LA TOUR D’AGON
Goélette française de 121 t
Armateur Julien LORRE de Saint Pierre et Miquelon
Affréteur Monsieur CHOIMARD
Traversée St Pierre – La Rochelle avec un chargement de morues
Capitaine LORRE Julien (aussi orthographié LOIRE sur certains documents)
Equipage de 7 hommes y compris le capitaine. Très bonne attitude
Documents à bord : Instructions données à St Pierre et Miquelon pour l’atterrissage sur les côtes de France. Ont été détruites. Mais un vieux document datant de 1914 et donnant la position des champs de mines a été confisqué par le commandant du sous-marin avec les papiers du bord.
Rapport du CF commandant la 4e escadrille de patrouille
La goélette LA TOUR D’AGON a été coulée le 16 Juin 1917 à 12h00 par un sous-marin allemand par 45°41 N et 02°49 W.
Canonnée à obus par le sous-marin, la goélette, encalminée et incapable de toute manœuvre a obéi immédiatement. L’équipage a embarqué dans les deux doris et a été appelé à bord du sous-marin. Le sous-marin a envoyé un officier et deux marins sur la goélette pour poser trois bombes (2 à bâbord et 1 à tribord) et enlever tout ce qui pouvait lui être utile : literie, couvertures, vivres, batterie de cuisine. La goélette a coulé vers midi.
Deux cheminées fumant furent aperçues à l’horizon. Le sous-marin crut à l’arrivée d’un paquebot et sembla s’en réjouir. Il quitta aussitôt les doris et mit le cap sur le paquebot supposé. Mais presque aussitôt, il reconnut son erreur car il s’agissait de deux patrouilleurs. Il prit immédiatement chasse et plongea. La précipitation que mit le sous-marin dans ses manœuvres permit aux naufragés de conserver dans les canots le matériel que le sous-marin n’avait pas pris le temps d’embarquer, en particulier les vivres.
Il est intéressant de retenir l’attention particulière apportée par le commandant du sous-marin à l’arrivée d’un paquebot, ainsi que d’enregistrer la fuite immédiate devant les patrouilleurs.
Dans ce cas, les deux patrouilleurs étaient RAIE et ROUGET qui revenaient de l’escorte spéciale du AUDACIA jusqu’à Finisterre et avaient entendu de très loin la canonnade. Ils ont aperçu le sous-marin entre les deux doris. Il avait du se placer ainsi pour gêner le tir des patrouilleurs. Il a plongé alors que les patrouilleurs étaient encore à plus de 5 milles et le feu n’a pu être ouvert. RAIE a embarqué les naufragés tandis que ROUGET recherchait le sous-marin. Mais sa trace n’a pu être retrouvée.
Description du sous-marin
40 m de long
Pont plat sur toute la longueur, avec rambarde
Grand kiosque supportant une plateforme rectangulaire haute de 1,5 m avec deux échelles sur l’arrière. Caillebotis en bois. Vu une barre à roue, des tuyautages et un porte-voix
Pas de numéro mais la lettre « W » peinte en blanc
1 canon sur l’avant du kiosque, peut-être 100 mm longueur 2m affût boulonné sur le pont
1 périscope sur le kiosque
Installation TSF consistant en 2 antennes sur l’avant et 2 sur l’arrière, avec isolateurs.
1 tube lance torpilles de chaque bord sur l’avant
Pas de projecteur ni de coupe filets
Manœuvrait très bien
Peinture gris couleur toile mouillée
Vu une quinzaine d’hommes sur le pont
Le commandant du sous-marin a posé des questions en français au capitaine. Il lui a demandé s’il avait aperçu d’autres voiliers ou des vapeurs. Il était grand, blond, jeune (environ 30 ans) et vêtu de toile kaki. Il portait à la ceinture un revolver dans un étui.
Le second était grand, maigre, portait les mêmes vêtements et aussi un revolver.
Le commandant s’est inquiété de savoir s’il y avait suffisamment de vivres dans les doris et en a fait rajouter ainsi que de l’eau. Tous les officiers et les hommes vus parlaient bien le français. En guise de plaisanterie le commandant a même interpellé amicalement l’un de ses hommes en l’appelant « Sale boche… »
Voici deux silhouettes de ce sous-marin


Conclusions de la commission d’enquête
Cette commission est composée de :
- CF Garnier Président
- BORIE Administrateur Principal de l’Inscription Maritime
- EV1 Guibert
La commission conclut :
Le capitaine et l’équipage du LA TOUR D’AGON, dont l’attitude a d’ailleurs été très bonne, étant dépourvus de tout moyen de défense, ne pouvaient qu’abandonner leur navire. Le capitaine est exempt de tout reproche.
Le sous-marin attaquant
C’était l’UC 69 du Kptlt Erwin WASSNER. Il avait effectivement juste 30 ans. On note que l'équipage a remarqué la lettre "W" sur l'avant, comme le signalera l'équipage du JEANNE CONSEIL quelques mois plus tard sur l'UB 59 sous les ordres du même commandant..
Connait-on la signification de cette lettre ?

Nota : Dans tous les documents du dossier le navire est appelé LATOUR -en un seul mot- D'AGON
Cdlt