Bonsoir à tous,
Voici différents actes d'un colloque intitulé:
1916. L'émergence des armes nouvelles dans la Grande Guerre
Claude Carlier et Guy Pedroncini (Dir.)
sur http://www.stratisc.org/EAN_TDM.htm
Bien cordialement,
Astrid
1916. L'émergence des armes nouvelles dans la Grande Guerre
- mireille salvini
- Messages : 1099
- Inscription : jeu. déc. 15, 2005 1:00 am
Re: 1916. L'émergence des armes nouvelles dans la Grande Guerre
bonjour à tous,
bonjour Astrid,
j'ai mis un peu le temps,mais c'est que vous nous avez donné beaucoup de lecture avec ce lien!
voici les sujets abordés:
-La genèse de l’aéronautique militaire (1892-1914)
-La bataille aérienne de Verdun
-L’aviation allemande
-Michelin et l’aviation de bombardement (1911-1916)
-Marcel Dassault et Henry Potez, constructeurs aéronautiques de la Grande Guerre
-Les moteurs d’avions dans la Grande Guerre
-Le Service de santé des armées face aux armes chimiques durant la guerre de 1914-1918
-Une nouvelle stratégie navale : la guerre sous-marine
-Le retour du mouvement : les chars
-La Voie Sacrée et la naissance des insignes militaires
j'ai particulièrement aimé ce dernier thème sur les insignes militaires,très intéressant
petit quizz
-pourquoi les uniformes des armées de France et des autres pays étaient si colorés avant le XXè siècle?
-pourquoi les armées européennes (sauf la France) se sont-elles décidées,à la fin du XIXè siècle-début XXè,à adopter un uniforme aux tons neutres ?
amicalement,
Mireille
bonjour Astrid,
j'ai mis un peu le temps,mais c'est que vous nous avez donné beaucoup de lecture avec ce lien!
voici les sujets abordés:
-La genèse de l’aéronautique militaire (1892-1914)
-La bataille aérienne de Verdun
-L’aviation allemande
-Michelin et l’aviation de bombardement (1911-1916)
-Marcel Dassault et Henry Potez, constructeurs aéronautiques de la Grande Guerre
-Les moteurs d’avions dans la Grande Guerre
-Le Service de santé des armées face aux armes chimiques durant la guerre de 1914-1918
-Une nouvelle stratégie navale : la guerre sous-marine
-Le retour du mouvement : les chars
-La Voie Sacrée et la naissance des insignes militaires
j'ai particulièrement aimé ce dernier thème sur les insignes militaires,très intéressant

petit quizz
-pourquoi les uniformes des armées de France et des autres pays étaient si colorés avant le XXè siècle?
-pourquoi les armées européennes (sauf la France) se sont-elles décidées,à la fin du XIXè siècle-début XXè,à adopter un uniforme aux tons neutres ?
amicalement,
Mireille
Re: 1916. L'émergence des armes nouvelles dans la Grande Guerre
bonjour, quelques éléments de réponse qui seront sûrement complétés par des "incollables" !
-pourquoi les uniformes des armées de France et des autres pays étaient si colorés avant le XXè siècle?
Je suppose que c'est la réminiscence de la guerre "en dentelles", où l'on mettait l'accent sur la forme (beauté, esthétique, élégance) plutôt que sur le fond
-pourquoi les armées européennes (sauf la France) se sont-elles décidées,à la fin du XIXè siècle-début XXè,à adopter un uniforme aux tons neutres ?
On l'a payé très cher, mais c'est la myopie intellectuelle des hautes sphères qui défendaient un uniforme tradi plutôt que fonctionnel. Je crois me souvenir que le garance a été conservé pour garantir aux producteurs (sud ouest ?) un chiffre d'affaires rondelet ! Et puis, que diable, le prussien s'enfuira à la vue de nos baïonnettes, alors à quoi bon un uniforme différent ?
Le Kaiser s'en étonnait encore auprès de notre attaché militaire avant 14, et disait que la couleur traditionnelle de de l'infanterie française était le bleu napoléonien.
cordialement.
Gérard DARCY
-pourquoi les uniformes des armées de France et des autres pays étaient si colorés avant le XXè siècle?
Je suppose que c'est la réminiscence de la guerre "en dentelles", où l'on mettait l'accent sur la forme (beauté, esthétique, élégance) plutôt que sur le fond
-pourquoi les armées européennes (sauf la France) se sont-elles décidées,à la fin du XIXè siècle-début XXè,à adopter un uniforme aux tons neutres ?
On l'a payé très cher, mais c'est la myopie intellectuelle des hautes sphères qui défendaient un uniforme tradi plutôt que fonctionnel. Je crois me souvenir que le garance a été conservé pour garantir aux producteurs (sud ouest ?) un chiffre d'affaires rondelet ! Et puis, que diable, le prussien s'enfuira à la vue de nos baïonnettes, alors à quoi bon un uniforme différent ?
Le Kaiser s'en étonnait encore auprès de notre attaché militaire avant 14, et disait que la couleur traditionnelle de de l'infanterie française était le bleu napoléonien.
cordialement.
Gérard DARCY
Re: 1916. L'émergence des armes nouvelles dans la Grande Guerre
Bonjour,
La coloration des uniformes était sous l'empire ...et avant ou après...la meilleure façon de distinguer ses troupes lors des grandes batailles "rangées" dans les grandes plaines européennes et pouvoir mieux compendre la "manoeuvre". Ainsi, la disposition des couleurs permettait de voir, au loin, à qui l'on avait affaire. Effectivement, avec l'avènement de la poudre sans fumée et des armes de plus petit calibre et plus précises, il a fallu se défiler et se dissimuler. Toutes les nations l'avaient compris, sauf la France sous l'impulsion de certains Barrès, Boulanger ou autres cocardiers patriotes qui estimaient que le pantalon rouge de nos glorieux soldats représentait ce qu'il y a de plus pur de l'esprit national. Les terribles hécatombes de l'été 1914 mirent rapidement fin à cette utopie meurtrière et l'on adopta rapidement un pis aller qui fut le drap "bleu clair" que l'on nomma "horizon". De plus, la teinture rouge des pantalons ne provenait plus de la racine de garance, mais d'un produit chimique, l'alizarine, produit essentiellement par....l'Allemagne.
Il y eut plusieurs essais de tenues plus modernes et plus discrètes dans l'immédiat avant guerre (tenue réséda, tenue Boer etc...), mais aucune tenue ne fut adoptée, attachés qu'étaient nos militaires et nos politiques à leur tenue désuète. Quand vous allez vous promener près de Morhange et que vous voyez cette grande plaine nue, vous imaginez nos braves piou-piou faire des cibles idéales aux MG allemandes dissimulées dans les fossés ou en lisière de forêt...
Bien à Vous.
P. Lamy
La coloration des uniformes était sous l'empire ...et avant ou après...la meilleure façon de distinguer ses troupes lors des grandes batailles "rangées" dans les grandes plaines européennes et pouvoir mieux compendre la "manoeuvre". Ainsi, la disposition des couleurs permettait de voir, au loin, à qui l'on avait affaire. Effectivement, avec l'avènement de la poudre sans fumée et des armes de plus petit calibre et plus précises, il a fallu se défiler et se dissimuler. Toutes les nations l'avaient compris, sauf la France sous l'impulsion de certains Barrès, Boulanger ou autres cocardiers patriotes qui estimaient que le pantalon rouge de nos glorieux soldats représentait ce qu'il y a de plus pur de l'esprit national. Les terribles hécatombes de l'été 1914 mirent rapidement fin à cette utopie meurtrière et l'on adopta rapidement un pis aller qui fut le drap "bleu clair" que l'on nomma "horizon". De plus, la teinture rouge des pantalons ne provenait plus de la racine de garance, mais d'un produit chimique, l'alizarine, produit essentiellement par....l'Allemagne.
Il y eut plusieurs essais de tenues plus modernes et plus discrètes dans l'immédiat avant guerre (tenue réséda, tenue Boer etc...), mais aucune tenue ne fut adoptée, attachés qu'étaient nos militaires et nos politiques à leur tenue désuète. Quand vous allez vous promener près de Morhange et que vous voyez cette grande plaine nue, vous imaginez nos braves piou-piou faire des cibles idéales aux MG allemandes dissimulées dans les fossés ou en lisière de forêt...
Bien à Vous.
P. Lamy
- mireille salvini
- Messages : 1099
- Inscription : jeu. déc. 15, 2005 1:00 am
Re: 1916. L'émergence des armes nouvelles dans la Grande Guerre
bonjour à tous,
bonjour Gérard,bonjour mr Lamy,
tout d'abord merci pour vos réponses,ce n'était pas évident d'y répondre
mr Lamy est très proche de la vérité
la voici,tirée donc de ce lien très intéressant que je recommande:
http://www.stratisc.org/EAN_12.htm
La tenue militaire est devenue uniforme quand l’armée est devenue nationale. Quand Louis XIV « nationalise » l’armée, il la dote d’uniformes, mettant à la charge de l’État la fourniture du matériel militaire. L’uniforme est alors coloré pour permettre une identification de l’ami et de l’ennemi sur le champ de bataille, obscurci au moment du combat par l’emploi de la poudre noire qui dégage de grandes quantités de fumée en se consumant. La tactique impose l’emploi des unités en masses compactes bien repérées.
Cette situation dure jusqu’à l’invention de la poudre sans fumée (poudre B) mise au point par l’ingénieur des poudres et salpêtres en 1886, à Vincennes. Le tir ne crée plus dès lors de nuées sombres. Les conséquences sont immédiates sur la tactique d’une part et sur l’uniforme d’autre part. Désormais, les troupes doivent chercher à se disperser sur le champ de bataille pour tenter d’échapper aux vues de l’ennemi. Elles doivent pour la même raison se faire discrète et ne plus se montrer ostensiblement, avant d’avoir recours au camouflage.
Les uniformes de teinte neutre font leur apparition. Toutes les nations qui comptent sur la scène internationale de l’époque, toutes celles qui entendent y jouer un rôle abandonnent leurs uniformes colorés. Les Britanniques en 1902 et les Américains en 1903 adoptent le kaki, les Allemands le feldgrau en 1907, les Russes le vert en 1907, les Italiens le gris-vert en 1909, etc. La plupart des pays d’Europe suit ce mouvement. Les Français gardent leurs uniformes anciens et n’en changent pas.
Ils sont pourtant à l’origine de l’invention qui a poussé les armées à adopter des uniformes de teinte neutre. Ils sont avertis de la mise en service de ces nouveaux uniformes par les attachés militaires en poste à l’étranger qui fidèlement rendent compte des changements intervenus. Les archives du Service historique renferment les témoignages de leur activité de renseignements. La série MR (mémoires et reconnaissances) contient les documents publiés par les pays qui ne font pas mystère de leur décision. Les nouveaux uniformes sont décrits et étudiés, des morceaux de tissu sont même joints aux notices, comme par exemple dans les cartons contenant les archives de l’attaché militaire près l’ambassade de France à Rome. La presse spécialisée en rend compte fidèlement. Les revues militaires étudient l’évolution des uniformes dans les armées étrangères. La Revue d’infanterie, par exemple, publie dans chacun de ses numéros entre juillet 1913 et juillet 1914 une étude du commandant Bertrand intitulée : Le fantassin en campagne dans les principales armées. En 1902, le commandant Lavisse publie Sac au dos, un ouvrage dans lequel il fait une étude comparative des différentes armées européennes, sur deux questions : l’allégement du fantassin et la visibilité des uniformes. Il ressort nettement des expériences effectuées sous la forme de tirs à différentes distances sur des cibles tendues de tissu des diverses nuances qui habillent les armées observées que la couleur bleu foncé qui vêt l’infanterie française est la plus visible.
Le constat est fait sans ambiguïté et la conclusion s’impose d’elle-même. Les uniformes français doivent être changés sans tarder. En fait ils ne le sont pas ! Les raisons de ce refus de s’adapter aux exigences du combat moderne tiennent à l’histoire de la IIIe République et à son origine, ainsi qu’aux règles qui régissent son fonctionnement.
La défaite de 1870 a entraîné la chute de l’Empire et l’instauration de la République. Cette dernière s’est construite en rejetant les causes de la défaite sur l’Empire qui est accusé de n’avoir pas su préparer l’armée française à vaincre, de ne lui avoir pas donner les moyens de battre l’Allemagne alors que le peuple français est vaillant. Le courage malheureux des soldats est célébré, notamment par l’art. La peinture présentée dans les salons officiels fait une très large place aux sujets militaires qui retracent la guerre de 1870-1871. Une part importante de l’œuvre d’Édouard de Neuville, par exemple, est consacrée à cette guerre. Des monuments aux morts dédiés aux mobiles, notamment dans la région parisienne et sur la Loire exaltent le sacrifice de la Nation en armes levée contre l’envahisseur.
A partir de 1871, les manifestations patriotiques visent à entretenir la Nation dans le sentiment de la revanche que la France devra prendre sur l’Allemagne en récupérant ses provinces perdues. La défaite sera effacée par la victoire. L’armée s’y prépare. Le moyen le plus patent de parvenir au but poursuivi sera de remporter la victoire dans la tenue portée lors de la défaite. L’uniforme sera alors lavé de la souillure de la défaite. Le soldat est figé dans sa tenue de 1870. Il n’est pas question d’en changer en dépit des nécessités nouvelles. Toutes les tentatives d’esprits clairvoyants sont combattues au nom du maintien d’un passé figé, sacralisé. « J’ai tenu à protester en faveur du légendaire pantalon garance que les soldats de France n’ont pas toujours porté, mais qui est devenu la caractéristique même de notre soldat moderne, l’uniforme consacré par la gloire, et je dirai sacré par la défaite » lit-on dans la presse. Les débats à la Chambre des députés se font l’écho de cette pensée. Le ministre de la Guerre, Estienne, venu devant la commission de l’armée justifier ses demandes de crédits, s’écrit : « Supprimer le pantalon rouge ? Non ! Le pantalon rouge, c’est la France ! ».
Les raisons d’ordre psychologique ne sont pas les seules à empêcher le changement de l’uniforme. Le processus de prise de décision dans ce domaine s’y ajoute.
Jusqu’à la fin du Second Empire, le choix de l’uniforme avait toujours été une prérogative du souverain ou du ministre de la Guerre. Napoléon III avait, en moins de vingt ans de règne, donné quatre uniformes différents à l’infanterie (1855, 1858, 1860, 1867). Les hommes au pouvoir après 1871 sont conscients du coût de telles pratiques pour le budget de l’État. En élus attentifs à ménager les finances publiques alimentées par l’impôt, ils veulent s’assurer que toute dépense inutile est évitée. Cette sagesse doit aussi leur valoir la reconnaissance des contribuables et leur ménager les suffrages des électeurs. Les parlementaires se donnent le pouvoir de légiférer en la matière. L’article 10 de la loi de 1873 relative à l’organisation de la nouvelle armée, voté lors de la séance du 16 mai adopte la disposition suivante au sujet des uniformes : « Il n’en peut être créé de nouveaux, ni apporté de changements dans la constitution normale de ceux qui existent, dans leur équipement et uniformes, si ce n’est partiellement et à titre d’essai, qu’en vertu d’une loi ». Il faut donc une loi pour que soit adopté un nouvel uniforme. Le ministre de la Guerre qui veut entreprendre une réforme doit disposer d’une durée de vie ministérielle suffisante 4 pour concevoir et faire étudier un projet avant de le faire adopter par les deux Chambres. Dans la pratique, il faut beaucoup de courage à un homme politique pour se lancer dans une telle aventure. Les obstacles à vaincre les font tous reculer sauf un. Maurice Berteaux, qui est bien près de réussir en 1912. Le malencontreux accident dans lequel il est tué anéantit avec lui son projet de tenue réséda. Son successeur fait mine de poursuivre son œuvre mais en confiant à deux peintres, Édouard Detaille et Georges Scott, le soin d’étudier les nouveaux uniformes, il est sûr de faire capoter le projet tant leur volonté de raviver les fastes du Premier Empire va à l’encontre du besoin et provoque un rejet unanime. C’est ce qui ne manque pas de se produire. C’est ainsi qu’en 1914, avec l’assentiment général de l’opinion publique et le soutien presque unanime des journaux, favorables au maintien des uniformes colorés, l’armée française porte une tenue qui dans beaucoup de ses aspects est celle de 1870.
Les premières semaines de guerre de 1914 sont catastrophiques, les pertes immenses. La défaite est évitée de justesse. Les raisons de l’échec sont multiples. Le reproche fait à l’uniforme d’être trop voyant cache mal les autres faiblesses de l’armée française sur lesquelles on se montre plus discret en public. La tactique et les moyens sont déficients. Néanmoins, l’uniforme rendu responsable de tous les maux est l’objet de toutes les critiques. Des mesures sont immédiatement prises par le général Joffre pour diminuer la visibilité du pantalon rouge notamment. Ce dernier est maintenant vilipendé avec autant de virulence qu’il avait été défendu précédemment. Il est décidé d’adopter enfin un uniforme de teinte neutre. Le choix de Joffre se porte sur le kaki mais la France n’en fabrique pas et la Grande-Bretagne ne peut lui venir en aide alors qu’elle doit équiper de nombreux contingents fournis aussi bien par la conscription nouvellement adoptée que par ses colonies associées à son effort de guerre. En désespoir de cause, la solution retenue est le drap tricolore.
Devant la menace de guerre, les parlementaires avaient fini par adopter en juillet 1914 un uniforme de teinte neutre. Le nom retenu, s’il témoigne de l’esprit dans lequel sont les parlementaires à la veille de la guerre et de leur refus de sortir d’une logique colorée, s’explique par le mélange des laines employées pour le tisser : 60 % de laine blanche, 30 % de laine bleue, 10 % de laine rouge. La couleur obtenue est un gris-bleu à nuance violette. Le projet n’aboutit cependant pas car la teinture rouge manque. En effet, depuis la déclaration de guerre, la France n’en dispose plus. La teinture utilisée était l’alizarine synthétique importée d’Allemagne, depuis que la garance, plante tinctoriale traditionnelle, avait cessé de fournir la matière nécessaire. La plante n’était plus produite en quantité suffisante pour les besoins de l’intendance. Le ministère de l’Agriculture enregistrait la production de 81 quintaux en 1881 ; pour 1882 il notait qu’il n’en était plus question et l’année suivante, il signalait que « cette culture a complètement disparu ». Le fantomatique groupe de pression des garanciers accusés d’avoir imposé le maintien du pantalon rouge pour conserver des débouchés à leur production est une légende tenace que l’on propage encore parfois . Le pantalon si français que défendaient les tenants de l’immobilisme était en fait teint d’un produit allemand ! Les seules laines blanches et bleues disponibles donnent un drap bleu clair (nom officiellement adopté par la décision du 25 novembre 1914) que l’histoire a retenu sous le nom de bleu horizon depuis qu’un journaliste de L’Illustration a évoqué « un nouveau manteau gris-bleu, dit couleur d’horizon ».
et donc les insignes sont apparus pour faire face au besoin de reconnaissances (grade,fonction,etc..) dont les soldats avaient besoin face à cet uniforme "uniformément" neutre pour tout le monde.
amicalement,
Mireille
bonjour Gérard,bonjour mr Lamy,
tout d'abord merci pour vos réponses,ce n'était pas évident d'y répondre
mr Lamy est très proche de la vérité
la voici,tirée donc de ce lien très intéressant que je recommande:
http://www.stratisc.org/EAN_12.htm
La tenue militaire est devenue uniforme quand l’armée est devenue nationale. Quand Louis XIV « nationalise » l’armée, il la dote d’uniformes, mettant à la charge de l’État la fourniture du matériel militaire. L’uniforme est alors coloré pour permettre une identification de l’ami et de l’ennemi sur le champ de bataille, obscurci au moment du combat par l’emploi de la poudre noire qui dégage de grandes quantités de fumée en se consumant. La tactique impose l’emploi des unités en masses compactes bien repérées.
Cette situation dure jusqu’à l’invention de la poudre sans fumée (poudre B) mise au point par l’ingénieur des poudres et salpêtres en 1886, à Vincennes. Le tir ne crée plus dès lors de nuées sombres. Les conséquences sont immédiates sur la tactique d’une part et sur l’uniforme d’autre part. Désormais, les troupes doivent chercher à se disperser sur le champ de bataille pour tenter d’échapper aux vues de l’ennemi. Elles doivent pour la même raison se faire discrète et ne plus se montrer ostensiblement, avant d’avoir recours au camouflage.
Les uniformes de teinte neutre font leur apparition. Toutes les nations qui comptent sur la scène internationale de l’époque, toutes celles qui entendent y jouer un rôle abandonnent leurs uniformes colorés. Les Britanniques en 1902 et les Américains en 1903 adoptent le kaki, les Allemands le feldgrau en 1907, les Russes le vert en 1907, les Italiens le gris-vert en 1909, etc. La plupart des pays d’Europe suit ce mouvement. Les Français gardent leurs uniformes anciens et n’en changent pas.
Ils sont pourtant à l’origine de l’invention qui a poussé les armées à adopter des uniformes de teinte neutre. Ils sont avertis de la mise en service de ces nouveaux uniformes par les attachés militaires en poste à l’étranger qui fidèlement rendent compte des changements intervenus. Les archives du Service historique renferment les témoignages de leur activité de renseignements. La série MR (mémoires et reconnaissances) contient les documents publiés par les pays qui ne font pas mystère de leur décision. Les nouveaux uniformes sont décrits et étudiés, des morceaux de tissu sont même joints aux notices, comme par exemple dans les cartons contenant les archives de l’attaché militaire près l’ambassade de France à Rome. La presse spécialisée en rend compte fidèlement. Les revues militaires étudient l’évolution des uniformes dans les armées étrangères. La Revue d’infanterie, par exemple, publie dans chacun de ses numéros entre juillet 1913 et juillet 1914 une étude du commandant Bertrand intitulée : Le fantassin en campagne dans les principales armées. En 1902, le commandant Lavisse publie Sac au dos, un ouvrage dans lequel il fait une étude comparative des différentes armées européennes, sur deux questions : l’allégement du fantassin et la visibilité des uniformes. Il ressort nettement des expériences effectuées sous la forme de tirs à différentes distances sur des cibles tendues de tissu des diverses nuances qui habillent les armées observées que la couleur bleu foncé qui vêt l’infanterie française est la plus visible.
Le constat est fait sans ambiguïté et la conclusion s’impose d’elle-même. Les uniformes français doivent être changés sans tarder. En fait ils ne le sont pas ! Les raisons de ce refus de s’adapter aux exigences du combat moderne tiennent à l’histoire de la IIIe République et à son origine, ainsi qu’aux règles qui régissent son fonctionnement.
La défaite de 1870 a entraîné la chute de l’Empire et l’instauration de la République. Cette dernière s’est construite en rejetant les causes de la défaite sur l’Empire qui est accusé de n’avoir pas su préparer l’armée française à vaincre, de ne lui avoir pas donner les moyens de battre l’Allemagne alors que le peuple français est vaillant. Le courage malheureux des soldats est célébré, notamment par l’art. La peinture présentée dans les salons officiels fait une très large place aux sujets militaires qui retracent la guerre de 1870-1871. Une part importante de l’œuvre d’Édouard de Neuville, par exemple, est consacrée à cette guerre. Des monuments aux morts dédiés aux mobiles, notamment dans la région parisienne et sur la Loire exaltent le sacrifice de la Nation en armes levée contre l’envahisseur.
A partir de 1871, les manifestations patriotiques visent à entretenir la Nation dans le sentiment de la revanche que la France devra prendre sur l’Allemagne en récupérant ses provinces perdues. La défaite sera effacée par la victoire. L’armée s’y prépare. Le moyen le plus patent de parvenir au but poursuivi sera de remporter la victoire dans la tenue portée lors de la défaite. L’uniforme sera alors lavé de la souillure de la défaite. Le soldat est figé dans sa tenue de 1870. Il n’est pas question d’en changer en dépit des nécessités nouvelles. Toutes les tentatives d’esprits clairvoyants sont combattues au nom du maintien d’un passé figé, sacralisé. « J’ai tenu à protester en faveur du légendaire pantalon garance que les soldats de France n’ont pas toujours porté, mais qui est devenu la caractéristique même de notre soldat moderne, l’uniforme consacré par la gloire, et je dirai sacré par la défaite » lit-on dans la presse. Les débats à la Chambre des députés se font l’écho de cette pensée. Le ministre de la Guerre, Estienne, venu devant la commission de l’armée justifier ses demandes de crédits, s’écrit : « Supprimer le pantalon rouge ? Non ! Le pantalon rouge, c’est la France ! ».
Les raisons d’ordre psychologique ne sont pas les seules à empêcher le changement de l’uniforme. Le processus de prise de décision dans ce domaine s’y ajoute.
Jusqu’à la fin du Second Empire, le choix de l’uniforme avait toujours été une prérogative du souverain ou du ministre de la Guerre. Napoléon III avait, en moins de vingt ans de règne, donné quatre uniformes différents à l’infanterie (1855, 1858, 1860, 1867). Les hommes au pouvoir après 1871 sont conscients du coût de telles pratiques pour le budget de l’État. En élus attentifs à ménager les finances publiques alimentées par l’impôt, ils veulent s’assurer que toute dépense inutile est évitée. Cette sagesse doit aussi leur valoir la reconnaissance des contribuables et leur ménager les suffrages des électeurs. Les parlementaires se donnent le pouvoir de légiférer en la matière. L’article 10 de la loi de 1873 relative à l’organisation de la nouvelle armée, voté lors de la séance du 16 mai adopte la disposition suivante au sujet des uniformes : « Il n’en peut être créé de nouveaux, ni apporté de changements dans la constitution normale de ceux qui existent, dans leur équipement et uniformes, si ce n’est partiellement et à titre d’essai, qu’en vertu d’une loi ». Il faut donc une loi pour que soit adopté un nouvel uniforme. Le ministre de la Guerre qui veut entreprendre une réforme doit disposer d’une durée de vie ministérielle suffisante 4 pour concevoir et faire étudier un projet avant de le faire adopter par les deux Chambres. Dans la pratique, il faut beaucoup de courage à un homme politique pour se lancer dans une telle aventure. Les obstacles à vaincre les font tous reculer sauf un. Maurice Berteaux, qui est bien près de réussir en 1912. Le malencontreux accident dans lequel il est tué anéantit avec lui son projet de tenue réséda. Son successeur fait mine de poursuivre son œuvre mais en confiant à deux peintres, Édouard Detaille et Georges Scott, le soin d’étudier les nouveaux uniformes, il est sûr de faire capoter le projet tant leur volonté de raviver les fastes du Premier Empire va à l’encontre du besoin et provoque un rejet unanime. C’est ce qui ne manque pas de se produire. C’est ainsi qu’en 1914, avec l’assentiment général de l’opinion publique et le soutien presque unanime des journaux, favorables au maintien des uniformes colorés, l’armée française porte une tenue qui dans beaucoup de ses aspects est celle de 1870.
Les premières semaines de guerre de 1914 sont catastrophiques, les pertes immenses. La défaite est évitée de justesse. Les raisons de l’échec sont multiples. Le reproche fait à l’uniforme d’être trop voyant cache mal les autres faiblesses de l’armée française sur lesquelles on se montre plus discret en public. La tactique et les moyens sont déficients. Néanmoins, l’uniforme rendu responsable de tous les maux est l’objet de toutes les critiques. Des mesures sont immédiatement prises par le général Joffre pour diminuer la visibilité du pantalon rouge notamment. Ce dernier est maintenant vilipendé avec autant de virulence qu’il avait été défendu précédemment. Il est décidé d’adopter enfin un uniforme de teinte neutre. Le choix de Joffre se porte sur le kaki mais la France n’en fabrique pas et la Grande-Bretagne ne peut lui venir en aide alors qu’elle doit équiper de nombreux contingents fournis aussi bien par la conscription nouvellement adoptée que par ses colonies associées à son effort de guerre. En désespoir de cause, la solution retenue est le drap tricolore.
Devant la menace de guerre, les parlementaires avaient fini par adopter en juillet 1914 un uniforme de teinte neutre. Le nom retenu, s’il témoigne de l’esprit dans lequel sont les parlementaires à la veille de la guerre et de leur refus de sortir d’une logique colorée, s’explique par le mélange des laines employées pour le tisser : 60 % de laine blanche, 30 % de laine bleue, 10 % de laine rouge. La couleur obtenue est un gris-bleu à nuance violette. Le projet n’aboutit cependant pas car la teinture rouge manque. En effet, depuis la déclaration de guerre, la France n’en dispose plus. La teinture utilisée était l’alizarine synthétique importée d’Allemagne, depuis que la garance, plante tinctoriale traditionnelle, avait cessé de fournir la matière nécessaire. La plante n’était plus produite en quantité suffisante pour les besoins de l’intendance. Le ministère de l’Agriculture enregistrait la production de 81 quintaux en 1881 ; pour 1882 il notait qu’il n’en était plus question et l’année suivante, il signalait que « cette culture a complètement disparu ». Le fantomatique groupe de pression des garanciers accusés d’avoir imposé le maintien du pantalon rouge pour conserver des débouchés à leur production est une légende tenace que l’on propage encore parfois . Le pantalon si français que défendaient les tenants de l’immobilisme était en fait teint d’un produit allemand ! Les seules laines blanches et bleues disponibles donnent un drap bleu clair (nom officiellement adopté par la décision du 25 novembre 1914) que l’histoire a retenu sous le nom de bleu horizon depuis qu’un journaliste de L’Illustration a évoqué « un nouveau manteau gris-bleu, dit couleur d’horizon ».
et donc les insignes sont apparus pour faire face au besoin de reconnaissances (grade,fonction,etc..) dont les soldats avaient besoin face à cet uniforme "uniformément" neutre pour tout le monde.
amicalement,
Mireille
Re: 1916. L'émergence des armes nouvelles dans la Grande Guerre
Bonjour Mireille
Merci pour votre excellent texte; dans mon intervention, j'ai tout cité de mémoire et de souvenirs de lectures de plus de 20 ans... Je ne m'étais pas trop trompé dans mes propos...
Il n'en reste pas moins que cet uniforme bariolé a été responsable de la mort de beaucoup de soldats durant cette terrible campage du début de la Grande Guerre.
Cordialement.
P. Lamy
Merci pour votre excellent texte; dans mon intervention, j'ai tout cité de mémoire et de souvenirs de lectures de plus de 20 ans... Je ne m'étais pas trop trompé dans mes propos...
Il n'en reste pas moins que cet uniforme bariolé a été responsable de la mort de beaucoup de soldats durant cette terrible campage du début de la Grande Guerre.
Cordialement.
P. Lamy
Re: 1916. L'émergence des armes nouvelles dans la Grande Guerre
[quotemsg=41506,5,551]
la voici,tirée donc de ce lien très intéressant que je recommande:
http://www.stratisc.org/EAN_12.htmquotemsg]
Bonjour Mireille,
Bonjour à tous,
Merci beaucoup pour le petit quiz ainsi que pour la présentation de l'article de Christian Benoit "La Voie Sacrée et la naissance des insignes militaires" que j'ai aussi beaucoup aimé.
Pour illustrer cette phrase " Les uniformes de teinte neutre font leur apparition. [...]. Les Britanniques en 1902 et les Américains en 1903 adoptent le kaki, les Allemands le feldgrau en 1907, les Russes le vert en 1907, les Italiens le gris-vert en 1909, etc. .", voici le lien vers l'une des photos de La galerie des uniformes 1915-1918 de ce forum. http://www.pages14-18.com/MUSEE/VUES/VUE%2023.htm
Il serait très intéressant de voir aussi la tenue encore colorée qui fut adoptée en 1914, puis qui fut tant décriée après les pertes immenses au début de la guerre. Qui aurait une photo à nous proposer?
Merci de votre aide.
Amicalement,
Astrid
la voici,tirée donc de ce lien très intéressant que je recommande:
http://www.stratisc.org/EAN_12.htmquotemsg]
Bonjour Mireille,
Bonjour à tous,
Merci beaucoup pour le petit quiz ainsi que pour la présentation de l'article de Christian Benoit "La Voie Sacrée et la naissance des insignes militaires" que j'ai aussi beaucoup aimé.
Pour illustrer cette phrase " Les uniformes de teinte neutre font leur apparition. [...]. Les Britanniques en 1902 et les Américains en 1903 adoptent le kaki, les Allemands le feldgrau en 1907, les Russes le vert en 1907, les Italiens le gris-vert en 1909, etc. .", voici le lien vers l'une des photos de La galerie des uniformes 1915-1918 de ce forum. http://www.pages14-18.com/MUSEE/VUES/VUE%2023.htm
Il serait très intéressant de voir aussi la tenue encore colorée qui fut adoptée en 1914, puis qui fut tant décriée après les pertes immenses au début de la guerre. Qui aurait une photo à nous proposer?
Merci de votre aide.
Amicalement,
Astrid