Question pour spécialiste aviation maritime

[bruno10]

Bonsoir à tous

J' ai ici la photo d'un Breguet au sujet duquel 2 écoles s'affrontent pour en donner l'identification exacte

1ère hypothése: il s'agit de l'un des dux Breguet "type AG4 "(n° de série BR 52 ou 53) à moteur Gnome qui a été accidenté a l'atterrissage a Buc a Fin 1914
(mais a ce moment pourquoi une cocarde avec une ancre marine)

2 éme Hypothése: celle du Morareau et Ardhan, 1999
Il s'agirait d'un breguet B-3 monoplace (200 ch Canton-Unne 2M7) qui s'est écrasé à Saint-Pol-sur-Mer le 4 Fevrier 1915 a l'issue d'une mission de bombardement a Zeebrugge
Mais pourquoi ce type d'avion completement dépassé était-il encore utilisé en fevrier 1915 et pourquoi ne s'agissait-il pas d'une version Hydravion ?

Je sais qu'il ya de grands spécialistes de l'aviation maritime ici
Cela serait sympa de départager les deux versions , voire d'en trouver une troisiéme ?




Bonne soirée a tous

Bruno

[Lucien Morareau]

Bonsoir,

Il est bien évident que je ne vais pas contredire ce que j'ai écrit dans le bouquin de l'ARDHAN bien que je l'aurais fait sans hésitation si je disposais de nouveaux éléments. Je souhaiterais seulement préciser plusieurs points :

- Réceptionné provisoirement en version terrestre à Vélizy, l'appareil fut, en janvier 1915, convoyé à Boulogne-sur-Mer où devaient se dérouler les essais en version hydravion. Le 19, à la suite de dommages occasionnés au flotteur central, le B.3 fut à nouveau transformé en terrestre et, en attendant sa recette définitive en hydravion, il fut affecté à Dunkerque/Saint-Pol-sur-Mer. A partir de cet aérodrome, il effectua ensuite quelques missions de bombardement de nuit sur Zeebrugge. C'est au retour de l'un de ces vols qu'il fut gravement endommagé à l'atterrissage. Renvoyé à Vélizy pour réparation, il ne fut pas repris par la Marine, en raison du manque de pilote qualifié sur ce type de machine. Pour les mêmes raisons, un quatrième Breguet encore en construction, fut refusé par le LV de Laborde, commandant le CAM de Dunkerque.
- L'accident est bien mentionné dans le relevé des vols du CAM de Dunkerque. Il s'est produit à 18h30 au retour de Zeebrugge. Le pilote était le LV Dutertre et il était accompagné du QM mécanicien Bosnières. La cellule est mentionnée comme détruite.
- Dès la création du CAM et jusqu'à la fin des hostilités, des appareils terrestres (chasse et bombardement) ont été utilisés à partir du terrain, disparu de nos jours, de Saint-Pol.
- A cette époque, la Marine utilisait les machines qu'elle avait, dépassées ou non. Les premiers Voisin LAS III qui, à terme, devait équiper l'escadrille de bombardement terrestre n'ont commencé à arriver de Villacoublay qu'au mois d'avril 1915.
- J'ajoute enfin que tous les textes relatifs aux Breguet (dans le bouquin sur 14-18 et celui sur les aéronefs 1910-1942) ont été revus par Jean Devaux qui fut sans conteste le meilleur spécialiste de l'aviation française jusqu'en 1920. Jean nous hélas quittés à la fin de l'année dernière, discrètement, et son décès n'a été connu que par une poignée de passionnés et amis.

Bien évidemment, une partie de ce qui précède pourrait être remis en cause à partir d'éléments qui auraient pu faire jour depuis. Puis-je à ce sujet vous demander d'où proviennent ces informations faisant état d'un accident à Buc fin 1914 ?

Cordiales salutations à tous.

[bruno10]

Bonjour à tous

Un grand merci Lucien pour toutes ces infos!
Je me renseigne sur l'origine de la source "Buc"
Cela me conforte en tout état de cause sur la nécessité de renforcer
mes connaissances sur l'aviation française .
Pourrais tu me dire les livres que tu me conseillerais pour cela?
(en commancant bien sur par le Lucien Morareau. ARDHAN que vous connaissez bien et pour cause!!)

Merci d'avance en tous cas
Cordialement
Bruno

[Lucien Morareau]

Question embarassante...

De toute façon, je ne peux parler que de l'Aviation maritime, sujet sur lequel on veut bien m'accorder une certaine connaissance.

Outre le livre déjà cité, il y en a un autre également publié par l'ARDHAN, "Les aéronefs de l'Aviation maritime 1910 - 1942" qui vient d'être réimprimé. Cela a d'ailleurs permis de rectifier quelques "pétouilles" par rapport à l'édition précédente.

Une suite est prévue et elle couvrira la période 1943 - 1964. Normalement, cet ouvrage préparé par JP. Dubois, devrait être publié en 2009. Outre des centaines de photos inédites pour la plupart, ce bouquin comportera 70 magnifiques profils couleurs dus à Pierre Tilley.

Il doit certaimenent exister d'autres livres sur le thème de l'Aviation maritime française mais on ne peut quand même pas dire qu'il s'agisse d'un sujet très populaire...

Cordialement votre.

[bruno17]

Bonjour,
Dans ma « Bible », « Les vainqueurs de l’air », il est dit, concernant la partie « L’aéronautique dans la guerre navale », sur les hydravions :
« Les premiers hydravions F.B.A à moteur Gnome, de 80 HP, entrés en service au début de 1915, qui rendirent d’utiles services, notamment à Dunkerque, furent équipés en 1916 avec des 130 HP Clerget. Ils pouvaient voler 3 heures en emportant leur pilote, un observateur armé d’un fusil et des bombes de 105. En 1916 apparaissent des appareils plus puissants, emportant le pilote, un observateur, 2 bombes à 35 kg, d’explosifs, une mitrailleuse, 4 heures et demi d’essence ; le Donnet-Denhaut 160 HP Salmson et 150 HP Hispano-Suiza ; le F.B.A. 150 HP Hispano-Suiza.
En 1917 : le Tellier 200 HP Hispano-Suiza ; le Donnet-Denhaut 200 HP Hispano-Suiza ; le Lévy-Besson 200 HP Hispano-Suiza ; le F.BA 200 HP Hispano-Suiza ; le Tellier-canon de 200 HP Hispano-Suiza, muni d’un canon de 47 mm ; le Coutant 280 HP Renault à 4 bombes de 35 kg d’explosifs, ou 2 bombes de 120 kg d’explosif ; le G.L (Le Pen Blanchard) moteur Renault 280 HP et même armement que le précédent.
Des hydravions plus puissants encore étaient en achèvement ou à l’étude au moment de l’armistice, notamment un hydravion porte-torpille Halbronn, un Tellier-canon muni d’un canon de 75, sans parler de formidables engins tels que le Nieuport à 4 moteurs Renault de 450 HP, soit au total 1800 HP ; le Tellier à 3 moteurs Hispano-Suiza de 268 HP ; le Latham à 3 moteurs Panhard de 350 HP ; le Georges-Levy à 3 moteurs Lorraine de 350 HP.
L’armement avait aussi accru son efficacité. Les premières bombes de 1kg.5 à 4 kg d’explosifs avaient fait place à des projectiles infiniment plus puissants, chargés de 35 ou de 5 kg d’explosifs. A la fin de la guerre, il existait des bombes de 120 kg. »
Les spécialistes apprécieront ; les autres comme moi, iront prendre une aspirine !
Cordialement
Bruno

[Lucien Morareau]

A quelques bricoles ou nombres près, il n'y a pas grand chose à redire à ce texte... Comme quoi, les auteurs de cette époque écrivaient beaucoup moins de couillonnades que les actuels... Avis qui n'engage que moi !
En tout cas, ça prouve au moins une chose, les appellations inventées de toutes pièces par des "historiens" modernes (Donnet-Denhaut DD.2, FBA type C, Tellier 6, 7 ou 8, etc.), n'avaient pas cours à cette époque.