Train armé éphémère. Ligne Baccarat-Badonviller

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IM Louis Jean
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Re: Train armé éphémère. Ligne Baccarat-Badonviller

Message par IM Louis Jean »

Bonsoir à toutes et à tous,

Les ferrovipathes ont profité de cet extrait du JMO de la section B de la 50e batterie mixte du 8e RAP.

Le 4 février 1915 elle étudie l'installation d'une pièce de 120 long sur un wagon à voie normale d'après les indications du colonel Thouvenin. Après essais sur divers types de wagon des compagnies de chemin de fer, le choix se porte sur des wagons tombereaux (20 t) PLM à caisse métallique et une seule porte latérale et frein à vis.

<< 7 février 1915
Etude et construction d'un train armé de 120 long. Reconnaissance de la ligne 18-300 de Baccarat à Badonviller. Etude des conditions de circulation d'un train armé sur la ligne 18-300, de concert avec les services locaux de l'Exploitation et de la Voie. Entente avec le Service de la Traction en vue de régler les conditions de fourniture des machines
.../...
19 février 1915
Voyage d'essai du train armé sur la ligne 18-300. Départ de Baccarat à 4h30. Reconnaissance des appareils de voies des gares. Arrivée à Badonviller à 5h30.
.../...
Au retour la vitesse du train est élevée à 20 km à l'heure afin de vérifier la stabilité des pièces. Aucun incident.
20 février 1915
Ordre de décharger les pièces, de les réinstaller à la position de Baccarat et de répandre le bruit que les essais ont échoué. Le matériel roulant est conservé à disposition, en gare de Baccarat.
.../...
28 février 1915
La composition adoptée pour le train armé est la suivante : 2 wagons houillers SF20t PLM à frein à vis avec caisse métallique à une seule porte latérale par grand côté, portant chacun une pièce ; 1 wagon tombereau de même type transportant l'outillage de batterie, les agrès de toute nature et quelques matériaux de rechange. 1 wagon couvert NNFb 20t EST à frein à barillet, transportant les projectiles ; et un wagon couvert de même type transportant les caisses à poudre, les instruments d'observation le matériel téléphonique et les cartes. Le poids de la rame en ordre de marche est de 85 tonnes. La machine fournie par l'EST est une locomotive tender type Mikado à simple expansion et surchauffe.
Tous les freins sont gardés en marche.
Les pièces sont montées sur cingolis complets et simplement posées sur la plateforme sans aucun artifice spécial. L'arrière des coins de retour en batterie est supporté par un bloc parallélépipédique indéformable, constitué par des lits de chevrons superposés et croisés, séparés par des petits lits de planchers horizontaux continus et entretoisés sur les faces latérales et arrière du bloc par des planches ajustées.
L'essieu de la pièce en batterie se trouve à peu près à l'aplomb de l'essieu du wagon côté guérite ; il s'ensuit une inégalité très sensible entre les charges supportées par les deux essieux du véhicule. On obvie à cet inconvénient en lestant le wagon du côté crosse, au moyen de coupons de rails ou de gueuses disposés dans des boîtes "ad hoc".
.../...
Comme précautions pour l'immobilisation des véhicules pendant le tir, il suffit de placer des petits coins en chêne entre les maîtresses feuilles des ressorts et la semelle inférieure des brancards, et de maintenir le wagon sur la paque au moyen de cales placées derrière les roues.
.../...
L'aménagement du wagon couvert à projectile comprend 4 parcs d'angle à 12 compartiments chacun, un parc central à 4 compartiments, et 2 petits parcs à compartiments démontables installés suivant le grand axe. Deux bancs à glissières offrent 10 places assises.
Le wagon couvert contenant les caisses à poudre est muni de bancs longitudinaux offrant dix places assises.
.../...
Les conducteurs garde-frein sont désignés parmi les canonniers présentant les aptitudes et garanties nécessaires. Le commandant de batterie assure la responsabilité et la direction des manoeuvres. Le personnel fourni par la Compagnie comprend un mécanicien et un chauffeur ; la batterie fournit le reste par ses propres moyens ressources, moyennant une instruction spéciale appropriée aux circonstances et donnée aux hommes en temps utile.>>
1er mars 1915
.../...
Mise en batterie sur plaques tournantes en gare de Merviller-Vacqueville
.../...
Les dispositions de la gare de Merviller-Vacqueville permettent la mise en batterie par simple débranchement à la gravité. L'expérience montre que le premier coup de canon peut être tiré 25 minutes après le départ du train de Baccarat.>>

La batterie effectue plusieurs tirs à partir de la gare de Merviller-Vacqueville, effectuant chaque fois l'aller-retour Baccarat/gare de Merviller-Vacqueville.

Cordialement
IM Louis Jean
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<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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badon54
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Re: Train armé éphémère. Ligne Baccarat-Badonviller

Message par badon54 »

Bonjour

Voilà un lien de JMO que je vais conserver pour des travaux futurs.
Merci
Salutations
Bernard
ALVF
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Re: Train armé éphémère. Ligne Baccarat-Badonviller

Message par ALVF »

Bonjour,

Merci de cette indication relative à l'initiative du Colonel Thouvenin, commandant l'A.D 71.
Pour être juste, il faut dire que l'idée de ce montage vient du lieutenant Caudet, de l'Etat-major de l'A.D 71 qui proposa de monter sur trucs la section de 120 L du lieutenant Bourgougnon qui faisait groupement avec l'A.D 71.
Le lieutenant Bourgougnon était un ingénieur de la Compagnie des Chemins de fer du Nord, cet officier est le vrai artisan de cette création qu'il utilisa non pas comme une artillerie de position mais comme de l'artillerie mobile se mettant en position pour tirer et disparaissant ensuite.En utilisant les plaques tournantes en différents emplacements de la ligne, les trucs bénéficiaient même d'un champ de tir horizontal dans tous les azimuts.
Cette réalisation ne fit jamais partie de l'A.L.V.F mais les officiers en charge de cette subdivision de l'Artillerie Lourde à Grande Puissance apprécièrent cette création et les qualités du lieutenant Bourgougnon qui ne tarda pas à être affecté dans l'A.L.V.F en 1916 où "il rendit des services inappréciables" d'après le jugement d'un des créateurs de l'Artillerie Lourde sur Voie Ferrée.

Un petit appel personnel aux lecteurs: je possède un bon millier de photographies de tous les matériels français d'artillerie sur rail.Il ne me manque qu'un "oiseau rare", le montage de ces 120 L Mle 1878 sur wagons PLM.Si l'un d'entre vous découvrait une photographie de ces matériels, il serait accueilli "musique en tête" car c'est le seul matériel où figure pour l'instant un "blanc" à l'emplacement d'une photographie pour un futur "gros" livre sur l'A.L.V.F française (mes précédents livres sur l'A.L.V.F n'étant qu'un "hors d'oeuvre" en attendant une publication exhaustive sur ce sujet).Merci à l'avance de votre attention à cet appel!
Cordialement,
Guy François.
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