Comme proposé à m. Eric Mansuy, je vous poste une carte photo allemande chinée il y a peu montrant des prisonniers français partant en captivité. Une inscription en allemand figure au au dos : "Ab. Burnhaupt 8.1.15 ".
je suppose qu'il s'agit de Burnhaupt le haut ou le bas en Alsace. Quant à la date , 8 janvier 1915 ou 1er aout 1915 ? Je pense pour la 1ere solution.....
Des spécialiste savent-ils si des opérations militaires sont connues dans le secteur qui se seraient soldées par des captifs français? Si oui, a-t-on une idée de leur régiment ? Sur la photo, les numéros sont illisibles.
Bonjour Yann,
Merci pour cette mise en ligne. Concernant l'attaque de Burnhaupt-le-Haut, le 8 janvier 1915, voici ce qui se trouve dans Un Artilleur en Haute-Alsace :
"si le général Dubail écrit brièvement le 8 janvier : « La 57e Division a enlevé Burnhaupt-le-Haut, fait trente prisonniers et gagné du terrain vers Aspach et Pont-d’Aspach » et que Pierre Jaminet s’enthousiasme en notant : « A 9 heures du soir, coup de téléphone : Burnhaupt-le-Haut est pris. Quelle joie, événement. Pour le lendemain ordre d’attaque épatant... Une colonne attaque le Kalberg de face pour retenir le feu, une autre débouche de Burnhaupt pour le prendre de flanc. Toutes nos batteries sont mises en place pour ce mouvement », le succès est d’autant plus amer qu’il est bien éphémère. Dès le 9 janvier, le général Dubail fait ce bref constat d’échec :
« Les progrès réalisés avant-hier par le Détachement d’Armée des Vosges n’ont pas été maintenus. L’ennemi, renforcé, a réoccupé hier, vers midi, Burnhaupt-le-Haut, au moyen de violentes contre-attaques (nombreuse artillerie). Nous avons cependant fait trente prisonniers en nous retirant. Nos tentatives pour reprendre le village n’ont pas abouti » ."
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Des rescapés de l'enfer unis dans la même détresse. On ne distingue leur nationalité que par le casque à pointe des Germains et leur fusil (en bandoulière ou sur l'épaule, à un petit pas des Français, preuve qu'ils ne craignaient rien). Aucune animosité visible dans leurs yeux, seulement la résignation et la fatigue.
Rebonjour,
Voici ce que l'historique du 56e R.I.T., justement, nous apprend sur le sujet :
« Le 7 janvier, le général Putz prescrit d’enlever Burnhaupt-le-Haut. Le général Sauzède décide qu’il y aura deux attaques. Le 53e territorial marchera sur la lisière nord du village, le 56e sur la lisière ouest. De ce côté, les 6e et 7e compagnies, bientôt rejointes par la compagnie du génie Doumert, sont en tête, suivies par les 5e et 8e, tandis que le 1er bataillon est dans le Langelittenhaag et qu’un bataillon du 371e, et un autre du 172e sont à la lisière ouest de ce bois, prêts à appuyer le mouvement. Le combat commence à 16 h 15. En très peu de temps, la 7e et la compagnie du génie abordent les tranchées allemandes, les occupent, puis se jettent sur les premières maisons du village. Le capitaine du génie Doumert que nous avons toujours vu en avant, est tué. Malgré cela sa compagnie et la 7e du 56e, continuent à progresser. A 16 h 35 nous avons pris pied dans le village ; il fait déjà presque nuit. Un peu plus tard le lieutenant-colonel Letellier prévenu que Burnhaupt est en notre pouvoir transmet, sans le vérifier, ce renseignement au général Sauzède, en même temps qu’il demande à relever les unités du 56e par les bataillons du 172e et du 371e. Ce dernier arrive bientôt dans une localité qu’il croit débarrassée d’ennemis. Dès qu’il a dépassé la partie occupée par les territoriaux, il est assailli à coups de fusil et de grenades. Il doit fouiller les maisons l’une après l’autre. La nuit est très noire, ce qui prolonge l’opération.
Le combat dure jusqu’au matin. Au petit jour, le bataillon du 371e est menacé d’encerclement, il a toutes les peines du monde à se retirer en subissant des pertes importantes. »
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
merci beaucoup pour tous ces précieux renseignements qui me permettent de replacer cette photo prise sur le vif dans son contexte..... Merci donc à Eric, Cédric, Philippe et Xavier....
On peut donc penser que les prisonniers français sont des militaires du 371e RI piègés dans le village. On remarque que certains ont pu conserver leur paquetage complet. ....
Concernant ce que disait Xavier, c'est vrai que souvent , sur les cartes photo de prisonniers prises à proximité du front transpire une terrible résignation mais aussi une absence de haine, d'animosité et de mépris entre Allemands et Français.... comme une sorte de respect entre combattants ......
Et cela dès les 1er mois du conflit....
Parfois, notamment à la fin de la guerre, on remarque même de larges sourires entre les captifs et leurs geoliers.....
Dans ma collection, je ne possède en fait qu'une photo carte où transparait une volonté d'humiliation de prisonniers français ; on voit des soldats allemands pointer leur baionnette à quelques centimetres du visage d'un lieutenant français tandis que des soldats allemands sont attablés hilares en arrière plan .....
Voilà pour ces quelques reflexions ; si vous avez des commentaires , je suis bien évidemment preneur...
Eric Mansuy toujours au top question documentation et réactivité m'a fait parvenir une deuxième photo des soldats capturés à Burnhaupt le 8 janvier 1915;
Elle a du être prise par le même photographe et je crois reconnaitre sur les deux photos le même soldat allemand barbu.
je vous en fait profiter . Voici ce document
Bonsoir à vous tous, bonsoir Yann, bonsoir Philippe, bonsoir Cédric, bonsoir Xavier, bonsoir M Mansuy.
Dans son journal le Général Bernard qui commandait la 57° Division de Réserve évoque longuement cette "malheureuse affaire" et indique qu'un bataillon du 371° RI et un du 172° RI ont été engagés dans ces combats.
Concernant les pertes, le Général Bernard écrit : "Dans le combat de Burnhaupt, nous avons perdu environ 627 tués, blessés ou prisonniers" ainsi que : "Dans la soirée du 9 janvier, Sauzède a pu faire une convention avec le major allemand commandant à Burnhaupt, pour pouvoir procéder à l’enterrement des morts, qui étaient restés entre la lisière du Langelittenhag et Burnhaupt, opération qui se fit, aussi bien du coté de l’ennemi que du notre, sans aucune difficulté."
Le Général Sauzède qui commandait cette opération fut relevé de son commandement quelques jours plus tard, le 13 janvier ; aucune sanction ne fut prise à l'encontre du L-Col Letellier.
Bien cordialement.
Jean-Louis Pierret
133° RI "Les Lions du Bugey"
"Pas s'en faire, pas s'en fichtre .... Le Lion atteint toujours sa proie"