SAINT MICHEL Brick goélette de Saint Malo

olivier 12
Messages : 4029
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: SAINT MICHEL Brick goélette de Saint Malo

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

SAINT MICHEL

Brick goélette de 175 tx JB construit au chantier Gautier de St Malo en 1894
Capitaine – armateur Eugène BAILBLED Saint Malo 333 Capitaine au Long Cours
Navire armé à Marseille

Equipage

CHOLLET François Maître d’équipage Dinan 4014
LE ROUX François Matelot Saint Brieuc 3681
TOULARASTOF Matelot
THOURE Matelot
PORTANGUEN Ange Matelot
BESTAGNE Mousse

Rapport de mer du capitaine

Parti de Malaga le 6 Mai 1917 à 07h00 avec 216 tonnes de fer et fonte. Louvoyé jusqu’au 10 courant jour où nous sommes arrivés près du cap de Gate vers 03h20 du matin.
Nous avons alors entendu près de 30 coups de canon jusqu’à 03h40, dans l’ESE, qui nous annonçait un combat entre un sous-marin et un navire armé. Nous n’avons rien vu car le jour n’était pas établi. Du 10 au 17, navigué avec calme et mer belle.

Le 17 à 18h00 nous étions à un mille dans le Sud du cap de Palos et le vent a fraîchi. Gouverné au NE.
Le 18 au matin, donné la route pour se rapprocher de terre et à 08h35 un homme ayant les jumelles en main me dit : « Voilà un sous-marin, capitaine ». Au même instant, nous entendons un premier coup de canon suivi de deux autres. Je fais aussitôt amener les voiles et mettre l’embarcation à la mer. Tous les hommes étant dans l’embarcation, nous nous écartons promptement du bord, voyant que nous avons à faire à un pirate qui nous fait avoir bien des craintes pour notre vie, vu que dans ces circonstances ils ont déjà tué bien des marins, même dans les embarcations.
Ne voyant plus le sous-marin, qui a plongé, nous nous dirigeons vers la terre et entrons à 18h00 dans la petite ville de Benidorm où nous sommes très bien accueillis. Nous avons abandonné le voilier à 50 milles dans le NE du cap de Palos et à 22 milles de terre. Nous avons ramé pendant longtemps pour ne pas faire paraître notre voile de crainte que le sous-marin ne l’aperçoive.
Pendant cette manœuvre promptement faite, je n’ai qu’à me louer de mon équipage qui a montré un véritable sang froid et un courage extraordinaire.

Rapport signé par le Vice consul de France à Alicante, A. Fuibert.

Interrogatoire du maître d’équipage CHOLLET

Je venais de quitter le quart à 08h00 et j’allais me coucher lorsque la bordée de quart a aperçu ce sous-marin. Aussitôt averti, je suis monté sur le pont et j’ai entendu deux coups de canon. . Nous avons viré lof pour lof pour amener le canot, puis amené toutes les voiles en même temps. Quand le bâtiment a été presque arrêté, nous avons mis le canot à la mer. Deux autres coups de canon ont été tirés pendant que nous débarquions.
Nous sommes partis avec le canot et nous avons perdu le voilier de vue sans savoir si le sous-marin allait le couler, car il y avait du brouillard.

Interrogatoire du matelot LE ROUX

J’étais à la barre quand le matelot de quart avec moi, qui avait les jumelles, a vu le sous-marin à 3 milles. Je l’ai vu presque ne même temps. Il avait le cap sur nous et j’ai vu le feu du coup de canon.
Au premier coup, je suis venu au lof et le bateau a masqué. Puis j’ai laissé porter et nous sommes venus vent arrière. On a largué les drisses des voiles et j’ai quitté la barre pour aider à débarquer dans l’embarcation. Je ne crois pas que le bâtiment ait été touché avant que nous quittions le bord.
Rendu à 20 m du bord, nous n’avons plus vu le sous-marin. Nous nous sommes éloignés et avons perdu le bateau de vue dans la brume.

Rapport de la commission d’enquête

Au début, ce rapport reprend celui du capitaine, puis il continue :

Le capitaine fait larguer les drisses de cacatois, perroquet volant et grand voile, pendant que l’homme de barre vient au lof sans ordre. Personne ne voit tomber les projectiles des coups de canon et le navire n’est pas atteint. On se précipite pour mettre l’embarcation à la mer, et comme elle est au vent, on change d’amures et tout le monde débarque. On pousse du bord, mais pendant ce temps, le sous-marin a disparu.

Le capitaine pourrait croire que tout est fini, que l’ennemi s’est éloigné. Il pourrait remonter à bord, rétablir la voilure et se rapprocher au plus vite des côtes d’Espagne. Au lieu de cela, il continue à s’éloigner à force de rames et, comme le temps est très brumeux, le bâtiment ne tarde pas à disparaître sans que personne puisse dire s’il a été ou non coulé.

Le SAINT MICHEL flotte sans doute encore comme une épave, avec son chargement de fer et d’acier destiné à la guerre.

La commission estime que le capitaine n’a pas fait son devoir en abandonnant son bâtiment sans qu’il en ait été sommé par un signal, qu’il est inadmissible que s’étant éloigné dans le canot et ayant vu le sous-marin disparaître en plongée, il ait jugé devoir faire route sur la terre sans songer à rester dans les environs pour s’assurer du sort de son bâtiment qui n’avait été touché par aucun projectile.

Elle constate avec regret l’état d’esprit de cet équipage, tout heureux d’avoir sauvé sa peau en abandonnant son bâtiment sans penser à la valeur et à l’utilité du chargement qu’il transportait pour la Défense Nationale.

Elle appelle l’attention du Ministre de la Marine sur la conduite déplorable du commandant et de l’équipage du SAINT MICHEL qui ont abandonné lâchement un bâtiment qu’ils auraient certainement pu reprendre et ramener au port.

Elle propose au Ministre de la Marine d’infliger un blâme sévère au Capitaine au long cours Bailbled qui a abandonné le bâtiment qu’il commandait, qu’il aurait pu très probablement ramener au port.

Punition

Le CLC BAILBLED Eugène, Saint Malo 333, est suspendu de la faculté de commander pendant trois mois au motif suivant :

Attaqué au canon par un sous-marin, mais aucun des 4 coups tirés n’ayant atteint le navire, a abandonné celui-ci en bon état et n’a même pas tenté de ramener son équipage à bord bien que l’ennemi eût aussitôt disparu.

Ce Capitaine au long cours est en outre informé que s’il ne reprend pas la navigation à l’expiration des 45 jours autorisés comme délai d’inactivité, il sera levé au service en qualité de Premier Maître pourvu qu’il soit âgé de moins de 50 ans.

Le sous-marin attaquant


En fait, SAINT MICHEL sera trouvé en dérive, sans équipage, le 21 Mai suivant par 37°55 N et 01°15 E, c’est-à-dire au SSW des Baléares, par l’U 34 du Kptlt Johannes KLASING. Il sera alors incendié et coulé par bombes placées à bord.

C’est d’ailleurs très probablement l'U 34 qui avait canonné SAINT MICHEL trois jours plus tôt, dans la brume, car il était dans les parages du cap de Palos. Toutefois, il ne semble pas que le commandant Klasing ait fait le rapprochement entre ces deux rencontres avec le même navire à trois jours d'intervalle.

Cdlt
olivier
Memgam
Messages : 3648
Inscription : lun. nov. 23, 2009 1:00 am

Re: SAINT MICHEL Brick goélette de Saint Malo

Message par Memgam »

Bonjour,

Saint-Michel, Brick-goélette, construit en 1894 chez Gautier à Saint-Malo
174 tjb, 137 tjn, 30,02 x 7,72 x 3,48 m

En 1912, indicatif KWSP, immatriculé à Saint-Malo, armateur J. Thomazeau & cie, capitaine Jamet.

Source : Registre n° 84, Bureau Veritas 1912.
René Richard et Jacques Roignant, Les navires des ports de la Bretagne provinciale coulés par faits de guerre 1914-1918, Association Bretagne 14-18, 2010. photo page 83.

Cordialement.

Image
Memgam
Rutilius
Messages : 15297
Inscription : mar. avr. 22, 2008 2:00 am

SAINT-MICHEL ― Brick-goélette terre-neuvier — Capitaine-armateur Eugène Bailbled, Saint-Malo (1913~1917).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Le dernier armateur du brick-goélette Saint-Michel

— BAILBLED Eugène Marie, né le 21 août 1871 à Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine), décédé le 5 décembre 1937 à Saint-Malo (– d° –), au 12, rue du Boyer, son domicile. Capitaine au long-cours, inscrit au quartier de Saint-Malo, n° 663 (Brevet conféré à la suite d'examens ayant eu lieu en Novembre 1904 à Paris : J.O. 6 déc. 1904, p. 7.290).

• Fils d’Armand François BAILBLED, né vers 1813, laboureur, et de Julienne Joséphine HAMONIAUX, née vers 1838, « ménagère », son épouse (Registre des actes de naissance de la commune de Saint-Lu-naire, Année 1871, f° 5, acte n° 18).

Distinctions honorifiques

□ Par décrets des 2 et 16 août 1931 (J.O. 9 août 1931, p. 8.661), nommé au grade chevalier dans l’Or-dre du Mérite maritime.

□ Par décret du 22 juillet 1937 (J.O. 28 juill. 1937, p. 8.512), promu au grade d’officier dans l’Ordre du Mérite maritime.
Dernière modification par Rutilius le ven. août 18, 2023 10:56 pm, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
Messages : 4029
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: SAINT MICHEL Brick goélette de Saint Malo

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

En ce qui concerne la canonnade entendue par l'équipage du SAINT MICHEL le 10 Mai précédent au large du cap de Gate, on pourrait (sans certitude) penser à une action menée par l'U 47 du Kptlt Heinrich METZGER.

Cdlt
olivier
Avatar de l’utilisateur
Gastolli
Messages : 264
Inscription : lun. juin 29, 2009 2:00 am

Re: SAINT MICHEL Brick goélette de Saint Malo

Message par Gastolli »

Bonsoir Olivier,

no, not U 47 and not U 34 and also not U 34 on 18.05.1917. No german U-Boat nearby, no action taken by them those days!

Oliver
olivier 12
Messages : 4029
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: SAINT MICHEL Brick goélette de Saint Malo

Message par olivier 12 »

Bonsoir Oliver,

Thanks for your message.

Si U 34 n'est pas l'auteur de la canonnade du 18 et si aucun sous-marin n'a signalé cette attaque, l'affaire de l'abandon précipité du SAINT MICHEL devient bien étrange. Cela explique déjà que Klasing n'ait pas reconnu le brick goélette le 21 Mai.

Ce sous-marin qu'on ne peut décrire et qui plonge après avoir tiré des coups de canon sans aller plus loin dans son attaque, voilà qui paraît déjà peu compréhensible.
Les dépositions du maître d'équipage et du matelot sont bien laconiques et n'apportent aucune précision qui pourrait expliquer l'abandon si rapide. On les dirait apprises par coeur.

Il n'y a pas de logique dans cette affaire sinon, au mieux, une peur irraisonnée...!

Quant à la canonnade du 10 Mai, elle apparaît elle aussi fantomatique!

Cdlt
olivier
Memgam
Messages : 3648
Inscription : lun. nov. 23, 2009 1:00 am

Re: SAINT MICHEL Brick goélette de Saint Malo

Message par Memgam »

Bonjour,

A classer dans les cas d'hallucination collective.

Cordialement
Memgam
Avatar de l’utilisateur
markab
Messages : 6113
Inscription : dim. déc. 19, 2010 1:00 am

Re: SAINT MICHEL Brick goélette de Saint Malo

Message par markab »

Bonjour,

Le navire a l'indice (4) dans la base de données.

A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
Rutilius
Messages : 15297
Inscription : mar. avr. 22, 2008 2:00 am

SAINT-MICHEL ― Brick-goélette terre-neuvier — Capitaine-armateur Eugène Bailbled, Saint-Malo (1913~1917).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Saint-Michel ― Brick-goélette terre-neuvier — Capitaine-armateur Eugène Bailbled, Saint-Malo (1913~ 1917).

Brick-goélette terre-neuvier construit en 1894 par le chantier Gautier, de Saint-Malo. En 1896, et jusqu’en 1899, propriété de la société Veuve Édouard Thomazeau et Cie [Siège social : Saint-Malo, Grande Rue] ― société dissoute le 18 février 1898 (Archives commerciales de la France, n° 22, Samedi 19 mars 1898, p. 347) ; attaché au port de Saint-Malo ; signal distinctif : K.W.S.P. (1)

A partir de 1898, et jusqu’en 1910, propriété de l’armement J. Thomazeau et Cie, demeurant attaché au port de Saint-Malo ; même signal distinctif. (2)

En 1911, et jusqu’en 1914, propriété de la demoiselle Julie Thomazeau. Donné en gérance à un sieur J. Moussu, demeurant attaché au port de Saint-Malo ; même signal distinctif. (3)

Cédé au printemps 1913 au capitaine-armateur Eugène Bailbled, demeurant attaché au port de Saint-Malo ; même signal distinctif. (4)

Abandonné par son équipage le 18 mai 1917 à 50 milles dans le N.-E. du cap Palos (Carthagène, Murcie, Espagne) et à 22 milles de la terre. Rencontré en dérive le 21 par le sous-marin allemand U-34 (Kapitän-leutnant Johannes KLASING), est incendié et coulé au moyen de charges explosives, par 37° 55’ N. et 1° 15’ E., soit au S.S.-W. des îles Baléares.

Restait néanmoins inscrit au Lloyd’s Register of Shipping en 1918 (5).

Caractéristiques générales. ― Jauge : 174 tx jb et 124 tx jn. Dimensions : 100.5 x 2.3 x 11.4 ft [30,48 x 7,01 x 3,35 m]. [Données du Lloyd’s Register of Shipping]

Jauge : 174 tx jb et 137 tx jn. Dimensions : 30,02 x 7,72 x 3,48 m]. [Données du Bureau Veritas, Registre n° 84, Année 1912]

_________________________________________________________________________________________

(1) Lloyd’s Register of Shipping, 1895~1896, Sailing Vessels, Lettre S., n° 130, p. num. 509 ~ Lloyd’s Register of Shipping,1897~1898, Sailing Vessels, Lettre S., n° 123, p. num. 412 ~ Lloyd’s Register of Shipping, 1898~ 1899, Sailing Vessels, Lettre S., n° 123, p. num. 393.

(2) Lloyd’s Register of Shipping, 1899~1900, Sailing Vessels, Lettre S., n° 119, p. num. 317 ~ Lloyd’s Register of Shipping, 1900~1901, Sailing Vessels, Lettre S., n° 121, p. num. 361 ~ Lloyd’s Register of Shipping,1903~ 1904, Sailing Vessels, Lettre S., n° 136, p. num. 353 ~ Lloyd’s Register of Shipping, 1904~1905, Sailing Vessels, Lettre S., n° 133, p. num. 338 ~ Lloyd’s Register of Shipping, 1905~1906, Sailing Vessels, Lettre S., n° 137, p. num. 326 ~ Lloyd’s Register of Shipping, 1906~1907, Sailing Vessels, Lettre S., n° 136, p. num. 320 ~ Lloyd’s Register of Shipping, 1908~1909, Sailing Vessels, Lettre S., n° 133, p. num. 290.

(3) Lloyd’s Register of Shipping, 1910~1911, Sailing Vessels, Lettre S., n° 119, p. num. 267 ~ Lloyd’s Register of Shipping, 1911~1912, Sailing Vessels, Lettre S., n° 110, p. num. 260 ~ Lloyd’s Register of Shipping, 1913~ 1914, Sailing Vessels, Lettre S., n° 118, p. num. 236.

(4) Le Yacht, n° 1.834, Samedi 3 mai 1913, p. 286 ~ Lloyd’s Register of Shipping, 1914~1915, Sailing Vessels, Lettre S., n° 113, p. num. 228 ~ Lloyd’s Register of Shipping, 1915~1916, Sailing Vessels, Lettre S., n° 111, p. num. 219 ~ Lloyd’s Register of Shipping, 1916~1917, Sailing Vessels, Lettre S., n° 105, p. num. 213 ~ Lloyd’s Register of Shipping, 1917~1918, Sailing Vessels, Lettre S., n° 89, p. num. 201.

(5) Lloyd’s Register of Shipping, 1918~1919, Sailing Vessels, Lettre S., n° 92, p. num. 203.

_________________________________________________________________________________________


SAINT-MICHEL – Brick-goélette  – I –  .jpg
SAINT-MICHEL – Brick-goélette – I – .jpg (335.12 Kio) Consulté 303 fois
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Répondre

Revenir à « Navires et équipages »