Bonsoir,
Pour compléter mon propos antérieur voici une synthèse extraite d'un ouvrage qui fait autorité :
MUTHER (Alfred) -
Das Gerät der leichten Artillerie vor, in und nach dem Weltkrieg. Teil 4 : Flugabwehrwaffen. Mit Beiheft. Berlin, Bernard & Graefe, 1929 ; in-4, [texte] 15 pp., [1] f., 570 pp., [atlas] 182 pp. CXXXV ill.
L'adaptation d'une pièce de campagne, en l'espèce le canon campagne français de 75 mm modèle 1897, en une pièce d'artillerie antiaérienne s'appuyait sur les principes suivants : tant que possible, les dispositions initiales de la pièce française devaient être conservées afin de distribuer cette nouvelle pièce de Flak dans les meilleurs délais.
C'est la société Krupp qui sera chargée des modifications qui porteront, pour l'essentiel; sur les points suivants :
- Les roues, les axes, le bouclier et le système de pointage en site et en azimut d'origine étaient quant à eux conservés.
Si la société Krupp avait pu développer très rapidement ce type de pièces, c'est que l'affût avait déjà été conçu en temps de paix pour une autre pièce, la 7,7 cm Räderflak L/29. C'est ainsi, que les premières pièces seront disponibles dès la fin de l'année 1914 et, à la fin de l'année 1915, presque toutes les pièces de prise (près de 300) avaient été adaptées à ce nouvel usage !
Cette pièce antiaérienne donnera toute satisfaction dans sa nouvelle mission. D'ailleurs, comparée au dispositif accueillant le canon de campagne du modèle F.K. 96 n/A (pièce d'artillerie de campagne allemande), le tube français montrait une supériorité certaine (et bienvenue) sur le plan balistique. Ces pièces, très mobiles et appréciées, rendront d'éminents services à l'armée impériale allemande durant toute la guerre et constitueront une part importante de l'ossature de l'artillerie antiaérienne allemande.
Le montage n'était pour autant pas dépourvu de défauts : une élévation à 70°, souvent souhaitée, n'était obtenue qu'en enterrant la crosse ; le tir devait être interrompu lorsque les changements de disposition du pointage devenaient trop importants ; Les freins hydropneumatiques d'origine française, soumis à de trop fortes contraintes, seront rapidement mis hors d'usage alors leur réparation complexe ne pouvait être réalisée que par la société Krupp ; le dispositif de visée utilisant les systèmes français était loin d'être optimal et, durant l'été 1918, viendra s'y substituer un système de visée allemand, le Flakzielfernrohr 17. Par ailleurs, il avait été envisagé d'augmenter la vitesse initiale en la portant de 487 à 540 m/s. Néanmoins l'affût ne pouvait supporter de telles contraintes et le projet sera abandonné sine die.
Enfin, lorsque les tubes français de 75 mm viendront à manquer, ce sont des tubes du canon de campagne allemand F.K. 16 (Flak K.i.H. Rohre) qui seront utilisés tout en conservant la culasse du système Nordenflet français. Il s'agit très certainement de pièces de ce type qui sont illustrées dans le post de Bernard Plumier (monument aux morts de Renty, dans le Pas de Calais).
Bien cordialement
JMB
PS : Les deux premières pièces illustrées dans le message antérieur sont bien du modèle objet de cette discussion. Pour la troisième, il faudrait un temps de réflexion (et d'analyse) supplémentaire mais il ne fait aucun doute que de membres talentueux du forum sauront répondre à votre question.