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Tout un article de Nicolas Rebière dans le Mag du Sud-Ouest de ce jour, consacré au pilote américain Norman Prince avant l'hommage que lui rendra la ville de Pau le 15 octobre 2016. Extrait du Mag, ces deux photos:
L’article de Nicolas Rebière (extrait) : « Né en 1887 dans une riche famille de la côte est des Etats-Unis, l’été à Biarritz, l’hiver à Pau, Norman Prince avait tout pour devenir un de ces riches oisifs. A Pau, il fut du Cercle anglais, arpenta le golf de Billère et compta parmi les cavaliers émérites. Mais à l’été 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Comme beaucoup de ses compatriotes, le jeune étudiant à Harvard lit cet « Appel à la jeunesse du monde », signé par plusieurs intellectuels étrangers : « Intellectuels, étudiants, ouvriers, hommes valides de toutes sortes, nous qui avons trouvé en France la nourriture de notre esprit ou la nourriture matérielle, groupons-nous en un faisceau solide de volontés ». C’est un déclic. Norman prince, comme beaucoup de jeunes américains, s’engage dans la légion étrangère. Leur pays observe alors une stricte neutralité dans ce conflit. Par ce biais, ils peuvent se mettre au service de la France, sans perdre leur nationalité.
Cette francophilie, le jeune américain l’a sans doute contractée par son père, Frederick Henri Prince. Ce riche industriel passe son temps entre l’Amérique et la vieille Europe. Dès 1890, la famille Prince choisit de s’installer à Pau chaque hiver, pour y côtoyer l’aristocratie mondiale. En 1910, Frederick Henri devient « maître d’équipage » du Pau-Hunt et achète la villa Sainte-Hélène, typique de ces luxueuses villas bâties par les Anglais à la fin du XIXe siècle. Pendant la Belle Époque, son fils Norman découvre les charmes de Pau l’anglaise, et il verra, au pied des Pyrénées, naître une autre passion. « En 1909 il voit voler ses premiers avions à l’école d’aviation que viennent de créer les frères Wright », note Paul Mirat, érudit palois passionné des premiers temps de l’aviation. A l’époque, ils profitent de la riche clientèle cosmopolite pour diffuser leurs brevets de pilote.
Le déclenchement du conflit sert de prétexte à Norman Prince pour unir ses deux passions. D’abord affecté à des missions de reconnaissance ou de secours, il nourrit un rêve : créer une escadrille américaine au sein de l’armée française. D’autres jeunes et riches Américains sont aussi engagés dans le conflit. Ils savent piloter, sont intrépides et trépignent d’abattre les biplans allemands. La neutralité américaine, l’arrogance du commandement français persuadé que la guerre ne doit durer que quelques mois vont faire piétiner leur projet. En avril 1916 est créée l’escadrille américaine, à Luxeuil, dans le Doubs. Les pilotes US sont placés sous les ordres d’un officier français, le capitaine Thénault, et participent à maints combats dans les airs. Pour certains historiens, cette épopée des « boys » contribuera à l’entrée en guerre des Etats-Unis, en 1917. Une tête d’indien est leur emblème. Bientôt l’escadrille change de nom. Les protestations de l’Allemagne auprès des Etats-Unis obligent à la rebaptiser escadrille Lafayette, du nom du héros de la guerre d’indépendance. C’est sous ce nom qu’elle est entrée dans l’histoire, voire la légende. Un film, « Flyboys » est venu la raconter en 2006.
Mais la guerre n’est pas faite que de belles histoires. Le 12 octobre 1916, alors qu’il est de retour d’une mission, l’avion de Norman Prince se crashe après avoir percuté une ligne électrique. Le jeune américain meurt trois jours plus tard, le 15 octobre, dans les bras de son frère aîné, Frederick, qui le remplace au sein de l’escadrille… »
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - (Éditions des Indes Savantes) - "Le lieutenant de Mandchourie" (Éditions de L'Harmattan)