici : pages1418/QUESTIONS-SUGGESTIONS/didacti ... .htm#t6828
Mais, il y a quelques changements. Alors, voici :
- la nouvelle référence du JMO : 26 N 251/4 - 25 novembre 1916-9 juillet 1918 -
- le nouveau lien de la carte, en page 109, http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... fe11f9f839
- la légende: "Zones d'action des Batteries de l'A.L. du 2e CC - A.L. de Reims et Ludes "....
"Juillet 1917. Le colonel Commandant l'Artillerie du 2e CC"

Cette manière d'inscrire les rayons d'action des tirs sur une carte était-elle fréquente ?
Cette carte de juillet 1917 serait-elle caractéristique d'avant la mise en service, en décembre 1917, de la "Table de Tir Mécanique"?

Cordialement
Geneviève

[ALVF]

Bonjour,

Oui, cette manière de noter les limites d'action des pièces est courante sur les plans renseignés de l'artillerie. On ne la trouve pas souvent dans les JMO mais les PC d'artillerie en abritent. Toute l'artillerie "d'ossature" est ainsi renseignée car ces pièces "de secteur" ne changent que très rarement de position car elles occupent des positions judicieusement choisies (au moins en théorie!).
Ce type de cartes se trouve dans toutes les forteresses et forts dès le temps de paix afin de bien distinguer les zones d'action de l'artillerie et les recoupements des secteurs battus par des pièces différentes. Il existe ainsi des "Atlas" comportant des plans à différentes échelles (jusqu'au 1/10.000e, exceptionnellement au 1/5.000e) du terrain et des zones battues par l'artillerie.
Pendant la guerre, on trouve surtout des cartes ainsi renseignées pour l'action des pièces d'Artillerie Lourde à Grande Puissance et (ou) pièces d'artillerie d'action lointaine. Les pièces d'Artillerie de Campagne ont un secteur de surveillance généralement très étroit dans les secteurs "agités" et leur zone d'action est plus rarement indiquée sur les plans directeurs.
Cordialement,
Guy François.

[11Gen]

Bonsoir Guy François.

Merci pour vos claires explications.

Bien cordialement
Geneviève