MARIE MAGDELEINE Goélette de Dunkerque

olivier 12
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Re: MARIE MAGDELEINE Goélette de Dunkerque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

MARIE MAGDELEINE

Goélette de 115 tx JB 91 tx JN
Construite en 1909. Immatriculée à Dunkerque
Armateurs Briche et Ecolin
Non armé

Naufrage du 2 Février 1918. Rapport du capitaine

Image

Quitté Calais le 3 Janvier 1918 à 15h00 à destination de Swansea, panneaux hermétiquement condamnés, dromes saisies, en parfait état de navigabilité. Beau temps. Traversée dans de bonnes conditions.
Le 7 reçu ordre d’un chalutier anglais de faire route sur Weymouth où je suis arrivé sur rade à 12h30. Appareillé à 14h00.
Le 9 mauvais temps et fait route sur Falmouth. Mouillé sur rade à 12h30. Le 25, étant encore au mouillage, je reçois une dépêche de mes armateurs : « Destination changée. Faites route sur Runcorn pour charger du sel » Le 1er Février, le temps étant beau, fait route pour ce port.

Le 2, à 05h30 du matin, à 8 milles dans le N12W du phare Sud de Lundy, entendu un coup de canon et aperçu un sous-marin à 1 mille dans le SE, qui tire deux autres coups, puis un 4e. Je hisse aussitôt le pavillon national et le sous-marin cesse le feu. Il était à 400 m et nous fait signe de quitter le bord. J’ordonne de mettre le canot à la mer et nous quittons le navire. Il s’approche à 50 m et tire 5 coups de canon sur la goélette, puis vient sur nous.

Il demande en excellent français : « Où allez-vous, d’où venez-vous, que transportez-vous ? »
Ensuite, il se dirige à 12 noeuds vers un navire à vapeur et le combat pendant une vingtaine de minutes, puis revient vers nous et tire encore 6 coups de canon sur le voilier. Je vois de la fumée en sortir et il coule vingt minutes plus tard. Je voyais l’ile Lundy et j’ai fait route dessus ayant hissé la voile. Le canot faisait route à bonne allure quand une heure après j’ai aperçu un chalutier anglais et mis le cap dessus. Un quart d’heure après, nous étions à bord du chalutier qui nous a transférés sur une vedette à moteur. Nous avons été débarqués à 18h00 à Ilfracombe (Canal de Bristol).

Voici la signature du capitaine Bénard.

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Description du sous-marin

Longueur 80 m
Pont plat. Avant rond sans gaillard et coque arrondie
Kiosque peu élevé, carré, avec un gradin sur l’arrière.
2 périscopes
2 canons à poste fixe d’au moins 105 mm, un sur avant et un sur arrière du kiosque
Pas de coupe filet et pas de tube lance-torpilles extérieur
Antenne TSF et appareil TSF sur la passerelle sur 2 montants
Peinture grise usagée

Vu le commandant et un officier sur le kiosque et 3 hommes habillés de vêtements de caoutchouc jusqu’au cou, à la pièce avant. Personne à la pièce arrière.
Commandant environ 45 ans, fort, avec moustache
Officier environ 30 ans, blond et rasé.

Le sous-marin attaquant

C’était l’U 101 du Kptlt Karl Siegfried RITTER VON GEORG
A propos de cet officier, voir ce lien : http://www.uboat.net/wwi/men/commanders/85.html

Sans certitude, le vapeur attaqué par le sous-marin pourrait être l’anglais SOFIE, 354 t, qui allait de Jersey à Cardiff sur ballast et fut coulé ce même jour dans le canal de Bristol par le même sous-marin. Il y eut 8 victimes.

Conclusions de l’officier enquêteur

L’absence d’artillerie rendait toute défense impossible. Il est regrettable qu’aucune suite n’ait été donnée au projet d’installation d’un canon sur le voilier comme il en avait été question le 29 Janvier dernier au départ de Dunkerque.
Dans ces conditions, le capitaine ne pouvait agir autrement qu’il l’a fait. Il a suivi normalement toutes les instructions de route et les instructions générales. Toutes les précautions de sauvetage étaient prises à bord. Durant son parcours dans le canal de Bristol, rien ne fut aperçu ou entendu pouvant faire soupçonner la présence d’un sous-marin.
A défaut d’initiative d’ordre militaire, toute l’attention du capitaine s’est reportée, autant que ses connaissances le lui permettaient, sur les caractéristiques principales du sous-marin. L’importance des canons avant et arrière, le dégagement du pont complètement nu et la rapidité de marche et le rayon de giration l’ont particulièrement frappé.
Selon le commandant de la vedette 308 qui les a transportés, le sous-marin avait été aperçu la veille dans les mêmes parages.
C’est le chalutier anglais ANDREW SACK qui les a recueillis une heure après le départ de l’ennemi.

Lettre du capitaine Bénard au Président de la Commission d’enquête du Havre. 4 Février 1918

Commandant,

J’ai l’honneur de solliciter de votre bienveillance l’autorisation d’un nouveau commandement. Le navire sur lequel j’étais embarqué, MARIE MAGDELEINE, ayant été coulé le 2 Février 1918.

Espérant que vous voudrez bien prendre ma demande en considération.

BENARD Emile Pierre Capitaine au Cabotage Dunkerque 394

La lettre porte la mention manuscrite suivante du Contre Amiral Didelot :

Transmis à Monsieur le Vice Amiral commandant en chef, Préfet Maritime à Cherbourg. La commission d’enquête n’a proposé ni sanction ni récompense pour le capitaine Bénard.

Cdlt
olivier
Memgam
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Re: MARIE MAGDELEINE Goélette de Dunkerque

Message par Memgam »

Bonjour,

Marie Magdeleine, goélette, construite en 1909 par A. Ecolin à Dunkerque.
151 tjb, 91 tjn, 26,67 x 6,87 x 3,37 m.

En 1912, indicatif KFLN, immatriculé à Dunkerque, armateur non précisé à Dunkerque, capitaine Kerjolis.

Source : Registre n° 84, Bureau Veritas 1912.

Cordialement.
Memgam
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