GUETHARY Armement Plisson

olivier 12
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Re: GUETHARY Armement Plisson

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

GUETHARY

Vapeur construit en 1916 au chantier Wood Skinner à Bill Quay pour l’Armement Plisson
1731 t. Longueur 79 m Largeur 11,5 m Une hélice
Rebaptisé BELTINGE en 1931
Perdu le 6 Janvier 1940 au large des Sables d’Olonne lors d’une traversée Port Talbot – Les Sables d’Olonne avec un chargement de charbon.

Rencontre avec un navire corsaire et un sous-marin 21 Avril 1917

Rapport du capitaine


Je soussigné, capitaine du vapeur GUETHARY de l’Armement Plisson et Cie, Compagnie des Chargeurs Français à Paris, déclare avoir quitté Newport (Angleterre) le 19 Avril 1917 avec 2105 tonnes de briquettes pour les Chemins de fer de l’Etat Algérien, à destination d’Arzew. Débarqué le pilote sur rade de Barry Dock le même jour, et suivi les routes recommandées par l’Amirauté.

Le 21 Avril 1917 à 06h00 GMT, par 34°38N et 11°07 W, faisant route au N85E, de veille avec l’officier de quart, aperçu une fumée à l’horizon, puis la silhouette d’un vapeur. Ce navire, à 4 quarts sur tribord, faisait route au 050. Il change de cap et vient au NNW nous coupant la route. Ce navire nous paraissait être un allié, avec canon à l’arrière et mâture haute pour TSF. Venu franchement sur tribord, cap au sud. Le navire fait alors une route parallèle à la nôtre, se tenant à 4 milles dans l’Est, puis vient à l’Ouest, nous coupant à nouveau la route. Cette manœuvre nous paraît suspecte et, voulant garder la distance, je mets cap à l’Ouest. Le navire suspect fait un nouveau changement de route et se maintient dans notre sillage. Je change à nouveau de route et le navire vient dans la même direction, augmentant sa vitesse.
Appelé aux postes de combat, renforcé l’équipage machine avec des matelots afin d’augmenter la vitesse. Atteint la vitesse de 11 nœuds, alors que celle de notre adversaire est de 10,5 nœuds. Il reste dans mon sillage et je vois très bien sa coque. C’est un cargo de type Turret. Voici sa silhouette :

Image

Je viens au SW et il vient au même cap dans mon sillage. Je donne l’ordre de forcer encore la vapeur. Vers 08h10, il abandonne la poursuite et vient lentement sur la droite, cap au WqNW, puis stoppe.
Revenu peu à peu au N85E. A 16h00, aperçu un 4-mâts chargé, mais toutes voiles amenées. Laissé ce navire à 3 milles dans le nord.

A 18h25 GMT, aperçu un sous-marin de grande dimension, l’avant hors de l’eau. Appelé aux postes de combat et venu de 90° sur tribord. Monté à l’allure maximum et chargé la pièce. Le sous-marin tente de nous couper la route. Venu au S77W. La position est 34°49 N et 09°28 W.
A 4,5 milles, l’ennemi ouvre le feu et je riposte. Mais le coup ne part pas car le canonnier de quart, dans sa précipitation a placé la gargousse avant l’obus. L’officier de tir (mon second), le quartier-maître et le 2e canonnier, arrivés entre temps, constatent l’impossibilité de dégager la gargousse et de sortir le projectile. Ne pouvant répondre à mon adversaire, je demande au chef mécanicien de me dégager cette pièce. Très rapidement il façonne une tige de fer avec croc et parvient à enlever la gargousse et à repousser le projectile dans son logement. Venu cap à l’Ouest pour présenter l’arrière, je suis éclairé par le soleil couchant ce qui est une position favorable pour mon adversaire alors que je le vois mal dans l’ombre. Je lui envoie néanmoins 14 projectiles et lui a du en tirer 22 avant d’abandonner la poursuite subitement.
Cessé le feu à 19h10 GMT. Continué au même cap puis, la nuit tombée, revenu au cap initial.
A 20h30, le chef mécanicien me prévient que la soute à charbon bâbord sera vide dans quelques heures et qu’il sera impossible de remonter à allure maximum en cas d’alerte. Je décide de mouiller à Casablanca, port le plus proche, pout transférer du charbon de la cale 2 dans les soutes.
Mouillé à Casablanca le 22 Avril 1917 à 08h00.

Je félicite mon personnel pont et machine pour leur obéissance et leur promptitude à exécuter les ordres, et tout particulièrement mon chef mécanicien, mon second et les canonniers qui m’ont permis de sauver mon navire.

Note du Capitaine de Vaisseau de Cacqueray, commandant la Division navale du Maroc, au Ministre. Mai 1917

J’ai l’honneur de vous communiquer le rapport du capitaine du vapeur GUETHARY, venu en relâche à Casablanca après avoir rencontré un navire corsaire et un sous-marin le 21 Avril 1917.

Le navire corsaire était du type « Turret deck vessel », dont de nombreux exemplaires passent par Gibraltar. C’est vraisemblablement un vapeur anglais évacué par son équipage et conservé comme appui et comme éclaireur avec un équipage de prise, par le sous-marin. Comme signalé par les services de renseignements, il a été coulé par la suite.

Le sous-marin a été mal vu à cause de la nuit tombante, mais le capitaine dit qu’il avait deux canons de type différent. Il s’appuie sur la hauteur des gerbes qui étaient différentes, et sur certains coups tirés à intervalles très faibles, ne pouvant provenir de la même pièce.

Le capitaine Joseph BIHAN, Enseigne de Vaisseau de 1ère classe auxiliaire, CLC inscrit à Groix n° 4, a très bien manœuvré et montré beaucoup de sang froid. Je le propose pour une citation à l’Ordre de la Division pour le motif suivant :
« A fait preuve de sang froid, d’énergie et de qualités professionnelles remarquables lors de la rencontre d’un bâtiment suspect puis d’un sous-marin avec lequel il a engagé le combat. Sa riposte a forcé l’ennemi à abandonner la chasse ».

Je propose une Citation à l’Ordre du Régiment pour le chef mécanicien Georges SOUBABERE, inscrit à La Rochelle n° 856, pour le motif suivant :
« A, sous le feu de l’ennemi, fait preuve du plus grand sang froid en réparant une avarie survenue à la pièce du bord et a permis de reprendre le feu dans un minimum de temps. »

Je propose un Témoignage de Satisfaction du Ministre pour tout l’ équipage au motif suivant :
« Pour sa belle attitude lors de l’attaque de ce vapeur par un sous-marin le 21 Avril 1917 ».

L’armement de la pièce, s’il a montré du sang froid, n’a pas obtenu un rendement méritant une récompense particulière. Je n’ai pas le nom du canonnier qui par maladresse a entravé le tir.

Enfin, il est désirable qu’un bâtiment de la valeur du GUETHARY soit muni le plus rapidement possible de TSF et des Instructions aux Capitaines pour la conduite du tir.

Nota : Toutes les récompenses demandées seront accordées avec signatures des Amiraux de BON et LACAZE.

Le navire « corsaire » et le sous-marin attaquant


Le sous-marin me paraît à l’évidence être l’U 35 du KL Lothar von ARNAULD de la PERIERE.
Nous l’avons déjà vu sur cette même zone lors de sa rencontre avec le vapeur ESPAGNE. Toutefois, la chronologie des faits est difficile à reconstituer et à confirmer sans avoir son KTB sous les yeux.

Comme l‘a confirmé Yves à la fiche ESPAGNE, le navire coulé à 17h30 (heure du sous-marin) est très certainement le NENTMOOR. Le vapeur pris ensuite en chasse est également à coup sûr l’ESPAGNE (reconnaissable à ses 3 mâts). Mais plus tard encore, sans doute (18h30 GMT – 19h30 heure du sous-marin) il va prendre en chasse le GUETHARY et se livrer à un duel d’artillerie avec lui avant d’abandonner la poursuite à cause de la nuit.

Ces deux vapeurs auraient donc échappé l’un après l’autre à l’U35.

Quant au vapeur qui chasse le GUETHARY vers 07h00 du matin, il pourrait bien s’agir du NENTMOOR lui-même. Pour cela, il faudrait qu’il ait été capturé tôt le matin et que quelques Allemands soient montés à son bord, peut-être pour récupérer matériel ou vivres. Ils l’auraient ensuite coulé en fin d’après midi.
Le NENTMOOR était-il un navire du type Turret ? Tout cela reste à vérifier.

Notons aussi la présence de ce quatre-mâts aperçu encalminé par les hommes du GUETHARY et certainement signalé. Les services de renseignements ont sans doute fait une confusion avec le "vapeur corsaire" et ont déclenché une alerte reçue avec un certain étonnement par l'ESPAGNE...

Cdlt
olivier
Rutilius
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Re: GUETHARY Armement Plisson

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,


■ Récompenses.

Journal officiel du 16 mai 1917, p. 3.928.


« Un témoignage officiel de satisfaction est accordé au vapeur Guéthary pour la belle attitude de son équipage lors de l’attaque de ce vapeur par un sous-marin, le 21 avril 1917. »
Rutilius
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Re: GUETHARY Armement Plisson

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■ Historique (complément).

Le cargo Guéthary, appartenant à la Compagnie des Chargeurs français (Plisson & Cie), de Bayonne, fut acquis aux enchères publiques, le 23 décembre 1930 à Marseille, par la société d’armement Constants (South Wales), de Cardiff (Pays de Galles, Royaume Uni), moyennant le prix de 851.000 fr. Cette somme fut alors déposée à la Caisse des dépôts et consignations ; le bâtiment avait en effet fait l’objet, d’une part, d’une saisie conservatoire en date du 21 août 1930 au bénéfice d’un sieur Faron, et, d’autre part, d’une interdiction de sortie signifiée la veille au commandant du port de Rouen, où le navire se trouvait à quai.

A la requête des sieurs Constants, le président du Tribunal civil de Rouen, statuant en référé, décida, par une ordonnance en date du 13 février 1931, que les effets de la saisie-conservatoire seraient reportés sur le produit de la vente consigné à la Caisse des dépôts et consignations, et, sous cette réserve, que devait être reconnu aux acquéreurs le droit de prendre possession du navire, de le réarmer et de lui faire quitter le port de Rouen. Le Guéthary put donc enfin appareiller de Rouen par suite de l’exécution provisoire de l’ordonnance.

La solution dégagée par le juge des référés fut en tous points confirmée par un arrêt de la Cour d’appel de Rouen en date du 18 avril 1932 au motif « qu’aucun texte n’interdit de faire procéder à la vente d’un navire qui a fait l’objet d’une saisie-conservatoire, à la condition toutefois que cette vente ne soit pas entachée de fraude », ce qui, en la circonstance, n’était aucunement établi (Rouen, 1re Ch., 18 avr. 1932, Chargeurs français c / Faron : Recueil de jurisprudence maritime et commerciale du Havre, 1932, II, p. 130).
Rutilius
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Re: GUETHARY Armement Plisson

Message par Rutilius »



En Juillet 1919, le cargo Guéthary était commandé par Constant DURAND, inscrit à Saint-Nazaire, n° 365, et avait pour chef mécanicien Alexandre SOULARD, inscrit à Nantes [ou aux Sables-d’Olonne], n° 1.878 (Déc. du Commissaire aux transports maritimes du 7 juill. 1919 accordant des félicitations aux capitaines ou patrons de navires de commerce, aux armateurs et aux chefs mécaniciens pour la bonne tenue et le bon entretien des machines, chaudières, etc. : J.O., 11 juill. 1919, p. 7.163).

Même situation en Novembre 1920 (Déc. du Commissaire aux transports maritimes du 10 nov. 1920 accordant des félicitations ... : J.O., 11 nov. 1920, p. 18.032).

Le capitaine Durand exerçait toujours ce commandement début 1928, ainsi qu’il résulte des motifs d’un jugement rendu par le Tribunal civil de Montpellier à la suite d’un accident mortel dont fut victime à bord, le 19 janvier 1928, l’ouvrier d’un acconier du port de Sète (Trib. civ. Montpellier, 13 juin 1929, Dame Lombardi c/ Société des Chargeurs français : Revue de droit maritime comparé, 1929, Jur. p. 407 – Et en appel, Montpellier, 24 janv. 1930, Société des Chargeurs français c/ Veuve Lombardi et Nicoulet et Cie : Le Droit maritime français, 1930, Jur. p. 164).
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: GUETHARY Armement Plisson

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


■ Historique (complément).


― 5 août 1917 : Alors qu’il allait de Huelva (Espagne) à Nantes avec un chargement de pyrites, échappe à l’attaque d’un sous-marin par 47° 00’ N. et 04° 50’ W.


Rapport de mer du capitaine E. Amestey (8 août 1917).


« L’an mil neuf cent dix-sept, le huit août, devant Nous, Président du Tribunal de commerce de Nantes, assisté de M. E. Ouvrard, a comparu le sieur E. Amestey, capitaine du vapeur Guéthary du port de Bayonne, jaugeant 1.029,70 t., appartenant à M. Plisson et Cie (Paris), armé par 28 hommes d’équipage, lequel déclare avoir quitté le port de Huelva (Espagne) le samedi 28 juillet 1917 vers 18 h. 25, ayant à bord un complet chargement de pyrites à destination de Nantes.

Je quittais Huelva par beau temps, mer belle et je suivais des routes diverses selon les instructions de l’Amirauté. Du 28 juillet au 5 août n’ayant rien de particulier à signaler. Le 5 août, à T.v.g. 19 h. 30, me trouvant par le 47° N.~ 4° 50’ O. Greenwich, ayant le cap au N.-O. 5° E. vrai, et la nuit étant presque venue, un sous-marin ennemi, qui était resté inaperçu malgré notre surveillance active, ouvre le feu sur nous et le premier obus tombe par le travers du spardeck à 20 mètres du bord. Nous ne pouvions pas distinguer le sous-marin, ayant vu seulement une flamme jaillir de son canon ; il se trouvait à environ deux quarts sur l’arrière de notre travers. Immédiatement, je mis le cap au N. 35 O., lui présentant ainsi l’arrière ; je donnais l’ordre de lancer la machine à toute puissance ; je commandais au poste de combat et disposais mon personnel de la façon la plus utile ne cette circonstance. Très promptement, tous les hommes furent à leur poste prêt à lutter. Je faisais émettre par la T.S.F. l’attaque, indiquant ma position à ce moment, ma route et la vitesse, qui était d’environ 10 nœuds ½. Dès que l’on pût repérer exactement l’ennemi, je commandais de tirer ; j’estime qu’il était à une distance d’environ 6.000 m. L’ennemi tirait sur nous sans arrêt avec deux canons, car les coups se succédaient presque sans intervalles ; il se trouvait très favorisé, étant donné qu’il nous voyait encore bien dans la lueur du coucher du soleil, alors que lui se trouvait dans l’ombre complète et que mes canonniers, ne voyant pas la coque de l’adversaire, étaient obligés de se guider pour viser sur les flammes qui sortaient des canons ennemis. Plusieurs projectiles ennemis tombèrent en éclatant de 5 à 10 mètres du navire ; beaucoup d’éclats d’obus tombèrent à bord et deux de mes hommes furent légèrement blessés. A 20 h. 30 (T.v.g.), l’ennemi voyant sans doute qu’il ne parvenait pas à nous atteindre et bien moins encore à nous arrêter, il cessa le feu subitement ; je fus donc obligé de cesser le feu moi-même, ne voyant plus les flammes de l’adversaire pour viser dessus. Je réussis à lui envoyer 17 projectiles avec résultats inconnus et lui une trentaine. La lutte dura donc environ une heure. La nuit étant complètement venue, je venais doucement d’heure en heure sur tribord, mettant le cap sur Penmarc’h étant donné que la présence douteuse du sous-marin par tribord m’empêchais de venir atterrir au Nord de Belle-Île. Je doublais le service de veille, craignant que ce sous-marin me poursuive pour recommencer la lutte dans l’espoir d’obtenir plus de succès, mais nous n’aperçûmes plus rien. Le 6 août 1917, à 4 h. du matin, je doublais les Glénans par l’Ouest et faisais route sur Belle-Île. De 7 h. à 10 h., brume intense. Je réussis à atteindre cette rade à 11 h. et je prenais le pilote de la Loire. J’arrivais sur rade de Saint-Nazaire à 16 h. 30 et, après avoir été arraisonné et changé de pilote, je continuais la route pour Nantes. Le navire était placé à quai à Roche Maurice à 21 h. 30 sans autre incident. Par suite des événements ci-dessus indiqués, je tiens à faire tous mes éloges à tout mon personnel, pont et machine, qui tous sans exception ont fait preuve du plus grand sang-froid, d’une obéissance et d’une promptitude parfaites, tous mes ordres ayant été exécutés rigoureusement. Je félicite particulièrement mes officiers pont et machine, les trois canonniers, le T.S.F. qui, grâce à leur concours énergique, m’ont permis de soutenir la lutte inégale, de sauver ainsi le navire et de remplir dans toute la mesure du possible le devoir et la tâche qui m’incombent. Vu le grand nombre de projectiles qui ont éclaté très près le long du bord et un, notamment, à 4 ou 5 mètres de l’hélice, je fais toutes réserves au cas où l’on découvrirait des avaries sur la coque du navire sous la flottaison après le déchargement et au prochain passage en cale sèche. Je prends également des réserves en ce qui concerne le chargement. En foi de quoi j’ai rédigé le présent rapport sincère et véritable, me réservant le droit de l’amplifier par la suite si besoin est.

Ont aussi comparu les sieurs Dauphin, Legorju et Lecorre faisant partie de l’équipage, lesquels ont juré et affirmé que le présent est sincère et véritable et le capitaine a signé avec les comparants. [Suivent les signatures]

En conséquence, nous avons reçu le présent sous notre seing et celui du greffier après lecture. »

Signé : E. Ouvrard et Étienne Baillergeau [Président].

[Enregistré à Nantes A.J., le 9 juillet 1917, f° 24, C. 3]

(Archives départementales de Loire-Atlantique, Rapports de navigation des capitaines au long-cours et au cabotage enregistrés par le Tribunal de commerce de Nantes, 16 janv. 1916 ~ 16 déc. 1919, Cote 21 U 77, p. num. 150)
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Yves D
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Re: GUETHARY Armement Plisson

Message par Yves D »

Bonjour Olivier, bonjour à tous
U 35 ? Bonne question...
Si le Capt. Bihan utilisait le méridien de Paris c'est très possible. S'il utilisait le méridien de Greenwich alors ce n'est pas U 35. J'ai sous les yeux la Wegekarte de cette patrouille et à aucun moment U 35 n'a dépassé en gros la longitude 09.30W.
Cependant, le KTB à la date du 21 avril donne une piste notamment avec l'heure qui pourrait confirmer l'hypothèse du méridien de Paris. Malheureusement à cette date il n'y a dans le KTB aucun report de position sinon l'indication "Atlantik" qui en soi n'apporte rien.

Extrait du KTB :
21.4.1917
Atlantik
Vent WSW force 1. Faible houle d'est
Croisé sur la route des vapeurs, rien en vue
19h30
Adressé coups de semonce à un vapeur cap à l'est pour le faire stopper. Il répond au feu. Engagé le combat.
20h30
Avec l'obscurité naissante et n'ayant pu placer de coups au but, nous abandonnons le combat
20h40-21h00
Plongée de vérification
Pas pu capter Nauen en raison des parasites atmosphériques

Signé von Arnauld

Voila, c'est très succinct pour ce 21 avril. D'après la Wegekarte je peux situer approximativement la longitude moyenne ce jour à environ 9°15 et 35° pour la latitude, de façon très approximative également car sur le cliché de la carte on ne lit pas l'échelle des latitudes.
Amts
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
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Re: GUETHARY Armement Plisson

Message par olivier 12 »

Bonjour Yves, Bonjour à tous,

Effectivement le capitaine Bihan n'indique pas s'il donne une position par rapport au méridien de Greenwich ou au méridien de Paris. Cette imprécision sur le méridien origine est souvent frustrante, d'autant plus qu'en analysant les rapports des capitaines, j'ai constaté que certains , en donnant les positions, utilisaient tantôt l'un, tantôt l'autre sans aucune précision, uniquement en fonction du carroyage de la carte qu'ils utilisaient au moment de faire le point.

Toutefois, les précisions données par von Arnauld font vraiment penser au GUETHARY. Coups de semonce à 19h30, le navire répond au feu, engagé le combat, pas de coups au but, abandon du combat en raison de l'obscurité... Bref, tout concorde.
On peut donc penser que le capitaine Bihan a utilisé la longitude de 09°28 W par rapport au méridien de Paris.

En revanche, le cargo "corsaire" chassant le GUETHARY le matin reste bien mystérieux.

Cdlt



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Re: GUETHARY Armement Plisson

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rencontre avec un sous-marin le 27 Juin 1917. Extrait du rapport de mer du capitaine

Je soussigné, capitaine du vapeur GUETARY du port de Bayonne, jaugeant 1020 tx, appartenant à MMrs Plisson et Cie, Paris, déclare que le 27 Juin à 10h30, me trouvant à 1,5 milles du cap de Loma Pelada dans les eaux territoriales espagnoles à toucher la pointe de la Polacra, j’ai aperçu un sous-marin sans pavillon. Un sous-marin nous avait été signalé quelques minutes auparavant par un paquebot qui se dirigeait vers le cap de Gate à toute allure.
Ce sous-marin ne portant aucun signal distinctif, je l’ai considéré comme un ennemi et j’ai viré de bord et me suis réfugié à Almeria. Quand j’ai doublé le cap de Gate, le sous-marin a disparu et ne nous a pas poursuivis. Aucun coup de feu n’a été échangé.

Le sous-marin aperçu

N'est pas identifié.

Cdlt
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Re: GUETHARY Armement Plisson

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rencontre avec un sous-marin du 5 Août 1917

Le rapport du capitaine est conforme à celui mis sur le forum le 13/09/2014

Image

(Nota : lire FAUCAN au lieu de SAUCAN pour le matelot de Saint Brieuc)


Rapport de l’officier de tir LE GUEN Louis Capitaine au cabotage Second du navire

La veille avait été exécuté un tir à obus d’exercice sur une barrique, par petite houle, à des distances variant entre 2000 et 2500 m. Lors de la rencontre, le 1er obus a été tiré à 6000 m, distance appréciée approximativement, le point visé étant la lueur. Dérive zéro. Ce 1er coup a paru trop court. Mis la hausse à 6500, puis 7000 m en tirant sur la lueur. J’ai vu le sous-marin à la jumelle pendant une minute à peine, petite tache grise en surface, disparaissant à la lune. La nuit se faisant de plus en plus, on n’a pas vu les points de chute.
La manœuvre de la pièce s’est effectuée sans difficulté.

Déposition du QM fusilier Alain Baron, pointeur

Nous avons tiré le 1er coup trois minutes après celui du sous-marin. Nous avons continué à tirer en direction de la flamme, mais je n’ai vu le sous-marin à aucun moment.

Déposition du matelot breveté TSF MEZIER Frédéric

Sur ordre du commandant, j’ai envoyé « Allo SOS », nom du navire, route et vitesse. Brest a répondu immédiatement et a passé un appel général. Une canonnière nous a demandé si nous avions besoin de secours et nous avons répondu oui. J’ai envoyé une position et la canonnière nous a demandé d’allumer les feux de route. J’ai répondu « Impossible » et nous avons entendu différents signaux brouillés.
Les appareils sont en bon état, mais le montage est défectueux et nous allons procéder à la modification du poste.

Déposition d’HERNANDEZ Alexandre Homme de barre

A la chute du 1er projectile, sur ordre de l’officier de quart, je suis venu sur la gauche immédiatement. Il est tombé encore 7 obus, soit sur bâbord, soit sur tribord. Le lieutenant a fait monter un ancien pour me remplacer, le matelot Guillaume DAUPHIN, et je suis allé donner un coup de main au passage des munitions.

Déposition du matelot LE GORJU Louis Vigie

J’étais sur la passerelle supérieure quand j’ai vu tomber 2 obus par le travers de la passerelle. J’ai prévenu aussitôt l’officier de quart et le capitaine est monté. Le second, qui était de quart , est allé à la pièce et je suis descendu pour le passage des obus.

Déposition du chef mécanicien Georges SOUSABERE

J’étais de quart dans la machine au moment de l’attaque. Nous marchions à 66 tours et sommes montés à 69 tours. Nous avons gardé cette allure toute la nuit. Dans la machine, on entendait distinctement l’éclatement des obus à tribord.

Blessés :

- FOUCHER Julien 2e mécanicien, Blessure en zigzag au tibia de la jambe gauche, par éclat, entaille de 3 cm
- FAUCAN Auguste Matelot Blessure au fémur de la cuisse gauche, 6 entailles de 6 cm
-
Récompenses

Citation à l’Ordre de la Division

AMESTOY Etienne Capitaine

A manifesté de l’habileté et du sang froid pour assurer la sécurité de son bâtiment gravement menacé.

Citation à l’Ordre du Corps d’Armée

LE GUEN Louis 2e capitaine et officier de tir

Etant officier de quart a pris dès le 1er coup de canon toutes les décisions utiles, tant pour la route que pour le tir.

Citation à l’Ordre de la Brigade

FOUCHER Julien 2e mécanicien

Etant de repos, à la 1ère alerte s’est porté à l’avant pour réveiller et faire descendre à la machine le personnel. Blessé dans ce trajet, y est descendu lui-même et a assuré le service jusqu’au bout.

Citation de bâtiment


FAUCAN Auguste Matelot

Etait couché et s’est levé dès l’alerte pour se rendre à son poste de pourvoyeur. Légèrement blessé à ce poste peu après, a continué son service jusqu’au bout.

MEZIER Frédéric Matelot TSF

Ce télégraphiste a assuré avec le plus grand calme et intelligence la transmission et réception des radios, malgré la défectuosité d’un appareil actuellement en réparation.

BARON Alain
QM fusilier

Pointeur d la pièce de 90, en a tiré le meilleur rendement possible étant données les circonstances, dans un engagement qui a duré une heure.

DAUPHIN Guillaume Matelot

A pris la barre au début de l’engagement, sur ordre spécial du commandant, et l’a secondé dans la manœuvre en évitant au bâtiment d’être touché par les projectiles, grâce à ses zigzags.

Témoignage Officiel de Satisfaction

Vapeur GUETHARY

Pour l’attitude calme et énergique de son personnel alors que de nombreux éclats touchaient le bord. Deux hommes ont été blessés.

Le sous-marin attaquant

N’est pas identifié, mais il pourrait fort bien s’agir de l’UC 77, de l’OL Reinhard von RABENAU, qui se trouvait ce jour là pratiquement à la position donnée par le capitaine de GUETHARY.

Cdlt
olivier
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