Bonsoir à toutes et à tous,
Impossible de retrouver où j'ai lu que la longueur des canons français devaient répondre à une norme imposant la possibilité de faire demi-tour dans un chemin (désattelé je suppose!).
Ma mémoire est-elle bonne ?
Cela a-t-il pesé sur le rejet d'une artillerie lourde ?
Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir
Cahier des charges : longueur du canon
- IM Louis Jean
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Re: Cahier des charges : longueur du canon
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Re: Cahier des charges : longueur du canon
Bonsoir,
J'avais trouvé cette explication pour le choix du calibre 75 dans "Sciences et arts militaires", Emile Dardart et capitaine X, 1901, page 220.
"Il est intéressant de connaître les considérations qui ont amené la détermination du calibre du canon de campagne.
L'artillerie de campagne doit pouvoir accompagner les troupes sur tous les terrains et, par suite, pouvoir circuler même en dehors des routes et des chemins. D'autre part, il n'est guère possible de songer à avoir des attelages comportant plus de 6 chevaux.
350 kilogrammes représentant le poids maximum que l'on peut imposer à un cheval de trait, il en résulte que le poids de l'ensemble, composé par l'avant-traln rempli de munitions, la pièce elle-même et les servants, ne peut dépasser 2.100 kilogrammes (1.800 kilogrammes sans les servants).
En répartissant ces 1.800 kilogrammes, on obtient 1.000 kilogrammes pour la pièce elle-même, et 800 kilogrammes pour l'avant-train.
C'est donc avec le poids de 1.000 kilogrammes qu'on doit chercher à obtenir l'effet destructif maximum dans le minimum de temps et avec le minimum de projectiles.
1l faut considérer, d'une part, que le projectile doit apporter contre le but un grand nombre de balles ; d'autre part, qu'il doit y avoir dans le caisson un nombre de projectiles relativement élevé, pour que la pièce transporte avec elle un approvisionnement suffisant.
Ces considérations conduisent à trouver 12 kilogrammes et 4 kilogrammes comme limites entre lesquelles doit être compris le poids du projectile.
Avec le projectile de 12 kilogrammes, il y a lieu de tenir compte qu'une partie relativement grande de la puissance destructive totale de l'approvisionnement sera perdue par suite des projectiles employés à régler le tir.
D'autre part, avec le projectile de 4 kilogrammes, le rendement diminue beaucoup (320 kilogrammes seulement d'éclats utiles au lieu de 400 obtenus avec l'approvisionnement en projectiles de 18 kilogrammes).
On a admis que la solution juste se trouvait dans le choix de la moyenne entre ces deux limites (7 à 8 kilogrammes) pour le poids du projectile.
C'est ce poids qui sert de point de départ à la détermination du calibre.
En tenant compte que le projectile conservera d'autant mieux sa vitesse que son poids par unité de section sera plus grand, le calcul, confirmé par l'expérience, donne 75 millimètres comme valeur du calibre (2R) avec les chiffres de 1.000 kilogrammes et 7 kilogrammes pour le projectile."
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... art.langFR
Cordialement,
Régis Richard
J'avais trouvé cette explication pour le choix du calibre 75 dans "Sciences et arts militaires", Emile Dardart et capitaine X, 1901, page 220.
"Il est intéressant de connaître les considérations qui ont amené la détermination du calibre du canon de campagne.
L'artillerie de campagne doit pouvoir accompagner les troupes sur tous les terrains et, par suite, pouvoir circuler même en dehors des routes et des chemins. D'autre part, il n'est guère possible de songer à avoir des attelages comportant plus de 6 chevaux.
350 kilogrammes représentant le poids maximum que l'on peut imposer à un cheval de trait, il en résulte que le poids de l'ensemble, composé par l'avant-traln rempli de munitions, la pièce elle-même et les servants, ne peut dépasser 2.100 kilogrammes (1.800 kilogrammes sans les servants).
En répartissant ces 1.800 kilogrammes, on obtient 1.000 kilogrammes pour la pièce elle-même, et 800 kilogrammes pour l'avant-train.
C'est donc avec le poids de 1.000 kilogrammes qu'on doit chercher à obtenir l'effet destructif maximum dans le minimum de temps et avec le minimum de projectiles.
1l faut considérer, d'une part, que le projectile doit apporter contre le but un grand nombre de balles ; d'autre part, qu'il doit y avoir dans le caisson un nombre de projectiles relativement élevé, pour que la pièce transporte avec elle un approvisionnement suffisant.
Ces considérations conduisent à trouver 12 kilogrammes et 4 kilogrammes comme limites entre lesquelles doit être compris le poids du projectile.
Avec le projectile de 12 kilogrammes, il y a lieu de tenir compte qu'une partie relativement grande de la puissance destructive totale de l'approvisionnement sera perdue par suite des projectiles employés à régler le tir.
D'autre part, avec le projectile de 4 kilogrammes, le rendement diminue beaucoup (320 kilogrammes seulement d'éclats utiles au lieu de 400 obtenus avec l'approvisionnement en projectiles de 18 kilogrammes).
On a admis que la solution juste se trouvait dans le choix de la moyenne entre ces deux limites (7 à 8 kilogrammes) pour le poids du projectile.
C'est ce poids qui sert de point de départ à la détermination du calibre.
En tenant compte que le projectile conservera d'autant mieux sa vitesse que son poids par unité de section sera plus grand, le calcul, confirmé par l'expérience, donne 75 millimètres comme valeur du calibre (2R) avec les chiffres de 1.000 kilogrammes et 7 kilogrammes pour le projectile."
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... art.langFR
Cordialement,
Régis Richard
- IM Louis Jean
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Re: Cahier des charges : longueur du canon
Bonsoir à toutes et à tous,
Bonsoir air339
Un grand (et très tardif
) merci pour ces éléments qui répondent parfaitement dans l'esprit à ma question.
Il aurait donc fallu un canon d'artillerie lourde de campagne d'un poids total inférieur à 2,1 tonnes, tout compris ... Je comprends mieux les bases sur lesquelles s'appuyaient les opposants.
Cordialement
IM Louis Jean
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Bonsoir air339
J'avais trouvé cette explication pour le choix du calibre 75 dans "Sciences et arts militaires", Emile Dardart et capitaine X, 1901, page 220.
"Il est intéressant de connaître les considérations qui ont amené la détermination du calibre du canon de campagne.
L'artillerie de campagne doit pouvoir accompagner les troupes sur tous les terrains et, par suite, pouvoir circuler même en dehors des routes et des chemins. D'autre part, il n'est guère possible de songer à avoir des attelages comportant plus de 6 chevaux.
Un grand (et très tardif

Il aurait donc fallu un canon d'artillerie lourde de campagne d'un poids total inférieur à 2,1 tonnes, tout compris ... Je comprends mieux les bases sur lesquelles s'appuyaient les opposants.
Cordialement
IM Louis Jean
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<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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Re: Cahier des charges : longueur du canon
Bonsoir,
L'article cité en référence donne les raisons du choix du canon de 75 mm mais ne traite pas du problème posé presque immédiatement après l'adoption du 75 mm modèle 1897.
En effet, les créateurs du 75 mm et, en premier lieu, le capitaine Rimailho, ont bien pris en compte dès 1899 la nécessité de compléter l'action du 75, incapable d'atteindre des objectifs défilés, par l'adoption d'un obusier léger.Une telle pièce "lourde" d'un calibre compris entre 95 et 120 mm possèderait un poids en batterie identique à celui du 75 et une mobilité comparable.
Malheureusement, dès son accession aux affaires, le général André a bloqué d'entrée de jeu l'adoption d'un obusier léger en demandant si "le 75 ne pourrait pas suffire", ce que le général Challéat appelle fort diplomatiquement un fait "intéressant parce qu'il peut expliquer bien des choses" dans le chapitre traitant de la question entre 1900 et 1910 du tome 2 de son "Histoire Technique de l'Artillerie de Terre en France" (pages 474 à 487).
Il est fort dommage que la mort ait empêché le général Challéat de rédiger les chapitres relatifs aux années 1910 à 1918 car on y aurait appris bien des choses.Toutefois, les archives et écrits ultérieurs de différents artilleurs contiennent suffisamment de précisions pour se faire une idée sur les responsables de cette carence qui a coûté si cher à l'Armée française pendant les trois premières années de la Grande Guerre.
J'ai d'ailleurs exposé cette situation en étudiant, dans deux articles documentés de la Revue "GBM", la question de l'obusier léger avant 1914 d'une part et l'adoption du 155 C Rimailho d'autre part avec suffisamment de références pour se faire une idée de "qui a fait quoi" (ou n'a pas fait!).
Cordialement,
Guy François.
L'article cité en référence donne les raisons du choix du canon de 75 mm mais ne traite pas du problème posé presque immédiatement après l'adoption du 75 mm modèle 1897.
En effet, les créateurs du 75 mm et, en premier lieu, le capitaine Rimailho, ont bien pris en compte dès 1899 la nécessité de compléter l'action du 75, incapable d'atteindre des objectifs défilés, par l'adoption d'un obusier léger.Une telle pièce "lourde" d'un calibre compris entre 95 et 120 mm possèderait un poids en batterie identique à celui du 75 et une mobilité comparable.
Malheureusement, dès son accession aux affaires, le général André a bloqué d'entrée de jeu l'adoption d'un obusier léger en demandant si "le 75 ne pourrait pas suffire", ce que le général Challéat appelle fort diplomatiquement un fait "intéressant parce qu'il peut expliquer bien des choses" dans le chapitre traitant de la question entre 1900 et 1910 du tome 2 de son "Histoire Technique de l'Artillerie de Terre en France" (pages 474 à 487).
Il est fort dommage que la mort ait empêché le général Challéat de rédiger les chapitres relatifs aux années 1910 à 1918 car on y aurait appris bien des choses.Toutefois, les archives et écrits ultérieurs de différents artilleurs contiennent suffisamment de précisions pour se faire une idée sur les responsables de cette carence qui a coûté si cher à l'Armée française pendant les trois premières années de la Grande Guerre.
J'ai d'ailleurs exposé cette situation en étudiant, dans deux articles documentés de la Revue "GBM", la question de l'obusier léger avant 1914 d'une part et l'adoption du 155 C Rimailho d'autre part avec suffisamment de références pour se faire une idée de "qui a fait quoi" (ou n'a pas fait!).
Cordialement,
Guy François.
- IM Louis Jean
- Messages : 2741
- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: Cahier des charges : longueur du canon
Bonsoir à toutes et à tous,
En fait, je cherche plutôt les arguments opposés à l'adoption d'une artillerie lourde de campagne (complication logistique de plusieurs calibres, manque de cadres pour ces nouvelles batteries, concurrence pour les emplacements de tir, etc).
Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir
Merci beaucoup, malheureusement je n'ai pas ces numéros, pouvez-vous me donner leurs référence ?J'ai d'ailleurs exposé cette situation en étudiant, dans deux articles documentés de la Revue "GBM", la question de l'obusier léger avant 1914 d'une part et l'adoption du 155 C Rimailho d'autre part avec suffisamment de références pour se faire une idée de "qui a fait quoi" (ou n'a pas fait!).
En fait, je cherche plutôt les arguments opposés à l'adoption d'une artillerie lourde de campagne (complication logistique de plusieurs calibres, manque de cadres pour ces nouvelles batteries, concurrence pour les emplacements de tir, etc).
Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Re: Cahier des charges : longueur du canon
Bonsoir,
Voici les références des trois numéros de la Revue "GBM" où j'ai traité le problème de l'artillerie lourde de campagne avant 1914:
-N° 93 de juillet 2010: 155 C modèle 1904 TR Rimailho.
-N° 94 d'octobre 2010: 120 C et 155 C modèle 1890 Baquet.
-N° 98 de septembre 2011: La question de l'obusier léger avant 1914.
Les premières pages de ces articles sont visibles sur le site en ligne de la Revue "GBM" éditée par "Histoire et Collections".
Cordialement,
Guy François.
Voici les références des trois numéros de la Revue "GBM" où j'ai traité le problème de l'artillerie lourde de campagne avant 1914:
-N° 93 de juillet 2010: 155 C modèle 1904 TR Rimailho.
-N° 94 d'octobre 2010: 120 C et 155 C modèle 1890 Baquet.
-N° 98 de septembre 2011: La question de l'obusier léger avant 1914.
Les premières pages de ces articles sont visibles sur le site en ligne de la Revue "GBM" éditée par "Histoire et Collections".
Cordialement,
Guy François.