Bonjour à tous,
J'ai, dans mes tablettes, 5 artilleurs (Tous d'AFN) du 78° RALGP tués le 23 mars 1918 à Suippes.
Je n'ai rien trouvé dans les JMO disponibles à cette date.
Les 19° et 20° batteries ont subi des pertes ce jour là, mais le JMO indique des noms de victimes différents.
Quelqu'un sait-il ce qu'il a pu advenir à ces hommes ?
Merci et bonne soirée.
Jacques
Un Homme n'est jamais tout à fait mort tant qu'il y a quelqu'un pour prononcer son nom.
Il y a bien un JMO malheureusement les rédacteurs de l'inventaire des JMO du SHD ne semblent pas avoir reconstitué intégralement le véritable "puzzle" de l'organisation de l'artillerie, notamment de l'A.L.G.P, ce qui conduit à des confusions.
Les événements du 28 mars 1918 près de Mourmelon ont causé les plus fortes pertes subies par une unité d'A.L.V.F pendant la guerre (14 tués, 15 blessés dont 5 meurent de leurs blessures).
Tout d'abord, les organisations successives de l'unité en cause:
-août 1914: 2ème batterie du 7ème G.A.P.A (Groupe d'Artillerie à Pied d'Afrique), il s'agit d'une des batteries d'artillerie de côte défendant Bizerte (d'où le grand nombre d'artilleurs originaires d'Algérie et de Tunisie).Bizerte garde plusieurs batteries actives de côte jusqu'en 1915 compte-tenu de la relative proximité de la flotte autrichienne et de la présence du Goeben et du Breslau en Turquie.
-juin 1915: la batterie rejoint Marseille puis Toulon où elle procède au désarmement de batteries lourdes de côte puis Cherbourg pour les mêmes tâches.
-en novembre 1915, la batterie est programmée pour armer des pièces de côte de 32 cm montées sur des affûts A.L.V.F en construction.Des détachements sont envoyés à l'instruction à Langres (école des mécaniciens et chauffeurs de locomotives), d'autres à Saint-Nazaire.
Les détachements se regroupent fin mars 1916 et l'unité est réorganisée:
-le 1er avril 1916, la 2ème batterie du 7ème G.A.P.A devient la 65ème batterie du 7ème R.A.P (Régiment d'Artillerie à Pied).
Le personnel de cette batterie est destiné à armer le 1er Groupe de 32 cm, articulé en batteries A et B, chacune à deux canons de 32 cm modèle 1870-84 sur affût à glissement Schneider.Il est un peu difficile de comprendre la logique de cette organisation d'une batterie de personnels armant en fait un groupe de deux batteries!Le Groupe est engagé sur le front à partir de juin 1916 en Champagne puis dans la Somme.
-le 1er août 1917, le 1er Groupe de 32 cm armé par la 65ème batterie du 7ème R.A.P devient plus logiquement le 1er Groupe du 78ème R.A.L.G.P (Régiment d'Artillerie Lourde à Grande Puissance) dans le cadre de la réorganisation totale de l'A.L.G.P.
-le 28mars 1918 a lieu la catastrophe de la position 162 d'où sont effectués des tirs.Un obus allemand provoque l'explosion d'un wagon de munitions, suivi de réactions en chaîne et l'explosion d'un second wagon de munitions.Le JMO détaille ces événements et donne la liste des victimes.
En fait, l'historique de cette unité est complet (ce qui est rare pour une unité d'A.L.G.P) mais disséminé dans 2 JMO:
-le 26 N 1090/1: JMO du 1er Groupe du 78ème R.A.L.G.P du 11 juin 1918 au 31 janvier 1919, mais il est précédé chronologiquement par:
-le 26 N 1243/1: JMO de la 2ème batterie du 7ème G.A.P.A, suivi du JMO du 1er Groupe de 32 (65ème batterie du 7ème R.A.P), suivi du JMO du 1er Groupe du 78ème R.A.L.G.P, l'ensemble s'étalant du 2 août 1914 au 11 juin 1918.
J'ai détaillé tout ceci car il est à peu près impossible de reconstituer ce puzzle si on ne connait pas l'organisation de l'A.L.G.P (je précise qu'il m'a fallu des années pour reconstituer l'immense organigramme de toutes les unités de l'A.L.G.P!).
Cordialement,
Guy François.
Bonjour;
Et merci pour ces détails.
J'ai balayé tous les JMO présents dans MdH, sans trouver trace de ces évènements. On a affaire effectivement à une vraie mosaïque.
Merci beaucoup pour vos lumières.
Bonne journée.
Jacques
Un Homme n'est jamais tout à fait mort tant qu'il y a quelqu'un pour prononcer son nom.
Bonjour, j'ai un extrait des registres de l'État Civil qui précise que le 28 mars 1918 à 14h40 à Suippes position 162, le canonnier de la 1ère batterie du 78ème RALGP Abraham BITON né à ORAN (mon grand-père maternel) est décédé sur le Champ de Bataille. C'est le capitaine Claude LINOSSIER commandant la 1ère batterie qui a dressé cet acte sur la déclaration des canonniers de la 1ère Bie Jean Auguste THOMAS et Zacharie DAIEN.
Pour le Lt Viallet, son numéro de dossier officier est inscrit au coin supérieur gauche de sa fiche MdH.
Vous pourriez, peut-être, trouver à Vincennes, dans son dossier, d'autres informations complémentaires.
Pour "Loranais43", il est normal que cet acte ait été rédigé par le capitaine Linossier, commandant de la 1ère Batterie du 78e R.A.L.G.P. En effet, le 1er Groupe du 78e R.A.L.G.P ne comprend sur la position 162 que la 1ère batterie en mars 1918, les 2e et 3e batteries qui devaient recevoir des canons de 24 G ne sont pas sur place.En l'absence du JMO de la 1ère batterie du 78e R.A.L.G.P, il faut consulter le JMO du 1er Groupe du 78e R.A.L.G.P dont j'ai donné la référence plus haut.
Cordialement,
Guy François.
