Front de mer de Nieuport.

Rutilius
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Re: Front de mer de Nieuport.

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Bonsoir à tous,

Front de mer de Nieuport


Contre-amiral Paul JEHENNE : « Historique des batteries de canonniers-marins et des canonnières-fluviales », 1938, 319 p.


« XII. — CRÉATION DU FRONT DE MER DE BELGIQUE.

En Avril 1915, le Général Commandant le 36e C.A. demande l’envoi d’une pièce à longue portée pour contre-battre un mortier de 420 allemand menaçant les écluses de l’Yser.
Ordre est alors donné d’installer sur péniche (Jeanne-d’Arc) une des pièces de 16 du Camp retranché de Paris (Enseigne de Vaisseau Begouen-Demeaux).
Ce matériel est mis en batterie sur le canal de Loo et exécute quelques tirs sur une pièce de 380 Marine située à Clercken.
La pièce éclate le 16 Juin et est aussitôt remplacée par une autre.
En Juillet 1915, la Jeanne-d’Arc est désarmée et son matériel est remis en batterie dans un ouvrage casematé construit dans les dunes en vue de contre-battre les organisations de l’ennemi sur la côte belge et de gêner les patrouilleurs ennemis.
Cette pièce exécute de nombreux tirs très efficaces.
Au début de 1916, la défense du Front de mer de Belgique, confiée au Lieutenant de Vaisseau Renaux, est constituée par :
1°) Un ouvrage casematé dénommé Lorraine contenant deux pièces de 16 dont l’une peut tirer sur les ouvrages ennemis de la côte ;
2°) Un ouvrage également casematé dénommé Marseillaise armé de deux pièces de 14, modèle 1910 ;
3°) Un ouvrage non casematé dénommé Saint-Louis armé de quatre pièces de 100 mm, modèle 1897 ;
4°) Un service de projecteurs.
Le 1er Janvier 1917, les ouvrages et le personnel qui les sert constituent le Front de Mer de Nieuport, passent sous les ordres du Vice-Amiral Ronarc’h, Commandant la Marine dans la zone des Armées du Nord et cessent par la suite de faire partie de la Formation des Canonniers-Marins.
Toutefois le personnel et le matériel de l’ouvrage Jeanne-d’Arc restent affectés à cette dernière formation et sont envoyés dans un ouvrage à Saint-Crépin (Nord de Compiègne), pour participer aux opérations prévues dans cette région. » (op. cit., p. 78 et 79).



— Auguste THOMAZI, Capitaine de vaisseau de réserve : « La marine française dans la Grande Guerre. Les marins à terre », éd. Payot, Paris, Collection de mémoires, études et documents pour servir à l’histoire de la guerre mondiale, 1933, 234 p., 12 croquis.

« ... la Jeanne-d’Arc, armée sous le commandement de l’enseigne de vaisseau Bégouin-Demeaux, est installée sur le canal de Belgique, dans le voisinage de Loo, pour contrebattre le 380 de Clerken qui tire sur Dunkerque. Après deux mois d’activité efficace, la Jeanne-d’Arc est désarmée et son canon mis en casemate dans les dunes pour tirer sur les batteries allemandes du front de mer de Belgique et sur les torpilleurs et dragueurs qui opèrent autour d’Ostende. L’ouvrage Jeanne-d’Arc, complété par une seconde pièce de 16, puis par deux de 14 et une batterie de 10 contre avions, devient le Groupe du Nord, et enfin en 1916 le Front de mer de Nieuport, commandé par le capitaine de corvette Renaux et dépendant du commandement supérieur de la marine dans la zone des armées du Nord. » (op. cit., p. 163 et 164).


Par décision du Ministre de la Marine en date du 8 novembre 1918 (J.O. 17 nov. 1918, p. 9.954), la formation des canonniers marins du Front de mer de Nieuport fut citée à l’ordre de l’armée dans les termes suivants :

« La formation des canonniers du front de mer de Nieuport : formation d’élite, dont les batteries n’ont pas connu de repos depuis quarante-deux mois, et dont le personnel a fait preuve, sous le commandement du Capitaine de corvette RENAUX (F.-C.) du meilleur esprit du devoir, d’abnégation et d’entrain, malgré de lourdes pertes dues au feu de l’ennemi. (Déjà citée à l’ordre de la division) ».
Rutilius
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Marins victimes de l’explosion et de l’incendie de l’ouvrage Lorraine

(Front de mer de Nieuport, 3 mai 1917)


― ABJEAN Émile Louis Marie, né le 1er juin 1893 à Lanhouarneau (Finistère) et y domicilié, Quartier-maître fusilier, Matricule n° 98.479 – 2 (Acte transcrit à Lanhouarneau, le ...).

― BACCON Yves Urbain, né le 23 mai 1894 à la Forêt-Fouesnant (Finistère) et y domicilié, Matelot de 3e classe sans spécialité, inscrit à Concarneau, n° 6.221 (Acte transcrit à la Forêt-Fouesnant, le ...).

— DINAHET Joseph Marie Désiré, né le 26 juin 1894 au Palais (Belle-Île, Morbihan) et domicilié à La Trinité-sur-Mer (– d° –), disparu, Matelot de ... classe, inscrit à Auray, f° 2.374, n° 4.747 (Jug. Trib. Cherbourg, 6 sept. 1917, transcrit à Cherbourg, le 20 sept. 1917).

― FOLIARD Joseph Marie, né le 19 mars 1893 à Guer (Morbihan) et y domicilié, Quartier-maître canonnier, Matricule n° 23.625 – 3 (Acte transcrit à Guer, le 26 déc. 1917).

― GIRARD Ulysse Amédée, né le 9 novembre 1883 à Jonzac (Charente-Inférieure – aujourd’hui Charente-Maritime –) et domicilié à Fouras (– d° –), Premier maître canonnier, inscrit à Rochefort, n° 4.537 (Acte établi à Groenendyck-Plage, commune de Port-Dunkerque, transcrit à Fouras, le 3 juill. 1917).

— GUILLOSSON Henri Louis Marie, né le 3 novembre 1885 à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-du-Nord –aujourd’hui Cotes-d’Armor –) et domicilié à Étables (– d° –), Maître canonnier, inscrit à Binic, n° 4.960 (Acte transcrit à Étables, le 6 juill. 1917).

— KERBOAS Louis Eugène Ange, né le 11 janvier 1895 à Hennebont (Morbihan) et y domicilié, disparu, Matelot de 3e classe sans spécialité, Matricule n° 27.717 – 3 (Jug. Trib. Cherbourg, 6 sept. 1917, transcrit à Cherbourg, le 20 sept. 1917).

— KERJEAN Yves Marie, né le 16 décembre 1892 à Ploudalmézeau (Finistère) et domicilié à Posporder (– d° –), disparu, Matelot de ... classe sans spécialité, inscrit au Conquet, n° 8.128 (Jug. Trib. Cherbourg, 6 sept. 1917, transcrit à Cherbourg, le 20 sept. 1917).

— LE FUR Jean Nicolas, né le 22 octobre 1894 à Combrit (Finistère) et y domicilié, Matelot de 2e classe canonnier breveté, inscrit au Guilvinec, n° 2.960 (Acte transcrit à Combrit, le 24 juill. 1917).

— LE ROUX René Marie, né le 28 juillet 1895 à Lorient (Morbihan) et y domicilié, Matelot de 3e classe charpentier, Matricule n° 27.777 – 3 (Acte transcrit à Lorient, le 6 juill. 1917).
— NOWÉ Marcel Noël, né le 2 juillet 1894 à Ghyvelde (Nord) et domicilié à Malo-les-Bains (– d° –), disparu, Matelot de 3e classe sans spécialité, inscrit à Dunkerque, n° 5.303 (Jug. Trib. Cherbourg, 6 sept. 1917, transcrit à Cherbourg, le 20 sept. 1917).

— PERROT Joseph, né le 20 janvier 1893 à Porspoder (Finistère) et y domicilié, disparu, Quartier maître canonnier, Matricule n° 100.199 – 2 (Jug. Trib. Cherbourg, 6 sept. 1917, transcrit à Cherbourg, le 20 sept. 1917).

― POINSIGNON Edmond Lucien, né le 4 mars 1896 à Lille (Nord) et domicilié à Calais (Pas-de-Calais), disparu, Matelot de 3e classe sans spécialité, Matricule n° 36.440 – 1 (Jug. Trib. Cherbourg, 6 sept. 1917, transcrit à Cherbourg, le 20 sept. 1917).

― QUENTREC Louis Hippolyte, né le 23 janvier 1886 à Douarnenez (Finistère) et y domicilié, Second maître canonnier, inscrit à Douarnenez, n° 3.248 (Acte transcrit à Douarnenez, le 30 juin 1917).

― TRIVIDIC Henri, né le 3 décembre 1889 à Plouhinec (Finistère) et y domicilié, Matelot de 3e classe sans spécialité, inscrit à Audierne, n° 6.251 (Acte transcrit à Plouhinec, le 10 juill. 1917).


Récompenses posthumes


Par décision ministérielle du 2 mai 1917 (J.O. 5 mai 1917, p. 3.591), le premier maître canonnier Ulysse Amédée GIRARD fut inscrit d’office au tableau d’avancement pour le grade d’officier de 4e classe des équipages de la flotte dans les termes suivants :

« En service dans une batterie active du Front de mer de Nieuport depuis plus d’un an, y a rendu des services très appréciés par ses capacités techniques. Il s’est, en outre, fait remarquer, en maintes circonstances, par son zèle, son haut sentiment du devoir et sa parfaite bravoure. »


Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 11 juillet 1919 (J.O. 14 juill. 1919, p. 7.315), le maître canonnier Henri Louis Marie GUILLOSSON et le second maître canonnier Louis Hippolyte QUENTREC furent inscrits à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :

« Se sont toujours distingués par leur dévouement actif et leur parfaite bravoure. Tués glorieusement à leur pièce en action, sous le bombardement, le 3 mai 1917. » (p. 7.318).


Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 13 mars 1921 (J.O., 20 mars 1921, p. 3.515 et 3.516), furent inscrits à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :

« Se sont toujours distingués par leur dévouement actif et leur parfaite bravoure. Tués glorieusement à leur pièce en action, sous le bombardement ennemi, le 3 mai 1917. Ont été cités. »

les marins dont les noms suivent :

― Émile Louis Marie ABJEAN ;

― Yves Urbain BACCON ;

— Joseph Marie Désiré DINAHET ;

― Joseph Marie FOLIARD ;

— Louis Eugène Ange KERBOAS ;

— Yves Marie KERJEAN ;

— Jean Nicolas LE FUR ;

— René Marie LE ROUX ;

— Marcel Noël NOWÉ ;

— Joseph PERROT ;

― Edmond Lucien POINSIGNON ;

― Henri TRIVIDIC.
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delmi83
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Re: Front de mer de Nieuport.

Message par delmi83 »

Bonjour Rutilius,

comme le faisait remarquer Guy, l'explosion de l'ouvrage Lorraine est précisé dans le JMO du 36° CA qui donne un bilan de 16 morts et 3 blessés. Dans votre liste, vous donnez 15 noms, en manquerait-il un ???

Quant à moi, je suis toujours aussi curieux de connaître cet emplacement "entre Oostdunkerke et l'Yser". Tout comme l'ouvrage casematé Jeanne d'Arc avec les pièces de 16 et de 14.

Par ailleurs, dans le JMO du Groupement de Nieuport, en 1916, il est souvent fait état d'une (et une seule) pièce de 16 de marine prise à partie. Une seule fois, elle est nommée : la pièce Begoun.

Cordialement

Michel
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