URANIE
Goélette de Port Saint Louis du Rhône
118 tx JB
Armateur Société Commerciale de Port Saint Louis du Rhône
Affréteur Société Nouvelle des Mines de Lucette. Paris
Traversée Alger-Philippeville
Capitaine DORANGE. CLC. Saint Malo 766
6 hommes d’équipage, capitaine inclus.
Navire non armé.
Naufrage du 2 Septembre 1916
Interrogatoire du capitaine
Beau temps et bonne visibilité. Houle de NW et vent faible.
Le sous-marin a été aperçu à 09h40 le 2 Septembre 1916 à 6 milles au Nord de l’île Srigina, faisant route au Sud. Il était à 400 m en arrière du voilier, dans son sillage. Il portait un pavillon autrichien sur l’arrière de la passerelle, et à l’avant un signal composé de deux pavillons dont l’inférieur était « B ».
Il a signalé sa présence par un coup de canon et le capitaine, en entendant le bruit a pensé que c’était un tir venant de terre. Regardant vers l’arrière, il a aperçu la gerbe du coup et n’a alors plus eu de doute qu’il s’agissait d’un sous-marin.
Le navire a alors été abandonné à 09h50. Une des personnes du sous-marin, dont on ne peut déterminer la qualité d’officier ou de marin a demandé les papiers du navire en bon français et lui a demandé d’accoster le sous-marin. L’ordre fut exécuté et les papiers remis à un officier qui se trouvait sur la passerelle. Il leur fit signe de se diriger vers la terre.
Puis le sous-marin tira un 2e coup de canon sur le voilier qui coula à 10h00. Ensuite, il s’éloigna vers le Nord et plongea.
Description du sous-marin
Longueur 80 m environ
2 canons courts de 100 mm sur l’avant et l’arrière du kiosque. Canons fixes, ne pouvant être rentrés.
Kiosque au centre du sous-marin, composé d’une plateforme entourée de toile avec 4 montants métalliques et une tente en toile.
Pas de projecteurs, pas vu de périscope, pas de gardes.
Petit mât sur la passerelle, portant le signal.
Peinture grise, toile mouillée, très sale. Carène couverte de coquillages et d’algues.
Vu une vingtaine de personnes sur le pont en vêtement de toile grise, béret gris, aussi sales les uns que les autres. Impossible de distinguer les officiers.
Manœuvre rapide. Aperçu seulement après le coup de canon.
Voici sa silhouette

Interrogatoire du matelot LE BOUCHIS (Nom incertain) Le Conquet 724
J’étais à la barre quand j’ai entendu le coup de canon. J’ai vu tomber le projectile à 40 m à tribord. J’ai aperçu le sous-marin dans le sillage du navire, qui se dirigeait sur nous. Tout le monde a pris place dans le canot, moi et le capitaine en dernier lieu. Quand nous avons été dans le canot, le sous-marin a tiré un 2e coup. URANIE a été touchée sur Td avant. Le sous-marin a donné l’ordre de remettre les papiers puis a fait signe de se diriger vers la terre.
Sous-marin peint en gris foncé avec une carène noire. Deux canons sur le pont. Il portait un pavillon autrichien et un signal composé de deux pavillons.
URANIE a flotté 45 minutes, puis a coulé et le sous-marin a disparu.
J’ai perdu tous mes effets.
Le matelot Louis Pierre BAILLIF, inscrit à Saint Denis de la Réunion n° 217 a cosigné l’interrogatoire de son collègue dont il a confirmé l’exactitude.
Interrogatoire du novice Ferdinand HUBERT, inscrit à Saint Malo n° 1814
J’étais de quart à 09h40 quand j’ai entendu le coup de canon. L’obus est tombé à environ 30 m de bord. A ce moment, j’ai vu le sous-marin à environ 1 mille sur l’arrière, qui se dirigeait vers URANIE. Le capitaine a donné l’ordre de mettre le canot à la mer. On a largué la bosse quand le sous-marin est arrivé à 100 m du bord Il a fait signe au capitaine de venir et a demandé les papiers en français. Puis un matelot nous a fait signe de nous écarter.
Il a ensuite tiré un coup de canon sur URANIE qui l’a reçu sur bâbord avant.
Le sous-marin était peint en gris et très sale. Il y avait une vingtaine d’hommes, tous habillés en gris. Un seul portait un casque colonial.
Il n’y a pas eu de panique. On a obéi au capitaine qui s’est montré très bon pour nous. Le sous-marin a disparu quand le navire a coulé.
Le novice Paul MAURIN, inscrit à Martigues n° 649, déclare que les déclarations du capitaine et de son collègue sont conformes à la vérité.
Rapport d’enquête
Il reprend toutes les déclarations des divers marins et précise :
- Toutes les dépositions concordent.
- Le voilier avait une vitesse à peine suffisante pour gouverner.
- L’attention de l’équipage se portait vers la terre.
- Le sous-marin s’est rapproché à une vitesse de 10 à 12 nœuds.
- Le capitaine Dorange a donné l’ordre d’abandonner. Le signal du sous-marin devait être les pavillons « A » sur « B » (Abandonnez immédiatement.)
- L’homme qui a demandé les papiers parlait un très bon français, sans accent. Les papiers comportaient le rôle d’équipage et les pièces de douane. Les fascicules individuels ont pu être conservés par les marins qui ont perdu en revanche tous leurs effets.
- Le canot est arrivé à Philippeville à 14h30
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 38 du Kptlt Max VALENTINER
(Voir aussi ce lien concernant U 38 : pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas)
Cdlt