MADELEINE
Vapeur construit en 1907 au chantier DD de Rotterdam
1097 t. Longueur 70,2 m Largeur 10,4 m Une hélice
Armateurs successifs :
1907 Fernand Bouet
1913 Faustin et Cie (future d’Orbigny)
1919 Cie des Chemins de Fer du Nord
1923 Les Armateurs Français
1930 Léon Poret
1931 Les Doris
Naufrage le 22 Mars 1933 par 53°50 N et 03°50 E (Borkum Riff) après avoir heurté un objet inconnu.
Rencontre avec un sous-marin en Décembre 1916
Une note très succincte du préfet de Gironde au Ministre de la Marine indique :
A toutes fins utiles, je vous fais connaître qu’il résulte d’un renseignement recueilli par le service de police de contrôle des navires auprès d’un officier du vapeur MADELEINE arrivé à Bordeaux le 11 courant, qu’à 75 milles au large des îles Scilly MADELEINE a rencontré un sous-marin allemand qui naviguait dans ces parages et qui l’a suivi pendant trois heures.
Aucune enquête ne semble avoir été faite…Aucune date et aucune heure n’est donnée concernant cette rencontre et le sous-marin n’est bien sûr pas identifié.
Cdlt
MADELEINE Faustin et d'Orbigny
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Re: MADELEINE Faustin et d'Orbigny
Bonjour,
Madeleine, cargo construit en 1907 par Rotterdamsche Droogdok Maatschappij à Rotterdam
1097 tjb, 562 tjn, 70,10 x 10,36 x 4,03 m, une machine à triple expansion, 950 cv, 10 noeuds.
En 1930, indicatif OMCA, immatriculé à La Rochelle, armateur, Société anonyme de navigation les armateurs français, capitaine Aillet.
En 1925, 30 décembre, arrive en rade de Brest avec un chargement de pyrites et à la remorque du Rapide de la Société des vapeurs brestois qui l'avait pris au Portzic. Il mouille sur le banc de Saint-Marc. Le navire a fait eau par un panneau de cale défoncé dans le mauvais temps et accuse une gîte importante de 23 ° sur bâbord. Le remorqueur Iroise, capitaine Malbert se met à couple, la chaîne est filée par le bout ; Madeleine est remorquée dans le port de commerce avec le Rapide et le Blaton, remorqueur de la chambre de commerce. Dès l'accostage, le pompage est entrepris jusqu'au 31 décembre. Le 11 janvier, l'Iroise récupère le mouillage et va le remettre sur le cargo accosté à Laninon pour décharger.
Source : Registre n° 274, Bureau Veritas 1930.
Rapport de mer du capitaine Malbert dans Jean-François Pahun, Louis Malbert, Editions Larivière, 2004, photo page 54 crédit collection Louise d'Alessio.
La Dépêche de Brest et de l'Ouest du 31 décembre 1925.
Cordialement.

Madeleine, cargo construit en 1907 par Rotterdamsche Droogdok Maatschappij à Rotterdam
1097 tjb, 562 tjn, 70,10 x 10,36 x 4,03 m, une machine à triple expansion, 950 cv, 10 noeuds.
En 1930, indicatif OMCA, immatriculé à La Rochelle, armateur, Société anonyme de navigation les armateurs français, capitaine Aillet.
En 1925, 30 décembre, arrive en rade de Brest avec un chargement de pyrites et à la remorque du Rapide de la Société des vapeurs brestois qui l'avait pris au Portzic. Il mouille sur le banc de Saint-Marc. Le navire a fait eau par un panneau de cale défoncé dans le mauvais temps et accuse une gîte importante de 23 ° sur bâbord. Le remorqueur Iroise, capitaine Malbert se met à couple, la chaîne est filée par le bout ; Madeleine est remorquée dans le port de commerce avec le Rapide et le Blaton, remorqueur de la chambre de commerce. Dès l'accostage, le pompage est entrepris jusqu'au 31 décembre. Le 11 janvier, l'Iroise récupère le mouillage et va le remettre sur le cargo accosté à Laninon pour décharger.
Source : Registre n° 274, Bureau Veritas 1930.
Rapport de mer du capitaine Malbert dans Jean-François Pahun, Louis Malbert, Editions Larivière, 2004, photo page 54 crédit collection Louise d'Alessio.
La Dépêche de Brest et de l'Ouest du 31 décembre 1925.
Cordialement.

Memgam
Re: MADELEINE Faustin et d'Orbigny
Bonjour,
Dans le "Tableau de la flotte des sociétés successives ayant porté le pavillon d'Orbigny de 1870 à 1950" ; on trouve pour les sociétés :
1870 - A. D'Orbigny et Faustin fils
1899 - A. D'Orbigny, Faustin Fils & Cie
1904 - Compagnie de navigation d'Orbigny et Faustin
1909 - Compagnie de Navigation d'Orbigny
et pour la Flotte :
1913 - Vosges
1914 - Vosges
1915 - Meuse
1916 - Meuse
1917 - Meuse - Marne
1918
1919
1920
1921
1922 - Zenon.
Il n'y a donc pas de Madeleine entre 1913 et 1919 dans la compagnie de navigation d'Orbigny, il doit donc s'agir d'une autre société.
Source : Compagnie de navigation d'Orbigny 1865-1950, Société d'éditions géographiques, maritimes et coloniales, 7 mai 1952.
Cordialement.
Dans le "Tableau de la flotte des sociétés successives ayant porté le pavillon d'Orbigny de 1870 à 1950" ; on trouve pour les sociétés :
1870 - A. D'Orbigny et Faustin fils
1899 - A. D'Orbigny, Faustin Fils & Cie
1904 - Compagnie de navigation d'Orbigny et Faustin
1909 - Compagnie de Navigation d'Orbigny
et pour la Flotte :
1913 - Vosges
1914 - Vosges
1915 - Meuse
1916 - Meuse
1917 - Meuse - Marne
1918
1919
1920
1921
1922 - Zenon.
Il n'y a donc pas de Madeleine entre 1913 et 1919 dans la compagnie de navigation d'Orbigny, il doit donc s'agir d'une autre société.
Source : Compagnie de navigation d'Orbigny 1865-1950, Société d'éditions géographiques, maritimes et coloniales, 7 mai 1952.
Cordialement.
Memgam
Re: MADELEINE Faustin et d'Orbigny
.
Bonjour à tous,
Lors de sa perte, le vapeur Madeleine, qui avait été transformé en « morutier » quelques années auparavant, était a priori la propriété de la Société anonyme des chalutiers à vapeur Poret-Lobez, de Boulogne-sur-Mer. Il était alors commandé par le capitaine Fernando, de Saint-Servan, qui avait pour second le capitaine de la Marine marchande Cacharel.
• L’Ouest-Éclair – éd. de Rennes –, n° 13.288, Samedi 25 mars 1933, p. 4.

Bonjour à tous,
Lors de sa perte, le vapeur Madeleine, qui avait été transformé en « morutier » quelques années auparavant, était a priori la propriété de la Société anonyme des chalutiers à vapeur Poret-Lobez, de Boulogne-sur-Mer. Il était alors commandé par le capitaine Fernando, de Saint-Servan, qui avait pour second le capitaine de la Marine marchande Cacharel.
• L’Ouest-Éclair – éd. de Rennes –, n° 13.288, Samedi 25 mars 1933, p. 4.

Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
Re: MADELEINE Faustin et d'Orbigny
Bonjour,
De 1912 à 1917, Madeleine a appartenu à Georges Faustin, la compagnie d'Orbigny existant déjà et n'a pas été armateur de ce navire comme signalé ci-dessus.
"L'année 1929, voit le début de l'exploitation des bancs du Groenland, le premier cordier français qui fréquente les parages est le voilier Zazpiakbat de la Société la morue française. ces bancs sont très poissonneux mais, pour les navires qui les fréquentent, se pose le problème de la route, les voiliers sont trop lents et les chalutiers, qui presquent tous chauffent au charbon, n'ont pas suffisamment d'autonomie pour rejoindre les bancs et assurer la pêche. De plus, les fonds sont mal connus et les chalutiers perdent beaucoup de matériel.
C'est sans doute ce qui va pousser deux armateurs de la place de Fécamp à choisir un type de navire dont le besoin ne s'était pas encore fait sentir, le vapeur cordier. M. Léon Poret achète le cargo Madeleine, la Morue française transforme son cargo Mulhouse et le renomme Gure Herria.
Madeleine est un fort cargo de 1133 tonneaux, ce qui doit lui permettre d'avoir une plus grande autonomie en vivres et en charbon. Les transformations sont effectuées à Fécamp par les entreprises locales. Elles consistent principalement à augmenter le nombre des logements pour les 65 hommes d'équipage et à installer une chambre froide permettant d'embarquer une provision de hareng congelé devant servir de boëtte. La silhouette du cargo sera modifiée par l'adjonction de deux postes d'équipage ; un à l'avant construit par les Ateliers normands, rue Félix Faure à Fécamp ; le second à l'arrière par les Constructeurs fécampois, rue de l'Inondation à Fécamp. La pêche se fera comme sur les voiliers, l'importance du navire devant lui permettre d'effectuer des campagnes de six ou sept mois avec tout de même un ravitaillement de charbon en mer.
Madeleine quitte Fécamp pour le Groenland le 13 juin 1930 et est de retour au port le 7 novembre avec 335 000 morues pour 557 tonnes. Le poisson (1,7 kg de moyenne) est plus beau que celui ramené par les chalutiers ayant fréquenté d'autres lieux de pêche. Le voyage inaugural semble donc rentable et le navire repart l'année suivante.
Trois campagnes de pêche au Groenland, c'est tout ce qu'effectuera Madeleine. Voici les circonstances de son naufrage.
Le navire quitte Boulogne sur Mer le 21 mars 1933 pour se rendre à Aalesund afin d'y faire provision de hareng congelé. Le 22 mars, vers 13 heures 30, alors qu'il fait route vers la Norvège, une partie de l'équipage se rend dans la chambre froide pour la préparer et se rend compte qu'elle est emplie d'eau. Aussitôt, le capitaine Fernando fait mettre toutes les pompes en route, car, ayant traversé une zone recouverte d'épaves, il est persuadé que l'une d'entre-elles à heurté la coque et qu'une voie d'eau s'est déclarée. Les marins tiennent les pompes en action jusqu'à 19 heures 30 sans jamais pouvoir étaler et le navire commence à prendre de la gîte. Le capitaine, après en avoir discuté avec les officiers du bord, décide de faire route sur la Hollande. Un S.O.S. est lancé. Il est capté par le remorqueur Holland. A 20 heures 30, Madeleine commence à piquer du nez et le capitaine décide de mettre les embacations de sauvetage ainsi que les doris à la mer, et de faire évacuer son bâtiment. A l'aube, Madeleine, son étrave presque verticale, s'enfonce dans la mer. Toute la nuit, l'équipage attendra du secours. Vers 5 heures, le Holland est en vue. Il embarque tous les naufragés et fait route sur Westterschelling. Ce naufrage s'est déroulé à 70 milles au nord-ouest de l'île de Terschelling. Les hommes d'équipage seront rapatriés le 27 mars, via Harlingen et Rotterdam."
Roger Vercel a été en étroite collaboration avec le capitaine Fernando, originaire de Pleslin, (Côtes d'Armor), et il s'est inspiré de Madeleine, rebaptisé Ténax et Gure Herria, rebaptisé Boréa,74 pour son livre : "Au large de l'Eden".
La photo de Madeleine ci-dessous est prise à Caen, premier port d'attache. La photo du message ci-dessus, à propos de l'évènement de mer de 1925, date de sa transformation en cordier, comme on peut le voir par la présence des doris sur le gaillard d'arrière. On peut supposer qu'elle a été donnée au capitaine Malbert, par Vercel, lors de la préparation du roman "Remorques". Tous les deux ont connu le même navire, dans des circonstances différentes.
Source : Jack Daussy, Les chalutiers morutiers fécampois, L. Durand & Fils, Fécamp, 1991, photo coll. de l'auteur.
Erwan Lefilleul, Roger Vercel, écrivain maritime, chasse-marée n° 142, avril 2003, photo page 28, crédit coll. particulière.
Cordialement.


De 1912 à 1917, Madeleine a appartenu à Georges Faustin, la compagnie d'Orbigny existant déjà et n'a pas été armateur de ce navire comme signalé ci-dessus.
"L'année 1929, voit le début de l'exploitation des bancs du Groenland, le premier cordier français qui fréquente les parages est le voilier Zazpiakbat de la Société la morue française. ces bancs sont très poissonneux mais, pour les navires qui les fréquentent, se pose le problème de la route, les voiliers sont trop lents et les chalutiers, qui presquent tous chauffent au charbon, n'ont pas suffisamment d'autonomie pour rejoindre les bancs et assurer la pêche. De plus, les fonds sont mal connus et les chalutiers perdent beaucoup de matériel.
C'est sans doute ce qui va pousser deux armateurs de la place de Fécamp à choisir un type de navire dont le besoin ne s'était pas encore fait sentir, le vapeur cordier. M. Léon Poret achète le cargo Madeleine, la Morue française transforme son cargo Mulhouse et le renomme Gure Herria.
Madeleine est un fort cargo de 1133 tonneaux, ce qui doit lui permettre d'avoir une plus grande autonomie en vivres et en charbon. Les transformations sont effectuées à Fécamp par les entreprises locales. Elles consistent principalement à augmenter le nombre des logements pour les 65 hommes d'équipage et à installer une chambre froide permettant d'embarquer une provision de hareng congelé devant servir de boëtte. La silhouette du cargo sera modifiée par l'adjonction de deux postes d'équipage ; un à l'avant construit par les Ateliers normands, rue Félix Faure à Fécamp ; le second à l'arrière par les Constructeurs fécampois, rue de l'Inondation à Fécamp. La pêche se fera comme sur les voiliers, l'importance du navire devant lui permettre d'effectuer des campagnes de six ou sept mois avec tout de même un ravitaillement de charbon en mer.
Madeleine quitte Fécamp pour le Groenland le 13 juin 1930 et est de retour au port le 7 novembre avec 335 000 morues pour 557 tonnes. Le poisson (1,7 kg de moyenne) est plus beau que celui ramené par les chalutiers ayant fréquenté d'autres lieux de pêche. Le voyage inaugural semble donc rentable et le navire repart l'année suivante.
Trois campagnes de pêche au Groenland, c'est tout ce qu'effectuera Madeleine. Voici les circonstances de son naufrage.
Le navire quitte Boulogne sur Mer le 21 mars 1933 pour se rendre à Aalesund afin d'y faire provision de hareng congelé. Le 22 mars, vers 13 heures 30, alors qu'il fait route vers la Norvège, une partie de l'équipage se rend dans la chambre froide pour la préparer et se rend compte qu'elle est emplie d'eau. Aussitôt, le capitaine Fernando fait mettre toutes les pompes en route, car, ayant traversé une zone recouverte d'épaves, il est persuadé que l'une d'entre-elles à heurté la coque et qu'une voie d'eau s'est déclarée. Les marins tiennent les pompes en action jusqu'à 19 heures 30 sans jamais pouvoir étaler et le navire commence à prendre de la gîte. Le capitaine, après en avoir discuté avec les officiers du bord, décide de faire route sur la Hollande. Un S.O.S. est lancé. Il est capté par le remorqueur Holland. A 20 heures 30, Madeleine commence à piquer du nez et le capitaine décide de mettre les embacations de sauvetage ainsi que les doris à la mer, et de faire évacuer son bâtiment. A l'aube, Madeleine, son étrave presque verticale, s'enfonce dans la mer. Toute la nuit, l'équipage attendra du secours. Vers 5 heures, le Holland est en vue. Il embarque tous les naufragés et fait route sur Westterschelling. Ce naufrage s'est déroulé à 70 milles au nord-ouest de l'île de Terschelling. Les hommes d'équipage seront rapatriés le 27 mars, via Harlingen et Rotterdam."
Roger Vercel a été en étroite collaboration avec le capitaine Fernando, originaire de Pleslin, (Côtes d'Armor), et il s'est inspiré de Madeleine, rebaptisé Ténax et Gure Herria, rebaptisé Boréa,74 pour son livre : "Au large de l'Eden".
La photo de Madeleine ci-dessous est prise à Caen, premier port d'attache. La photo du message ci-dessus, à propos de l'évènement de mer de 1925, date de sa transformation en cordier, comme on peut le voir par la présence des doris sur le gaillard d'arrière. On peut supposer qu'elle a été donnée au capitaine Malbert, par Vercel, lors de la préparation du roman "Remorques". Tous les deux ont connu le même navire, dans des circonstances différentes.
Source : Jack Daussy, Les chalutiers morutiers fécampois, L. Durand & Fils, Fécamp, 1991, photo coll. de l'auteur.
Erwan Lefilleul, Roger Vercel, écrivain maritime, chasse-marée n° 142, avril 2003, photo page 28, crédit coll. particulière.
Cordialement.


Memgam
Re: MADELEINE Faustin et d'Orbigny
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Bonjour à tous,
• L’Ouest-Éclair – éd. de Rennes –, n° 13.290, Lundi 27 mars 1933, p. 7.

Chaque année, lorsque rentraient les Terre-Neuvas, un cargo noir, une sorte de charbonnier, faisait une courte apparition en rade de Saint-Malo.
Il n’entrait jamais au port.
C’était le steamer Madeleine, armé à Boulogne pour la pêche à la morue, qui rapatriait son équipage breton avant même de livrer sa cargaison.
Et l’on vantait l’adaptation de ce bourlingueur assez minable à la « moruterie » un simple vapeur avec vingt-deux doris, s’égaillant sur les bancs comme ceux des voiliers.
Et, bon an mal an, ça vous rapportait 14.000 quintaux.
Las ! le bourlingueur a disparu : il git par soixante mètres de fond, à 80 milles par le travers d’Amsterdam.
L'accident se produisit — nous l’avons annoncé — dans la nuit de jeudi à vendredi alors que le navire se rendait de Boulogne à Aalesund où il devait faire de la boëtte avant de gagner les bancs de Terre-Neuve.
Le second de la Madeleine, M. Cacharel, capitaine de la Marine Marchande, nous a raconté ça, hier après-midi, sur les quais de la gare de Rennes :
— C’est arrivé par 53° 40’ de latitude et 3° 18’ de longitude... Comment ? On n’en sait rien.
« Le capitaine Fernando, un Servannais, m’avait chargé, Jeudi après-midi, d’aller voir les frigos. Qu’est-ce que je trouve ? Cinquante centimètres d’eau dans la cale !
On a ouvert les trous d’hommes ; il y avait déjà 1 m. 80 d’eau à l'arrière. On a pompé, mais, vers six heures du soir, les pompes ont commencé à s’obstruer.
« Alors, le capitaine a jugé qu'il était prudent et urgent de faire évacuer le navire : 50 hommes sur 65 sont descendus dans les embarcations qui restèrent le long du bord.
« Puis, on fit cap sur la terre en télégraphiant pour demander assistance...
« A 19 heures, plus de pompes : elles étaient complètement obstruées par le sel !
« La Madeleine a gité de plus en plus ; le capitaine a fait embarquer tout le monde dans les doris et le navire a été abandonné.
« Il a coulé doucement vers 1 heure du matin, en piquant du nez...
« La mer était très grosse... Allions-nous en sortir ? Je n’oublierai pas de sitôt la vision de tous ces esquifs ballottés comme des bouchons et que je repérais grâce aux torches allumées pour signaler notre présence aux sauveteurs.
« On passait son temps à écoper. Mais, les doris, voyez-vous, ça tient ! On aurait eu des baleinières qu'on était tous "lavés" Une heure de plus et je crois bien...
« Soudain, je vis un feu assez haut qui se déplaçait : c’était le mât d'un remorqueur, genre Iroise. Alerté par notre S. O. S., le Holland avait forcé vers nous, rencontré nos premiers doris et fouinait littéralement à la recherche de toutes les embarcations ; elles étaient dispersées sur au moins quatre milles !
« Tout le monde a été sauvé par ces merveilleux marins hollandais ; le capitaine Fernando les a remerciés et félicités ; il le mettra dans son rapport et c’est justice. Pensez à ce sauvetage par une mer "qui faisait peur à voir ". De plus, quand on était le long du remorqueur ça n’était pas fini !... Fallait monter à bord... Eh bien, on n’a rien vu ; ils nous ont enlevés par la peau du dos et hop !... Quels as !...
« J’ai été recueilli le dernier, à 3 h. 30 du matin.
« Tenez ! A bord de mon doris, se trouvait le fils Briand, de St-Servan, ce jeune homme qui se distingua lors du naufrage d’un chalutier qu’on ramenait de Fécamp à Saint-Malo. Pilotin sur la Madeleine, il peut dire qu’il n’a pas de veine...
« Vendredi, à midi, nous débarquions à West-Terschelling... La population, bourgmestre en tête, nous attendait sur les quais on a été reçus à bras ouverts.
« Le lendemain, on a traversé le Zuiderzee à bord du Burmania, et nous sommes arrivés à Amsterdam, où le Consul, M. Borax, s’est mis en quatre pour nous tirer d’affaire.
« Partis hier d’Amsterdam, on était à Paris ce matin à 7 heures. Là, les Fécampois nous ont quittés et nous voici. On n’a pas perdu de temps, hein ?»
Quelques précisions : la Madeleine, construite à Rotterdam, avait une vingtaine d’années.
Deux millions et demi à l’eau ainsi que tous les biens, soit deux mille francs par homme, sans parler de la campagne perdue.
— Seul à bord, j’avais assuré mon sac, nous dit M. Cacharel, et je ne l’ai fait que pour entraîner les autres. S’ils avaient prévu ça !...
— Un mot encore : et M. Fernando ?
— Il est resté là-bas pour les formalités. Il sera demain à Boulogne où il trouvera les assureurs et où il déposera son rapport. Dans deux ou trois jours, vous pourrez sûrement le voir à Saint-Servan... Ah ce qu’il en a de la peine. Je l’ai vu pleurer... Et pourtant, c’est un as !...
« Quel pépin !... C'est mon premier. En 1929 je commandais le voilier Ondine et je sauvai l’équipage de l’Émile-Cary, qui coula par voie d'eau à mi-traversée de Terre-Neuve. Depuis
"calme blanc" !...
« Ce qu’on va faire ? Ben, on espère trouver un autre embarquement pour cette campagne qui ne fait heureusement que commencer. Je pense partir sur un voilier. »
Hier soir, dans un coquet intérieur de l’avenue du 47e, à Saint-Malo, une femme et deux bambins ont accueilli avec l'émotion et la joie que vous imaginez le marin qui nous conta si simplement ce banal « événement de mer » que les journaux relatèrent en six lignes...
Yves HENRY.
Bonjour à tous,
• L’Ouest-Éclair – éd. de Rennes –, n° 13.290, Lundi 27 mars 1933, p. 7.

Chaque année, lorsque rentraient les Terre-Neuvas, un cargo noir, une sorte de charbonnier, faisait une courte apparition en rade de Saint-Malo.
Il n’entrait jamais au port.
C’était le steamer Madeleine, armé à Boulogne pour la pêche à la morue, qui rapatriait son équipage breton avant même de livrer sa cargaison.
Et l’on vantait l’adaptation de ce bourlingueur assez minable à la « moruterie » un simple vapeur avec vingt-deux doris, s’égaillant sur les bancs comme ceux des voiliers.
Et, bon an mal an, ça vous rapportait 14.000 quintaux.
Las ! le bourlingueur a disparu : il git par soixante mètres de fond, à 80 milles par le travers d’Amsterdam.
L'accident se produisit — nous l’avons annoncé — dans la nuit de jeudi à vendredi alors que le navire se rendait de Boulogne à Aalesund où il devait faire de la boëtte avant de gagner les bancs de Terre-Neuve.
Le second de la Madeleine, M. Cacharel, capitaine de la Marine Marchande, nous a raconté ça, hier après-midi, sur les quais de la gare de Rennes :
— C’est arrivé par 53° 40’ de latitude et 3° 18’ de longitude... Comment ? On n’en sait rien.
« Le capitaine Fernando, un Servannais, m’avait chargé, Jeudi après-midi, d’aller voir les frigos. Qu’est-ce que je trouve ? Cinquante centimètres d’eau dans la cale !
On a ouvert les trous d’hommes ; il y avait déjà 1 m. 80 d’eau à l'arrière. On a pompé, mais, vers six heures du soir, les pompes ont commencé à s’obstruer.
« Alors, le capitaine a jugé qu'il était prudent et urgent de faire évacuer le navire : 50 hommes sur 65 sont descendus dans les embarcations qui restèrent le long du bord.
« Puis, on fit cap sur la terre en télégraphiant pour demander assistance...
« A 19 heures, plus de pompes : elles étaient complètement obstruées par le sel !
« La Madeleine a gité de plus en plus ; le capitaine a fait embarquer tout le monde dans les doris et le navire a été abandonné.
« Il a coulé doucement vers 1 heure du matin, en piquant du nez...
« La mer était très grosse... Allions-nous en sortir ? Je n’oublierai pas de sitôt la vision de tous ces esquifs ballottés comme des bouchons et que je repérais grâce aux torches allumées pour signaler notre présence aux sauveteurs.
« On passait son temps à écoper. Mais, les doris, voyez-vous, ça tient ! On aurait eu des baleinières qu'on était tous "lavés" Une heure de plus et je crois bien...
« Soudain, je vis un feu assez haut qui se déplaçait : c’était le mât d'un remorqueur, genre Iroise. Alerté par notre S. O. S., le Holland avait forcé vers nous, rencontré nos premiers doris et fouinait littéralement à la recherche de toutes les embarcations ; elles étaient dispersées sur au moins quatre milles !
« Tout le monde a été sauvé par ces merveilleux marins hollandais ; le capitaine Fernando les a remerciés et félicités ; il le mettra dans son rapport et c’est justice. Pensez à ce sauvetage par une mer "qui faisait peur à voir ". De plus, quand on était le long du remorqueur ça n’était pas fini !... Fallait monter à bord... Eh bien, on n’a rien vu ; ils nous ont enlevés par la peau du dos et hop !... Quels as !...
« J’ai été recueilli le dernier, à 3 h. 30 du matin.
« Tenez ! A bord de mon doris, se trouvait le fils Briand, de St-Servan, ce jeune homme qui se distingua lors du naufrage d’un chalutier qu’on ramenait de Fécamp à Saint-Malo. Pilotin sur la Madeleine, il peut dire qu’il n’a pas de veine...
« Vendredi, à midi, nous débarquions à West-Terschelling... La population, bourgmestre en tête, nous attendait sur les quais on a été reçus à bras ouverts.
« Le lendemain, on a traversé le Zuiderzee à bord du Burmania, et nous sommes arrivés à Amsterdam, où le Consul, M. Borax, s’est mis en quatre pour nous tirer d’affaire.
« Partis hier d’Amsterdam, on était à Paris ce matin à 7 heures. Là, les Fécampois nous ont quittés et nous voici. On n’a pas perdu de temps, hein ?»
Quelques précisions : la Madeleine, construite à Rotterdam, avait une vingtaine d’années.
Deux millions et demi à l’eau ainsi que tous les biens, soit deux mille francs par homme, sans parler de la campagne perdue.
— Seul à bord, j’avais assuré mon sac, nous dit M. Cacharel, et je ne l’ai fait que pour entraîner les autres. S’ils avaient prévu ça !...
— Un mot encore : et M. Fernando ?
— Il est resté là-bas pour les formalités. Il sera demain à Boulogne où il trouvera les assureurs et où il déposera son rapport. Dans deux ou trois jours, vous pourrez sûrement le voir à Saint-Servan... Ah ce qu’il en a de la peine. Je l’ai vu pleurer... Et pourtant, c’est un as !...
« Quel pépin !... C'est mon premier. En 1929 je commandais le voilier Ondine et je sauvai l’équipage de l’Émile-Cary, qui coula par voie d'eau à mi-traversée de Terre-Neuve. Depuis
"calme blanc" !...
« Ce qu’on va faire ? Ben, on espère trouver un autre embarquement pour cette campagne qui ne fait heureusement que commencer. Je pense partir sur un voilier. »
Hier soir, dans un coquet intérieur de l’avenue du 47e, à Saint-Malo, une femme et deux bambins ont accueilli avec l'émotion et la joie que vous imaginez le marin qui nous conta si simplement ce banal « événement de mer » que les journaux relatèrent en six lignes...
Yves HENRY.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
Re: MADELEINE Faustin et d'Orbigny
Bonjour,
Le bâtiment sauveteur : le remorqueur Holland construit comme Beluga en 1915 par Smith's Dock Co à Middlesborough pour la Royal Navy comme patrouilleur sur des plans de baleinier.
transformé en remorqueur en 1920 et acheté par Doeksen van J. J. Esplen le 21 février 1931. Arrive à West Terschelling le 23 mai 1931 et devient Holland. (démoli en 1948).
"Op 23 maart 1933 kon de Holland de bemanning redden van het lekgeraakte Franse vissersschip Madeleine, dat kort daarvoor gezonken was."
Source : G.J. De Boer, Zeeslepers ondder stoom, uitgeverij de alk bv, 1979.
Cordialement.

Le bâtiment sauveteur : le remorqueur Holland construit comme Beluga en 1915 par Smith's Dock Co à Middlesborough pour la Royal Navy comme patrouilleur sur des plans de baleinier.
transformé en remorqueur en 1920 et acheté par Doeksen van J. J. Esplen le 21 février 1931. Arrive à West Terschelling le 23 mai 1931 et devient Holland. (démoli en 1948).
"Op 23 maart 1933 kon de Holland de bemanning redden van het lekgeraakte Franse vissersschip Madeleine, dat kort daarvoor gezonken was."
Source : G.J. De Boer, Zeeslepers ondder stoom, uitgeverij de alk bv, 1979.
Cordialement.

Memgam
Re: MADELEINE Faustin et d'Orbigny
Bonsoir à tous,
Bilan de la première campagne de pêche au Groenland du « morutier » Madeleine
• L’Ouest-Éclair – éd. de Caen –, n° 12.449, Dimanche 7 décembre 1930, p. 8.

Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
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Re: MADELEINE Faustin et d'Orbigny
Bonjour à tous,
Correction à la note du Préfet de Gironde
Ce préfet, que nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises se mêlant beaucoup des affaires maritimes, avait bien mal pris ses renseignements et a confondu deux navires.
Celui qui a rencontré un sous-marin début Décembre 1916 est LA MADELEINE, de la compagnie Chevillotte frères, de Brest, et non MADELEINE ci-dessus de Faustin.
L’enquête avait bien été faite, mais sans doute pas à Bordeaux.
Cdlt
Correction à la note du Préfet de Gironde
Ce préfet, que nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises se mêlant beaucoup des affaires maritimes, avait bien mal pris ses renseignements et a confondu deux navires.
Celui qui a rencontré un sous-marin début Décembre 1916 est LA MADELEINE, de la compagnie Chevillotte frères, de Brest, et non MADELEINE ci-dessus de Faustin.
L’enquête avait bien été faite, mais sans doute pas à Bordeaux.
Cdlt
olivier
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Re: MADELEINE Faustin et d'Orbigny
Bonjour à tous,
Rencontre avec un sous-marin le 3 Août 1918
On trouvera le récit de cette rencontre entre MADELEINE et l’UB 88 dans la baie d’Audierne sur ce lien concernant le vapeur CHATEAU PALMER. MADELEINE était en tête de convoi.
pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas
Voici une meilleure photo de MADELEINE alors que ce navire effectuait des campagnes de pêche au Groenland.

On voit très bien qu’il est immatriculé à Fécamp et l’on peut voir les doris sur le pont. L’intérêt de cette photo, dont j’ignore l’auteur, mais qui fut publiée sur le site www.photoship.co.uk aujourd’hui malheureusement disparu du web, ainsi que dans l'ouvrage cité plus haut par Memgam, est que son possesseur a inscrit dessus « Le Tenax ». Cela prouve qu’il avait lu le roman de Roger Vercel « Au large de l’Eden », dans lequel l’auteur avait rebaptisé ce navire, qui l’avait inspiré, TENAX, nom qu’il n’avait en réalité jamais porté.
Mais coïncidence assez amusante, le chalutier armé GOUJON, qui escortait MADELEINE lors de cette rencontre d’Août 1918 avec l’UB 88, fut vendu en 1927 à une riche héritière, la comtesse Martine de Béhague, (voir ce lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Martine-M ... C3%A9hague ) qui le transforma en yacht. Il se trouve qu’elle lui donna alors le nom de …TENAX.
Pourtant, le roman de Vercel ayant paru en 1934, elle n’avait pu le lire !
Cdlt
Rencontre avec un sous-marin le 3 Août 1918
On trouvera le récit de cette rencontre entre MADELEINE et l’UB 88 dans la baie d’Audierne sur ce lien concernant le vapeur CHATEAU PALMER. MADELEINE était en tête de convoi.
pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas
Voici une meilleure photo de MADELEINE alors que ce navire effectuait des campagnes de pêche au Groenland.

On voit très bien qu’il est immatriculé à Fécamp et l’on peut voir les doris sur le pont. L’intérêt de cette photo, dont j’ignore l’auteur, mais qui fut publiée sur le site www.photoship.co.uk aujourd’hui malheureusement disparu du web, ainsi que dans l'ouvrage cité plus haut par Memgam, est que son possesseur a inscrit dessus « Le Tenax ». Cela prouve qu’il avait lu le roman de Roger Vercel « Au large de l’Eden », dans lequel l’auteur avait rebaptisé ce navire, qui l’avait inspiré, TENAX, nom qu’il n’avait en réalité jamais porté.
Mais coïncidence assez amusante, le chalutier armé GOUJON, qui escortait MADELEINE lors de cette rencontre d’Août 1918 avec l’UB 88, fut vendu en 1927 à une riche héritière, la comtesse Martine de Béhague, (voir ce lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Martine-M ... C3%A9hague ) qui le transforma en yacht. Il se trouve qu’elle lui donna alors le nom de …TENAX.
Pourtant, le roman de Vercel ayant paru en 1934, elle n’avait pu le lire !
Cdlt
olivier