Il s'agit juste de lire le document en bas à droite pour savoir de quoi il retourne.
Nous sommes en février 1916, date à laquelle le Saint François d'Assise, alors navire-hôpital, est chargé d'immerger en mer les soldats serbes morts de maladies et d'épuisement à Corfou.
C'est écrit sur le document qui est en bas à droite.
La photo de gauche en bas, montre des cadavres amoncelés dans un canot qui va les conduire au trois-mâts Saint François d'Assise amarré à l'appontement de l'île de Vigo.
Les deux autres photos montrent les tas de cadavres sous des bâches en attente d'être évacués.
Voir le sujet Saint François d'Assise dans ce forum et le livre du commandant Georges Aubin, L'amour en matelote, Editions France-Empire, 1970, qui donne un récit de cet épisode dans le chapitre Le navire corbillard, pages 157 à 178.
Quelle rapidité !
Je n'avais pas compris que "Saint François d'Assise" était le nom du navire hôpital sur la troisième photo.
Mais quid des p 190-191 du journal (de la Drome ?).
La troisième photo est signée J. Fratrer qui signale : "16 février 1916 cadavres de soldats serbes prêts à être immergés Cf journal pages 190 191"; la précision suivante : "Ile de Vido (Corfou), "Saint François d'Assise, La Barque à Charon, Evacuation de l'armée serbe 1915-1916 " est de la main de P. Olgiati.
La deuxième photo est datée par P. Olgiati de ... Corfou, ... mars 1916. Une autre écriture (J. Fratrer ?): cadavres de soldat serbes morts d'une sorte de choléra prêts à être immergés.
Puis, P.Olgiati :Voir journal - Tomme pages 190-191 + lettre
La première porte seulement le cachet de la Drome, comme les autres.
La première photo montre un amas recouvert de toiles d'où sortent des membres; la deuxième montre un brancardier serbe (?) s'apprêtant à jeter sur d'autres corps recouverts de draps un corps dans un linceul sur la troisième photo, les cadavres sont entassés pêle-mêle; l'attitude "désinvolte" du marin qui prend la pose les mains sur les hanches ajoute pour moi au caractère choquant de cette photo.
Je vais essayer de me procurer le livre que vous citez, il semble que l'on puisse le trouver d'occasion. Merci
Je vous conseille très vivement de lire le chapitre cité, et j'espère, qu'après cette lecture, vous retirerez cette phrase commentaire : 'l'attitude "désinvolte" du marin qui prend la pose les mains sur les hanches ajoute pour moi au caractère choquant de cette photo".
Je peux vous dire dès à présent, que ce qui manque, à la photo, c'est l'odeur et les détails visuels. Il faut, à ce matelot, beaucoup de courage et d'abnégation pour faire une tâche de croque-mort dans des conditions très dures qui vous seront décrites dans le livre d'Aubin. Demandez à ceux qui sont chargés d'enterrer massivement des corps après des catastrophes naturelles, accidentelles, ou de guerre ou encore de ramasser les morceaux comme dans le cas de l'Airbus écrasé dans les Alpes.
Cette horreur me choque ! toute cette horreur ! Et je ne critique pas le marin, bien au contraire... surtout qu'il s'agit de personne morte "d'une sorte de choléra" et que ces marins prennent le risque de contagion.
Ce qui me heurte, c'est la situation, pas les hommes qui l'ont subie.
J'ai bien mis désinvolte entre guillemets, je ne dis pas qu'il est désinvolte.Et je pense que les photographes ont été choqués, eux aussi, pour mettre plus de renseignements qu'ils n'en mettent d'habitude.
Ce qui serait plus intéressant, ce serait de fournir des éléments sur l'origine de ces documents. D'où viennent-ils , extraits de lettre, de journal de vie, quel en est l'auteur ? Quelles sont les informations sur lui ?
A partir de ces renseignements, on peut certainement aller plus loin dans les explications et mieux répondre à vos questions.
C'est comme cela que l'on peut essayer de dérouler le fil d'Ariane.
Dans ces pages marine du forum, vous pouvez consulter le sujet Saint François d'Assise où vous pourrez constater que le commandant du navire a été fait chevalier de la Légion d'honneur, voyez aussi les sujets Drôme et Savoie.
Le photographe dont j'ai consulté les albums de photos est Pierre Olgiati (1886-1917), CLC, LV. Il contribuait au "Yacht" et au "Mercure de France".
Cette série de photos concerne la croisière de la Drôme en 1916.
Il signe toujours ses photos ou signale l'auteur. Il signale toujours le nom des navires, et jamais ceux des personnes.
Il date toujours en chiffre romains.
Il lui arrive de signaler les conditions de luminosité.
Il y a des photos de navires détruits, mais pas de mort d'hommes. Et ces photos que j'ai vues plusieurs fois me paraissaient de paisibles photos "touristiques" jusqu'à ce que je les regarde vraiment, que je les détache et que je lise le verso.
Depuis, elles m'obsèdent et j'ai l'impression que "cf pages 190-191" s'adresse à moi.
Pour le reste, il me semble que ce serait bien de publier toutes ces photos de marine inédites pour 1917, anniversaire de la mort de Pierre Olgiati, dont vous pouvez voir des photos d'aviation sur le site de Denis Albin.
Il parait vraisemblable qu'il y ait d'un côté des albums photos, heureusement légendées et de l'autre un journal d'au moins 191 pages. Le tout est de mettre la main sur le dit journal.
Je ne pense pas que P. Olgiati ait tenu un journal. La famille n'en a jamais, à ma connaissance fait mention (et son unique nièce lui portait un véritable culte). Ses lettres à sa mère sont essentiellement conservées aux archives de Brest.
Le journal peut être soit le livre de bord, soit le journal de l'autre photographe, soit ? Qu'est-ce que des officiers de marine pouvait appeler journal ? Un journal de la Flotte ? Un journal français à Corfou ?
Je sais bien que c'est désespéré, mais ce "cf" me poursuit comme une injonction.!
Je suis sans doute idiote !
Pierre Maurice Olgiati est né le 10 novembre 1886 à Brest, inscrit maritime n° 161 à Honfleur, capitaine au long cours, mort pour la France le 20 mai 1917 par chute d'aéroplane (FBA 150ph n° 352) à Salonique (Grèce), transcrit à Brest le 17 août 1917. Enseigne de vaisseau auxiliaire, pilote d'avion, école de Chartres, brevet n° 4602 en 1916.
Pierre Olgiati est l'arrière grand-oncle de l'époux de mny.
Il est tout à fait exclu que le journal soit un livre de bord, document officiel réglementaire et à l'accès limité. Une pagination 190-191 ne correspond pas à un journal français ou autre qui ne comportait que quelques pages. Il semble donc bien qu'il s'agisse d'un journal personnel, tenu au fil des jours et en relation avec les albums de photos.
S'il y a eu un dépôt aux archives de Brest, c'est ce fonds qu'il faut d'abord consulter pour savoir s'il y existe un document d'au moins 190 pages.