WIMEREUX
Yacht patrouilleur
Yacht réquisitionné à Boulogne le 20/11/1915
Utilisé comme patrouilleur auxiliaire à Bizerte jusqu’au 10/03 1919
Attaque par un sous-marin le 12 Juin 1917. Rapport du commandant, l’EV1 MARLOY
Le 12 Juin 1917 à 13h20, à 7 milles dans le N43E du cap Bon, WIMEREUX faisait route au N53W à 7 nœuds. Calme plat. Horizon brumeux.
L’homme de vigie dans la barrique et l’un des veilleurs signalent simultanément un périscope et un sillage à 400 m sur l’avant, à un quart bâbord. Le périscope disparaît avant que le canon de 65 mm de l’avant ait pu être pointé sur lui. Mis machine en avant toute (11 nœuds), appelé aux postes de combat, embardé sur la gauche pour aborder le sous-marin qui se déplace rapidement à notre rencontre, faisant du SSE.
On aperçoit très nettement le sillage et le remous sur la surface de la mer qui est parfaitement calme. Une petite trainée de bulles d’air vient en surface. L’homme qui est dans la barrique distingue nettement la forme noire de la coque.
Fait disposer les grenades Guiraud pour éclatement à 7 m. La première grenade est mouillée lorsque notre étrave est à une dizaine de mètres du sillage que nous élongeons sur bâbord. Elle explose en soulevant une colonne blanche. Aussitôt après l’explosion (le sillage est alors à hauteur de notre cheminée) nous lançons une 2e grenade qui explose en formant une colonne de couleur plus foncée à sa base. Nous distinguons très nettement et pendant longtemps un fort dégagement de grosses poches d’air qui crèvent la surface au milieu d’un remous noir. On ne voit plus le sillage. La barre est à gauche pour pouvoir utiliser les deux canons. Mouillé une 3e grenade qui explose dans les mêmes conditions que la première.
Après avoir fait un tour complet, nous revenons sur le lieu de l’explosion de la 2e grenade que le bouillonnement de l’eau nous a permis de suivre pendant la giration. Je fais mouiller une 4e grenade qui explose là où l’eau est encore souillée.
Le poste TSF émet
- Allo
- Signal chiffré à 14h25
- Signal de 46 groupes chiffrés avec le dictionnaire télégraphique
Très bonne veille de l’équipage.
J’ai la certitude d’avoir atteint le sous-marin avec la 2e grenade. L’explosion a été la cause d’un bouillonnement caractéristique de longue durée, ce qui ne fut pas le cas pour les trois autres.
Le 14 Juillet 1916, WIMEREUX avait déjà été canonné par un sous-marin et l’avait forcé à plonger.
Le WIMEREUX avait déjà eu un témoignage de satisfaction du Contre Amiral commandant supérieur des patrouilles de Méditerranée pour avoir sauvé une goélette italienne attaquée par un sous-marin le 3 Mars 1917. Il avait tiré 30 obus sur ce sous-marin, dont un au but, puis avait remorqué le voilier désemparé.
Je demande une citation pour
- Le 1er maître de manœuvre Jean Chauval qui m’a parfaitement secondé par son sang froid, son énergie et son habileté professionnelle.
- Le QM canonnier Louis Samson qui au cours de 3 attaques de sous-marins a fait preuve du plus bel élan et s’est montré chef de pièce énergique et pointeur habile (déjà cité le 8 Février 1915 à Antivari)
- Le matelot TSF Lucien Barbier (déjà attaqué sur VENUS III en Décembre 1915 et 3 fois sur WIMEREUX) qui a fait preuve d’un beau sang froid et d’une habileté professionnelle remarquable.
Note du CF BASIRE, commandant la 3e escadrille de patrouille au CV Chef de la Division des patrouilles de Méditerranée à bord de l’EROS. A bord de NORMANDIE le 16 Juin 1917.
Vous transmets ci-joint le rapport de l’EV MARLOY, commandant du WIMEREUX, sur sa rencontre avec un sous-marin qu’il a attaqué à la grenade.
L’EV Marloy, grâce à l’entraînement de son équipage, a pu, malgré la rapidité du croisement, lancer des grenades qui ont très probablement atteint leur but.
C’est la troisième fois que WIMEREUX combat un sous-marin et à chaque rencontre Monsieur Marloy a fait preuve des plus grandes qualités de commandement, de sang froid et d’habileté professionnelle.
Je vous demande de bien vouloir citer cet officier à l’Ordre de la Division et d’adresser à son équipage le témoignage de votre satisfaction.
Le sous-marin rencontré
Ne semble pas avoir été identifié. Aucun sous-marin ne fut coulé ce jour-là.
Cdlt